Scout toujours…

Le quotidien liégeois « la Meuse » (groupe Sudpresse) consacrait ce mardi toute sa page 4 au changement de loi par « les Scouts ». J’avais déjà eu l’occasion de commenter dans ce blog la perte de la référence « catholique » par cette fédération. Ici, c’est le fait de biffer le mot “ Dieu ”, qui a fait grincer des dents. A cela, Jérôme Walmag, président des Scouts, répond : “ Il n’est pas question de mettra u placard le devoir spirituel qui doit rester dans chacune de nos unités. Nous comptons de plus en plus de scouts qui ne sont pas catholiques. Nous avons même une unité scoute musulmane à Bruxelles. Nous aurons bientôt une unité juive ”.

Que penser de cela? Les Scouts sont souverains pour décider de leur identité et de leur loi. Ce que je regrette, c’est que le devoir spirituel dont se réclame le président de la Fédération ne soit plus du tout présent dans le texte de la loi. Cela n’aurait certainement pas dérangé les scouts juifs, musulmans, ou agnostiques d’avoir dans leur loi un article ouvert, du genre : « Le scout cherche le sens spirituel de sa vie ». Cette absence est d’autant plus regrettable, que c’est pareille mention qui aurait été « moderne ». En ce début de XXIe siècle, le « tout au matérialisme » a fait faillite. Les démarches spirituelles – pas nécessairement toujours éclairées, il est vrai – foisonnent. Il est dommage que cette dimension essentielle de l’existence du jeune, soit écartée de la charte de vie d’un mouvement qui s’est toujours voulu spiritualiste. Baden-Powell, le fondateur, ne déclarait-il pas que les religions n’entraient pas « quelque part » dans le scoutisme, car elles étaient une dimension fondatrice de toute sa pédagogie ? Ceci rappelait fort judicieusement que la pédagogie scoute n’est jamais à confondre avec une forme de catéchisme. La spiritualité doit y avoir toute sa place, mais d’une façon intégrée à la vie du scout. Le reste est l’affaire de l’Esprit.

In fine – moi qui suis partie prenante dans différentes fédérations – j’ai trouvé regrettable que dans l’article de la Meuse, il se trouve encore un chef d’unité scoute pour faire l’amalgame entre la fédération des Scouts d’Europe et l’extrême-droite. S’il en était ainsi, que cette personne m’explique pourquoi de jeunes musulmans bruxellois participent chaque année au camp de formation pour animateurs Scouts d’Europe ? A mon époque, il y avait un article dans la loi qui énonçait : « Le scout est ami et frère de tout autre scout ». Cette maxime ne se trouve plus, non plus, dans la loi actualisée, mais je pense qu’elle reste d’application.

 

12 réflexions sur « Scout toujours… »

  1. Tout à fait d’accord avec toi Eric.
    Tous les anciens scouts et guides s’y retrouveront aussi; l’esprit de Baden Powell est bafoué .
    Cette société matérialiste écarte de plus en plus le spirituel et pourtant les jeunes en ont besoin ( pour preuves; 1) les jmj qui viennent de se terminer en Espagne et 2) tous ces jeunes sans espoir qui deviennent délinquants.)

  2. Il y’ a de cela quelques années, j’ai travaillé quelques mois au sein des « Guides Catholiques de Belgique », laquelle faisait face à un questionnement à propos du terme « catholique » dans son appellation. J’avais rédigé à l’époque quelques articles sur le terme « catholique », pour arriver à la conclusion que « catholique » signifiait universel, et le débat sur la terminologie s’est essoufflé. Invitée à la Nonciature Apostolique dans le cadre de cet engagement, j’y rencontre les responsables de ce qui s’appelait encore « FSC » et qui progressivement devenait « les Scouts ». Je me rappelle de beaucoup de mépris à l’égard de ces « petites guides » qui finiraient bien par « arriver » elles aussi à un changement de nom. Aujourd’hui, mes filles sont guides, et je constate à travers elles combien cette spiritualité propre à la pédagogie « Guide » est importante pour elles, qu’elle fonde ses racines dans le vivre ensemble, la découverte et le respect de l’autre. Et que, comme femme et mère, je préfère de loin cette spiritualité « la » que toutes celles qui foisonnent actuellement. Mais bon, c’est un autre débat !

  3. Tout à fait d’accord avec Eric. Le scoutisme a été une partie importante de ma vie et m’a marqué profondément, mais le vrai scoutisme. J’ai créé 3 unités scoutes et remis sur pied une quatrieme. Toujours dans l’esprit du vrai scoutisme de Baden Powell qui a dit qu’il n’y a pas de scoutisme sans Dieu, qu’il soit catholique, juif musulman ou autre. Le « président » (puisqu’il n’y a plus de chefs) n’a aucune justification à faire valoir dans cette véritable trahison envers BP. Le première unité scoute en Belgique avait été créée à Mouscron par le Père Sevin (cantique des Patrouille…). Ce »président » inerdira sans doute la messe au camp et le cantique des patrouilles au feu de camp. Je ne me reconnais pas dans ce scoutisme ou en tous cas dans son président actuel qui nie le scoutisme qui a formé des dizaine de milliers de chic types, de vrais scout. S’il veut supprimer Dieu dans « son » scoutisme qu’il exige alors que les unités paroissiales qui accepteront son diktat libèrent les locaux paroissiaux qu’elles occupent et qu’ils soient offerts à des unités de vrais scouts, les Scouts d’Europe par exemple qui restent fidèles à BP.
    Quant à comparer les Scouts d’Europe à l’extrême droite, celui qui a écrit cela mériterait qu’une plainte en justice soit déposée pour injure et diffamation.
    Je persite et signe

    Emile Mercy
    ex CT, ex CU, ex Chef de groupe, ex chef de troupe de formation de chefs FSC, ex créateur d’unités FSC.

    Bravo Eric, vous devriez publier votre texte dans La Libre Belgique et d’autres journaux.

    1. Parler des scouts d’Europe comme un groupement d’extrême droite? Passe encore pour un journaliste français, 80% d’entre eux ayant milité au moins une fois pour l’unef (collectif d’étudiant d’extrêm-gauche) dans leur vie, ayant des prréjugés sur le scoutisme en général.

      Mais que des journalistes belges a fortiori scouts sortent ce cliché, c’est honteux.

      Il faut bien comprendre que ce les journalistes français trouvent fachos ce n’est pas tellement les quelques groupes qui portent des rangers et des treillis dans un non respect de l’uniforme. Groupes qu font l’objet d’une chasse aux sorcières par le national et c’est heureux.

      Non ce qui fait un scoute facho au sens d’un journaliste français c’est:
      – l’uniforme
      – la non mixité
      – le lever des couleurs
      – la religion

      En fait ce qui fait le facho pour un journalistes français ce ne sont pas les dérives marginales de certains mouvements mais c’est par essence la pédagogie de Baden-Powell.

  4. Merci à Eric pour sa réflexion qui rejoint la nôtre. Merci aussi à Emile pour sa réaction dans le sillage. Comment les anciens pourraient-ils encore se reconnaître dans cette fédération après pareille trahison, après ces délestages successifs ? Quand vont-« ils » donc abandonner la croix potencée, si lourde à porter, qui doit les encombrer singulièrement ?

  5. Bonjour M. l’abbé,

    Suite à notre contact téléphonique et à votre aimable invitation, je réponds sur votre blog à votre interpellation.

    Je suis désolé de tout l’émoi causé par les commentaires tronqués et sensationnalistes que peut faire la presse sur notre travail autour des valeurs scoutes. Je tiens donc à clarifier quelque peu notre position qui me semble en parfait accord avec la vôtre.

    De « biffer Dieu » il n’est pas question, nous ne sommes pas maîtres des titres choisis par les journalistes pour parler de nous. Au contraire, nous n’avons de cesse depuis 2004 de réaffirmer l’importance du développement spirituel de chaque jeune.

    Notre site, nos revues et nos publications traitent continuellement de ces questions. Le développement spirituel ne peut être laissé en jachère, je vous rejoins en tout point à ce sujet. Ne prenons qu’un exemple : absolument toutes nos sessions de formation comprennent une animation spirituelle, ce qui en fait un des thèmes les plus récurrents de tout notre parcours de formation. C’est un vrai défi que nous affrontons, je pense, avec opiniâtreté alors que le chemin de la facilité va dans la direction opposée.

    Je pense que nous tomberons d’accord sur le fait que cette question n’est pas simple et que tous ses enjeux ne peuvent malheureusement pas être résumés sur une seule page de votre quotidien préféré. Il me semble que les pages officielles de notre site internet constituent une référence plus sûre et je me propose donc de vous en suggérer l’une ou l’autre.

    Je commence par notre charte, rédigée il y a maintenant cinq ans. Elle est consultable à la page http://www.lesscouts.be/animer/les-outils/la-methode-scoute/notre-charte/. Elle fait partie de nos principes moraux (c’est-à-dire l’article 1 de notre règlement fédéral) au côté de la Loi scoute. Le processus qui a mené à l’élaboration et l’adoption de ce texte ans est quant à lui consultable à cette adresse : http://www.lesscouts.be/se-presenter/un-peu-dhistoire/le-processus-sensaction/.

    La charte affirme avec force notre souci du développement spirituel et notamment, notre refus absolu de voir cette dimension reléguée dans la sphère privée. La pratique du culte, par exemple, sera tantôt intégrée aux activités de la section, tantôt organisée spécialement pour quelques jeunes qui le désirent, en fonction de leurs convictions.

    Cette charte mentionne notamment que les unités de notre fédération ont le droit de « positionner » leur animation spirituelle par rapport à une référence. Nombreuses sont les unités qui ont fait le choix d’articuler cette dimension autour de l’Évangile et j’en suis très heureux. Nous constatons d’ailleurs, de manière générale, un regain d’intérêt pour la spiritualité parmi nos animateurs : c’était l’objectif recherché.

    La fédération met par ailleurs à disposition des animateurs des dizaines de propositions d’animations spirituelles (dont certaines utilisent d’ailleurs des références chrétiennes).

    Je vous invite donc à consulter l’introduction http://www.lesscouts.be/animer/activites-et-animations/animation-spirituelle/ et les nombreuses fiches d’animation http://www.lesscouts.be/telecharger/les-documents/sensaction-les-fiches-danimation/. Tant la qualité que la quantité du travail fourni attesteront, je l’espère, de notre préoccupation réelle pour l’épanouissement spirituel des jeunes. D’autres outils, d’animation religieuse cette fois, sont en projet, conformément à l’engagement que j’ai pris avec les délégués des unités dans le contrat d’animation fédérale, c’est-à-dire les priorités du mouvement pendant mon mandat (2010-2013) (http://www.lesscouts.be/se-presenter/le-contrat-danimation-federale/).

    Concernant les propositions de Loi, consultables à l’adresse http://www.lesscouts.be/?id=2144, elles ne peuvent être prises indépendamment de la proposition d’introduire un texte « de référence » pour la Promesse qui, vous le constaterez, fait mention de l’épanouissement spirituel.

    Contrairement à une croyance répandue, la Promesse n’est pas la « simple » adhésion à la Loi scoute : elle invite à trois engagements supplémentaires. C’est ce qu’on appelle les trois devoirs, les trois principes, ou encore les trois services : le devoir envers soi-même (ou principe personnel), le devoir envers autrui (ou principe social) et le devoir envers Dieu (ou principe spirituel).

    Avec le conseil fédéral, suite à notre congrès nommé « Odyssée » de février dernier, nous avons fait le choix de mettre en avant la dimension spirituelle dans ces trois devoirs plutôt que dans le texte de la Loi. C’est un choix qu’il vous est loisible de regretter mais c’est celui que Baden-Powell lui-même avait fait à son époque et nous ne pensons dès lors pas trahir son esprit.

    L’article dont vous faites mention « Le scout est ami et frère de tout autre scout » est le quatrième article écrit par Baden-Powell. S’il ne figure plus tel quel dans la version actuelle (datée de 1984), c’est parce qu’il a été remplacé par « Le scout se veut frère de tous, il cherche Dieu ». La valeur sous-jacente, à savoir la fraternité n’a quant à elle pas changé.

    Tout ceci est détaillé dans un article à paraître dans notre revue « Ça se Discoute » du mois d’octobre (n° 112) dont vous trouverez une version avec une mise en page sommaire à l’adresse http://www.lesscouts.be/animer/les-du-scoutisme/valeurs-loi-promesse/une-assemblee-federale-pour-faire-evoluer-la-loi-et-la-promesse/

    Vous me pardonnerez, j’en suis sûr, mon intervention toute rythmée de liens vers le site internet de la fédération mais je tenais à montrer que mon propos n’est pas ici « de circonstance » mais bel et bien un engagement fort et constant, souhaité par l’ensemble du mouvement, pour un développement spirituel actif et ouvert à la différence.

    Avec mes meilleures amitiés scoutes.

    Jérôme Walmag
    Président fédéral
    Les Scouts – fédération des Scouts Baden-Powell de Belgique

    1. Cher « frère scout »,

      Votre réponse à l’abbé Eric de Beukelaer n’explique toujours pas pourquoi vous faites encore et toujours un amalgame entre scout d’Europe et extrême droite. Comme le signale Eric, nous nous occupons depuis près de 10 ans des scouts musulmans de Bruxelles que nous accueillons dans nos camps de formation … situation étange pour des jeunes d’extreme droite. En outre, toute activité politique est strictement interdite aux chefs de notre mouvement. Qui plus est, si nous avons connaissance d’une proximité avec l’extreme droite, le chef est exclu de la fédération.

      Il serait utile, avant de critiquer sans cesse notre fédération, de nous rencontrer. Nous ne vivons sans doute pas tout a fait le même scoutisme, mais cela crée-t-il un fossé à ce point important entre nous ? Nous vivons un scoutisme un peu plus traditionnel. Est-ce à dire que tous nos pères et grands-pères qui ont vécus ce même scoutisme étaient des fascistes extrémistes ? Ils seraient bien « heureux » de l’apprendre !

      Prenons une pause, asseyons nous et discuttons. Cela comblera peut etre le fossé entre nos fédérations.

      Charles-Eric CLESSE
      Commissaire national général scout

      1. Hello Charles-Eric,

        Merci du commentaire, mais attention aux sources! Si tu lis bien mon blog, je n’ai jamais écrit que c’était Jérôme Walmag qui avait déclaré à la « Meuse » que les Scouts d’Europe étaient d’extrême-droite… parce qu’il ne l’a pas dit. D’ailleurs, je ne pense pas que ce soit son genre. En l’occurrence, la déclaration venait d’un responsable d’unité de la région liégeoise, qui a lancé cela en toute bonne foi et sans esprit polémique. Comme quoi les clichés ont la vie dure.
        Par contre, j’applaudis l’idée de que les fédérations scoutes se parlent. Ce serait la pédagogie de BP mise en application à son sommet. Mais bon, c’est un autre débat. Pour commencer, pourquoi n’invites-tu pas Jérôme Walmag à partager une pizza?
        De la gauche,
        Eric de B

  6. Baden-Powell disait à propos du scoutisme chrétien créé par les Scouts de France:  » La meilleure réalisation de ma pensée est ce qu’a fait un religieux français « . Ce Lord, général, baron et chevalier de trois ordres différents de la couronne britannique n’envisageait pas le scoutisme sans confession. Dans son idée toutes les religions pouvaient être inclues dans le scoutisme par unités. Au pire il pouvait y avoir plusieurs religions par troupes mais ce cas exceptionnel ne devait se marginaliser en aucun cas par l’antithèse d’un scoutisme laïque.

    Je suis scout français. Jai vu l’évolution des scouts de France, de quasi-traditionnalistes à bobos laïcards voire anticléricaux. J’ai vu les louveteaux abandonner toute leur pédagogie, la promesse sans références à Dieu. Pour eux, je suis parce que je porte un uniforme et parce que je suis dans un mouvement chrétien un scout d’europe traditionnaliste (là encore quand on voit l’application du motu proprio dans l’AGSE on sait que c’est une antithèse).

    J’ai dans ma ville des scouts israëlites assez relâchés sur l’uniforme mais qui vivent le scoutisme pleinement dans leur foi. J’ai vu en Belgique en CEP un scout musulman, un vrai scout et j’ai été bluffé.

    J’ai alors compris le sens de la pensée de Baden-Powell. En fin de compte lorsqu’on regarde une troupe de scouts de France « Dieu » est tabou. Le musulman, le juif, le chrétien doivent taire leur foi autour d’une laïcité incomprise et détournée en athéisme censeur.

    Finalement nous les SUF et les europes, les israëlites et les musulmans, en France, non seulement nous la vivons vraiment cette laïcité mais de surcroit au travers du sens de Dieu qui est la clef de voute des cinqs sens du scoutisme, par les rythmes de nos prières si semblables, grâce au service nous tendons fraternellement vers Dieu dans un élan qui est la première vocation du scout: la sainteté.

  7. Quel beau débat! Bien plus riche qu’à la R T B F
    Nous sommes des parents de près de 60 ans pour qui le spirituel est essensiel dans notre vie. Mais nous avons une grande confiance dans la jeunesse d’aujourd’hui, ces jeunes qui brancardent à Lourdes, qui font des centaines de kilomètre pour se rendre aux J M J, à Taizé, qui créent et qui fréquentent des groupes de prière, qui participe de plus en plus à de nombreuses retraites. C’est vrai que c’est blessant de lire des ânneries dans certains quotidiens, mais nous sommes certains que l’Esprit Saint ne nous abandonnera pas, qu’Il veille sur nous et que la décadance du monde actuel ne durera plus très longtemps. Notre belle jeunesse comprend bien mieux qu’on ne le pense ou se trouve la Vérité!
    Renée et José Cornet

  8. «  » De « biffer Dieu » il n’est pas question, nous ne sommes pas maîtres des titres choisis par les journalistes pour parler de nous. Au contraire, nous n’avons de cesse depuis 2004 de réaffirmer l’importance du développement spirituel de chaque jeune. «  »

    N’empêche qu’il a disparu de la Loi…

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