L’homme, individu ou personne? – La Libre 5 novembre p.53

Quelques lecteurs attentifs se sont étonnés de ne pas lire de chronique de votre serviteur dans les colonnes de La Libre, au cours du mois d’octobre. Une surcharge rédactionnelle, explique cette absence.

Ce mardi 5 novembre, est par contre parue dans le quotidien en p.53 ma contribution du mois. Pour la lire, cliquez sur le lien suivant: « L’homme, individu ou personne? »

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.

22 réflexions sur « L’homme, individu ou personne? – La Libre 5 novembre p.53 »

  1. Article fort intéressant.
    Suite à diverses discussions, j’ai l’impression que les personnes qui sont idéologiquement contre la circoncision sont à la fois pro-avortement, n’est-ce pas paradoxal?

  2. Bonjour,
    Puisqu’il faut préciser les termes, je propose de commencer par définir ce qu’on entend par euthanasie car son usage dans le cadre d’une sédation en fin de vie ne me paraît pas opportun.
    Une euthanasie est définie par la loi comme le fait de mettre intentionnellement fin à la vie d’un patient à la demande explicite de celui-ci par quelqu’un d’autre que le patient. Si cet autre est un médecin cela correspond, je suis d’accord, à un suicide médicalement assisté.
    La sédation en fin de vie a pour but de diminuer la vigilance d’un patient pour supprimer la perception d’une souffrance insupportable causée par un symptôme réfractaire. Si elle est réalisée selon les recommandations des sociétés de soins palliatifs (par exemple la SFAP en France), elle se distingue clairement d’une euthanasie.
    Par contre, elle est parfois détournée de ses objectifs et pratiquée selon des modalités différentes des recommandations dans le but d’accélérer le moment de survenue du décès du patient. Il s’agit alors d’une pratique abusive de la sédation en fin de vie qui correspond bien à une euthanasie que certains qualifieront de lente.

    Merci pour cet article qui met bien en lumière les vrais enjeux de nos débats contemporains!

  3. Eric,
    Enfin vous avez réintroduit le « Personnalisme » d’E. Mounier…Personnalisme chrétien, syncrétisme (?), dévalorisé pour la vie de son fondateur (liée trop facilement aux « chantiers de la Jeunesse » pétainistes)…On n’en raparlera

  4. @Eric et Merlot:
    Très intéressant article en effet; j’aimerais y régir ainsi qu’au commentaire précédent.
    Les deux catégories évoquées me semblent assez réductrices; toutefois je ferais clairement partie des individualistes, mais il faut certainement nuancer car la réalité est complexe.
    Est-il paradoxal d’être anti circoncision et pro avortement? Non, puisque dans le cas de la circoncision on défend le libre choix de l’enfant et dans le cas de l’avortement le libre choix de la mère (l’embryon non viable étant considéré comme n’étant pas un être humain).
    Concernant la circoncision, il me semble clair qu’une interdiction pure et simple serait ressenti comme une brimade insupportable de la part des communautés juives et musulmanes et donc non raisonnable, il faut appliquer une tolérance de fait. Cependant, sur le principe, je considère qu’il s’agit d’une mutilation sans le consentement de l’intéressé, qui peut conduire à des séquelles dans certains cas et de plus ouvrir la porte à des revendications inadmissibles concernant l’excision féminine. Il me semble que dans ce cas, il faut donc affirmer clairement (comme le Conseil de l’Europe) que ce n’est pas une pratique souhaitable et que les communautés concernées devraient travailler à réformer cela à terme. Si j’étais médecin, je refuserais absolument de pratiquer cet acte.
    Concernant l’euthanasie, je suis parfaitement d’accord qu’il s’agit dans les faits d’une demande de suicide assisté. Mais aucune hypocrisie là dedans de ma part, puisque si la loi parle simplement de dépénalisation c’est clairement à l’initiative de la communauté chrétienne. Personnellement je préférerais que l’on appelle un chat un chat. Par ailleurs, je suis en désaccord avec Eric sur le point suivant: le terme euthanasie ne peut être étendu aux soins palliatifs, il s’agit d’une notion complètement différente. A mon sens il s’agit là d’une tentative de vider la notion d’euthanasie de son sens en tentant de faire croire qu’il n’y a pas lieu d’aller plus loin puisque les soins palliatifs assument déjà cette fonction. Ce qui est inexact.

  5. Le sujet de votre chronique dans la LLB du 5 nov m’avait déjà personnellement interrogé aussi je me permets de vous communiquer brièvement ma propre réflexion : ce ne sont pas deux options, mais une évolution ; on naît individualiste, on devient personnaliste par le développement de nos facultés de liberté et de conscience, les relations avec nos proches, nos réflexions philosophiques, les valeurs auxquelles on adhère ; ce serait donc plutôt le rapport entre ces deux attitudes qui est continuellement revu ou remis en question au cours de la vie.
    Quant aux pratiques de la circoncision, ou de l’excision, auxquelles j’ajouterais aussi le baptême et le port de signes extérieurs, formes très diverses bien d’accord, elles se pratiquent le plus souvent en début de vie et consistent généralement à imposer une adhésion de type individualiste à des influences locales.

  6. @ Thierry Marique :
    L’embryon « non viable » n’est pas « considéré » comme une être humain, digne de droit, mais le mot est dit, il s’agit bien d’une considération, toute relative.
    A propos de la « considération », apparemment (je ne suis pas spécialiste), la date-butoir serait celle de 12 semaines ; ce qui veut dire qu’avant, il ne s’agit qu’une d’une chose qui aurait la même dignité et le même potentiel qu’un vulgaire kyste, mais qu’une fois passé minuit du dernier jour de la dernière semaine, c’est un être humain, digne de toutes les « considérations », avec des Droits de l’Homme qui plus est! Avouez que la frontière est mince ; qui empêche demain de porter le délai à 8 mois, 9 mois, 12 mois?
    Concernant la non viabilité, elle est également toute relative : un embryon de 11 semaine, si on l’enlève et le met au dépotoir, meurt, mais s’il reste là où il est, il vit et devient, selon vos critères, un être humain. D’accord avec vous sur le fait que cet(te) être (chose) est totalement dépendant(e) de la mère. Mais c’est également le cas pour un nouveau-né de 10 mois, qui sans assistance, mourra de toute façon, et n’est donc pas « viable » de manière autonome.

    @ Pierre De Myttenaere :
    En débordant sur l’influence exercée par les parents sur leurs enfants (qu’elle soit de type religieuse ou philosophique), je crois que vous êtes totalement hors propos. Il n’y a en effet aucune atteinte physique… Pour qu’un enfant soit réellement « libre », il faudrait donc, jusqu’à ce qu’il n’ait la capacité de « choisir » seul, le priver de toute influence. Je crois au contraire que le rôle des parents est de construire l’enfant, de lui donner des bases, des repères. Par ailleurs, chaque mot, chaque geste des parents influenceront de toute manière le devenir de l’enfant. Si l’on suit votre raisonnement, l’enseignement d’une langue maternelle devrait également être proscrite pour pouvoir laisser à l’enfant le droit de la choisir à l’âge adulte (puisque celle-ci est souvent porteuse de valeurs, d’approches et de nuances qui pourraient l’influencer et pervertir son jugement). Je crois que ce raisonnement (souvent entendu) est absurde.

    Respectueusement, Merlot.

    1. @Merlot,
      Rebonjour,
      Nous sommes bien d’accord, il s’agit là d’un concept relatif et qui a d’ailleurs donné lieu à quasiment toutes les positions possibles. A un extrême, l’église considère arbitrairement qu’un embryon est un être humain dès sa conception. A l’autre extrême, les anciens Romains considéraient arbitrairement qu’un bébé n’était considéré comme humain que si son père le reconnaissait formellement après la naissance (sinon on le jetait en effet aux ordures). La position actuelle résulte d’une réflexion mûrement pensée, encadrée par un processus démocratique, et fixe une limite avec me semble-t-il une très large sécurité tout en laissant suffisamment de temps pour pratiquer une IVG le cas échéant. Elle me paraît très humaine et équilibrée tant pour les mères que pour les enfants. En outre, aucun croyant n’est obligé d’y souscrire.
      Bien à vous
      Th

      1. @ Thierry Marique
        Re-bonjour,
        Je crois que la position de l’Eglise a le mérite d’être claire et objective. Votre notion d’équilibre me semble plus floue, puisque rien n’empêche que demain, le processus démocratique déplace la frontière de 12 à 15, 20 ou 30 semaines, jusqu’à retrouver le usages de nos ancêtres romains (merci pour cette anecdote, que je ne connaissais pas).
        Nos deux approches se distinguent de part notre vision du « droit » : vous mettez en avant le droit positif, conventionnel, démocratique, en disant, en bon utilitariste, que si le « peuple » le veut (souvent légèrement poussé par les médias), une chose est juste. A cela j’oppose ma vision du droit dit « naturel », où une chose est juste parce qu’elle est intrinsèquement juste (cela est impossible à accepter sans transcendance, je vous l’accorde).

        1. Cette légitimité démocratique me fait peur, quand on voit, par exemple, les résultats d’audimat des grandes chaînes de télévision. En effet, le citoyen moyen semble plus s’intéresser au gagnant du Bigdil ou au dernier vainqueur de Secret Story qu’à la cohérence de ses raisonnements philosophiques ou politiques…

          1. @Merlot
            Ah, quel système imparfait que la démocratie! Mais comme on le sait, il s’agit du plus mauvais système à l’exclusion de tous les autres. Il y est toujours possible de critiquer, d’agir, voire de faire bouger les choses.
            Par contre, en tant qu’athée, cette notion de droit « naturel » n’a aucune réalité et je m’en méfie comme de la peste. Par principe une loi naturelle est évidente et incontestable; or dans ce cas précis de l’avortement il y a bien trop d’avis divergents pour pouvoir soutenir ce point de vue. Sans transcendance, la loi naturelle est forcément pour moi œuvre humaine elle aussi. Claire, certes, mais pas nécessairement objective. Et surtout proclamée intangible par ses créateurs même. En toute honnêteté je ne puis m’y rallier.
            Reste qu’au-delà de ces oppositions on peut toujours se rejoindre sur certains points. Il me semble que nous cherchons chacun à agir de la façon la plus juste et la plus humaine possible et c’est à mes yeux le plus important.

      2. @ T. Marique
        Je ne voulais pas faire une critique politique de ce régime (bien qu’il soit sain de pouvoir le critiquer).
        Ce qui m’importait, c’est de refuser l’argument du poids démocratique pour avaliser une décision et la considérer comme juste ou pas ; en bref, le « c’est vrai parce que tout le monde le dit », qui tend à uniformiser la pensée (comme déjà Tocqueville le prédisait déjà quelques deux cent ans auparavant).
        En effet je recherche, comme vous, la Justice, qui implique une recherche de ce que je considère comme le Bon, le Bien et le Vrai.
        Pour ma part, je tiens à préciser que je ne crois pas qu’il y ait un droit naturel parce que je suis croyant (mon éducation n’a pas du tout été dans ce sens), mais que je suis devenu croyant (entre autre chose) parce que percevant une « loi naturelle », inscrite dans le coeur de chacun (cf. Rousseau, Profession de foi du vicaire savoyard), la logique voulut que j’accepte l’existence d’une transcendance, et donc de Dieu. Ce que l’on nomme la « morale » étant en elle-même une transcendance.
        Le courant de l’athéisme a, lui, trouvé son matériau philosophique dans l’utilitarisme, qui considère que ce qui est Bien, Juste, est ce qui est ce qui dégage le plus d’utilité nette (« bénéfices » moins « coûts »). Une chose est « juste » et « morale » si les avantages en dépassent les inconvénients. En ce qui me concerne, c’est ce raisonnement qui m’inquiète (et que, vous l’avez compris, je considère comme erroné).
        Je crois que l’athéisme, du point de vue philosophique n’est ni moral, ni immoral, mais bien amoral. Pour éviter toute confusion, je tiens à préciser que je parle de l’athéisme, pas des athées…

        1. Selon cette approche purement utilitariste, peut être considérée comme « morale » et « juste » :
          – la décision (moeurs) d’avorter pour une mère qui considère que son enfant sera avant tout une contrainte, et que, pesant le pour et le contre, au final ça ne l’intéresse pas,
          – la décision (moeurs) pour une mère de famille de deux enfants en bas âge, de quitter son mari et sa famille parce qu’elle a rencontré un nouveau collègue et qu’il lui plaît franchement,
          – la décision (économie) que prennent les cigales qui, dans une société où elles sont 10 alors qu’il n’y a que 2 fourmis, légitime le fait de répartir le fruit du travail des 2 pour les 12, tout simplement parce que le bonheur moyen des 12 sera plus grand si tel est le cas,
          – la décision (politique) de purger la Nation des « brigands » sous la Terreur en 1792-3 ou des Juifs en 1940-5, si l’utilité procurée aux reste de la population est positive, et que cette dernière est plus importante que l’utilité négative subie par les « purgés »…
          Pour l’utilitariste, la justice a des frontières mouvantes…
          Et je crois sincèrement que cette philosophie abaisse l’Homme plus qu’autre chose.

          1. @Merlot,
            Je comprend bien votre parcours de foi, que je respecte bien entendu, bien que ne pouvant y souscrire personnellement.
            Par ailleurs, il me parait faux de réduire l’athéisme à l’utilitarisme. D’une part, l’utilitarisme est largement partagé et n’épargne pas le domaine de la foi (tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens). D’autre part, si il y a bien des courants athées purement utilitaristes (le communisme p. ex;), il en existe qui admettent et exigent la construction d’une morale basée sur l’humanisme (pas au sens du CDH) et les valeurs de la laïcité. On peut être athée et connaître la spiritualité, ce n’est pas incompatible.
            Pour illustrer. Tuer un malade parce qu’il n’est plus utile à la société est un assassinat. Tuer un malade en grande souffrance, à sa demande, est un acte de compassion profondément humain et courageux. En toute chose, il importe de sonder les cœurs et de connaître les intentions.

          2. @ Thierry Marique
            « Je crois qu’il y a deux sortes d’athées : les premiers, conséquents dans leurs principes, affirment qu’il n’y a pas de Dieu, par conséquent point de différence essentielle entre le bien et le mal ; que le monde appartient aux plus forts et aux plus habiles » Chateaubriand.
            C’est que que pensent également les matérialistes athées, de Nietzsche à Onfray, qui vont jusqu’à mépriser les athées « métaphysiques » qui ne sont, selon leur propre analyse, que des résidus chrétiens sécularisés.
            Chateaubriand poursuit en brossant le portrait du second athée, qui, refusant les conséquences de son propre athéisme, se drape dans un tissu de valeurs chrétiennes, dont il a évincé Dieu (c’est l’humanisme dont on parle aujourd’hui, je crois). Je crois que l’utilitarisme est intrinsèquement étranger au christianisme, tout en concédant que les chrétiens n’ont pas toujours suivi l’enseignement du Christ (j’avais d’ailleurs lu un article intéressant sur ce qui a été pendant tout un temps un « conformisme chrétien », auquel a succédé un conformisme athée), même si je tiens à préciser qu’il est particulièrement difficile de juger des actes commis au 11ème avec des yeux du XXIème. Mais si l’on écoute le Christ, impossible de se dire « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », c’est profondément opposé au message de l’Evangile (au passage, je crois que c’est une erreur de mettre toutes les « religions » dans le même panier, chacune a son histoire, son message. C’est au fond aussi absurde que de mettre « les philosophies » dans un autre panier).
            En ce qui concerne la morale, je crois qu’elle ne peut avoir de base solide sans transcendance, ou alors elle devient une « morale » purement coercitive, c’est le cas de la morale « laïque » (qui n’est pour moi qu’un calque des valeurs chrétiennes, sans Dieu). En effet, alors que le message chrétien invite à se comporter de telle manière parce que c’est conforme à notre nature, la morale laïque contre-indique tel ou tel comportement, parce que c’est « mal »… Mais alors qu’est-ce que le Mal, et pourquoi tel acte est « mal »?(la notion de bien et de mal est pour moi caduque sans transcendance).
            Des « valeurs laïques »? Quelles sont-elles?

  7. @ Merlot : à l’extrême est l’Eglise ( comme si il était que l’Eglise » soit à un extrême.
    L’Eglise n’affirme pas « arbitrairement : elle dit qu’ un embryon est dès la fusion d’un ovule et d’un spermatozoïde : il y a un être humain par essence…ce n’est pas kyste ou un « objet » indéfini ou indéfinissable…Alors parler de jours, de mois, ou de « devenir » : à ce niveau « zéro » de ce hasard, il y a vie humaine. On ne peut qualifier la position de l’Eglise d »arbitraire : elle n’est pas, à ce niveau, dans le rôle d’arbitre : elle affirme ses principes…et sa position est équivalente à toutes positions, qui se parent de tous les déguisements : la science n’est pas un absolu …car elle n’est que la connaissance à un un moment donné.
    Pour faire bref : non aux mutilations sexuelles…de quelque nature que ce soit, fussent-elles traditionnelles….La tradition ne justifie pas des souffrances imposées aux autres.
    Pour le reste :si l’Eglise rappelle la « théorie », elle joue son « rôle », mais Jésus nous rappelle le « pardon », l’engagement (l’accueil des « filles-mères », le soutien aux parents d’enfants lourdement handicapés, etc)…L’Eglise est dialectique :dialogue permanent entre laic/religieux, théorie et pratiques, traditions et vie contemporaine….

  8. Le débat n’est pas ici, me semble-t-il, entre personnalisme et individualisme. Les défenseurs de l’avortement peuvent avoir une démarche personnaliste, celle par exemple qui consiste à prendre en compte la souffrance d’une personne. Le débat est plutôt entre transcendance et non-transcendance. La société produit-elle la norme ou la trouve-t-elle en Dieu ?

  9. @ Bernard Collin : il me manque les références du personnalisme athée :C’est peut- être, l’existentialisme de Camus (athée mais concret) versus existentialisme de Sartre (athée et matérialiste, et théoricien fermé) ?
    Pour le reste : la transcendance, la prise en compte de la souffrance des « personnes », je ne peux que souscrire : la société, c’est nous (toi et moi, et les autres)…Toi ou moi, ou les autres nous pouvons « trouver la norme » ou l’interpréter : la société démocratique fait la synthèse….Elle n’est qu’une synthèse dialectique…(je me risque à utiliser des mots « techniques » philosophiques, dont je n’ai pas la maîtrise)…La Faute, le Pardon et le repentir…pas seulement des termes de cathéchisme….a+

  10. @Merlot,
    Pardonnez moi ma petite sortie sur le massacre des Albigeois, mais c’était assez difficile d’y résister.
    Par contre, ce brave Chateaubriand raconte vraiment n’importe quoi. Il n’y a aucun rapport entre la morale d’une part et la religion ou l’athéisme de l’autre. Selon la religion cobsidérée, la morale peut varier considérablement. Et on peut être athée et moral évidemment. Et j’ajouterai, sans que cette morale soit une récupération de la morale chrétienne (même si bien entendu je n’ai rien à redire pour l’essentiel sur le décalogue).
    Mais il faut tout de même rappeler que la notion de morale se trouve au cœur des philosophies de l’antiquité bien antérieures au christianisme, qui s’en est d’ailleurs largement inspiré (notamment d’Aristote) avant de les éliminer toutes impitoyablement. En outre, l’épicurisme fut par exemple une grande doctrine, parfaitement morale et essentiellement athée. Tout comme, plus près de nous, le bouddhisme originel.
    Donc, aucune contradiction entre l’athéisme et la pratique d’une morale. Quant aux valeurs laïques, elles découlent des Lumières: liberté, égalité, fraternité, pratique du libre-examen. L’être humain et sa dignité y sont au centre.

  11. En effet, il y a eu beaucoup trop de massacres, tant de la part de religieux que de non religieux d’ailleurs, et je crois que c’est sa propre nature qui pousse l’homme à dominer son prochain.
    Pour ce qui est de la morale, j’ai précisé croire à une conscience inscrite au coeur de chacun, qu’il soit croyant ou athée, qu’il soit né avant ou après l’an 0 de notre ère.
    Je crois simplement que le christianisme a pu approcher, comprendre et expliquer cette intuition (de conscience du Bien et du Mal inscrite au coeur de l’homme).
    Je vous remercie pour vos réflexions et remarques, et pour la tenue de ce débat (pas évident par PC interposé ^^).

    Respectueusement.

  12. Le riche débat me suscite deux petites réflexions. Il y a quelques années, j’ai fait un travail sur Epicure à la fac de théologie protestante. Si ma mémoire est fidèle, cet authentique moraliste n’était pas athée mais, pour lui, les dieux n’en avaient » rien à faire » des hommes. Cela les renvoyait à leurs lumières pour adopter un comportement moral. Intéressante cette idée qu’une morale, au moins en son principe, pouvait être proposée à chacun. il me semble qu’Epicure préparait là un effort qui s’est poursuivi jusqu’à la déclaration des droits de l’homme au moins. Le caractère fondamental de ces droits me paraît renvoyer à un présupposé plus ou moins explicite qu’il y a une nature humaine, qui se cherche sans doute.
    J’en reviens au dialogue suggéré entre individualistes et personnalistes. Il me semble en effet que deux courants éthiques existent actuellement. Certaines personnes donnent la priorité à leur épanouissement individuel, d’autres sont prêtes à le sacrifier parfois pour un bien collectif, à commencer par celui du couple qu’elles se sont engagées à former. Quel est le bien collectif qui justifierait qu’on refuse à quelqu’un l’assistance au suicide qu’il demande? L’affirmation de la valeur éminente de la vie humaine? Cela m’interpelle mais ne me convainc pas vraiment. Si j’étais gravement malade et souffrais fort, j’espère que je resterais fidèle à ma décision de ne jamais demander l’euthanasie, mais ce serait pour tâcher de m’associer aux souffrances de Jésus, pas pour des raisons humanistes.

    1. @Michel Biart,
      En effet, Epicure n’est pas exactement athée, mais on s’en rapproche fort pour l’époque. Et sa démarche morale est intéressant, fort injustement occultée par une caricature de l' »épicurisme ». Pour le reste, j’apprécie beaucoup votre sens de la nuance et la tolérance de votre propos.

      1. Merci Thierry. J’avais été frappé par la qualité morale d’Epicure. Je suis heureux de vous communiquer que les pères jésuites qui m’ont formé m’avaient déjà indiqué que pour Epicure le plaisir s’obtenait par la pratique de la vertu. Content de vous avoir retrouvé sur ce blog, bonne continuation.

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