« Notre jumeau »– 2° dimanche de Pâques, Année C


« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !» (Jean 20, 19-31)

Le prénom Thomassignifie « jumeau ». Et de fait, l’apôtre Thomas est un peu notre frère jumeau : comme lui, nous aimerions bien « un peu voir », histoire d’« un peu plus croire ». 

Mais il s’agit d’un piège : celui qui voit, est convaincu. Il ne devient pas, pour autant, plus croyant. La foi chrétienne est une adhésion du cœur bien plus que de l’intelligence. Elle met en mouvement et transforme une vie. Ainsi, celui qui déclare « croire en quelqu’un », ne dit pas tant qu’il est convaincu que cette personne existe, mais bien qu’il pense que cette personne est digne de confiance. De même, la foi chrétienne n’implique pas tant de « croire que Dieu existe ». D’ailleurs beaucoup disent : quand je vois ce monde qui ne tourne pas rond – même s’Il existe – à quoi ce Dieu me sert-il ? Non – la foi donne avant tout de saisir dans son cœur que « j’existe pour Dieu » : Depuis ma conception, ce Dieu de l’alliance marche avec moi. En Jésus, Il a donné Sa vie par amour pour moi. 

Ce n’est que cette assurance qui donne de tomber à genoux comme l’apôtre Thomas et de s’écrier : « mon Seigneur et mon Dieu ! » 

« Ils ne savent pas ce qu’ils font »– Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année C


« Et il disait : ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne.’ Jésus lui dit : ‘Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.’ » (Luc 22, 14-23, 56. Luc 23, 1-49)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine qui résume notre foi en un Dieu qui aime l’humanité de façon déraisonnable. Un Dieu crucifié par amour, qui pardonne les péchés jusqu’à son dernier souffle, car « ils ne savent pas ce qu’ils font ». De cet Amour fou, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année. 

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite. Participons dans la mesure du possible aux offices de la semaine sainte et (si vous le pouvez) au chemin de croix dans les rues (ainsi : à Liège, le soir du vendredi saint). Ainsi, nous retrouverons-nous pour célébrer la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.  

« Grâce à Dieu » – film de François Ozon

« Grâce à Dieu », le film de François Ozon, commence à être diffusé en Belgique. Normalement, je m’abstiens d’aller au cinéma (un de mes hobbys) en carême, mais ici, j’ai fait une exception. Le sujet de la pédophilie au sein de l’Eglise me touche de trop près, pour que je fasse l’impasse. Il y a dix ans, c’était la Belgique qui était dans l’oeil du cyclone avec la démission-choc de l’évêque de Bruges. Comme porte-parole des évêques, je me trouvais alors en première ligne. 

Le film d’Ozon n’est pas dénué de petites faiblesses, propres à une production à modeste budget. Ainsi, pour la scène de la confirmation (tournée dans une église belge), l’accessoiriste a sorti des chasubles de musée. Il aurait pu emprunter des vêtements liturgiques actuels. Plus troublant, voici (encore) un film français où les acteurs fument énormément. Cela souligne la souffrance des protagonistes, mais constitue malgré tout une publicité déguisée pour l’industrie du tabac (volontaire?).  

Ceci étant dit, quant au fond, « Grâce à Dieu  » est un film puissant, parce qu’il n’est pas une fiction à thème. Il se contente de raconter le drame de l’abus sexuel, en suivant le vécu et le regard des victimes. Cette sobriété rend la narration plus dure encore. En sortant de la salle du cinéma un peu groggy, je sentis le regard lourd de certains spectateurs, apercevant mon clergyman. 

J’avais été visionner le film avec 3 amis: deux femmes et un homme.  L’homme était troublé, mais soulignait que l’époque avait changé. Une des deux amies se demandait ce que nous transmettions dans l’éducation, pour qu’un enfant ne puisse pas dire « non » à un adulte pervers. L’autre amie ne comprenait pas que le père Preynat n’ait pas été arrêté par l’Eglise: comment a-t-on pu le laisser faire tant de victimes? Moi-même, je mentirais si je niais ma honte en sortant de la salle obscure. En effet, je ne puis – malgré tout – que me sentir solidaire de cette Eglise institutionnelle qui, face à l’évidence, semble une fois de plus sourde et aveugle.

Et l’évidence est qu’un pédophile patenté ne peut rester au contact avec des enfants, surtout dans une fonction aussi symboliquement chargée que celle de prêtre… N’importe qui, avec un minimum de bon sens, sait cela. Alors, une institution où – par excellence – les enfants devraient être en sécurité… comment a-t-elle pu l’oublier ?   J’ai surtout été marqué par cette scène du film (apparemment vécue) où Alexandre, la première victime a avoir porté plainte, est invité par la psychologue du diocèse à prier avec son agresseur… Quelle confusion des genres! Dans ce genre de situation, la cicatrisation des blessures ne peut être envisagée, si ce n’est dans la vérité et la justice. 

Isabelle de Gaulmyn, responsable pour l’information religieuse du quotidien La Croix est originaire de Lyon et a fréquenté le groupe scout, où a sévi le père Preynat. Elle est donc plus légitime que moi pour expliquer ce qui s’est passé, ce qu’elle a fait par un livre, mais aussi sur son blog ici et encore ici

Personnellement, en guise d’explication c’est bien la notion de « cléricalisme » dont parle si souvent notre Pape, qui me vient à l’esprit. Et ce, dans une double dimension:

Le cléricalisme comme esprit de caste, qui aveugle face aux évidences. Ainsi, ces militaires qui refusent de voir des crimes de guerre ; ces économistes qui nient des situations béantes d’injustices sociales; ces politiques qui ne comprennent plus ce qu’est le bien commun… Bref, chaque fois que « l’entre-soi » brouille le sens du réel. Les responsables de l’Eglise de Lyon ne sont pas des monstres. Mais ils sont devenus les rouages myopes  d’un système qui se préserve, et que seule l’action extérieure de la justice a pu gripper. A leur place, aurais-je été plus lucide? 

La seconde dimension du cléricalisme, est celle qui donne de confondre l’institution avec l’Eglise, en tant que peuple de Dieu. A la fin du film, le fils d’Alexandre demande à son père: « Papa, tu crois toujours en Dieu? » Bien sûr que je comprends l’interrogation du jeune homme et, qu’à sa place, j’aurais eu la même. Mais la véracité du christianisme ne dépend pas de la crédibilité du clergé. C’est le cléricalisme qui donne de confondre les deux. Je me souviens de la remarque d’un intellectuel catholique flamand, face à la vague d’apostasies (appelée improprement « débaptisations ») qui a suivi le scandale de l’évêque de Bruges: « Je ne vois pas en quoi les turpitudes d’un prélat de Flandre occidentale affecteraient la question de savoir si – oui ou non – le Christ est Fils de Dieu et mon Sauveur ». Ce chrétien laïc avait compris que la sainteté de l’Eglise découlait de Dieu, qui seul est saint. Et que c’est sur Sa sainteté que tous les baptisés – laïcs comme clergé – se greffent. Comme me dit un jour ma mère: « plus je fréquente l’Eglise et plus je crois en Dieu. Sans Lui, il serait impossible qu’elle se maintienne, avec la médiocre qualité de leadership de nombre de ces clercs ». C’était dit avec humour… et amour, mais cela fait mouche.   

Miséricordieuse vieillesse…– 5edimanche de Carême, Année C

« Ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés » (Jn. 8, 1-11)

L’histoire de la femme adultère révèle toute la finesse psychologique de Jésus. Au lieu de plaider l’acquittement de la coupable « car il faut bien être chrétien – n’est-ce pas mon bon Monsieur ? »,Jésus met une condition à sa lapidation : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».

Avec humour, l’évangéliste note : « Ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ». La vieillesse a cela de bon, qu’elle rend souvent l’homme plus lucide sur lui-même… Et parfois même, plus miséricordieux envers les autres. 

D’autant plus qu’un chrétien sait que Celui qui est sans péché, ne jette – Lui – jamais la pierre : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »     

Tsunami boursier en vue…. – La Libre p.39

Ce vendredi 5 avril est parue ma chronique du mois dans le quotidien La Libre en p.39. 

Attention – pour une raison mystérieuse, une coquille s’est insérée dans la version papier: « L’alternative à ce new deal est cependant pas un retour aux années 1930… » Ce « pas » doit être supprimé, bien entendu.  

Pour lire la chronique, cliquez sur « Tsunami boursier en vue ». Merci à La Libre de m’offrir cet espace d’expression. 

#Brexit : la solution – enfin – trouvée

Il suffisait d’y penser et d’aucuns s’interrogent: comment personne n’y a-t-il songé plus tôt? Ce 1er avril, un accord vient d’être conclu, qui règle définitivement l’épineux dossier du #Brexit. 

En effet, rien de plus simple: au lieu de gérer la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, c’est l’intégration de l’Union dans l’Empire britannique qui est devenue effective. Le président du Conseil de Sa Majesté, Lord Donald Tuskson, a déclaré être enchanté de cette solution. Nous citons ici ses paroles exactes, qui résument bien la situation: ‘I jolly dare say, old chap, this is rather something, isn’t it? ‘ Quant au président de la Commission de Sa Majesté, le très honorable John-Claude McJuncker esq., il a décrété que toute activité s’arrêterait au Berlaymont, chaque jour à cinq heures précises, afin de prendre le thé. Enfin, ceci règle la difficile question du changement d’horaire: ce sera dans toute l’Europe l’heure de Greenwich. Of course

Seul petit souci: à la surprise de tous les politologues, Dublin a déclaré ne pas accueillir cette solution avec un enthousiasme exagéré (termes exacts utilisés: ‘with undiluted pleasure’). Heureusement, Londres a apaisé les esprits, en annonçant qu’il règlerait aisément ce détail, vu que le Gouvernement de Sa Majesté comptabilise quelques siècles d’expérience en la matière. 

‘Death Canon’ – James Bond au service de… Sa Sainteté

Scoop – le scénario du prochain James Bond dévoilé

Fuite orchestrée par la société de production de films ‘April’s Fool’, ou  dévoilement accidentel? Difficile de répondre, mais une chose est claire : la trame du prochain James Bond vient d’être rendue publique sur les réseaux sociaux. 

Intitulé ‘Death Canon’ (en français «  le Chanoine de la Mort »), le film s’ouvre sur une découverte qui met le MI 6 en émoi: l’organisation criminelle « Spectre » ne serait que la filiale d’une réseau bien plus vaste et sombre encore, dénommé « Oufti Cartel ». Celui-ci est dirigé par le glaçant ‘Death Canon’ (le « Chanoine de la Mort »), un psychopathe froid comme un poisson, ayant pour couverture sociale, la fonction d’un honorable ecclésiastique veillant aux affaire temporelles d’un évêché d’Europe de l’Ouest.    

Alors qu’il se met en chasse, 007 reçoit une invitation codée à se rendre au Vatican. Il se présente à son hôte mystérieux: « Mon nom est Bond, James Bond ». Celui-ci lui répond : « Mon nom est François, Pape François ». Le pape en personne apprend à Bond que « l’Oufti cartel »  est non seulement responsable de trafics peu recommandables, mais qu’en plus, il pilote la résistance aux réformes du Souverain Pontife, en ayant organisé un « lobby triste » au coeur du Vatican et dans toute l’Eglise. Suite à ces révélations, ‘M’ demandera a son agent de se mettre au service du Pape. 

James Bond au service de Sa Sainteté… Le film d’espionnage se veut familial, mais une mise en garde s’impose, car certaines scènes détonnent par leur violence extrême. Ainsi, cet épisode de duel entre le chanoine de la mort et l’agent secret, à coup d’affonds (pour les profanes: boire un verre à-fond) de pécket (pour les profanes: un genièvre local) aromatisé au cuberdon (pour les profanes:une délicatesse locale, qui commence à peser sur la digestion à partir d’une douzaine). S’ensuit la tentative de ‘Death Canon’ de faire mourrir le héros d’une overdose de boulets sauce lapins (pour les profanes: menu local) et de gaufres toutes aussi locales.

La suite à l’écran…. Grande inconnue: l’identité de l’acteur qui jouera le super-méchant n’a pas encore été dévoilée.   

«  Sordida », le best-seller qui aurait inspiré le scénario du  nouveau James Bond.

Il semblerait que le livre « Sordida » ait inspiré le scénario du nouveau James Bond. 

Pour rappel, « Sordida » est ce best-seller, publié récemment en plusieurs langues, suite à l’enquête du journaliste Fishtic Mackerel. L’auteur a vérifié et confirme une rumeur qui circulait depuis des années déjà au Vatican:  au coeur de l’Eglise catholique, un « lobby triste » ferait la guerre à toute réforme spirituelle.

Ce « lobby triste » se reconnaîtrait aux maladies ecclésiales que le Pape dénonça lors de son discours à la Curie romaine de décembre 2014, avec des mots on ne peut plus explicites, citant, entre autre l’« Alzheimer spirituel » ; la maladie de la rivalité et de la vanité ; la rumeur, la médisance et le commérage ; la maladie de diviniser les chefs ; l’indifférence aux autres ; le « visage lugubre » ; les « cercles fermés » ; la maladie du profit mondain et des exhibitionnismes…

Malgré des approximations et exagérations, un des mérites du livre de Mackerel, est de démontrer que ces maladies existent et contaminent toute l’Eglise. Ceux qui en sont le plus atteints et qui refusent de se laisser soigner par la Grâce, forment le fameux « lobby triste » dont traite le livre Sordida. Ce lobby étouffe par ses discours anxiogènes et moroses, tout élan spirituel et combat ce Pape, qui a fait de la joie de l’Evangile, son programme pastoral.

Chacun l’aura compris: ce nouveau James Bond semble clairement s’inspirer de cette actualité, qui concerne chacun. C’est sans doute pourquoi le 1er avril tombe souvent en Carême, temps propice à la conversion du coeur. 

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« La parabole du bon garçon »– 4e dimanche de Carême, Année C

« Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi » (Luc 15, 1-32)

Mi-carême. Dimanche de la « laetare » (joie). En guise de cadeau, l’Eglise reçoit comme Evangile la plus touchante des paraboles racontées par Jésus. A tort, on l’appelle la « parabole du fils prodigue ». En fait, le personnage central, c’est le fils aîné. Cette parabole devrait donc se nommer : la « parabole du bon garçon ». Relisez la parabole avec les yeux de ce fils exemplaire et elle prend une toute autre perspective.

L’aîné de famille se crève au travail pour son père, tandis que le cadet s’amuse. Un jour, ce dernier « se casse » en emportant sa part d’héritage. L’aîné ne dit rien, mais redouble d’ardeur – sans râler. Plus tard, il apprend que son jeune frère a dilapidé sa fortune et se dit : « bonne leçon ».

Un soir, ce fils sans reproche rentre tard, épuisé par le labeur des champs. Il entend des bruits de fêtes. Là, il apprend que son cadet indigne est rentré et que son père lui fait la fête. Alors, son indignation explose : « Il y a tant d’années que je me crève à ton service et je ne t’ai jamais rien demandé. Mais quand ce vaurien rentre après avoir dilapidé ton bien avec des filles, tu fais tuer le veau gras ! Et moi alors, qui suis-je pour toi ? »

Colère bien compréhensible du juste, face à un Dieu qui pardonne si facilement. C’est ici que vient la phrase-clef de la parabole. Le père répond : « Mais toi, mon enfant, tu es toujours avec moi. Et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il faut se réjouir… ! Car celui que tu appelles « vaurien » est ton frère. Tu pensais qu’il profitait de la vie, mais en fait, il était spirituellement mort. Et maintenant, il commence à revivre. Alors, je t’en supplie, partage ma joie. »

« Miséricordieuse patience »– 3edimanche de Carême, Année C

« Seigneur, laisse-le encore cette année… Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir » (Luc 13, 1-9)

La patience n’est pas une vertu facile. Quand notre entourage se méconduit, cela nous déçoit. Et nous pensons que Dieu ferait bien de montrer qu’Il n’est pas content, Lui non plus. Voilà pourquoi, quand arrive une catastrophe, beaucoup y lisent la « main de Dieu ». Comme on disait jadis aux gosses : « Le petit Jésus t’a bien puni ». Ceci, malgré le livre de Job qui explique que le juste souffre autant que le coquin.

Au temps de Jésus, la vision archaïque d’un « Dieu punisseur » était encore fort répandue. Le Christ s’en distancie avec vigueur : Ces gens massacrés par Pilate, ou écrasés par une tour ? Cela pourrait être chacun de nous. Raison de plus pour ne pas les juger coupable de quoi que ce soit, ou de nous croire innocent de tout. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même manière ».

Puis, le Fils de l’homme explique que son Père – lui – prend patience. Tel ce jardinier qui demande au propriétaire d’un figuier stérile de lui laisser sa chance. « Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir ».