Edouard Jakhian vient de nous quitter. Grâce à une amie journaliste, j’ai eu la chance et l’honneur de déjeuner quelques fois avec le défunt bâtonnier. Outre sa grande gentillesse, il m’impressionna par trois aspects de sa personnalité: racines, vérité et courage.
Racines – Cet Arménien, né à Bruxelles, revendiquait ses racines. Bien que ce juriste de l’ULB ne professait pas de foi explicite (du moins, c’est ce que j’ai cru comprendre, car il parlait de la religion avec tact et respect), il s’est battu pour que les Arméniens aient une église à Bruxelles.
Vérité – Si la reconnaissance du génocide arménien (et de tous les génocides) l’habitait, c’était au nom de la vérité. Jamais de la vengeance. Il parlait des Turcs avec grande élégance. Si je devais résumer sa pensée sur la question, je dirais: « La vérité guérit. La vengeance salit ».
Courage – Cet intellectuel avait compris que, sans le courage des forts, le faible devient un opprimé. Il en appelait à une citoyenneté debout dans la tempête. En cela, il y avait un côté « churchillien » chez lui. Et chacun aura compris que, dans ma bouche, il s’agit d’un compliment.
Cher Edouard Jackian, je prie pour vous. Et du plus profond de moi-même, je pense que vous entendez désormais la Voix vous caresser l’âme par ces mots: «C’est bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître». (Mt 25, 21)
Cher Monsieur l’Abbé,
J’ ai lu avec beaucoup de bonheur l’ analyse brève mais perspicace que vous faite de la personnalité si attachante du Bâtonnier Jakhian.
Cela a été pour moi un privilège de le renncontrer à maintes reprises pendant de nombreuses années. Durant nos longues conversations , qu’il qualifiait d’ « échanges », il me frappait , comme vous le soulignez, par l’ immense respect qu’il avait des convictions d’ autrui, alors qu’il se disait athée ( ou plutôt: agnostique). Cela ne l’ empêchait pas de connaître par coeur ses prières en arménien et de s’ être battu pour la construction de l’ Eglise Arménienne à Bruxelles. Il y attachait beaucoup d’ importance estimant que l’ Eglise est le lieu de prière pour les croyants et un lieu de réunion pour les autres ( arméniens).
Selon moi, il est mainteant au Paradis des « Honnêtes Hommes » cad celui que vous citez si justement dans Saint Mathieu.
Merci encore pour votre intervention, elle est précieuse.
Aynard de Briey.-
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