L’actu – Pussy Riot & peines incompressibles

Une lectrice régulière de mon blog me demande: « En Russie, trois jeunes femmes viennent d’être condamnées pour haine de la religion, à deux ans de camp d’enfermement (autrement dit, goulag). Qu’en penser ? L’Eglise orthodoxe est-elle vraiment derrière ça ou est-elle manipulée ? Quelle disproportion entre fait et sanction… »  Ma réponse: Le respect de la religion est une valeur à défendre. La provocation dans la cathédrale des Pussy Riot était malvenue et certaines paroles de leur chant insultantes pour la religion. La protestation de l’Eglise orthodoxe est donc compréhensible, mais la condamnation des trois chanteuses pour « sacrilège » exagérée et déplacée. L’événement nous montre que le chemin de la Russie vers la démocratie est encore hésitant et que le lien entre politique et l’Eglise orthodoxe encore à revoir. Après des décennies de persécutions antichrétiennes, cela peut se comprendre, mais la communauté internationale doit rester vigilante. Cela vaut également ailleurs dans le monde. Ainsi en Tunisie, Lotfi Abdelli – un humoriste célèbre – a dû renoncer à son spectacle sous la pression de religieux.

Par ailleurs, la ministre de la justice plaide pour la mise en œuvre de « peines incompressibles ». Je ne me prononce pas sur le fond, mais bon… Depuis des années, j’entends parler de surpopulation dans les prisons et de manque de moyens financiers pour la politique carcérale. Si les prisonniers restent plus longtemps derrière les barreaux, le budget devra être adapté. Par ailleurs, j’entendais ce soir à la radio une victime plaider pour que certains détenus ne soient jamais réinsérés. Je puis comprendre ce cri de détresse, mais rappelle tout de même ce passage de notre constitution: « La mort civile est abolie; elle ne peut être rétablie ». (art.18)   

3 réflexions sur « L’actu – Pussy Riot & peines incompressibles »

  1. Cher Eric,
    L’idée des peines incompressibles (que je ne défends par ailleurs pas spécialement) ne concernerait que des condamnations très lourdes (prononcées en assises), ce qui doit toucher probablement moins d’1% des condamnations pénales dans ce pays. Partant, l’argument de la surpopulation carcérale ne me parait pas franchement relevant.
    Bien à toi,
    Brieuc

  2. N’a-t-on pas tendance à oublier la responsabilité dans l’expression, à commencer par le respect des personnes à qui des expressions libres peuvent faire mal? Il ne faut pas pour autant légiférer ou condamner d’abondance. Mieux vaut sans doute la « soft law » de la sociabilité.

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