La Mélodie de Dieu – homélie du diacre Giorgio Fasol

Ce matin, l’homélie de Toussaint fut prononcée en la collégiale Saint-Jacques de Liège, par le diacre Giorgio Fasol. Il s’agit d’une méditation sur les Béatitudes (Matthieu 5,1-12a). Je lui ai demandé son texte, pour vous le partager. Voici:  

Avec ce texte du chapitre 5 de Matthieu nous sommes dans l’une des pages centrales de l’Evangile.  Nous sont décrites ici les attitudes fondamentales à avoir, la charte du christianisme.

Les béatitudes sont moins une carte routière détaillée que l’aiguille de la boussole qui indique la direction ;

Heureux !  Ah ! Qu’ils ont de la chance !  Ah ! Quel bonheur !  C’est un cri, la joie est proclamée.  Le mot « heureux » dans l’original grec trahit un rythme, un élan.  Ici  aucun interdit, aucun commandement rien de mesquin.  Jésus propose il ouvre des portes :   si tu veux !

Ce texte d’Evangile, on pourrait l’intituler : la Mélodie de Dieu car en effet les béatitudes sont la mélodie du bonheur de Dieu.  Et cette mélodie Jésus l’a chantée par toute sa vie

Avec les Béatitudes Jésus apprend à ses disciples le désir de Dieu.  Elles sont à savourer lentement comme un fruit rare.  Au premier abord elles ont un gout surprenant, un gout qui réjouit l’être.  Elles nous donnent le goût de Dieu

Heureux !  Merveilleux refrain  qui rythme comme une ritournelle le poème de la foi.  « Vous êtes heureux vous qui aimez comme Dieu aime ! »  Aimer !  C’est le désir de Dieu offert à tout cœur désirant.  Qui que nous soyons et quelle que soit notre vie,  il faut accepter d’être désiré par Dieu.  Le désir du Père est de donner la vie, la vie jusque dans la mort et d’offrir le bonheur, même en plein malheur.  Le don de Dieu est toujours offert et cela Jésus le promulgue et l’Esprit le confirme, c’est un bonheur, le seul bonheur !

Heureux les pauvres de cœur !  Ceux qui sont sculptés par le manque, creusés par l’espérance, ouverts à l’irruption de Dieu et des frères dans leur vie.  C’est la pauvreté du Christ à la crèche et sur la croix. La pauvreté  si âprement vécue par tant de déshérités. « Foule immense de toutes nations races et cultures. »   comme nous l’avons entendu dans la première lecture.

Heureux ceux qui pleurent !  Oui, il faut oser pleurer.  Pleurer est une manière de se vider de son orgueil. Cœurs lavés par les larmes et rafraîchis par la tendresse et la souffrance partagées.  Aimer à en pleurer, comme Jésus, jusqu’aux larmes de sang.  Pleurer avec lui et avec tous ceux dont le cœur de pierre a fondu en larmes.  Oui sœurs et frères, il nous faut retrouver la grâce des larmes.

Heureux les doux !  Ceux qui ont laissé en eux mourir jalousie et mépris.  Leur respiration et leur sourire sont sources de repos.  Rien ne les dégoûte, rien ne leur fait peur.  C’est la douceur puissante du Christ qui s’offre sans effort, comme un parfum renouvelant l’air le plus vicié.  Les doux réalisent chaque jour des miracles d’amour !

Heureux les affamés de justice !  Oui   heureux les cœurs atteints au plus intime, avides de vérité, et pouvant entendre Jésus leur dire:  « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole de Dieu !»  ou « qui boira de l’eau que je lui donnerai  n’aura plus jamais soif ! ».  Il nous faut être affamés de la Parole, assoiffés du Don de Dieu, et ce au sein d’une humanité si douloureusement affamée de pain, de justice, de vivante parole.

Heureux les miséricordieux. !  Cœurs poreux à la misère et à la détresse, patinés par le pardon.  La miséricorde est humaine et divine.  Elle est l’amour qui relève, la force qui redonne espoir, le pardon qui fait revivre.  Savez-vous qu’en araméen, la langue de Jésus, le mot « miséricorde » vient de matrice, il indique donc une attitude puissamment féminine.  Jésus nous invite donc à devenir maternels !  A aimer l’autre, aimer comme une femme aime l’enfant qu’elle a porté, même s’il est ingrat.  La miséricorde engendre.

Heureux les cœurs Purs !  Purifiés par la pureté ils sont sans séduction et leur regard  écoute la présence.  Dans le silence des yeux toute personne devient visage, visage du Dieu invisible.

Heureux les artisans de paix !  Cœurs paisibles et apaisants.  Le don du Ressuscité rend les mains nues et désarmées pour bâtir la paix. Et c’est à chacun(e) de nous que Jésus dit:  « Je vous donne ma paix, je vous apaise !  Pacifiés, à notre tour soyons pacifiants.  Nous sommes tous pour la paix !  Mais la faisons-nous, en nous, et autour de nous ?

Heureux les persécutés pour la justice !   Cœurs rabotés par les persécutions à cause d’une Parole de Dieu.  Une Parole qui nous ajuste sur Lui.  Quoi qu’il en coûte.  Heureux êtes vous si vous vivez la Passion.  Heureux êtes vous !  Si vous êtes des passionnés de l’Evangile.  On pourrait résumer tout cet enseignement de Jésus par : « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la gardent !»  Heureux ! Ceux qui laissent germer en eux la Parole de Dieu et qui annoncent à leurs frères que le Royaume est là, caché dans les Béatitudes.  Ainsi l’ont fait tous les saints que nous fêtons ce jour.  Les Béatitudes peuvent faire de tout baptisé, un saint, un être émerveillé et sauvé.  Oui sœurs et frères il faut nous laisser désirer par Dieu et recevoir de Lui le bonheur désiré.  Il faut aussi accueillir notre propre désir, désir souvent confus de rencontrer le bonheur et Dieu, même dans la souffrance le péché et la mort, même dans une histoire de violence et de mort.  C’est le désir de Dieu pour tous les humains.  Amen.

 

 

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