Futur conclave – John Allen, un journaliste à suivre

Conseil d’ami aux journalistes et aux lecteurs de ce blog: S’il est un homme qu’il faut lire ces jours-ci, c’est bien John Allen jr. Ce journaliste américain du National Catholic Reporter (NCR), fut – des années durant – correspondant à Rome. Sa réputation est solide. C’est lui que CNN et les autres grandes chaines télévisées américaines se battent pour avoir comme commentateur quand un événement majeur se déroule au Vatican. Pourquoi? Parce que les connaisseurs savent que peu de Vaticanistes ont, tout à la fois une telle intégrité déontologique, une pareille connaissance du terrain et la confiance de tant de hauts prélats romains. Ce n’est un secret pour personne: Si un journaliste doit pouvoir obtenir une interview de la part d’une éminence de la Curie, il y a de fort à parier que ce soit John Allen. Et je pense pouvoir affirmer que certaines de ces analyses sur le rapport entre Eglise et médias furent lues et reçues par les plus hautes autorités ecclésiastiques. Le crédit de celui qui est aussi un catholique engagé est tel que, comme l’homme se trouvait être par hasard à Rome lors de l’annonce surprise de la renonciation faite par Benoît XVI, d’aucuns pensaient qu’il était au courant… Ce qu’il démentit avec humour.

Sur quoi se fonde pareille réputation? Sur le fait que les analyses de l’Américain sont à l’opposé de la dérive tabloïd. Elles écartant le sensationnalisme et l’anecdotique, pour aborder le fond des choses. Ainsi son dernier article, paru hier sur le site du NCR. Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, je résume: D’aucuns ont affirmé que l’ombre de Benoît XVI pourrait planer sur le conclave et empêcher les cardinaux de délibérer en toute liberté de cœur. C’est plutôt le contraire qui est prévisible et ceci pour trois raisons: 1. Benoît XVI lui-même vient de sortir des sentiers battus en prenant une décision grave et inédite. Il invite donc les cardinaux à être audacieux à l’écoute de l’Esprit.  2. Le fait que le Pape renonce à sa charge en déclarant n’avoir plus la santé pour mener à bien les défis de l’heure, alors qu’il n’est nullement grabataire, accrédite le fait qu’il faille un pontificat qui puisse prendre à bras le corps une série de chantiers ouverts – à commencer par le fonctionnement de la Curie. 3. L’ombre d’un Jean-Paul II défunt fut bien plus importante sur le conclave dernier que ne sera probablement celle d’un Benoît XVI se retirant dans la prière. En effet, si le peuple catholique exprime à ce Pape sa tristesse de le voir se retirer, l’émotion il y a huit ans était d’une toute autre ampleur, face à la perte de « l’athlète de Dieu ».

John Allen conclut en écrivant qu’il ne faut pas, pour autant, s’attendre à un changement de cap au Vatican. Plutôt un changement de style et de fonctionnement. L’analyse a le mérite de donner à penser. Quant aux fidèles, en ce début de carême et en cette fête des saints Cyrille et Methode, patrons de l’Europe – elle les invite à confier le futur conclave au Maître de la moisson. Par le jeûne, le partage et la prière.

2 réflexions sur « Futur conclave – John Allen, un journaliste à suivre »

  1. D’accord avec vous, père Eric. Je lis la rubrique de M. Allen (All things Catholic) chaque semaine et elles sont très intéressantes. A ce moment, il y a bien sûr plus d’articles de sa part. Il vaut la peine de les lire.

  2. Benoit XVI me laisse avant tout un témoignage d’humble sainteté culminant dans sa décision. Il m’a toujours fait réfléchir notamment en approfondissant des exigences sociales essentielles. Ses analyses exégétiques me paraissent très traditionnelles mais il a innové en se mettant sur le même pied que les fidèles. J’espère que son successeur revisitera l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité.

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