Le 6 décembre s’éloigne et j’en profite pour lancer une réflexion concernant la fête de Saint-Nicolas – populaire en Belgique, aux Pays-Bas et dans quelques autres régions du monde. Il est évidemment sympathique d’imaginer que le saint patron des enfants vienne gâter les petits par quelques cadeaux. Cependant, il y a un gros « mais »…
Une chose est d’entraîner son enfant dans la magie de la fête (comme pour « père Noël »), une autre est de lui cacher la vérité. Tant que l’enfant ne pose pas de questions – car il ne fait guère de distinction entre vérité et rêve – pourquoi ne pas le bercer? Mais quand le petit commence à s’éveiller et à s’interroger, il n’est pas sain de vouloir le maintenir dans l’illusion – en lui cachant ce qu’il a le droit de savoir : que ce sont les parents qui « jouent » à Saint-Nicolas.
Je me rappelle le moment où cela m’est arrivé. J’avais 6 ans et mon frère aîné avait posé des questions à mes parents, en ma présence. Mon père et ma mère avaient d’abord prétendu que c’était bien Saint-Nicolas qui portait les cadeaux aux enfants, avant de se raviser le lendemain et de nous dire la vérité. Je me souviens très précisément de la réflexion qui – à cet instant – traversa ma petite tête (à l’époque) blonde : « Oh, mes parents m’ont fait croire en quelque chose qui n’est pas vrai. Mais, heureusement, ils ont rétabli la vérité. Je pourrai donc encore avoir confiance en eux ».
Peut-être pensez-vous que j’étais bien trop jeune pour me dire tout cela. Et pourtant, c’est ainsi : un gosse est capable de raisonner en philosophe. Je vais même plus loin : j’ai l’intime conviction que si j’avais dû découvrir la sympathique supercherie par moi-même, quelque chose en moi se serait brisé. A l’adolescence, j’aurais dès lors sans doute rangé le petit Jésus dans le même tiroir que le grand Saint-Nicolas : au rayon des fables pour enfants, dont le jeune adulte doit se libérer.
Voilà pourquoi, je dis « oui » à la magie de Saint-Nicolas, mais « non » à la tromperie parentale. En cachant à leurs enfants la vérité, des parents ne cherchent pas à protéger leur gosse. Ils ont tout simplement peur de les voir grandir.