Comandante Chavez – la rupture et le peuple

Si le décès du président vénézuélien est à accueillir – comme pour tout être humain – avec respect et recueillement, sa stature politique contrastée invite à la réflexion. Le bilan économique que lègue le comandante, est mitigé: A son actif, une redistribution des rentrées pétrolières vers les plus démunis. Côté passif, une incapacité à faire naître une économie moderne et une inflation qui plafonne à 20%. Mais davantage que sur ce bilan, il y a à s’interroger sur la popularité du président-tribun. Lors du « putsch des patrons » en 2002, ce sont les habitants des quartiers pauvres de Caracas qui sont descendus dans la rue, forçant sa libération et sa remise en fonction. Porque? Parce que, pour ces populations sans assise sociale, Hugo Chavez incarnait la « rupture » politique. Une rupture qui rendrait à ces sans-grades un peu de leur dignité.

Rupture… Un mot qui commence à peser lourd sur les résultats des récentes élections européennes. Pensons aux succès d’un Beppe Grillio en Italie, face au réalisme austère de Mario Monti. Et en Belgique, quels sont les partis politiques en pleine ascension dans les sondages? Qu’ils soient nationalistes et de droite au nord du pays ou de gauche radicale au sud, tous incarnent une certaine rupture avec la politique traditionnelle. Un signe que la démocratie n’est plus assez lisible. Ainsi, dans le quotidien « le Soir » de ce mercredi 6 mars (p.15), l’économiste Paul De Grauwe pose un regard critique sur la législation « two-pack » adoptée au sein de l’Union européenne. Celle-ci oblige les états-membres à présenter chaque année leur budget avant le 15 octobre à la Commission européenne. Seulement une fois que cette dernière en aura vérifié la conformité avec les critères du pacte européen de stabilité et de croissance, le gouvernement pourra faire voter ce budget par son parlement national. Et l’économiste de questionner la légitimité démocratique d’une mise sous tutelle des parlements: « un tel système est un retour à l’Ancien Régime », conclut-il. Le jugement est sévère, mais l’analyse donne à penser. L’intégration européenne est salutaire, mais elle manque de visibilité démocratique. Et en temps de crise, ceci conduit les peuples à réclamer la rupture. Cela, Chavez l’avait bien compris.

2 réflexions sur « Comandante Chavez – la rupture et le peuple »

  1. Interpellante en effet la remarque de Paul De Grauwe. En la lisant hier, je me disais qu’il est souvent de bon ton de demander plus d’Europe mais que voulons-nous dire? Sommes-nous prêts à accepter qu’une instance supranationale, démocratique au sens représentatif puisque bénéficiant de la confiance du parlement européen, puisse vérifier si les gouvernements des Etats membres de l’Union européenne respectent leurs engagements budgétaires? Ce qui fâchait surtout Paul De Grauwe était que la Commission ne serait pas sanctionnable si elle imposait à un gouvernement de revoir sa copie, car il faudrait qu’un nombre qu’il jugeait irréaliste d’Etats membres s’opposent à sa décision. En filigrane, je lis de la méfiance vis-à-vis d’une instance qui risquerait de s’opposer à l’autonomie fiscale d’un pays désireux de prendre des mesures originales. C’est une option légitime mais qui implique un refus de l’Europe politique, demandée souvent (pas par Paul De Grauwe) quand il s’agit de s’opposer aux grands acteurs industriels et financiers.

  2. Pour Chavez : il a redistribué la « rente » pétrolière aux plus pauvres…Mais d’une façon inadéquate : en subventionant le « panier de la ménagère », cad sans vision de futur …
    Vous avez dit « rupture » : Chavez, Bettino, Berlusconi ne sont que des populistes, comme Mussolini, Peron, Degrelle : des démagogues (il y a des nuances à apporter, mais c’est le même ressort) : flatter le peuple, sans donner de solutions à court et moyen terme …
    a+

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