Ce blog prend quelques vacances et ceci, jusqu’aux alentours de l’Assomption. Merci encore aux lecteurs – silencieux ou participants. Il est probable qu’à la reprise, le rythme des articles sera moins soutenu. En effet, mes nouvelles fonctions de curé-doyen au centre de la bonne ville de Liège m’offriront sans doute moins de loisirs pour écrire. Nous verrons bien. En guise de cadeau d’été, je vous laisse avec trois réflexions, tirées du dernier film d’Harry Potter – que j’ai eu l’occasion de récemment aller voir avec ma filleule.
Même quand il gagne, le cynique perd : Frappé à mort par Voldemort (le très méchant), Harry se retrouve en esprit dans un lieu qui ressemble à une gare. Là, il rencontre son ancien directeur d’école, feu le professeur Dumbledore. Il comprend que – même s’il a le choix – il doit retourner parmi les vivants, plutôt que de rejoindre ceux qu’il aime et qui sont décédés. Alors Dumbledore lui dit : « Ne plains pas les morts, Harry. Plains plutôt les vivants – surtout ceux qui vivent sans amour ».
Cela me rappelle une conversation avec un jeune militant. Celui-ci me demandait si mon récent essai, « Credo politique », critiquait son parti. Je lui répondis que mon écrit ne traitait pas de questions partisanes, mais du bien commun. Il me fit alors cette réflexion : « Ah, ton livre voit les choses du point de vue moral. Tu es bien naïf. La politique est seulement une question de pouvoir ». Qu’il médite donc sur la phrase du professeur Dumbledore. Bien sûr que la politique tourne aussi autour de la question du pouvoir, mais je plains celui qui – comme Voldemort – ne vit que pour lui, tel une drogue. Même parvenu au sommet de la gloire, sa vie est une maison bâtie sur le sable. Il est bien plus mort que ceux qui sont morts après avoir réellement vécu – c’est-à-dire – en ayant aimé.
Ce qui est mental n’est pas forcément irréel : Toujours lors de cette rencontre en esprit avec Dumbledore, Harry lui demande : « Professeur, ce moment se passe-t-il dans ma tête, ou est-il réel ? » Son ancien directeur lui répond : « Evidemment que cela se passe dans ta tête, Harry ! Mais cela ne signifie pas pour autant que ce ne soit pas réel ». Cette phrase dit quelque chose de profond. Ainsi les questions : « L’inspiration de l’Esprit se fait-elle intérieurement ? Les apparitions de la Vierge se passent-elles dans la tête des voyants ? Les guérisons miraculeuses agissent-elles sur le psychique ? » Je n’ai pas de réponse définitive à ces questions, mais je suis convaincu que ce n’est pas parce que quelque chose se passe dans la tête, qu’elle n’est pas réelle. Si Dieu existe – comme je le crois – et s’Il est un Dieu relationnel – comme les chrétiens le professent – alors pourquoi ne pourrait-Il pas se communiquer et agir – aussi – par le biais de la vie mentale ?
Le découragement détourne de l’épreuve : Dans l’univers d’Harry Potter, les « détraqueurs » (‘dementors’ en anglais) sont des esprits funestes. Ces ombres ont pour particularité d’aspirer toute joie de ceux qu’elles approchent. Parfois, il m’arrive de rencontrer pareils « détraqueurs » au sein de l’Eglise catholique. Certains proclament que Vatican II est une catastrophe, d’autres que Vatican II est la seule bonne chose, d’autres enfin que seul Vatican III ou IV est la solution. Ce n’est pas leur analyse – pertinente ou non… je n’entre pas dans la question – qui en fait des « détraqueurs », mais bien le découragement qui l’accompagne. Pour eux, tout va mal : évêques, prêtres, laïcs… personne ne trouve grâce à leurs yeux. Autour d‘eux, ne séviraient que lâcheté, imposture et trahison. A celui qui se laisse contaminer par leur état d’esprit, ces personnes enlèvent toute joie.
Comment résister à l’infernale sinistrose des détraqueurs ? Harry apprendra que – pour les chasser – il s’agit de penser très fort à une souvenir qui élève l’âme. C’est exactement ce que j’invite les baptisés à faire. Résistez à ces prophètes de la nécrose et pensez à ce qui est grand et beau ! Oui, les temps ne sont pas faciles pour les disciples du Christ. A l’instar du grand Churchill, je ne puis que leur promettre: « du sang, du labeur, de la sueur et des larmes ». Mais bon sang, que cela ne nous enlève pas notre joie, notre bienveillance et notre paix intérieure ! Même au plus noir du blitz londonien, le sens de l’humour du premier ministre britannique fut l’étendard de son courage. Quant au Christ, il invite à résister à tous les détraqueurs de la terre et d’ailleurs – peu importe qu’ils soient traditionalistes, centristes ou progressistes : « Vous aurez des tribulations dans le monde; mais gardez courage, j’ai vaincu le monde ». (Jean 16, 33)
Sur ces réflexions, je souhaite à tous de profiter de la douceur – même pluvieuse – de l’été. Restons en communion par la prière.