Après Richard III… Notger?

‘But I, that am not shaped for sportive tricks, Nor made to court an amorous looking-glass; I, that am rudely stamp’d, and want love’s majesty To strut before a wanton ambling nymph; I, that am curtail’d of this fair proportion, Cheated of feature by dissembling nature, Deformed, unfinish’d, sent before my time Into this breathing world, scarce half made up, And that so lamely and unfashionable That dogs bark at me as I halt by them; Why, I, in this weak piping time of peace, Have no delight to pass away the time, Unless to spy my shadow in the sun And descant on mine own deformity: And therefore, since I cannot prove a lover, To entertain these fair well-spoken days, I am determined to prove a villain’ (« Mais moi qui ne suis point formé pour ces jeux badins, ni tourné de façon à caresser de l’œil une glace amoureuse ; moi qui suis grossièrement bâti et qui n’ai point cette majesté de l’amour qui se pavane devant une nymphe folâtre et légère ; moi en qui sont tronquées toutes les belles proportions, moi dont la perfide nature évita traîtreusement de tracer les traits lorsqu’elle m’envoya avant le temps dans ce monde des vivants, difforme, ébauché, à peine à moitié fini, et si irrégulier, si étrange à voir, que les chiens aboient contre moi quand je m’arrête auprès d’eux ; moi qui, dans ces ébats efféminés de la paix, n’ai aucun plaisir auquel je puisse passer le temps, à moins que je ne le passe à observer mon ombre au soleil, et à deviser sur ma propre difformité ; ― si je ne puis être amant et contribuer aux plaisirs de ces beaux jours de galanterie, je suis décidé à me montrer un scélérat… ») (Shakespeare,Richard III, Acte I, Scène 1)  Ainsi Shakespeare faisait-il parler le roi bossu Richard III, dont la dépouille vient d’être identifiée. Avec la découverte de sa tombe, c’est une page de l’histoire d’Angleterre qui se trouve éclaircie.

Cette brillante découverte ranime en moi une autre quête de sépulture: celle qui abrite le père de la principauté liégeoise. L’évêque Notger fut le fondateur des institutions politiques de la Cité ardente. Ce géant fut tout à la fois évêque et prince, moine et défenseur, bâtisseur et voyageur, Liégeois et Européen. Il finit sa vie à l’ombre du cloître de Saint-Jean, lui qui cherchait volontiers à ressembler au disciple bien-aimé. C’est dans une des cryptes de cette collégiale qu’il fut enseveli en 1008. Cela se fit discrètement – à sa demande. Discrétion qui explique que nul ne sait où se trouve l’emplacement de la tombe. Et aucune recherche n’a, à ce jour, abouti à un résultat. L’affaire Richard III nous encourage cependant de ne pas baisser les bras. Un jour peut-être, les fondations de la collégiale Saint-Jean parleront. Alors, le peuple de Liège pourra s’incliner devant la dépouille du premier de ses princes-évêques. Celui à qui la Cité ardente doit sa grandeur. « Notgerum Christo, Notgero cetera debes », disait un poète contemporain du grand homme: « Liège, tu dois Notger au Christ et le reste à Notger ».

3 réflexions sur « Après Richard III… Notger? »

  1. Quant à la staue de Notger, depuis la malheureuse destruction du square du même nom, où elle se trouvait devant « son » Palais, elle est reléguée dans une rue « peu agréable » (rue St Remacke) alors qu’elle devrait se trouver mise en valeur dans un endroit plus prestigieux de la ville, par exemple sur un beau socle au milieu de la Place St Lambert devant le Palais des « Princes Evêques  » son Palais !

    1. À l’origine, la statue de Notger, aujourd’hui dans un triste état, ne se trouvait-elle pas plutôt dans le cloître de l’église Saint-Jean, et non dans le square Notger ?

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