Loyauté et devoir d’impertinence – La Libre 24 avril p.55

Ce mardi 24 avril ma chronique du mois a été publiée en p.55 du quotidien La Libre.

Pour éviter les amalgames, je précise que mon propos se veut totalement indépendant de l’opinion voisine publiée dans le même quotidien. Vous pouvez lire cette chronique en cliquant sur le lien suivant : « Loyauté et devoir d’impertinence ».

Merci à la rédaction de La Libre de m’offrir cet espace d’expression.

« R.I.P » – 3° dimanche de Pâques, Année B

« Comme ils parlaient encore, Lui-même était là au milieu d’eux et Il leur dit : La paix soit avec vous » (Luc 24, 35-48)

Tout naturellement, nous assimilons la paix avec le repos, voire la mort. « Laisse-le en paix, il dort », dit la maman à son petit quand papa fait la sieste. « Enfin en paix », pensons-nous une fois rentrés à la maison après une rude journée. « Repose en paix », dit-on en pensant à un défunt (abrégé en latin, cela donne R.I.P : « requiescat in pace »). Bref, l’agitation serait du côté de la vie en société et la paix du côté du retrait de ce flot incessant d’activités qui nous assaillent. Il y a du vrai en cela : pour nous épanouir, nous avons besoin d’une dose de silence et de solitude.

Et pourtant, la paix qu’offre le Christ n’est pas celle du hamac, de l’île déserte ou des cimetières. Il s’agit de la paix que ressent Celui qui croise spirituellement le regard du Ressuscité. Celui-ci « ouvre l’esprit à l’intelligence des Ecritures ». Il donne de comprendre qu’en Lui l’amour est vainqueur même de la mort. Alors une paix nous gagne, même au cœur des pires turbulences. Comme le martèle saint Paul : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? la tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? (…) Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, (…) ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur ». (Romains 8, 35-39)

Affaire « RTBF – Moureaux » : le concept ‘Qalu’ en question.

‘Qalu’ – est l’abréviation utilisée par les initiés pour décrire le programme-phare du journalisme d’investigation de la RTBF : « Questions à la une ». La dernière émission « Faut-il craindre la montée de l’islam ? » a – une fois de plus – suscité la polémique. Je n’ai pas vu l’émission. Cependant, je pense que l’édito du jour paru dans les colonnes du « Soir » (Goebbels à la RTBF ? On se calme, M. Moureaux…) sous la plume de Jurek Kuczkiewicz trouve la note juste: le reportage de la RTBF n’est pas exempt de tous reproches, mais le comparer à l’œuvre de « Goebbels » constitue un excès de langage totalement déplacé.

Ce n’est donc pas tant de la question traitée que je souhaite ici aborder (« Peut-on critiquer l’islam ? Et si oui, comment ?»), mais bien la raison pour laquelle ‘Qalu’ crée si souvent la polémique. « Parce qu’il s’agit d’une émission courageuse et libre », diront certains responsables de la RTBF. J’ai un autre avis. Je me rappelle la remarque désabusée du Grand-Maître du Grand-Orient de Belgique après une émission sur les liens entre les Loges et le monde de la justice : « Je ne dis pas qu’il y a aucun abus, mais l’émission est partie d’une thèse et a monté son sujet pour faire coller le reportage au scénario prévu ». C’est exactement l’impression que j’ai eue pour chacune des émissions ‘Qalu’ traitant de l’Eglise catholique auxquelles je participai en tant que porte-parole des évêques. Je ne parle même pas ici de « Miracle ou arnaque », reportage contre lequel j’avais en son temps écrit une lettre ouverte – et à propos duquel Pierre Delrock (vénérable ancien de la RTBF) avait regretté le ton de « persifflage ».  Je pense surtout à une émission (pas mauvaise en tout) sur le financement du culte où le montage me faisait dire ce que je n’avais pas voulu exprimer, ou encore à un reportage sur le créationnisme mettant en cause une mystérieuse lettre du Vatican que j’ai demandé à voir, proposant même de la publier sur les sites catholiques… Lettre qui ne me fut jamais montrée. Une fois encore, je ne nie pas que le financement des cultes ou le créationnisme méritent un regard critique. Ce que je regrette – à l’instar du Grand-Maître du Grand-Orient – c’est que plutôt que de partir de l’investigation, ‘Qalu’ a scénarisé son programme au point de faire passer le cliché pour la réalité. Or, qu’est-ce que je lis à propos de l’émission sur l’islam ? Il y a l’analyse – toujours dans le Soir p.3 – du jeune prédicateur Iliass Azaouai (un nom à retenir : je pense qu’il s’agit d’un des futurs intellectuels en vue de la communauté musulmane de Belgique). A la question de Ricardo Gutierrez : « Les images diffusées montent des faits réels », il répond : « Oui, mais c’est le montage et les commentaires qui posent problème et qui ne reflètent absolument pas l’islam réel que vivent la majorité des musulmans. Nous ne sommes pas ici, dans le registre de l’information, mais dans celui de la provocation. Je ne nie pas certains égarements présentés, mais l’émission tend à les généraliser à toute une communauté… ». Exactement le ressenti que j’avais et celui de Grand-Maître maçon.

Rendons donc cet hommage à ‘Qalu’ : l’émission n’est inféodée à personne, puisqu’elle parvient à énerver tant catholiques, que musulmans, que francs-maçons…Mais n’est-ce pas aussi le signe qu’il y a un souci ? ‘Qalu’ a acquis ses lettres de noblesse en s’inscrivant dans la lignée d’émissions telles que « les grands travaux inutiles », une dénonciation qui fera date dans l’histoire du journalisme et reste une référence en matière d’investigation à la RTBF. Avec le concept ‘Qalu’, chaque sujet est confié à un journaliste qui reçoit au moins deux mois pour le réaliser avec d’importants moyens mis à sa disposition. La pression est donc forte sur ses épaules pour – à chaque fois – réaliser un sujet qui à son tour « dénoncera » quelques abus. Le journaliste qui – au terme de son investigation – ferait un reportage ayant pour conclusion : « tout va plutôt bien, rien à signaler », aurait non seulement le sentiment de l’échec, mais verrait en plus l’audimat de ‘Qalu’ sombrer. Donc, le montage fait en sorte que l’émission est pimentée pour arriver à une dénonciation…. Un peu de scénarisation, cela fait partie du métier de journaliste et rend les enjeux lisibles. Mais l’abus de scénarisation fait en sorte que les intéressés ne se reconnaissent plus dans le sujet diffusé et crient à la manipulation. La faute à qui ? Ce n’est nullement la qualité des journalistes qui est en cause. Pas plus que l’orientation idéologique de la RTBF – qui ne peut certainement pas être accusée de s’inspirer de ‘Goebbels’. Non, en l’occurrence, le problème est généré par le concept même de l’émission qui fait peser sur le journaliste-investigateur une forte pression : toute investigation doit mener à une dénonciation. Ceci, tant pour des raisons d’audimat que sur fond d’un vieux présupposé soixante-huitard qui fait partie de l’héritage de ‘Qalu’: là où il y a une forme de pouvoir, il y a forcément une bonne dose d’abus.

Cela pourrait un jour se retourner contre ‘Qalu’. En tant que porte-parole de l’épiscopat, j’ai toujours défendu la thèse qu’il fallait malgré tout participer à l’émission. Que la politique de la « chaise vide » était contre-productive et peu citoyenne. Plusieurs responsables catholiques – nullement intégristes et parmi lesquels se comptaient des personnes issues du monde des médias – conseillaient cependant le contraire: refuser la collaboration. Ce n’est pas anodin. Quand la méfiance face au journalisme d’investigation devient la règle, il y a des questions à se poser. Peut-être ‘Qalu’ a-t-il fait son temps et est-il utile de songer à renouveler la formule ? Il existe une émission d’investigation à l’opposé de ‘Qalu’ qui passe depuis peu sur France 2. Cela s’appelle « Dans les yeux d’Olivier ». Au lieu de chercher à dénoncer, elle donne à des témoins de raconter. Je l’ai déjà regardée quelques fois. Je trouve que cette formule permet parfois de faire éclater des vérités trop méconnues avec une incroyable fraicheur et puissance. Peut-être s’agit-il là d’une piste d’avenir à explorer pour la RTBF. Je ne lui suggère pas de reprendre la formule telle qu’elle, mais de développer un journalisme d’investigation davantage axé sur l’écoute de témoins qui se « dévoilent ». Ainsi, permettre à une équipe de suivre sans « scénarisation excessive » (ni concept ‘Qalu’, ni style ‘Strip-Tease’) le quotidien d’une jeune salafiste, serait d’un grand intérêt. Je rappelle, en effet, que quand la RTBF dénonce ce que certains médias en Flandre lui font dire – à tort – elle ne fait qu’énoncer un principe important: un excès de scénarisation tue l’information.

Blog: bilan du mois de mars (avec retard…)

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées. En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. En mars, il y eut 3592 visites et 5530 pages visitées. Bref, cela représente globalement le niveau du mois précédent.

Le lectorat reste majoritairement belge (3097 visites). La France suit avec 282 visites. L’article le plus fréquenté fut «Avortement blabla » du 26 mars avec 677 visites…. Et une belle brochette de commentaires : 115 en tout. Record largement battu. L’avortement reste – avec raison – un sujet sensible, qui anime les passions. Vient ensuite « Dimanche 25 mars, 3° marche pour la vie » du 22 mars avec 353 visites, suivi de « Deelneming – condoléances » du 14 mars avec 175 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

 

« Notre jumeau » – 2° dimanche de Pâques, Année B

« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !» (Jean 20, 19-31)

Le prénom Thomas signifie « jumeau ». Et de fait, l’apôtre Thomas est un peu notre frère jumeau : comme lui, nous aimerions bien « un peu voir », histoire d’« un peu plus croire ».

Mais il s’agit d’un piège : celui qui voit, est convaincu. Il ne devient pas pour autant plus croyant. La foi chrétienne est une adhésion du cœur bien plus encore que de l’intelligence. Elle met en mouvement et transforme une vie. Ainsi, celui qui déclare « croire en quelqu’un », ne dit pas tant qu’il est convaincu que cette personne existe, mais bien qu’il est assuré que cette personne est digne de confiance. De même, la foi chrétienne n’implique pas tant de « croire que Dieu existe ». D’ailleurs beaucoup disent : quand je vois le monde comme il ne tourne pas rond – même s’Il existe – à quoi ce Dieu me sert-il ? Non, la foi, c’est avant tout saisir dans son cœur que « j’existe pour Dieu ». Depuis ma conception, ce Dieu de l’alliance marche avec moi. En Jésus, Il a donné Sa vie par amour pour moi.

Ce n’est que cela qui donne de tomber à genoux comme Thomas et de s’écrier : « mon Seigneur et mon Dieu ! »

Titanic: “ have struck an iceberg and sinking”.

Parmi les illustrations qui ornent les murs de mon appartement, il y a un poster du Titanic au départ de Southampton. La photo fut prise en avril 1912 par, Beken of Cowes,  le « pape » de la photographie maritime. Sur le pont du bateau de croisière, on distingue au loin les passagers. Ils saluent avec enthousiasme et fierté. Rien ne peut leur arriver. Ils sont invincibles: Titanic – fleuron de la marine marchande britannique –  est non seulement le plus grand et le plus puissant navire au monde, il est surtout insubmersible. On connaît la suite.

Pourquoi ce poster ? Il s’agit d’une parabole cruelle du XXe siècle et de l’histoire récente de notre bel Occident. Porte-drapeau du progrès et orgueil du plus vaste empire de tous les temps, une simple montagne de glace l’envoya par le fond. Deux ans plus tard, une terrible guerre des tranchées saborda la vieille Europe. Puis ce fut la tornade financière de ’29 à Wall Street. Puis la grande guerre de civilisation de 40, qui – après le naufrage du grand peuple allemand – vit le principe même de civilisation manquer de sombrer corps et bien.

Et aujourd’hui ? Notre société ressemble au Titanic, à la différence près que tout le monde voit l’iceberg, mais que personne n’a le courage de donner l’impopulaire coup de gouvernail qui nous fera éviter l’obstacle. Un dicton populaire rappelle sans ménagement : « Dieu pardonne toujours ; l’homme pardonne parfois ; la nature ne pardonne jamais ». La question écologique ne met en pas en danger la survie de la planète – qui en a vu d’autres – bien celle de l’humanité. Dans trois siècles, les populations survivantes sur notre planète bleue, seront-elles formées uniquement de fourmis et de scarabées ?

Et l’Eternel de gémir : « fils d’Adam, que fais-tu du jardin que je t’ai confié ? » A la manière des prophètes d’autrefois, l’épave du Titanic nous met en garde. Un siècle plus tard, son ombre doit continuer à nous hanter.

« Alléluia ! » – Nuit et jour de Pâques, Année B

« Ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. » (Marc 16, 1-8)

La mort biologique est la seule certitude humaine que nous ayons. Tous nous allons mourir. Même Jésus, le Verbe divin fait homme, a connu la mort. Et la mort horrible et injuste sur une croix.

Mais pour nous chrétiens, la mort n’est pas une réalité ultime. C’est ce que les chrétiens proclament à la face du monde depuis plus de 2000 ans : « Ne vous effrayez pas. C’est Jésus le Nazaréen que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. »  

Pâques signifie « passage ». Passage par la mort vers une vie autre, une vie plus vive, une vie en Dieu. Tel est le grand signe que nous donne la résurrection du Christ, prémices et gage de notre propre résurrection. Dés maintenant, ne laissons pas la peur, l’égoïsme et les ténèbres prendre pied dans nos vies. Vivons en enfants de la résurrection et de la lumière. Alléluia !

Des œufs et des cloches (Hebdo ‘Dimanche’ p.3)

Ci-dessous ma chronique « Etat d’âme », parue dans l’hebdomadaire ‘Dimanche’ de Pâques (p.3).

Pâques… Fête des cloches et distribution d’œufs en chocolat. Souvent, les chrétiens soupirent devant pareil détournement commercial du sommet de l’année liturgique. Ils n’ont pas tort. Et pourtant…

Parlons de l’œuf : On nous répète à souhait que l’œuf est un symbole païen de fertilité. C’est exact, mais avec un peu d’imagination, il devient un authentique symbole de Pâques. Pensons au petit poussin qui – le moment d’éclore venu – casse laborieusement la coquille protectrice de son œuf. Jadis, cette parois le protégeait. Maintenant elle l’étouffera s’il ne s’en libère pour vivre au grand air. Telle est l’action de l’Esprit du Ressuscité en chacun de nous. Le Souffle de Dieu nous invite à nous libérer de nos cocons protecteurs – nos biens, notre position professionnelle, notre image sociale,… – afin de vivre dans une plus grande vérité envers nous-mêmes, nos prochains et Notre Père. Car « la vérité rend libre » (Jean 8, 32).

Quant aux cloches… D’abord, elles nous représentent plutôt bien. Pas besoin d’une longue démonstration pour convaincre que nous sommes tous un peu « cloches ». Et malgré cela, la cloche sonne fièrement au milieu du brouhaha de la ville. La plupart des habitants l’entendent distraitement. Pour quelques-uns seulement, elle signifie un appel à la prière. Mais si elle se taisait pour de bon, même les plus insensibles sentiraient que quelque chose « cloche » au cœur de la cité. Ainsi en est-il des baptisés. Malgré tout ce qui cloche en nous, le Ressuscité nous envoie : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Marc 16,15). La plupart de nos contemporains ignorent – voire moquent – nos timides et maladroits efforts d’évangélisation. Mais si la voix des chrétiens se taisait – avec le son des cloches – quelque chose de fondamental et de profond serait étouffé au cœur même de notre société.

A toutes et à tous, je souhaite une sainte fête de Pâques.

 

La presse écrite de Pâques

La Libre ouvre ses colonnes à une méditation de l’abbé Grégoire sur le mystère de Pâques au cœur de nos vies (pp.60-61). Le Soir est tout en contraste, comme sa ligne éditoriale. Il y a l’habituel plaidoyer pour élargir la loi sur l’euthanasie (p.10), car ses partisans ont le sens du symbole : ils savent que Pâques signifie passage par la mort. Et puis, il y a l’interview du cardinal Ries (pp.34-35) par Ricardo Gutierrez. Ce n’est pas qu’un grand savant… La nouvelle éminence possède une réelle jeunesse de cœur et de regard sur la foi et l’Eglise. Enfin, Mgr Bonny donne une interview au Standaard. Sa réponse à une question sur l’éventuelle ordination à la prêtrise d’hommes mariés, fait un petit buzz dans les médias. Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’évêque d’Anvers exprimait qu’il n’y était pas opposé. C’est cela le dilemme : soit un homme d’Eglise évite de donner son avis sur ce genre de questions et on l’accuse de pratiquer la langue de buis, soit il donne son avis et sa réponse évacue tout le reste – en particulier l’annonce de la Pâques. Prions pour nos évêques. Ils n’ont décidément pas la tâche facile.