Carême en confinement – Jour 24 – La croix dressé sur le monde

En ce jour du Vendredi saint, lors de l’office « confiné » à la Cathédrale, les parole du psaume 30 ont résonné en moi comme jamais: «  On m’ignore comme un mort oublié, comme une chose qu’on jette. »

 Et ma prière a été vers tous ses pensionnaires de maison de repos, qui meurent loin de leurs proches et sont enterrés sans cérémonial et assistance. Tel le Christ mis au tombeau…

Lumières de Pâques, venez nous donner force et paix. 

Carême en confinement – Jour 23 – Le studio et la cathédrale…

Jeudi saint – jour de l’institution de l’Eucharistie, où les prêtres se remémorent plus particulièrement leur vocation. En ce temps de confinement, tout est différent. 

Ce matin, sur RCF, dans l’émission « Serrons-nous les coudes », j’ai passé la matinée à écouter des confrères et d’autres responsables de paroisses, parler de ce triduum pascal en confinement. Magie des ondes, qui permet à ceux qui ne sortent guère de chez eux, de vivre une forme de communion.

Ce soir, j’ai participé à l’office « confiné » à la cathédrale de Liège, avec mes confrères chanoines. L’eucharistie était filmée et fut suivie sur You tube par une centaine de personnes. Vide, la cathédrale me semblait comme en prière silencieuse. Ces vénérables pierres nous parlaient du haut des siècles, témoins de tant de générations de croyants dans les jours de joie comme de peine. 

Carême en confinement – Jour 22 – Statistiques…

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J’ai encore célébré des funérailles « a minima » ce jour. Les funérailles d’une gentille et courageuse personne qui habitait depuis quelques années chez son neveu, sa seule famille. Ce neveu est un ami. Lui et son épouse ont attrapé un sale virus. Pendant une semaine, ils furent en mauvais état. Sans doute le Covid, vu les symptômes, mais – sans test – aucun label. Pourquoi pas de test? Parce qu’ils n’étaient pas assez malades pour être emmenés à l’hôpital. La vieille tante a fini par attraper la crasse et en est morte.

Aucun test et donc, pas de statistiques. Combien sont dans ce cas? Je pense que nous pouvons multiplier les chiffres des défunts officiels du covid par trois ou quatre, pour avoir une estimation plus juste du nombre de personnes que le virus aura emporté. Principalement des personnes âgées, cela va de soi. Come quoi, les statistiques sont utiles, mais peuvent parfois devenir l’arbre qui cache la forêt. 

Belle entrée dans le Triddum Pascal à chacun. Que la puissance de la Croix traverse les limites imposées par le confinement. Et n’oublions jamais: la Vie est plus forte que la mort. 

Carême en confinement – Jour 21 – La voix d’une clarinette

Expérience étrange…. Se trouver dans un cimetière à une dizaine de proches, en guise de funérailles d’une grande dame, dont les obsèques auraient en temps normal rassemblés plusieurs centaines de personnes. 

Le confinement, c’est aussi cela: des funérailles en un quart d’heure. Quelques mots, un évangile, un commentaire, des intentions et puis… la voix d’une clarinette qui s’élève du coeur de ce petit cimetière. 

Cette clarinette me rappela que, quelques soient les contraintes externes que la vie nous pose, l’humain arrive toujours à trouver une façon de s’échapper par le haut.

Ce fut comme un avant-goût de résurrection en ce temps où tant d’informations nous rappellent la passion. 

Carême en confinement – Jour 20 – L’envers du décors….


Demain et après-demain, je célèbre des funérailles parmi des parents d’amis proches. Rendez-vous au cimetière, 15 personnes maximum et une durée de cérémonie qui ne dépasse pas 20 minutes. Ambiance…

Une de ces personnes à l’agonie, n’a même pas été emmenée aux urgences: elle n’était pas en état et trop âgée… Et surtout, il n’y avait plus de places disponibles. 

Après 20 jours, le côté cocooning du confinement, laisse place à l’envers du décors et d’un système de santé qui sature. 

Courage à chacun en cette semaine de montée vers Pâques. 

Carême en confinement – Jour 19 – Le vide… et la Présence

Dimanche des Rameaux : la célébration du pape à 11h - ZENIT - Francais

La célébration des Rameaux par le pape rassemble traditionnellement des milliers de jeunes dans la basilique Saint-Pierre et sur la place. En ce jour, la basilique était vide pour l’office du successeur de Pierre. Beaucoup m’ont pourtant dit que cette Messe, vue à la TV, les avait marquée. 

Nous sommes dans une société du trop-plein: agendas remplis, loisirs à gogo,… « Occupons-nous, occupons-nous…. » est le credo qui nous fait vivre. Et voilà que le confinement nous condamne au vide…Nous pouvons vivre cela comme une privation et prendre son mal en patience. Nous pouvons également prendre ce vide comme une occasion de rentrer en soi et d’y découvrir… une Présence. 

Un chef d’Etat de 93 ans – la reine d’Angleterre – n’a rien dit d’autres dans son discours exceptionnel à la Nation: « Quelque soit notre foi, ou que nous n’en ayons pas, ce temps est l’occasion de retrouver le chemin de la prière ou de la médiation ». 

Carême en confinement – Jour 18 – Une Semaine Sainte au goût de Samedi Saint

En néerlandais, « Samedi Saint » se dit « Stille Zaterdag »« Samedi Silencieux ». En effet, en attente de la Résurrection, il n’y a que le silence de la mort qui,occiupe cette journée dans Eucharistie.  

L’évêque de Hasselt, Mgr Patrick Hoogmartens, expliquait ce jour dans le quotidien « Belang van Limburg » que toute cette Semaine Sainte était vécue cette année comme un grand Samedi Silencieux. Pas d’offices publics, peu de monde dans les rues, pas de vacances… Le silence qui plombe tout, mais peut aussi être un chemin vers l’intériorité, dans un monde qui en a tant besoin.

A chacun, je souhaite une fructueuse entrée en cette Semaine Sainte, si pleine de silence…   

Carême en confinement – Jour 17 – Administration et confinement…

Ce matin, je téléphone à l’ONEM pour cette amie sans trop de ressources (cf. mon récit de hier), qui n’avait pas touché son chômage. Au bout du fil, un monsieur bien aimable, m’explique qu’il y a du retard, car les services sont débordés. Fort bien… Mais je me dis: cette amie n’a pas internet pour joindre l’ONEM et ne pouvait donc pas envoyer un mail (d’ailleurs, j’avais essayé et le système était bloqué) et elle n’avait pas suffisamment de crédits de téléphone pour passer le coup de fil que j’ai pu donner. Heureusement, elle a quelques connaissances pour passer le cap difficile des jours maigres. Mais comment donc, font les personnes sans familles ou amis, qui sont dans sa situation? Et je ne vous parle pas de quelqu’un sans-papier ou au chômage. Non, elle a un travail régulier de technicienne de surface, mais son salaire habituel suffit tout juste à couvrir ses frais et ceux de son fils. Et ici, avec le chômage technique, tout est chamboulé… Je crains que la grave récession économique qui s’annonce, va multiplier ce genre de complication. Il nous faudra être doublement solidaires. 

Moins dramatique et même comique: afin que le travail de tutelle sur les fabriques d’église puisse se continuer dans le service que je dirige et où mes collaborateurs travaillent en télé-working, je dépose en personne une série de documents aux communes concernées. Dans une première commune, je téléphone et on me dit à qui les remettre. Je le fais, reçois mon reçu et m’en vais… Cela a pris 5 minutes et toutes les règles de confinement furent respectées. Dans une seconde commune, la, réceptionme dit de téléphoner à tel n° le vendredi matin, ce que je fis… sans réponse. Retéléphonant à la centrale, on me répond qu’on ne peut me passer la personne et que je dois réessayer au n° de téléphone en question. Je l’ai fait et refait une dizaine de fois… en vain. Je me doute bien que les équipes sont restreintes, vu les consignes de téléworking…  Mais tout de même, je n’ai pas trouvé que ma tâche fut facilitée par l’administration de cette commune… Je suis donc rentré chez moi, avec mes dossiers sous le bras 😉. Je râlais un peu, mais c’est une mésaventure risible par rapport aux drames causés par la pandémie. 

« Eli, Eli, lama sabactani ?» – Dimanche des Rameaux et de la Passion, Année A

« Mais Jésus, poussant à nouveau un grand cri, rendit l’Esprit. Et voici que le rideau du Temple se déchira en deux, du haut en bas. » (Matthieu 26 et 27, 14-66 et 11-54)

Avec le dimanche des Rameaux débute la « Semaine Sainte », c’est-à-dire la sainte semaine des chrétiens. La semaine qui résume notre foi en un Dieu qui aime l’humanité de façon déraisonnable. Un Dieu crucifié par amour, qui pardonne les péchés jusqu’à son dernier souffle, car « ils ne savent pas ce qu’ils font ». De cet Amour fou, les rameaux qui orneront les crucifix de nos maisons, sont le rappel tout au long de l’année. 

Ne vivons pas cette semaine de façon distraite, malgré les mesures de confinement. Vivons dans la mesure du possible les offices de la semaine sainte et le chemin de croix que KTO, RCF, RTBF ou d’autres diffuserons. Ainsi, pourrons-nous vivre – même au coeur de cette terrible pandémie – la Pâques du Christ avec un cœur de ressuscité.