« L’union fait la force »– 7° dimanche de Pâques, Année B


« Que tous, ils soient un, comme Père, Tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que Tu m’as envoyé. (…) Que leur unité soit parfaite. » (Jean 17, 20-26)

L’Esprit unifie. Non pas de l’extérieur, comme un moule qui donne forme à une pâtisserie. Mais bien de l’intérieur, comme la sève qui irrigue l’arbre, ou le sang qui alimente le corps. D’où l’importance d’avoir une « vie intérieure ». Comment laisser l’unité se faire en nous, si nous passons notre vie à nous agiter au milieu du bruit ? Les jeunes disent : « On s’éclate ».Cela convient pour une soirée de détente, mais pas pour toute une vie. Celui qui passe son existence à « s’éclater », finit par ne vivre qu’à la périphérie de son être. Il devient – au sens étymologique du terme – un être « excentrique », c’est-à-dire un être qui n’a plus de centre. D’où l’importance « vitale » de laisser place au creux de nos vies, à du silence et de la prière. Là, l’Esprit parle à l’intérieur de notre esprit et Il nous unifie. « Que tous, ils soient un, comme Père, Tu es en moi, et moi en toi. » 

Durant l’ultime semaine qui nous sépare de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit, prions chaque jour dans le silence. Demandons au Souffle de Dieu de nous unifier.           

« En attente »– Solennité de l’Ascension, Année C


« Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en haut » (Luc 24, 46-53)

Si le Ressuscité avait voulu nous garder sous sa coupe, Il se serait contenté d’apparaître de temps en temps dans les églises ou au coin des rues. Plus besoin d’Evangile, de Vatican, de curés et chacun serait convaincu… Convaincu, oui. Croyant, non. Il faut être libre pour vivre l’aventure de la foi. Le Christ – qui est liberté suprême – ne s’impose pas à notre conscience. Avec l’Ascension, Il retourne dans la gloire de Son Père et nous envoie Son Esprit. 

Neuf journées séparent l’Ascension de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit. Prions chacune de ces neuf journées. Demandons que le Souffle de Dieu nous renouvelle.  Soyons en attente de la Force venue d’En haut.    

« La Colombe blessée »– 6° dimanche de Pâques, Année C

« Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout (…) C’est la paix que Je vous laisse, c’est ma paix que Je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que Je la donne. » (Jean 14, 23-29)

La paix n’est pas un don facile. Combien de guerres et d’émeutes ? Combien de crimes ? Combien d’angoisses ? Combien de haines secrètes ? Combien de frustrations et de jalousies ? Combien de burn-out et de suicides?  Il est, en effet, plus facile de s’unifier contre un adversaire, plutôt que de s’allier avec lui. Il est, bien sûr, plus aisé de voir la mal chez son voisin, plutôt que le bien. 

Voilà sans doute pourquoi le Défenseur promis par le Christ est si peu reçu en ce monde. Voilà pourquoi, si souvent, la Colombe est blessée. Nous cherchons des armes. Lui désarme. La paix qu’Il offre n’est pas celle de ce monde. Ce n’est pas la paix par destruction de l’adversaire. Mais la paix parce que je commence à le regarder comme mon frère. 

Que ces paroles nous inspirent au moment de mettre notre bulletin de vote dans l’urne en ce WE triplement électoral dans notre pays, faisant ainsi notre devoir de citoyen pour contribuer à bâtir un monde de paix.  

In memoriam « JP » – Jean-Pierre Grafé

Il y a quelques années, je célébrais les funérailles d’une personnalité liégeoise en la splendide collégiale Saint-Jacques. Jean-Pierre Grafé m’attendait à la sortie. Il me glissa, cigarette à la bouche: « Eric, quand ce sera mon tour, je compte sur toi pour me rendre le même service ». Je lui ait répondu (comme je fais toujours dans ces cas-là): « Si je vis toujours, cher Jean-Pierre ». Il a simplement ajouté : « T’as intérêt… », avant de parler d’autre chose. Je n’étais pas un intime de Jean-Pierre – « JP » pour beaucoup de Liégeois. Mais nous nous étions suffisamment rencontrés pour que je l’estime. Et je pense que la réciproque était également vraie. Mardi martin, je présiderai donc sa célébration d’A Dieu en Saint-Jacques.

JP était un animal politique. Il connaissait ses dossier à fond et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Il répondait à tout courrier. C’était aussi un être généreux, qui aidait les petits et sans-grades, sans jamais demander d’allégeance politique. J’en ai été, plus d’une fois, le témoin. C’était un grand noceur, mais aussi quelqu’un de pudique. Ainsi, il faisait partie de cette génération qui vivait son homosexualité avec discrétion. Jamais il n’évoqua le sujet avec moi. Ce n’était pas, non plus, un grand spirituel. A aucun moment, ne parla-t-il de ses convictions religieuses en ma présence. Par contre, l’homme avait des paroles d’une grande justesse, même pour défendre des adversaires politiques…  Un beau jour, dans la meilleure société, de braves gens critiquaient un défunt politique socialiste, qui avait de nombreuses casseroles judiciaires. JP aurait pu se taire, mais il parla: « Moi, je défends sa mémoire. Quand j’étais jeune conseiller communal, je cherchais un logement pour une pauvre femme avec enfant. Toutes les portes se fermaient, car la dame n’avait pas la bonne carte de parti. Quand j’ai téléphoné à l’homme que vous critiquez, il m’a simplement demandé si je pensais que la personne à aider était sincère. Je le lui ai assuré et il m’a simplement dit: ‘J’arrange cela’ – ne demandant aucune contrepartie. Je n’ai jamais oublié ce geste de générosité ». Ainsi était la loyauté de Jean-Pierre, envers ceux qu’il estimait.

Et puis… Qui d’autre que Jean-Pierre peut se vanter d’avoir eu Jacques Brel comme « vedette américaine », faisant la première partie de la chorale scoute qu’il dirigeait? Etudiants, ils s’étaient rencontrés – assez éméchés – dans le carré de Liège et sont restés amis. Pour donner sa chance à ce jeune chanteur débutant, Jean-Pierre l’accueillit lors du concert qu’il donnait en paroisse avec la chorale scoute. Qui d’autre était aussi l’ami d’Adamo et Julien Clerc? Sacré JP…

A-Dieu donc, cher Jean-Pierre. Je continue à prier pour toi. Je suis sûr que le Dieu d’Amour accueillera celui qui a été le bon Samaritain pour tant de personnes et qui aimait sa Cité ardente, par-dessus tout. De Là-Haut, continue à étudier tes dossiers. Intercède pour Liège et pour nos politiciens du moment. Leur tâche ne sera pas facile au lendemain des élections. A-Dieu, JP. Et merci.      

« Comme… »– 5° dimanche de Pâques, Année C


« Comme Je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres »(Jean 13, 31-35)

Parfois un petit mot peut transformer le sens d’une phrase. « Aimez-vous les uns les autres… » La formule peut s’appliquer à des supporters d’un club de foot ou à des fans d’une idole pop. Mais Jésus ajoute ce petit mot: « comme… », qui change tout : « Comme Je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Là, cela devient beaucoup plus sérieux. Car le Christ nous aime d’un amour sans concession. Un amour qui donne tout et qui va jusqu’au bout. La « gloire » de Dieu se manifeste, car Christ dit qui Il est : un Amour sans mesure. 

« Nous finirons ensemble » …. Ou pas


Il y a quelques jours, j’ai été voir « Nous finirons ensemble », le dernier film de Guillaume Canet. C’est un film touchant sur l’amitié après de nombreuses années, que je conseille à chacun d’aller voir avec des amis-amies de longue date. Ce que je fis.
J’ai passé un excellent moment. Il n’empêche, j’ai deux regrets et une critique:

Premier regret – Arrivé à la cinquantaine, dans ce film, pas un seul couple d’amis n’a tenu la longueur. Tous sont séparés ou divorcés. Nous vivons au XXI° siècle et il s’agit d’un milieu libéral parisien et pas de petits cathos. Je comprends donc les divorces. (Il y en a d’ailleurs aussi chez les cathos) Mais tous les couples… Pas un seul qui ne tienne sur la durée. Même pas un tout petit couple… Dommage. Faut-il définitivement ranger le « mariage durable » dans la catégorie des films « mission impossible »? 

Deuxième regret – L’alcool coule à flot. Une fois encore, je ne m’imagine pas cette joyeuse bande boire de l’eau bénite et du lait de chèvre. Moi-même, j’aime un bon verre – et deux et trois – en vacances. Mais de là à boire comme ils font… Est-ce vraiment nécessaire, quand on sait la capacité d’identification qu’engendre le cinéma?

Ma critique – Le tabac. Après « Intouchable », « Grâce à Dieu », et autres… voici encore un film français où la cigarette est omniprésente. Le sommet est atteint quand le personnage de François Cluzet déclare « avoir arrêté de fumer depuis dix ans », pour se mettre à re-fumer dans le film. Je ne prône pas un retour à la ligue de vertu, où les personnage se doivent d’adopter des comportement de bisounours. Mais tout de même: à quoi cela sert-il de dépenser des millions en campagnes de prévention contre la cigarette, pour avoir une promotion en direct du tabac dans les salles obscures? Moyennant « mécénat » du film par l’industrie du tabac? Si quelqu’un peut répondre sur cette question, j’en serais heureux.

Bref, un fort bon film, mais…. Pour « finir ensemble », il s’agit de s’en donner les moyens.  

« Parole de berger » – 4° dimanche de Pâques, Année C

« Mes brebis, personne ne les arrachera de ma main » (Jean 10, 27-30)

C’est une expérience que font des professeurs, les éducateurs, les hommes et femmes consacrés, les prêtres… et les parents. Un jeune que l’on a connu démuni à l’enfance et rebelle a l’adolescence, nous confie – devenu adulte : « Tu sais, sans toi je ne serais pas celui que je suis. Tu as été là quand j’avais besoin de toi ». Alors, une immense fierté et gratitude nous envahit. Nous sentons que nous avons été un berger pour ce plus jeune. 

Le Christ, Lui, est le Berger du chemin qui mène vers le Père. Il s’engage envers ses brebis et ne les laissera pas tomber : « Moi, je les connais. Elles me suivent. Personne ne les arrachera à ma main ».  Il est le bon berger et nous conduit vers le Père. 

En ce dimanche des vocations, prions pour que – aujourd’hui encore – des jeunes entendent la voix du bon Pasteur et se mettent à sa suite.  Afin de devenir bergers à leur tour pour leurs frères. Comme époux et parents pour la plupart. Par un célibat généreux pour d’autres. Comme prêtres, religieux ou religieuses pour certains. Autant de chemins de sainteté différents pour suivre l’unique Pasteur.  

In memoriam – Jean Vanier

Le hasard dresse parfois de cruelles coïncidences… 

Aux Assises de Liège se juge l’affaire glauque et poisseuse de Valentin, jeune handicapé mental léger qui fut torturé toute une nuit par ses « potes », avant d’être menotté et jeté dans la Meuse, où il se noya. Comment des jeunes gens sans casier judiciaire ont-ils pu se rendre coupable d’une horreur aussi gratuite? Mystère du mal.

Au même moment, Jean Vanier termine sa course terrestre. L’homme voua son existence à rendre leur humanité à ses frères handicapés mentaux. Avec eux, il avait choisi de faire communauté au sein de l’Arche, tout simplement, dans la joie, les larmes et la prière. Un jour, sans doute, Jean Vanier sera canonisé. Parce qu’il a fait de sa vie un témoignage d’amour gratuit. Mystère du Royaume. 

« Un vieux couple, n’est pas un couple vieux »– 3° dimanche de Pâques, Année C


« Est-ce que tu m’aimes ? »(Jean 21, 1-19)

Regardons certains vieux couples. Ils ne vivent plus les émois des premières années, mais leur amour a grandi – à travers crises et épreuves – vers une tendre complicité. Même centenaire, l’élan de leur cœur est resté jeune. Il existe d’autres couples qui fonctionnent malheureusement plutôt par habitude, par résignation, voire par ennui. Ce n’est pas forcément de leur faute. La vie est parfois cruelle. Mais la réalité est là : leur amour a mal vieilli. 

Il en va de même pour la foi de notre baptême. Sommes-nous restés chrétiens par habitude, par résignation et par ennui ? Ou bien  – à travers crises et épreuves – notre complicité avec le Christ s’est-elle renforcée ? Tel est le sens de la question, trois fois posée par le Christ, à son apôtre Pierre – qui l’avait par trois fois renié : « M’aimes-tu par habitude ou du fond de tes entrailles ? »Et Pierre de se rendre compte de l’indigence de son amour. Il pleure, mais répète : « Seigneur, tu sais tout – ma lâcheté et mes peurs – mais tu sais aussi que je t’aime ».Et parce que cet homme faible et pécheur aime le Christ, Celui-ci le confirme dans sa mission de chef de l’Eglise : « Sois le berger de mes brebis ». 

Si notre amour pour le Christ a mal vieilli et que nous nous découvrons chrétien plus par habitude que par joie profonde, revenons à la Source. Prions l’Esprit pour qu’Il rajeunisse l’élan de notre cœur.