Bande de pistonnés!

(Introduction à l’évangile de dimanche prochain – Mathieu 20,1-16 –  reprise sur le feuillet paroissial « cœur de Liège » au dimanche prochain, Matthieu 20, 1-16)

Ah, l’Evangile des ouvriers de la 11° heure… Ils ont à peine travaillé une petite heure et ils reçoivent le même salaire que ceux qui se sont crevés à la tâche toute la journée. « Quelle bande de pistonnés ! » entendrait-on râler dans nos rues de Liège.
A vrai dire, je me sentais un peu comme ça dimanche dernier, lors de l’Eucharistie de remerciement de mon prédécesseur – Joseph Bodeson. Il reçut éloges et cadeaux – bien mérités après tant d’années de labeur. Et moi, qui n’avait encore rien fait… voilà que je reçois également des présents de bienvenue. Etais-je à mon tour devenu un pistonné ? Mais non. C’était une façon pour les paroissiens de l’Unité paroissiale de me dire qu’ils m’accueillaient avec joie et confiance. Il ne s’agissait pas de salaire – ni pour Joseph, ni pour moi. Il s’agissait d’un signe d’amour gratuit. On appelle cela « un cadeau ».
Il en va de même avec Dieu. Il ne paie pas de salaires. Il fait un cadeau. Gratuitement et sans compter. Le même pour celui qui bosse depuis des années, que pour celui qui vient d’arriver : son Amour infini. Et cet Amour a un nom. Il s’appelle Jésus. Avec Lui, pas de pistonnés. Que des frères.

Vriendjespolitiek !

(Inleidingtekst voor het parochieblad ‘Hart-van-Luik’ op het evangelie van volgende zondag, Matheus 20, 1-16)

We kennen allemaal het Evangelie van de arbeiders van het elfde uur. Ze hebben amper een uurtje gewerkt en krijgen evenveel geld als zij die de hele dag gezwoegd hebben. “Da’s echt vriendjespolitiek”, zouden vele Vlamingen mopperen.
Eigenlijk voelde ik me een beetje zo, vorige zondag – gedurende het afscheidsfeest van mijn voorganger als deken van het centrum van Luik. Hij kreeg lof en kadootjes. Ruim verdiend. Maar toen kreeg ik ook geschenkjes, al had ik nog niets gepresteerd. Was dat nu ook geen vriendjespolitiek? Helemaal niet. Het was een teken van vertouwen en liefde, net zoals voor mijn voorganger.
Zo gaat het ook met God. Hij betaalt geen salarissen. Hij schenkt zijn liefde. Evenveel aan de trouwe parochiaan, als aan de bekeerling van het elfde uur. En die liefde heeft een naam: Jezus. Met Hem bestaat er geen vriendjespolitiek. Alleen maar broederlijkheid.

Le président des Scouts réagit sur le blog

Il y a quelques jours, j’ai reçu un coup de téléphone de Jérôme Walmag, président des Scouts. Il m’expliqua poliment, mais avec conviction, qu’il trouvait mon post « Scout toujours… » injuste envers le mouvement. Que si la fédération des Scouts voulait s’ouvrir à d’autres religions ou chemins de vie, elle n’en renonçait pas pour autant à veiller au développement spirituel de chaque jeune. Que les unités qui souhaitaient garder une animation explicitement catholique, étaient encouragées à ce faire. Je lui ai donc suggéré d’écrire cela sur mon blog, ce qu’il fit. J’invite chacun à aller lire son texte (« Scout toujours… », 6° commentaire).

Ma réaction :
1. Tout d’abord, j’apprécie la démarche de Jérôme Walmag, lui-même catholique. Un franc débat permet toujours de clarifier bien des enjeux.
2. Ensuite, je souriais en l’écoutant me dire que – plutôt que de me baser sur un élément (la « nouvelle » loi) – j’aurais intérêt à aller relire les textes de la fédération. Cela me faisait penser à certaines discussions que j’eus par le passé avec des journalistes, leur disant qu’ils feraient mieux de lire tout le texte du Vatican, plutôt que de baser leur article sur une phrase du pape. Ici, le « méchant journaliste » c’était moi. Mais j’ai tout de même rappelé à Jérôme Walmag que, tout comme les journalistes me répondaient alors qu’ils n’avaient pas le temps de lire les encycliques, de même tout le monde ne passe pas son temps à étudier les textes de la fédération scoute. Bref, c’est à elle de communiquer haut et fort quelles sont ses priorités.
3. Je me réjouis donc d’apprendre que les Scouts continuent à prendre au sérieux le développement spirituel du jeune. J’aurais préféré retrouver cela dans le texte de la loi, mais je reconnais bien volontiers que mes conclusions étaient hâtives et que d’autres éléments peuvent souligner cela. J’invite, dès lors, la fédération des Scouts à continuer de bien communiquer sur cet enjeu. Comme je l’ai écrit : C’est son droit de se vouloir pluraliste. Je préfère cela qu’une fédération qui se dit catholique, mais qui a honte de porter ce nom. Il est néanmoins capital de souligner l’enjeu du développement spirituel dans la pédagogie scoute, pour tout jeune quelques soient ses convictions. Au XXIe siècle, il s’agit là d’un élément éducatif plus vital que jamais. Il est également important de soutenir au sein de la fédération, ces unités qui se veulent fidèles à leurs racines catholiques. Que celles-ci ne sentent pas que cela est simplement toléré, mais bien franchement encouragé. Puisque le président des Scouts m’a affirmé qu’il en était bien ainsi, je ne puis qu’applaudir sa mise au point et invite chacun à en prendre connaissance et à la diffuser.

Nine-eleven

Je me souviens qu’au soir du onze septembre 2001, une sourde angoisse s’empara de moi. Comme tant d’autres, je sentais que le monde rassurant que le parapluie américain avait offert à l’Occident – parapluie qui avait même eu raison du mur de Berlin – venait de disparaître avec les tours. Nous entrions dans le XXIe siècle et celui-ci se bâtissait sur les sables mouvants des peurs identitaires. Il faudrait aux générations à venir bien du courage pour l’affronter – à l’instar de ces pompiers de New-York.
De plus, nous étions à l’époque de l’hyper-image. Les pauvres gars bloqués dans les tours en feu ignoraient tout de ce qui leur tombait dessus, que déjà les caméras du monde entier savaient… L’image était devenue réalité. C’est pourquoi les trois mille victimes du World Trade Center sont aujourd’hui encore, plus réelles pour nous que les huit cent mille morts du Rwanda ou que tous ces cadavres silencieux de la corne de l’Afrique.

Une décennie plus tard, me viennent encore à l’esprit les paroles du prophète Jérémie (14, 17-21) : « Les larmes coulent de mes yeux nuit et jour, Et elles ne s’arrêtent pas; Car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d’un grand coup, D’une plaie très douloureuse. Si je vais dans les champs, voici des hommes que le glaive a percés; Si j’entre dans la ville, voici des êtres que consume la faim; Le prophète même et le prêtre parcourent le pays, Sans savoir où ils vont. As-tu donc rejeté Juda, Et ton âme a-t-elle pris Sion en horreur? Pourquoi nous frappes-tu Sans qu’il y ait pour nous de guérison? Nous espérions la paix, et il n’arrive rien d’heureux, Un temps de guérison, et voici la terreur! Éternel, nous reconnaissons notre méchanceté, l’iniquité de nos pères; Car nous avons péché contre toi. A cause de ton nom, ne méprise pas, Ne déshonore pas le trône de ta gloire! N’oublie pas, ne romps pas ton alliance avec nous! »

David Servan-Schreiber nous écrit

Cet été, je me trouvais en vacances en Normandie. Par hasard, je passai par Veulettes le lendemain des funérailles du docteur David Servan-Schreiber. L’auteur à succès d’ « Anti-cancer » venait de succomber à la maladie qu’il avait si longtemps affrontée. Par ses écrits et conférences, il avait partagé avec des milliers de personnes son combat contre le cancer et les leçons qu’il en tirait.
Ce jour-là donc, je suis monté à la petite église du village de Veulettes. Devant la tour, je trouvai une sépulture fraichement fleurie. Sur la pierre tombale, quelqu’un avait posé un lampion et celui-ci brûlait toujours. Dans l’église, un vieux monsieur jouait de l’orgue. Pas d’autres âmes qui vivent. La dépouille de l’homme dont la photo recouvrait – la veille encore – tous les journaux du pays, semblait déjà vouée à la solitude des cimetières. Au-dessus de son nom, celui de son père Jean-Jacques – une des figures politiques et journalistiques de mon adolescence. Il ne me restait plus qu’à me recueillir et à prier.

L’ultime et récent livre de David Servan-Scheiber, « On peut se dire au revoir plusieurs fois » (Robert Laffont), recèle des passages d’une profondeur touchante. Ainsi, ces lignes que ce médecin – qui se sait désormais condamné – écrit sur la mort : « Si elle est comprise comme une coupure de toutes les relations, la mort devient pour moi une vision de cauchemar : en perdant la vie, je perdrais tout lien avec mon terreau nourricier , je me retrouverais condamné  à une solitude absolue… Certes, je n’ignore pas que les trépassés sont censés ne plus rien sentir. Mais l’idée du noir désert privé d’amour me glace. Au contraire, la perspective de rejoindre l’ensemble des âmes humaines et animales dans un univers baigné de lumière, de connexion et d’amour, à tout pour me ravir ». (p.131)
Je ne pense pas que l’homme fut profondément chrétien, mais il n’en exprimait pas moins ainsi – avec ses mots et son intuition – quelque chose de l’espérance chrétienne en la « communion des saints » – soit l’union spirituelle qui unit en Dieu tous ceux qui vivent de la plénitude de son Amour. Par-delà, il annonçait même une ébauche de la foi en un Dieu relation – autrement dit, en un Dieu trinité.

Plus loin encore, David Servan-Schreiber parlait de l’œuvre de l’Esprit dans sa vie, ainsi que de la douloureuse expérience du désert spirituel, rencontrée par tant de contemplatifs : « J’ai senti également une sorte de naissance spirituelle. Moi qui étais le scientifique type, rationaliste et athée, je me suis trouvé en quelque sorte « en état de grâce ». L’épreuve m’avait rapproché de Dieu, et c’était devenu tellement crucial pour moi que quand je faisais mes exercices de méditation, je me surprenais à essayer de parler à Dieu, de communiquer avec lui. Je lui demandais de me maintenir dans cet état de grâce extraordinaire de bonheur et d’ouverture. Je le remerciais de la grâce que m’avait apportée la maladie. Et je lui promettais que je me servirais de cette lumière pour aider les autres dans la mesure de mes moyens. Cette vie devenue incandescente, je l’ai perdue. Plus tard, des mystiques m’ont révélé que c’était un phénomène assez courant : on trouve « la grâce » et on la perd. Certains consacrent le reste de leur vie à tenter de la retrouver… Je suis heureux d’avoir connu pareille merveille, même brièvement. Quand je pense à la façon dont ma vie en a été transfigurée, je souhaite que tout le monde puisse un jour connaître cette expérience… »  (pp.136-137)

Sans vouloir pour la cause « canoniser » ou « récupérer » les écrits de David Servan-Schreiber, ces passages rejoignent en bonne part l’expérience chrétienne. J’en conclus que l’Esprit continue – quoi qu’on en dise et parfois bien mystérieusement – à creuser son sillon dans le cœur de nos contemporains. « Le vent souffle où il veut » (Jean 3,8)

Cathédrale de Liège – 4 septembre 2011, 23° dimanche dans l’Année A

Homélie prononcée en la cathédrale Saint-Paul-et-saint-Lambert de Liège, à l’occasion de ma réception au sein du chapitre:

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d‘eux » (Mt 18, 15-20)

Je remercie Mgr l’Evêque pour la confiance qu’il me témoigne en me nommant chanoine du chapitre de Saint-Lambert en notre bonne ville de Liège. Je suis également reconnaissant envers Monsieur le doyen du chapitre et Messieurs les chanoines de m’accueillir en leur sein. Comme jeune prêtre, il m’arrivait – comme tant d’autres de mes confrères d’âge – de gentiment me moquer de la bienheureuse quiétude des « vénérables chanoines »… Me voilà bien attrapé. Désormais, ce seront de plus jeunes confrères qui pourront s’amuser de moi.

Et puis, je me rends compte que cette quiétude est toute relative. Que signifie qu’un prêtre soit attaché au service d’une cathédrale ? La cathédrale, c’est l’église où siège l’évêque et donc – à ce titre – c’est un peu l’église-mère de toutes les paroisses du diocèse. Là où préside l’Evêque, là tout être humain est accueilli comme un enfant de Dieu. Là aussi, chaque baptisé du diocèse est quelque part « chez lui ». C’est ainsi que je fus accueilli par mon évêque, il y a un peu plus de 20 ans dans cette cathédrale, pour y être ordonné prêtre. Mais comme l’évêque ne peut demeurer en permanence dans sa cathédrale, en son absence – c’est le chapitre des chanoines qui est le gardien de cette fonction d’accueil, afin de faire de cette maison de pierre un poumon spirituel au cœur de la cité. D’où la prière de l’Office tous les matins : car, derrière l’évêque ou les chanoines, Celui qui accueille en vérité, c’est le Christ – Lui qui a dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d‘eux ». Quand je me joindrai au chapitre pour prier l’office du matin  c’est donc le Christ qui se rendra présent au milieu de cette cathédrale…même quand moi, je ne serai peut-être pas toujours pleinement réveillé.

Ce rôle de la cathédrale a-t-il encore un sens dans une ville sécularisée comme Liège ?  Ecoutons la parole que Dieu adresse au prophète Ezéchiel et que nous avons reçue comme première lecture : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur ». En ce début de XXIe siècle, les formidables progrès de la société n’ont pas libéré nos contemporains du poids de leur conscience. Les mêmes questions angoissées qu’a l’époque d’Ezéchiel résonnent dans les cœurs : « Quel est le sens de l’existence ? Comment réussir sa vie ? Quel est le secret du bonheur ? » Pour accueillir ce questionnement, les baptisés se doivent d’être des « guetteurs », des femmes et hommes capables de saisir l’enjeu spirituel des choses, d’avertir des impasses, d’inviter à une « conversion » – c’est-à-dire à un retournement de perspective. « Si ton frère a commis un péché, va lui parler », enseigne l’Evangile de ce dimanche. C’est un des rôles tenus par les chanoines de cette cathédrale : être des guetteurs de l’évangile au milieu de la cité.

Mais attention à l’envers de la médaille. Sans l’Esprit, toute mission chrétienne se sclérose. Elle n’est plus qu’un cliché, une triste caricature. Sans l’Esprit, le « guetteur » devient vite une éternelle belle-mère, un insupportable donneur de leçons,…. Vous savez, ces braves personnes qui ont à la bouche en toute circonstance, une parole assassine du genre : « Je te l’avais bien dit… » D’où l’avertissement de saint Paul dans son épitre aux Romains, entendue lors de la deuxième lecture de ce dimanche : « Celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. (…) L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ». Soyons donc des guetteurs de l’amour.

Apprendre à aimer – comme le Christ nous aime – vaste chantier ! Pour y parvenir, il s’agit de se mettre à l’école de l’Esprit. En ce temps de rentrée scolaire, voilà bien une école ouverte tous les jours et à tous les âges de la vie. Une école sans redoublement. Mais aussi une école où tous les baptisés restent élèves à vie. Et ceci, même – voire surtout – quand ils deviennent chanoines… Amen.

Bonne rentrée les parents

Lever les gosses, préparer les tartines, vérifier les cartables, les conduire à l’heure, leur trouver une bonne école, rencontrer l’instituteur, sécher une larme, venir les rechercher à l’heure, superviser les études, les écouter raconter leur journée, les envoyer au lit pas trop tard,…
Et le lendemain : lever les gosses, préparer les tartines, vérifier les cartables,…

Voilà une version de l’héroïsme au quotidien. Et – quand cela est vécu avec amour, voire dans la prière – de sainteté ordinaire.  Bonne rentrée les parents. Et courage.

Kerktorenleeuw

Het wat gek klinkende plan van de voorzitter van de kerkfabriek van Haringe om de haan op de toren van de Sint-Martinuskerk te vervangen door een leeuw, wordt geen nieuwe communautaire item. Naar verluidt, zou het voorstel van Paul Recour (een Franstalig klinkende naam), voorzitter van de Haringse kerkfabriek om daarmee de Vlaamse identiteit van het IJzerdorp wat meer in de verf te zetten, eerder te maken hebben met een soort weddenschap. Ik kan daar dus best mee lachen en zelfs mee leven als dat voorstel effectief wordt. Maar toch wil daar ook wat commentaar aan kwijt.

Symbolen zijn belangrijk en dienen ook zo behandeld te worden. Maar “over-symboliseren” is uit den boze. Morgen, 1 september, word ik effectief de nieuwe deken van het centrum van Luik. Een stad die in het Latijn “Leodiniensis” heet, en dus ook dikwijls in het verleden door een leeuw gesymboliseerd werd. Zou ik dan moeten beginnen pleiten dat dit dier vervangen wordt door een haan? (Luik zou dan een nieuwe naam krijgen, afgeleid van ‘coq’, het Franse woord voor ‘haan’, bv. ‘Coqsijde’.) Of dat een welbekende Vlaamse oud-premier tot Jean-Luc Deleeuw herdoopt wordt? Of dat de plek waar mijn familie zo graag met vakantie ging, vanaf nu “De-Leeuw-aan-Zee” zou heten? Iedereen verstaat maar al te goed dat dit allemaal te gek voor woorden is. En elke katholiek met een beetje cultuur weet ook dat de kerktorenhaan helemaal geen Waals symbool is. Maar goed, zolang gelovigen van elke ras of taal welkom zijn in de Sint-Martinuskerk van Haringe, mag deze haan voor mij gerust een leeuw worden… of zelfs een haring. Het is wel degelijk niet toevallig dat België het geboorteland is van het surrealisme…

Scout toujours…

Le quotidien liégeois « la Meuse » (groupe Sudpresse) consacrait ce mardi toute sa page 4 au changement de loi par « les Scouts ». J’avais déjà eu l’occasion de commenter dans ce blog la perte de la référence « catholique » par cette fédération. Ici, c’est le fait de biffer le mot “ Dieu ”, qui a fait grincer des dents. A cela, Jérôme Walmag, président des Scouts, répond : “ Il n’est pas question de mettra u placard le devoir spirituel qui doit rester dans chacune de nos unités. Nous comptons de plus en plus de scouts qui ne sont pas catholiques. Nous avons même une unité scoute musulmane à Bruxelles. Nous aurons bientôt une unité juive ”.

Que penser de cela? Les Scouts sont souverains pour décider de leur identité et de leur loi. Ce que je regrette, c’est que le devoir spirituel dont se réclame le président de la Fédération ne soit plus du tout présent dans le texte de la loi. Cela n’aurait certainement pas dérangé les scouts juifs, musulmans, ou agnostiques d’avoir dans leur loi un article ouvert, du genre : « Le scout cherche le sens spirituel de sa vie ». Cette absence est d’autant plus regrettable, que c’est pareille mention qui aurait été « moderne ». En ce début de XXIe siècle, le « tout au matérialisme » a fait faillite. Les démarches spirituelles – pas nécessairement toujours éclairées, il est vrai – foisonnent. Il est dommage que cette dimension essentielle de l’existence du jeune, soit écartée de la charte de vie d’un mouvement qui s’est toujours voulu spiritualiste. Baden-Powell, le fondateur, ne déclarait-il pas que les religions n’entraient pas « quelque part » dans le scoutisme, car elles étaient une dimension fondatrice de toute sa pédagogie ? Ceci rappelait fort judicieusement que la pédagogie scoute n’est jamais à confondre avec une forme de catéchisme. La spiritualité doit y avoir toute sa place, mais d’une façon intégrée à la vie du scout. Le reste est l’affaire de l’Esprit.

In fine – moi qui suis partie prenante dans différentes fédérations – j’ai trouvé regrettable que dans l’article de la Meuse, il se trouve encore un chef d’unité scoute pour faire l’amalgame entre la fédération des Scouts d’Europe et l’extrême-droite. S’il en était ainsi, que cette personne m’explique pourquoi de jeunes musulmans bruxellois participent chaque année au camp de formation pour animateurs Scouts d’Europe ? A mon époque, il y avait un article dans la loi qui énonçait : « Le scout est ami et frère de tout autre scout ». Cette maxime ne se trouve plus, non plus, dans la loi actualisée, mais je pense qu’elle reste d’application.

 

Soif et souffle…

« Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ». Ainsi débute le psaume 41. J’y pensais, récemment, en écoutant un ami me confier son cheminement. Garçon brillant et créatif, il n’adhéra pas à son éducation catholique. Comme tant d’autres, il mit entre parenthèse son baptême et avança dans la vie sans trop s’encombrer de bagages religieux. Et voilà que, la quarantaine s’annonçant, une soif le tenaille. Pas la soif explicite du Dieu de Jésus-Christ – non. Mais une soif spirituelle : recherche de silence, d’unité intérieure, de fécondité authentique.
C’est à  l’ami qu’il se confia, mais aussi au prêtre. Il voulait confronter ce qu’il vivait à mon témoignage de vie. Pareille expérience n’est pas aussi rare qu’on voudrait le croire. La soif spirituelle est grande. Quand nos contemporains nous confient leur quête, il faut les rejoindre sur ce chemin. Sans essayer de les « récupérer », mais également sans honte de témoigner de l’Espérance qui nous habite. Le reste, c’est l’affaire de l’Esprit. Car souvent se vérifie le dicton : « autre est le semeur, autre le moissonneur » (Jn. 4,38)  

Autre expérience forte : j’ai célébré ces jours-ci les funérailles d’une mère de famille de ma génération. (Terrassée par un sale cancer… comme tant d’autres). L’époux et les enfants me partagèrent l’intensité et la lucidité des échanges qu’ils eurent avec la défunte, alors que celle-ci vivait ses dernières semaines en soins palliatifs. Une réelle espérance anime cette famille de baptisés que l’on aurait taxé un peu vite de « croyants ordinaires ». Cela donne à réfléchir. Je ne suis pas optimiste au point de prétendre que tout va bien dans notre Eglise, mais le recul de la pratique sacramentelle – s’il n’en demeure pas moins inquiétant – ne signifie pas pour autant l’impuissance de l’Esprit. Parfois, son souffle nous décoiffe là où on ne s’y attend pas. « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jean 3,8).