Ce quatrième dimanche du temps de carême – la mi-carême – est le dimanche de la « laetare », c’est-à-dire de la joie. Traditionnellement, les médias nous en parlent via les carnavals de mi-carême, dont celui de Stavelot. Rien de tout cela en cette année de pandémie…
Et pourtant, ce temps de confinement et de peur devant un virus inconnu et incontrôlable, est peut-être justement une occasion pour se rentrer sur la vraie joie. Celle qui vient de l’intérieur et qui défie les deuils et les larmes. Pas la joie bête et béate du type qui sourit en disant « tout va bien », alors que cela ne va pas bien du tout. Non, la joie de la femme ou l’homme qui vit de l’intérieur. Qui sait que ce monde passe et que toute vie est fugace, mais que chaque moment d’intensité d’amour, est un gage de l’Eternité.
Et si… Et si ce minuscule petit virus qui met notre monde orgueilleux à genoux, était l’occasion de redécouvrir un autre mode de civilisation que cette société de consommation, qui épuise les ressources de la planète?
Alors, soyons forts pour que personne ne nous ravisse la vraie joie. C’est ce qu’exprime si bien le poème « Invictus » de William Henley:
Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate :
I am the captain of my soul.
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce à Dieu quel qu’il soit,
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Sous les coups du hasard,
Ma tête saigne mais reste droite.
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et bien que les années menacent,
Je suis et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.