Life on Mars… David Bowie aujourd’hui

Introduction: N’est pas ringard qui croit.
J’avais écrit une première chronique pour « La Libre » du mois de mars. Je trouvais intéressant de faire une réflexion sur David Bowie, un des chanteurs de mon adolescence, passé des excès du Rock à une vie rangée. Ma conclusion est que « les bons vieux principes » sont aussi les plus durables. J’ai finalement proposé une autre chronique au quotidien, vu l’actualité. Il s’agit de celle sur l’Esprit-Saint et les cardinaux (« L’Hôte invisible du Conclave »).

Il n’est pas inintéressant  de mettre ma réflexion sur David Bowie, en relation avec les écrits de deux trentenaires typiquement « postmodernes »: Critiques du Catholicisme, ils ont en commun de réclamer une papauté figée, comme pour mieux s’en détacher. Dans le « Vif/l’Express », il y a Raphaël Enthoven et dans « le Monde », Solange Bied-Charreton .
A tous deux, je donne rendez-vous dans quarante ans. Quand ils seront grand-parents, peut-être parleront-ils autrement… Tel David Bowie aujourd’hui.

Ma chronique non-publiée
Après des années de silence, David Bowie sort un nouvel album ce 11 mars. Le matin où je l’appris par voie de presse, la mélodie de son tube « Life on Mars » me revint en mémoire pour trotter dans ma tête jusqu’au soir : ‘It’s a god-awful small affair To the girl with the mousy hair… ‘ Bercé par cet air de jeunesse, je souriais en pensant à une observation, jadis entendue : « Le jour tu dis d’une ancienne chanson rock  – ‘A l’époque, au moins, on faisait encore de la bonne musique…’  – sache que tu es définitivement entré dans la catégorie de ceux que nos ados appellent « les vieux ».  

« Life on Mars »… Souvenir de cette icône du glamrock, chantant la complainte d’une jeune fille, désabusée face à notre société de consommation et de spectacle – société où même « Mickey Mouse est devenu obèse comme une vache ». Un hymne postmoderne – déjà en 1973. Les trente glorieuses venaient de se fracasser sur le choc pétrolier. Après les années « peace and love » se levait une génération « no future ». Ses chanteurs ne voulaient plus changer le monde. Tout juste se jouer de lui et de ses codes. Grimé en Ziggy Stardust, extraterrestre androgyne venu annoncer la fin de l’humanité, David Bowie incarnait alors pleinement l’artiste maudit, adepte de la trilogie ‘Sex and Drugs and Rock ‘n’ Roll’.

Quel contraste avec le chanteur de 66 ans, qui dans son nouveau clip apparait sans maquillage pour chanter la nostalgie, à la manière des anciens. Dans ‘Where are we now ?’, Bowie évoque avec mélancolie et tout en douceur, son passé berlinois – séjour dans une capitale de la drogue qui, paradoxalement, le libéra de la cocaïne. Si la carrière du ‘thin white duke’ évolua au gré des influences musicales, avec des passages au cinéma et au théâtre, sa vie privée se stabilisa il y a deux décennies. Peut-être le déclic s’opéra-t-il suite au décès de Freddy Mercury, son aîné de quelques mois – succombant du sida en 1991. Au cours de l’hommage planétaire, dédié un an plus tard à la mémoire du mythique chanteur de Queen, David Bowie stupéfia le stade de Wembley, en se mettant à genoux devant la foule, pour réciter un Notre Père. Le glamrock était bien mort. L’homme n’est pas devenu un croyant convaincu pour la cause, mais il déclara en 2003 au site Beliefnet.com : « Je ne suis pas athée et cela m’inquiète. Il y a ce quelque chose qui s’accroche ». Plus loin dans l’interview, la star qui vit retiré avec son épouse, ajoute : « Je n’ai jamais imaginé que je deviendrais à ce point centré sur ma famille. (…) Quelqu’un m’a un jour dit qu’en vieillissant, on devient la personne que l’on aurait toujours dû être et je sens que c’est précisément ce qui m’arrive. Je suis assez surpris de celui que je suis devenu, car – en fait – je ressemble terriblement à mon père ! (…) Les années passent vite. La vie est réellement aussi courte que ce que l’on nous a raconté. Et même Dieu semble réel – mais suis-je prêt à faire le pas ?»

Curieux destin que celui de nombre de ces anciennes idoles du non-conformisme, devenues aujourd’hui de respectables papys du rock. Ainsi, lors du concert offert l’été dernier pour le jubilé de Sa Gracieuse Majesté britannique, nombre d’entre elles se tinrent fièrement aux côtés d’une souveraine qui incarne la tradition. Il y avait là, entre autres, sir Paul McCartney et sir Elton John. Leur musique n’a pas pris une ride, mais leur révolte appartient au passé. Et si Ziggy Stardust n’a pas trouvé de vie sur Mars, David Bowie l’a apparemment découverte sur terre. Oui, nos années s’écoulent vite – très vite – tout comme passent les modes. Demeurent alors ces bonnes vieilles valeurs traditionnelles. Bien souvent, c’est du côté de celles-ci que se déploie – de façon durable – la jeunesse du cœur.

3 réflexions sur « Life on Mars… David Bowie aujourd’hui »

  1. David Bowie est un grand, oui. Meme en aimant Bach et Mozart, contente que la foi s incarne dans la realite quotidienne. Un bemol : ‘les bonnes vieilles valeurs traditionnelles’. Langage qui ne me parle pas du tout, pourtant convertie issue d ‘un milieu athee. Ce n’est pas ce genre de formule que j’echange avec les eleves de 15/20 ans. Si je puis me permettre… Bons voyages musicaux. Patricia

  2. David Bowie est un grand, oui. Inconditionnelle de Bach et Mozart – peu original lorsqu’on s’accorde des pauses de ressourcement -, j’apprécie l’incarnation dans le quotidien de ce post. Un bémol : « les bonnes vieilles valeurs traditionnelles » : convertie et issue d’un milieu athée, ce n’est certainement pas ainsi que je m’adresse aux élèves (15/20 ans), et donc, aux jeunes . Bonnes découvertes musicales. :)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.