Kerktorenleeuw

Het wat gek klinkende plan van de voorzitter van de kerkfabriek van Haringe om de haan op de toren van de Sint-Martinuskerk te vervangen door een leeuw, wordt geen nieuwe communautaire item. Naar verluidt, zou het voorstel van Paul Recour (een Franstalig klinkende naam), voorzitter van de Haringse kerkfabriek om daarmee de Vlaamse identiteit van het IJzerdorp wat meer in de verf te zetten, eerder te maken hebben met een soort weddenschap. Ik kan daar dus best mee lachen en zelfs mee leven als dat voorstel effectief wordt. Maar toch wil daar ook wat commentaar aan kwijt.

Symbolen zijn belangrijk en dienen ook zo behandeld te worden. Maar “over-symboliseren” is uit den boze. Morgen, 1 september, word ik effectief de nieuwe deken van het centrum van Luik. Een stad die in het Latijn “Leodiniensis” heet, en dus ook dikwijls in het verleden door een leeuw gesymboliseerd werd. Zou ik dan moeten beginnen pleiten dat dit dier vervangen wordt door een haan? (Luik zou dan een nieuwe naam krijgen, afgeleid van ‘coq’, het Franse woord voor ‘haan’, bv. ‘Coqsijde’.) Of dat een welbekende Vlaamse oud-premier tot Jean-Luc Deleeuw herdoopt wordt? Of dat de plek waar mijn familie zo graag met vakantie ging, vanaf nu “De-Leeuw-aan-Zee” zou heten? Iedereen verstaat maar al te goed dat dit allemaal te gek voor woorden is. En elke katholiek met een beetje cultuur weet ook dat de kerktorenhaan helemaal geen Waals symbool is. Maar goed, zolang gelovigen van elke ras of taal welkom zijn in de Sint-Martinuskerk van Haringe, mag deze haan voor mij gerust een leeuw worden… of zelfs een haring. Het is wel degelijk niet toevallig dat België het geboorteland is van het surrealisme…

Scout toujours…

Le quotidien liégeois « la Meuse » (groupe Sudpresse) consacrait ce mardi toute sa page 4 au changement de loi par « les Scouts ». J’avais déjà eu l’occasion de commenter dans ce blog la perte de la référence « catholique » par cette fédération. Ici, c’est le fait de biffer le mot “ Dieu ”, qui a fait grincer des dents. A cela, Jérôme Walmag, président des Scouts, répond : “ Il n’est pas question de mettra u placard le devoir spirituel qui doit rester dans chacune de nos unités. Nous comptons de plus en plus de scouts qui ne sont pas catholiques. Nous avons même une unité scoute musulmane à Bruxelles. Nous aurons bientôt une unité juive ”.

Que penser de cela? Les Scouts sont souverains pour décider de leur identité et de leur loi. Ce que je regrette, c’est que le devoir spirituel dont se réclame le président de la Fédération ne soit plus du tout présent dans le texte de la loi. Cela n’aurait certainement pas dérangé les scouts juifs, musulmans, ou agnostiques d’avoir dans leur loi un article ouvert, du genre : « Le scout cherche le sens spirituel de sa vie ». Cette absence est d’autant plus regrettable, que c’est pareille mention qui aurait été « moderne ». En ce début de XXIe siècle, le « tout au matérialisme » a fait faillite. Les démarches spirituelles – pas nécessairement toujours éclairées, il est vrai – foisonnent. Il est dommage que cette dimension essentielle de l’existence du jeune, soit écartée de la charte de vie d’un mouvement qui s’est toujours voulu spiritualiste. Baden-Powell, le fondateur, ne déclarait-il pas que les religions n’entraient pas « quelque part » dans le scoutisme, car elles étaient une dimension fondatrice de toute sa pédagogie ? Ceci rappelait fort judicieusement que la pédagogie scoute n’est jamais à confondre avec une forme de catéchisme. La spiritualité doit y avoir toute sa place, mais d’une façon intégrée à la vie du scout. Le reste est l’affaire de l’Esprit.

In fine – moi qui suis partie prenante dans différentes fédérations – j’ai trouvé regrettable que dans l’article de la Meuse, il se trouve encore un chef d’unité scoute pour faire l’amalgame entre la fédération des Scouts d’Europe et l’extrême-droite. S’il en était ainsi, que cette personne m’explique pourquoi de jeunes musulmans bruxellois participent chaque année au camp de formation pour animateurs Scouts d’Europe ? A mon époque, il y avait un article dans la loi qui énonçait : « Le scout est ami et frère de tout autre scout ». Cette maxime ne se trouve plus, non plus, dans la loi actualisée, mais je pense qu’elle reste d’application.

 

Soif et souffle…

« Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ». Ainsi débute le psaume 41. J’y pensais, récemment, en écoutant un ami me confier son cheminement. Garçon brillant et créatif, il n’adhéra pas à son éducation catholique. Comme tant d’autres, il mit entre parenthèse son baptême et avança dans la vie sans trop s’encombrer de bagages religieux. Et voilà que, la quarantaine s’annonçant, une soif le tenaille. Pas la soif explicite du Dieu de Jésus-Christ – non. Mais une soif spirituelle : recherche de silence, d’unité intérieure, de fécondité authentique.
C’est à  l’ami qu’il se confia, mais aussi au prêtre. Il voulait confronter ce qu’il vivait à mon témoignage de vie. Pareille expérience n’est pas aussi rare qu’on voudrait le croire. La soif spirituelle est grande. Quand nos contemporains nous confient leur quête, il faut les rejoindre sur ce chemin. Sans essayer de les « récupérer », mais également sans honte de témoigner de l’Espérance qui nous habite. Le reste, c’est l’affaire de l’Esprit. Car souvent se vérifie le dicton : « autre est le semeur, autre le moissonneur » (Jn. 4,38)  

Autre expérience forte : j’ai célébré ces jours-ci les funérailles d’une mère de famille de ma génération. (Terrassée par un sale cancer… comme tant d’autres). L’époux et les enfants me partagèrent l’intensité et la lucidité des échanges qu’ils eurent avec la défunte, alors que celle-ci vivait ses dernières semaines en soins palliatifs. Une réelle espérance anime cette famille de baptisés que l’on aurait taxé un peu vite de « croyants ordinaires ». Cela donne à réfléchir. Je ne suis pas optimiste au point de prétendre que tout va bien dans notre Eglise, mais le recul de la pratique sacramentelle – s’il n’en demeure pas moins inquiétant – ne signifie pas pour autant l’impuissance de l’Esprit. Parfois, son souffle nous décoiffe là où on ne s’y attend pas. « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jean 3,8).

La boue de nos vies…

Pour avoir croisé quelques fois le désarroi de personnes dont la maison fut inondée, je me doute bien du drame vécu par ces habitants de la région de l’est du Brabant-wallon, qui assistent impuissants à des coulées de boues aussi répétitives que dévastatrices. Mon billet publié ce 20 juillet dans La Libre retrouve ainsi une dramatique actualité – ce dont chacun se serait fort bien passé (La Libre du 20/07 en p.45).

En même temps, cette tragédie domestique est une parabole de nos vies. Qu’est-ce que vivre, si ce n’est sans cesse nettoyer et re-nettoyer la boue qui nous assaille ? Un dictateur est chassé de Lybie, mais tout est à reconstruire dans son pays et – ailleurs de par le monde – d’autres tyrans redressent la tête. Un enfant réussit une épreuve et en ressent une légitime fierté, mais attention : il ne s’agit pas de s’asseoir sur ses lauriers. La vie réservera d’autres défis, étapes et crises. Et l’échec sera toujours là. Surtout – à vue humaine et matérialiste – vers la fin, avec la vieillesse, la maladie et la mort.  Un sale défaut nous habite ? une mauvaise habitude ? On essaie de s’en défaire. Encore et encore… Et parfois, le découragement prend le dessus. Des chrétiens sincères se démènent pour que l’Eglise puisse rayonner du message du Christ et puis – boum ! – un gros scandale de pédophilie éclate et laisse chacun pantois. Etc. etc. Oui, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais un incessant combat contre toutes ces boues personnelles et collectives. Malheur à celui qui baisse les bras. Il se laissera engloutir. Mais –reconnaissons-le – parfois tenir debout, tient du miracle.

Dans la tourmente, les chrétiens ne sont pas plus forts ou meilleurs que les autres. Mais ils savent qu’ils ne sont pas seuls. En Christ, Dieu s’est chargé de toute la boue de nos vies, pour y inscrire l’empreinte de son Esprit. Alors, haut les cœurs ! Ne laissons pas la boue ternir l’éclat de nos âmes. Je pense surtout à tous ces jeunes qui reviennent des JMJ – pleins de feu et de joie. La vie va les reprendre. La boue – insidieuse – les ramènera à la grisaille du quotidien. Que le feu de leur foi se fasse par moment moins ardent, est dans l’ordre des choses probables. Mais aidons-les à faire en sorte que ce foyer allumé à Madrid ne s’éteigne pas. Apprenons-leur les simples gestes de fidélité : aux sacrements, à la prière, à la lecture de la Parole, au partage fraternel,… Et puis, surtout, montrons-leur un visage d’adulte qui leur donne envie de grandir dans cette Eglise. Oui, de la boue il y en aura encore et par tonnes. Pourtant… « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage, j’ai vaincu le monde ! » (Jean 16, 33)

Orages, bourses, négociations… Et pendant ce temps-là, les JMJ.

Même dans notre petit pays de climat tempéré, la météo se fait meurtrière. L’orage de hier laisse au moins cinq victimes au festival de rock « Pukkelpop ». Malgré toutes les garanties financières, les bourses mondiales plongent à nouveau vers l’inconnu. Et les observateurs les plus éminents ne sont guère rassurants (lire l’interview de Jacques Delors, publiée hier dans les colonnes du quotidien « le Soir »). Quant aux négociations politiques pour la formation d’un gouvernement fédéral belge, elles sont toujours aussi laborieuses. Bouleversements climatiques, récession mondiale et tensions communautaires… Oui, cela arrive près de chez nous. Et oui, nous ne sommes plus à l’abri.

C’est ici que les JMJ prennent une signification toute particulière. Non, il ne s’agit pas d’une grande opération de « com. » catholique. Impossible de réunir plus d’un million de jeunes s’il n’existe pas un élan de fond. Et non, ce n’est pas non  plus une tentative de reprise en main ultraconservatrice au sein de l’Eglise. C’est le signe que la soif spirituelle de la jeunesse est toujours aussi vive. C’est la preuve que la rencontre intérieure avec le Christ n’a rien perdu de son magnétisme. Et cela  est une bonne nouvelle pour tous – croyants et athées confondus. En effet, ce qui donnera aux générations futures d’affronter avec confiance et courage les temps ardus qui s’annoncent, c’est leur capacité à rester debout. Pour cela, il leur faudra une colonne vertébrale spirituelle et non des carapaces de repli. Dans le monde inquiétant – et passionnant – qui s’annonce, la présence de jeunes chrétiens bien dans leur époque et dans leur foi, sera un apport essentiel.

« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Matthieu 5, 13-16)

 

Harry Potter donne à penser…

Ce blog prend quelques vacances et ceci, jusqu’aux alentours de l’Assomption. Merci encore aux lecteurs – silencieux ou participants. Il est probable qu’à la reprise, le rythme des articles sera moins soutenu. En effet, mes nouvelles fonctions de curé-doyen au centre de la bonne ville de Liège m’offriront sans doute moins de loisirs pour écrire. Nous verrons bien. En guise de cadeau d’été, je vous laisse avec trois réflexions, tirées du dernier film d’Harry Potter – que j’ai eu l’occasion de récemment aller voir avec ma filleule.

Même quand il gagne, le cynique perd : Frappé à mort par Voldemort (le très méchant), Harry se retrouve en esprit dans un lieu qui ressemble à une gare. Là, il rencontre son ancien directeur d’école, feu le professeur Dumbledore. Il comprend que – même s’il a le choix – il doit retourner parmi les vivants, plutôt que de rejoindre ceux qu’il aime et qui sont décédés. Alors Dumbledore lui dit : « Ne plains pas les morts, Harry. Plains plutôt les vivants – surtout ceux qui vivent sans amour ».
Cela me rappelle une conversation avec un jeune militant. Celui-ci me demandait si mon récent essai, « Credo politique », critiquait son parti. Je lui répondis que mon écrit ne traitait pas de questions partisanes, mais du bien commun. Il me fit alors cette réflexion : «  Ah, ton livre voit les choses du point de vue moral. Tu es bien naïf. La politique est seulement une question de pouvoir ». Qu’il médite donc sur la phrase du professeur Dumbledore. Bien sûr que la politique tourne aussi autour de la question du pouvoir, mais je plains celui qui – comme Voldemort – ne vit que pour lui, tel une drogue. Même parvenu au sommet de la gloire, sa vie est une maison bâtie sur le sable. Il est bien plus mort que ceux qui sont morts après avoir réellement vécu – c’est-à-dire – en ayant aimé.

Ce qui est mental n’est pas forcément irréel : Toujours lors de cette rencontre en esprit avec Dumbledore, Harry lui demande : « Professeur, ce moment se passe-t-il dans ma tête, ou est-il réel ? » Son ancien directeur lui répond : « Evidemment que cela se passe dans ta tête, Harry ! Mais cela ne signifie pas pour autant que ce ne soit pas réel ». Cette phrase dit quelque chose de profond. Ainsi les questions : « L’inspiration de l’Esprit se fait-elle intérieurement ? Les apparitions de la Vierge se passent-elles dans la tête des voyants ? Les guérisons miraculeuses agissent-elles sur le psychique ? » Je n’ai pas de réponse définitive à ces questions, mais je suis convaincu que ce n’est pas parce que quelque chose se passe dans la tête, qu’elle n’est pas réelle. Si Dieu existe – comme je le crois – et s’Il est un Dieu relationnel – comme les chrétiens le professent – alors pourquoi ne pourrait-Il pas se communiquer et agir – aussi – par le biais de la vie mentale ?

Le découragement détourne de l’épreuve : Dans l’univers d’Harry Potter, les « détraqueurs » (‘dementors’ en anglais) sont des esprits funestes. Ces ombres ont pour particularité d’aspirer toute joie de ceux qu’elles approchent. Parfois, il m’arrive de rencontrer pareils « détraqueurs » au sein de l’Eglise catholique. Certains proclament que Vatican II est une catastrophe, d’autres que Vatican II est la seule bonne chose, d’autres enfin que seul Vatican III ou IV est la solution. Ce n’est pas leur analyse – pertinente ou non… je n’entre pas dans la question – qui en fait des « détraqueurs », mais bien le découragement qui l’accompagne. Pour eux, tout va mal : évêques, prêtres, laïcs… personne ne trouve grâce à leurs yeux. Autour d‘eux, ne séviraient que lâcheté, imposture et trahison. A celui qui se laisse contaminer par leur état d’esprit, ces personnes enlèvent toute joie.
Comment résister à l’infernale sinistrose des détraqueurs ? Harry apprendra que – pour les chasser – il s’agit de penser très fort à une souvenir qui élève l’âme. C’est exactement ce que j’invite les baptisés à faire. Résistez à ces prophètes de la nécrose et pensez à ce qui est grand et beau ! Oui, les temps ne sont pas faciles pour les disciples du Christ. A l’instar du grand Churchill, je ne puis que leur promettre: « du sang, du labeur, de la sueur et des larmes ». Mais bon sang, que cela ne nous enlève pas notre joie, notre bienveillance et notre paix intérieure ! Même au plus noir du blitz londonien, le sens de l’humour du premier ministre britannique fut l’étendard de son courage. Quant au Christ, il invite à résister à tous les détraqueurs de la terre et d’ailleurs – peu importe qu’ils soient traditionalistes, centristes ou progressistes : « Vous aurez des tribulations dans le monde; mais gardez courage, j’ai vaincu le monde ». (Jean 16, 33)

Sur ces réflexions, je souhaite à tous de profiter de la douceur – même pluvieuse – de l’été. Restons en communion par la prière.

Catholicisme en chute libre – (L’Avenir 16 juillet, pp.2-3)

Le quotidien belge d’origine catholique lAvenir couvrait sa « une » du WE dernier avec un seul titre : « le catholicisme en chute libre ». Le dossier en pp.2-3 commentait les résultats d’une étude de l’Adrass (Association pour le Développement et la Recherche en Sciences Sociales) sur la pratique du culte catholique en Wallonie. Résultats : cela fait 40 ans que le catholicisme décline – ça, ce n’est malheureusement pas un scoop – et aucune inversion de tendance n’est perceptible. D’où cette conclusion : à tendance constante, en 2050 seuls 8% des Wallons seront encore catholiques et un petit 1,6% de la population ira encore à la Messe.

Que penser de pareille étude ? Le tassement, voire l’effondrement, d’une religion de masse est dans l’air du temps. Longtemps, le catholicisme fut pour nos compatriotes la « religion par défaut ». Ils étaient catholiques par naissance et à défaut d’alternative spirituelle. Le centre des villages était la tour de l’église. Aujourd’hui, le cœur de la vie sociale est devenu l’écran de l’ordinateur. La preuve… vous lisez ce blog :-) Un simple « clic » ouvre nos adolescents à un monde pluriel, bariolé de religions, philosophies, voies de sagesses…  De plus, par rapport au catholicisme, les vents sont contraires. S’il était de bon ton de se déclarer catholique – même non-pratiquant – jusque dans les années 80, aujourd’hui, cela relève du courage.

Ceci m’amène donc à nuancer les conclusions de l’étude. Jadis, il n’est pas certain que toutes les personnes se déclarant « catholiques », l’étaient vraiment. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que toutes les personnes ne se déclarant plus catholiques le font par conviction, plutôt que par convenance sociale. L’étude de l’Adrass évalue la part des catholiques de Wallonie à 37%, avec 6,8% de pratique dominicale. Ces chiffres semblent plausibles. Par contre, quand elle projette qu’en 2030, il n’y aurait plus que 17% de catholiques et 3,3% de pratiquants, je suis plus prudent. L’avenir est ouvert : le cœur de l’homme étant variable, qui dit que le catholicisme ne reviendra pas « à la mode » dans 10 ans ? Je ne parle pas d’un retour à une religion de masse, mais à un petit côté « vintage » qui fera en sorte que nombre de compatriotes sans fort ancrage religieux se déclareront à nouveau « plutôt catholiques ».

Je pense donc que la décroissance sociologique du catholicisme va se poursuivre et qu’elle va surtout marquer le paysage institutionnel. Le catholicisme sera, de moins en moins, une puissance sociale dans ce pays. On peut le regretter, mais c’est dans l’ordre des évolutions de société. Je n’en conclurais pas pour autant trop vite que le catholicisme va s’effacer au même rythme des cœurs et des consciences comme conviction religieuse. Combien de fois n’ai-je pas fait l’expérience que des personnes se présentaient à moi de but en blanc comme « non-catholiques », puis après une bonne rencontre corrigeaient cela en ajoutant : « enfin, nous avons des doutes et ne savons plus très bien que croire ». Bref, sans se déclarer piliers d’Eglise, elle se disaient – tout compte fait – un peu moins « non-catholiques » que ce qu’elles avaient affiché de prime abord. Cela ne donne pas des raisons d’être immodérément optimistes pour l’avenir du catholicisme dans ce pays, mais n’oublions pas : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu’un homme prit et sema dans son champ, lequel est, il est vrai, plus petit que toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches ». (Matthieu 1, 31-32) Bref, même avec une petite graine de foi plantée dans un cœur, l’Esprit peut faire pousser une forêt d’apôtres pour demain.