Sainte inquiétude – Sainte Famille, Année A

« Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère…. » (Matthieu 2, 13-23)

Le premier dimanche après la Nativité, est consacré à la Sainte Famille et – quelque part – à toutes les familles. Celles-ci ont bien besoin de nos prières. Quand on me demande pourquoi mon frère cadet a les cheveux gris et moi pas, je réponds : « Parce que son épouse et lui ont quatre enfants ». Etre parent, c’est s’engager dans une aventure merveilleuse, mais peu reposante. Un parent ne dort jamais que d’un œil. Une « sainte inquiétude » l’habite par rapport à sa progéniture. Ainsi, dans l’Evangile de ce dimanche, Joseph doit déménager à deux reprises pour protéger sa famille.

Cependant, l’inquiétude n’est utile que si elle se vit dans la confiance. Alors, elle rend vigilant et donc plus vivant. Par contre, une inquiétude sans confiance tourne à l’angoisse et elle paralyse les parents. Mais la confiance n’est durable que si elle se fonde sur ce qui ne déçoit pas. Quel parent peut être assuré que son enfant sera toujours en bonne santé, suffisamment riche et bardé de diplômes ?  Et même tout si cela se réalise – l’enfant sera-t-il heureux ? Par contre, le parent qui donne à son enfant l’exemple d’une vie selon l’Evangile, sait que – quelques soient les épreuves de la vie – sa progéniture aura hérité d’un trésor qui ne passe pas. Un trésor digne de confiance et qui apaise toutes les saintes inquiétudes.    

Esprit de Noël – Nativité du Seigneur, Année A

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Luc 2, 1-14)

Noël est – bien entendu – une fête chrétienne. En l’Enfant de la Crèche, Dieu fait une alliance de chair avec l’humanité. Désormais, le Très-Haut verra le monde avec nos yeux, sentira les odeurs avec nos narines et le goûtera les saveurs avec notre langue. Il partagera nos joies et nos peines, l’amitié comme la trahison, la vie comme la mort. Et de son premier cri de nouveau-né jusqu’à dernier souffle de supplicié, c’est d’Amour infini qu’Il embrassera la terre. 

Cependant – par-delà la fête religieuse – Noël est aussi un état d’esprit. Croire en l’esprit de Noël, c’est s’accrocher à ses rêves pour qu’ils changent la réalité. Ainsi – comment saisir la fin de l’Apartheid, sans le rêve de Mandela d’unenation arc-en-ciel ? L’esprit de Noël contredit tous ceux qui prétendent que devenir adulte, c’est renoncer à ses rêves.Ceux-là que vise l’indignation du Petit Prince : « Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi : »Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon! » L’esprit de Noël célèbre l’humain en l’homme, plutôt que le parasite – le champignon. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »        

« Père… autrement » – 4e dimanche de l’Avent, Année A

« Joseph, fils de David, ne crains pas…» (Matthieu 1, 18-24)

Les deuxième et troisième semaines de l’Avent, Jean le Baptiste est le personnage au centre de l’Evangile du dimanche. Le quatrième et dernier dimanche, il s’agit de la Vierge Marie. Mais lors de l’année liturgique consacrée à l’évangile selon Matthieu – comme cette année – c’est Joseph qui est à l’avant-scène. Matthieu écrit, en effet, pour des lecteurs juifs et pour ceux-ci, c’est le père qui compte – d’autant plus que c’est Joseph qui est de lignée davidique. Mais Matthieu ne peut tricher avec la vérité : l’Enfant vient de l’Esprit-Saint. Le rôle de Joseph-le-juste consiste simplement à accepter d’adopter Celui qui vient d’En-Haut. Et dont Dieu a choisi le prénom : « Jésus », c’est-à-dire « le Seigneur sauve »

La situation de Joseph est particulière. Et pourtant, beaucoup de pères font une expérience, pas si éloignée de la sienne. Quand leur épouse tombe enceinte, ils se sentent quelque peu étrangers aux mystères de la grossesse et de la naissance. Inversement – ils pressentent souvent plus vite que cet enfant ne leur appartient pas ; qu’il lui faudra tracer sa propre route. Sur ce chemin de confiance, saint Joseph est un précieux compagnon spirituel : « Joseph, fils de David, ne crains pas…»

Avortement – le malaise des praticiens

Une pétition contre la proposition de la loi élargissent les conditions d’accès et le délais d’avortement, a recueillis la signature de 2280 professionnels de la santé (et plus de 5000 citoyens). Cela fait une semaine qu’une contre-pétition – soutenant la proposition de loi – était annoncée, via les réseaux laïques et même pluralistes. Vu la puissance politique et médiatique de ceux-ci, je m’attendais à plusieurs milliers de signatures. Or, ce ne sont « que »  1500 professionnels de la santé qui font face au plus de 2000 opposants. 

Il semble donc bien qu’une part importante du monde médical et de l’opinion, ne suive pas la majorité parlementaire dans ce débat. Lors des auditions au parlement en 2018 ayant abouti sur la sortie de l’avortement du code pénal, la majorité des experts sont restés silencieux ou opposés à un allongement du délai légal à 18 semaines. Seuls 6 sur les 20 experts s’y sont montrés favorables. Par ailleurs, il est étonnant de vouloir présenter, aux yeux de la loi, l’avortement comme un simple acte médical ou soin de santé, et parallèlement de supprimer dans la loi l’obligation de mentionner les alternatives possibles. Les femmes enceintes seraient-elles donc les seules bénéficiaires de soins de santé en Belgique, à ne pas pouvoir être éclairées sur toutes les différentes alternatives à la “prise en charge médicale” qui leur est proposée? 

Dans un article paru dans La Libre du jour, le Dr Piquard, responsable du département d’obstétrique au CHR de Namur, explique une part du malaise des praticiens
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la notion de viabilité est fixée à 22 semaines d’aménorrhée (soit l’absence de règles) – ce qui correspond à 20 semaines de grossesse – et un poids de 500 grammes. La proposition de loi autorise une IVG jusqu’à 18 semaines de grossesse. « On serait là dans une quasi-zone de recouvrement qui conduirait à des situations compliquées à gérer pour les équipes soignantes », estime le praticien. Dans l’hypothèse d’une IVG médicamenteuse, un fœtus de 20 semaines, s’il ne décède pas pendant le travail, peut présenter des mouvements respiratoires (des « gasps »). (…) 

Comment pourrais-je, comme obstétricien qui prend en charge des fœtus de trois semaines de plus, considérer que ce que je fais n’a aucune conséquence en termes de souffrance ou de ressenti ? Évacuer cette problématique, c’est une vue de l’esprit. Je vois mal comment on pourrait confier cette tâche à des hôpitaux généraux où les équipes ne maîtrisent pas la technique ni la charge émotionnelle liée à ce type d’acte. Cela devrait se faire dans un centre où les gens sont à l’aise et en paix avec eux-mêmes pour pratiquer cela. Le groupe d’action des centres extra-hospitaliers pratiquant l’avortement (Gasp), dont les demandes ont motivé l’extension du délai à 18 semaines comme on le lit dans l’introduction de la proposition de loi, ne dit pas autre chose : quand des patientes sont confrontées à des situations où les équipes ne sont pas entièrement convaincues de ce qu’elles font, c’est une catastrophe pour elles. » (…) 

On nous dit que l’IVG sera désormais un acte médical qui devra entrer dans le cadre de la loi sur les droits du patient de 2002. Cette loi dit que le patient a droit à toutes les informations qui le concernent et qui lui sont nécessaires pour comprendre son état de santé et son évolution probable. Qu’est-ce que je vais faire avec ça dans ma pratique de dépistage des anomalies congénitales, dans un contexte où la décision de mettre un terme à la grossesse jusqu’à 18 semaines, éventuellement motivée par des informations que j’aurais transmises et qui seraient incomplètement comprises, peut m’échapper ? (…)

Mais, dans cette pratique, qui est mon patient ? Le fœtus n’est évidemment pas visé par cette loi parce qu’il ne répond pas à la définition de ce qu’est un patient. Je veux bien qu’on considère qu’il n’a pas de personnalité juridique, mais, pour moi, médecin de la périnatalité, il a une existence et je dois introduire cet élément dans la discussion. Je l’examine, j’essaie de détecter une éventuelle pathologie et de déterminer si elle peut grever sa qualité de vie quand il sera né. J’essaie de comprendre son état de santé et son évolution probable. Je peux être amené à le confier à un milieu plus spécialisé dans une véritable démarche de médecine fœtale. En ce sens, il est mon patient au même titre que la mère.

« La joie de l’Evangile » – 3e dimanche de l’Avent, Année A

« Cependant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » (Matthieu 11, 2-11)

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ».

Dans son exhortation apostolique « la joie de l’Evangile », le Pape enseigne : « (2) Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité ».

C’est à cette joie – offerte aux plus petits dans le Royaume des cieux – que Jésus invite le Baptiste enfermé dans sa prison : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés… »  C’est également à pareille joie que nous sommes conviés. 

Avortement – Un contre-pétition des promoteurs de la proposition de loi. Déstabilisés?

Cela fait quelques années que la proposition de loi, élargissant l’accès à l’avortement, se préparait par des partisans efficaces et déterminés. Patiemment, les partis politiques – surtout francophones – avaient été gagnés à la cause ou neutralisés. L’absence d’un gouvernement fédéral de plein exercice était l’occasion de faire passer ce programme sans trop de débats de fonds. « Les experts ont été entendus au parlement », a-t-on déclaré. La cause était donc censée entendue. Mais voilà que nombre de soignants se rebellent. Ils sont désormais 1680 à avoir signé une pétition contre la proposition de loi, rejoints en cela par 3200 citoyens.

Les partisans de la proposition de loi semblent pris de court par l’ampleur de la réaction citoyenne. Ils semblent même un peu déstabilisés. Imitant leurs contradicteurs, voilà donc qu’ils promeuvent une contre-pétition, mais… ils le font dans le secret de leurs réseaux (bravo pour le débat démocratique). D’où leur message demandant de ne pas publier cette contre-pétition sur les réseaux sociaux avant sa publication. Pas de chance, elle m’a été envoyée… 

Plus étonnant, cette pétition de la « Fédération laïque des centre de planning familiaux » est diffusée et promue par des institutions qui se veulent pluralistes, comme la « Ligue Bruxelloise Francophone pour la santé mentale ». Imaginons un seul instant qu’une ASBL pluraliste promeuve un appel d’une instance catholique… Je ne vous dis pas le scandale. Par contre, quand cela vient d’un organe laïque, chacun se tait… religieusement. Peut-on m’expliquer ce deux poids, deux mesures? La laïcité philosophique se comporte de plus en plus comme l’idéologie officielle – oserais-je dire « la religion d’Etat » ? – en Belgique francophone. 

Enfin, il y le langage. Les opposants sont présentés par la pétition laïque comme des « anti-choix ». C’est, une fois encore, éluder le débat de fond: la dignité de la vie à naître. L’embryon ne peut être réduit à un amas de cellule qui, par magie, deviendrait un futur bébé quand le législateur le décide. Evidemment… oser ce débat, c’est reconnaître que l’avortement n’est pas un acte médical comme un autre, alors que la proposition de loi tente de convaincre du contraire. 

« Casser la voix » – 2e dimanche de l’Avent, Année A

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Matthieu 3, 1-12)

Jean-Baptiste est le compagnon des 2e et 3e dimanches de l’Avent. Habillé d’une tunique de chameau, d’une voix rauque il crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » Gare aux bienpensants qui objectent qu’un boulevard est déjà prêt : « Nous avons Abraham pour père », ou encore « Nous sommes de bons chrétiens ». Ceux-là se feront traiter « d’engeance de vipères ».  Le temps de l’Avent n’est pas celui de la bonne conscience, mais bien de l’examen de conscience : Quels fruits spirituels produisons-nous ? Dans le désert de nos villes et de nos vies, une voix crie à s’en casser la voix.  Préparons donc les chemins du Seigneur, afin d’accueillir l’Enfant de la crèche. Lui – « baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ».

Une prometteuse génération de politiques…

J’ai apprécié les déclarations de deux jeunes pousses dans le sérail politique belge… 

Il y eut le nouveau président du MR,Georges-Louis Bouchez, déclarant qu’il avait beaucoup appris en côtoyant dans sa bonne ville de Mons, le bourgmestre socialiste Elio Di Rupo.

Et puis vint le nouveau président de Défi, François De Smet, parlant du même Georges-Louis Bouchez, en soulignant qu’il était « talentueux ». 

La politique n’est pas un monde de bisounours, mais c’est rafraichissant de découvrir de nouvelles têtes qui ont gardé suffisamment d’élégance mentale pour souligner les qualités d’un contradicteur. 

Pourvou qué ça doure…. 

« La vie s’écoule » – 1er dimanche de l’Avent, Année A

«Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra!» (Matthieu 24, 37-44)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon saint Luc fut proposé chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à saint Matthieu.

Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité. Alors que les devantures de magasins annoncent la fête, l’Eglise prépare les cœurs à la venue de l’Enfant-Dieu. Ce serait dommage qu’arrivé la Messe de minuit, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ». Tenez-vous prêts et veillez ! Tel est le message de l’Avent.

Quand j’étais gosse, je pensais qu’à trente ans un homme était vieux. Mais la vie passe et – sans crier gare – voilà la cinquantaine. Et de se dire : « Qu’ai-je fait de ces années ? » La vie s’écoule. Ne la gâchons pas. Vivons pour ce qui ne passe pas. Le Seigneur viens. C’est cela, l’esprit de l’Avent : «Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.»