La démocratie repose sur davantage que l’arithmétique électorale (la majorité décide). Elle implique un parti-pris de l’intelligence (« cela vaut la peine de débattre, car l’autre est – comme moi – un être raisonnable ») et de l’émotion (« ce n’est pas parce que nos avis divergent, que l’autre est de mauvaise foi). C’est cette dernière attitude de « bienveillance dans le débat » qui me semble le plus souvent faire défaut dans notre « émocratie ». Rien de tel pour convaincre dans les médias, que de charger d’émotions négatives mon contradicteur. En néerlandais, cela s‘appelle : « frapper sur le joueur et non sur le ballon ».
Les catholiques ont pratiqué cela, et le pratiquent sans doute encore, par rapport aux « mécréants laïques », mais le contraire est tout aussi vrai. Comme l’écrit Caroline Sägesser (« La fracture du monde laïque », revue « Politique ») : « les laïques (en Belgique) se sont trouvés longtemps dans la position moralement très confortable de l’« underdog » : la puissance de l’ennemi (catholique) donnait à la cause un surcroît de légitimité ; il ne fallait guère s’embarrasser de gants pour tenter de le frapper (dans un sens strictement figuré, bien entendu) ». Chacun conviendra que le rapport de force s’est, de nos jours plutôt équilibré, voire carrément inversé. Cela ne semble pas pour autant empêcher de continuer de cogner sec. Ainsi, pour répondre au jeune porte-parole de la Marche pour la Vie, le journal « le Soir » de ce jour (p.13) interviewe rien de moins que le professeur ULB Yvon Englert. Pour commencer, celui-ci pose correctement les termes du débat : « Il faut dire clairement qu’il est contraire à la vérité de dire que l’embryon est une personne et que l’avortement est un meurtre ». Personnellement, je n’utiliserai jamais le vocable « meurtre », voire « homicide » en matière d’avortement, mais de fait – la question consiste à savoir à partir de quel moment la société protège l’embryon humain et pourquoi. La joute amicale que j’ai eue à ce sujet avec mon ami, le professeur ULB Baudouin Decharneux (« Une cuillère d’eau bénite et un zeste de soufre », éditions EME) illustre que les avis sur la question peuvent diverger, à condition d’encore pouvoir en débattre… C’est ici que l’article du jour dérape. On ne joue plus « le ballon », mais on s’en prend aux intentions – forcément cachées – du joueur. Je cite le professeur Engler, parlant des « Marcheurs pour la Vie » : « Ces pro-vie sont en fait des anti-choix. Ces mouvements, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou chez nous sont extrêmement intolérants et adoptent le modèle de la Légion du Christ ». Je ne connais pas la « légion du Christ » (fusion entre « la légion de Marie » et les « légionnaires du Christ » ?) et je peux admettre que l’intolérance se trouve parfois dans le camp des pro-vie, mais je n’ai rien vu, ni entendu, de tel au cours de la Marche pour la Vie. Je demande donc : « franchement, Professeur Engler, de quel côté se trouve l’intolérance ? » C’est un peu comme dans un débat sur l’immigration, où les uns se feraient traiter de « fachos » et les autres de « naïfs fossoyeurs de la société ». Ceci, plutôt que de reconnaître que le sujet met en jeu des valeurs respectables, mais contradictoires, et que la question est de savoir où l’on place le curseur. Eh bien dans le débat sur l’avortement, le fond de la question est également de savoir où la société place le curseur entre la dignité d’une vie humaine à naître, d’une part, et la volonté d’une femme de ne pas porter cette vie à terme, de l’autre. Et je repose la question : dans notre bonne démocratie, est-il encore permis d’en débattre ?
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, je souhaite retourner l’argument en parlant de l’affaire « Piss Christ » et – par prolongation plus souriante – de la cathédrale de Hasselt. Ici, ce sont mes frères chrétiens qui prêtent les pires intentions à des artistes. De quoi s’agit-il ? Comme tant d’autres, j’ai été gêné par cette photo d’un Christ plongé dans un bocal d’urine. Je ne saisis pas ce que cela apporte, si ce n’est de la provocation. Je puis donc comprendre que des voix expriment – calmement – que cela les blesse. En démocratie, on a encore le droit de critiquer une œuvre d’art. Mais de là à utiliser la violence pour détruire cette photo, je dis « non » avec force. Je rappelle d’abord aux baptisés que les excréments humains qui blessent le plus la dignité du Christ, ne sont pas ceux d’un bocal d’urine, mais bien de notre péché. Et dans un pays aux prises avec l’abus sexuel sur mineurs, chacun comprendra où se trouve le vrai blasphème. Je signale ensuite que l’art est toujours une matière explosive, mais qu’une société qui essaie de censurer ses artistes au nom de la bienséance, ne fait que crier sa peur. Quant aux personnes qui critiquent le « Christ de Hasselt », elles le font de façon pacifique. Je ne puis donc que les trouver de « bonne foi » – c’est le cas de le dire. Mais je les invite tout de même à découvrir le Christ nu de l’église San Spirito à Florence (Michel Ange). Souhaitent-elles vraiment que, pour lui comme pour celui de Hasselt, on fasse à nouveau appel à un « braghettone », artiste-culottier romain du XVIè siècle qui fut chargé de couvrir le sexe des œuvres d’art du début de la Renaissance ?
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Lueur de Pâques… (La Libre p.47)
(Merci à « La Libre » d’avoir publié ce lundi un petit témoignage, que j’ai rédigé car il me semblait faire du bien en ce début de Semaine Sainte… pour le moins « chahutée »)
Au début de ma prêtrise, j’assurais chaque année l’animation religieuse des sessions de formation Jeunesse & Santé de la région de Verviers, qui a lieu durant les vacances de Pâques. Au cours de celles-ci, environ 130 jeunes de plus de 15 ans sont pris en charge par une 20-aine d’autres jeunes de moins de 25 ans, qui leur apprennent les techniques pédagogiques et ludiques utiles pour animer bénévolement les camps de la Mutualité chrétienne de l’été suivant. La plupart de ces adolescents étaient déjà membres de mouvements de jeunesse. Outre cette semaine de session durant le congé de Pâques, ils acceptaient donc de consacrer une bonne partie de leurs vacances d’été au service de plus jeunes : d’abord dans leur mouvement scout ou patronné et puis à la Mutu. Je les admirais et trouvais qu’ils ne ressemblaient en rien à la génération cynique et repliée sur des jeux vidéos que certains présentent comme une généralité. De plus, n’allez pas croire que leur session soit un moment de laisser-aller : la formation Jeunesse & Santé est une école d’exigence et d’excellence. Enfin, l’aspect religieux n’est pas évacué. Un module est consacré à la spiritualité et l’Eucharistie traditionnelle de la session – pourtant nullement obligatoire – est suivie par plus de neuf participants sur dix. Non pas que tous ces jeunes soient des piliers d’Eglise (faut pas rêver), mais au cœur de leur session de Pâques, cette célébration vient les rejoindre dans un engagement concret. Du coup, le sens religieux de l’Eucharistie leur est bien plus accessible et la présence du Christ y est pour eux mieux lisible. L’âge venant, j’avais laissé ma place de prêtre-animateur à une confrère et ami plus jeune, qui s’en tira fort bien. Mais ce prêtre partit en mission dans un pays en voie de développement. C’est ainsi que je reçus un mail des responsables de Jeunesse & Santé, me demandant si j’accepterais de les dépanner. J’y suis allé avec quelques appréhensions : je me sentais un peu âgé pour animer des adolescents dont je pourrais désormais être le père et puis, je ne savais pas quelle genre de jeunes j’allais désormais rencontrer. Eh bien, il y a quelques jours, je me suis senti rajeunir. J’ai retrouvé le même enthousiasme, le même idéal et la même fraicheur. Et quand j’ai célébré devant plus de 120 adolescents une Eucharistie qu’ils avaient préparé et dont ils animaient les chants, je me suis dit que – pour notre communauté catholique qui connaît en Belgique sa dose de chemin de croix – il y avait là comme une lueur de Pâques.
Waarom stichter kloostergemeenschap Tibériade op mij indruk maakt (cfr.De Morgen p.3)
In deze – desondanks alles – ‘Goede Week’ staat een troostend artikel te lezen op p.3 van de krant ‘De Morgen’. Het stuk werd geschreven door Sue Somers. Uittreksels ervan: “Crisis in de kerk? Niet in de Tibériade. In deze kloostergemeenschap nabij Rochefort wijden acht meisjes en eenendertig jongens zich aan God, het gebed en het evangelie. De jongste is twintig, de oudste halfweg de dertig. Diep verscholen in de Ardense bossen eren ze in pij en op sandalen de rust en de soberheid. Ze leven op zichzelf: ze bakken hun eigen brood en kweken groenten in de moestuin. Maar bezoekers zijn welkom. Op zondag zijn de vespers in de kapel toegankelijk voor het publiek en wie wil, kan op bezinning komen, alleen of in groep. (…) Te midden van al het kerkelijke onheil timmert de Tibériade hard aan de weg. De kloostergemeenschap zendt zijn zonen en dochters uit naar Congo, Litouwen en de Filippijnen, maar binnenkort ook naar Strijpen, nabij Zottegem. (…) Broeder Marc vindt niet dat hij met zijn jonge volgelingen een uitzondering is. « Wij maken ook deel uit van de kerk. Ik voel bij jongeren een grote dorst naar het evangelie. Elk jaar komen hier 12.000 jongeren over de vloer. «
Ik ken broeder Marc, stichter van deze veelbelovende – en zelfs een beetje ‘hype’ – kloostergemeenschap. De man maakt indruk op mij. Waarom? Omdat wie hem ontmoet, maar al te vlug beseft dat hij echt nederig is. Niet ‘pompeus nederig’ zoals zij die zich zondaars noemen om alleen maar als bescheiden over te komen. Neen, de echte nederigheid van een man die zijn eigen beperkingen goed kent, ermee heeft leren leven en er trouwens ook mee kan lachen. Daarom vind ik zijn stichting ‘gezond’ en denk ik dat deze gemeenschap in de Kerk vruchten zal blijven dragen. In Rome ontmoette ik ooit de stichter van nog veel succesvollere kloostergemeenschap: de Legionairs van Christus. De man was inspirerend, maar maakte op mij een allesbehalve nederige indruk. Het verbaasde me dus maar half toen ik vernam dat hij van zijn voetstuk gevallen was (al betreurde ik de impact van de schokgolf die dit veroorzaakte op de honderden ‘legionairs’ die hun roeping met oprechtheid beleefden). Wel, broeder Marc is van een heel ander houtje gesneden. Wie me niet gelooft, volge mijn raad: Breng een paasbezoekje aan Tiberiade!
« Lourd silence » de l’Eglise ?
Ce WE, le ministre Steven Vanackere trouvait sur les antennes de RTL que l’Eglise devrait davantage s’exprimer, suite à l’interview-choc de l’ancien évêque de Bruges. Ce matin, l’édito de « Vers l’Avenir » regrettait que cette même Eglise refuse de faire un « mea culpa » plein et entier et le journal « Le Soir » titrait en Une sur son « lourd silence ». J’avoue ne pas comprendre. En matière de pardon, puis-je inviter l’éditorialiste de « Vers l’Avenir » à aller relire la belle lettre pastorale des évêques, qui remonte – elle – au… 19 mai 2010 ? (extrait ci-dessous *). En matière de communication, il faut savoir ce qu’on veut : On ne peut, d’une part, reprocher à l’Archevêque de trop parler et de faire cavalier seul dans les médias et, de l’autre, lui en vouloir de se taire. Depuis la sortie médiatique de l’ancien évêque de Bruges, la communication de la Conférence épiscopale de Belgique a fonctionné selon les règles : les deux évêques-référents pour les question d’abus sexuels (Mgr Harpigny, côté francophone et Mgr Bonny, côté flamand) ont abondamment répondu aux sollicitations des médias. Afin d’éviter la cacophonie, les autres évêques sont restés discrets. L’Archevêque n’a fait que respecter la discipline collégiale, tout en rappelant que – comme convenu depuis des semaines et selon la coutume – il parlerait aux médias à Pâques. Il faut savoir ce qu’on veut : Il est pour le moins curieux de reprocher à l’Eglise catholique d’être trop hiératique, mais de conclure que tant que son Numero Uno (tout symbolique… car l’Archevêque n’est que premier parmi ses pairs) n’a rien dit, personne n’a parlé. Enfin, par rapport aux recommandations de la Commission parlementaire, je reprends ce que je publiais samedi sur ce même blog, puisque l’article du « Soir » me cite fort flatteusement en p.7 (merci Ricardo!): « Un peu de temps doit être laissé à l’Eglise de Belgique. Je pense que les évêques prennent ces recommandations au sérieux et réfléchissent à une réponse adéquate aux attentes des élus de la Nation. Mais pas dans la précipitation.»
(*) Extrait de la lettre pastorale des évêques du 19 mai 2010 : « Des abuseurs ont reçu une nouvelle chance, tandis que des victimes portaient en leur chair des blessures qui ne se cicatrisaient pas ou peu. A toutes les victimes d’abus sexuels nous demandons pardon, tant pour l’agression que pour le traitement inadéquat de celle-ci. (…) Nous remercions les victimes qui trouvent le courage de briser le mur du silence en racontant ce qui leur est arrivé. Nous espérons que leur parole contribue à ce qu’elles obtiennent la reconnaissance et la guérison auxquelles elles aspirent. En s’exprimant, elles rendent en outre possible un chemin de purification et de conversion au sein de l’Eglise ».
Réaction de l’Eglise : une impatience à géométrie variable
Belle unanimité entre les édito’s du Soir et de La Libre de ce WE (lire ci-dessous). Je la résume comme suit: « Qu’est-ce que l’Eglise attend pour réagir – favorablement s’entend – aux propositions de la Commission parlementaire à ériger un tribunal arbitral » ? Je suis bien évidemment d’accord que les responsables catholiques doivent continuer à prendre leurs responsabilités dans le dossier des abus sexuels. Cependant, pourquoi une telle impatience? La Commission Lalieux a travaillé pendant plusieurs mois. Peut-on au moins laisser aux évêques et responsables religieux quelques semaines pour saisir les contours juridiques des recommandations parlementaires? Faut-il rappeler que l’Eglise avait réagi – bien avant que le monde politique se saisisse du dossier – en instituant la Commission Adriaenssens ? Que celle-ci a été foudroyée en plein vol par des perquisitions déclarées depuis illégales(*) ? Que, puisque les parlementaires ont reconnu que la défunte commission ecclésiale faisait un excellent travail, et ceci en toute indépendance, ils peuvent comprendre que ces perquisitions ont freiné la prise en charge du dossier « abus sexuel » par les responsables catholiques? Que comme on ne leur a pas facilité la vie, un peu de temps peut donc être accordé à ces responsables pour répondre à l’offre des élus de la Nation? Enfin, que puisque les recommandations de la Commission parlementaire s’adressent également à d’autres milieux qui s’occupent de l’enfance, il est tout de même un peu curieux de seulement exiger de l’Eglise catholique qu’elle réagisse dans l’urgence ? Franchement, je trouve qu’il y a là une impatience à géométrie variable.
Ricardo Gutierrez – édito du Soir : «(…) C’est pourquoi l’Eglise belge, à l’instar du Pape, n’a plus à tergiverser. Les élus de la nation lui demandent d’instaurer un tribunal arbitral pour réparer les crimes commis par ses prêtres et ses religieux. La société civile ne peut se contenter des déclarations de bonnes intentions des évêques Harpigny et Bonny. Il est temps que la conférence épiscopale sorte enfin de son mutisme. Elle ne peut à la fois condamner la morgue du pédophile Vangheluwe et adopter ce même dédain à l’égard des centaines de victimes de la loi catholique du silence. »
Pierre-François Lovens – édito de La Libre : « (…) Quant à la Conférence épiscopale de Belgique, qui s’est à nouveau retranchée derrière un communiqué bien impersonnel, on en attend davantage. Car si le cas Vangheluwe n’est plus de son ressort, le silence de nos évêques sur les conclusions de la commission parlementaire dite “abus sexuels” –dont la proposition de créer un tribunal arbitral– ne contribue pas à apaiser les esprits. Ce mutisme devient même embarrassant. Il serait donc temps, là aussi, que nos évêques se prononcent avec clarté et esprit de responsabilité ».
(*) Pour rappel : La chambre des mises en accusation a estimé une première fois, le 13 août 2010, et une seconde fois, le 22 décembre dernier après cassation, que ces saisies étaient illégales. La chambre des mises avait estimé que le juge ne pouvait saisir car, en agissant de la sorte, il allait au-delà de sa saisine et aurait dû se faire accompagner d’un médecin.
Verklaring van de bisschoppen van België na het interview van Roger Vangheluwe/ Déclaration des évêques de Belgique suite à l’interview de Roger Vangheluwe
Wij reageren verbijsterd op het interview dat Roger Vangheluwe donderdagavond 14 april heeft gegeven aan de commerciële zenders VT4 en VTM en nemen er nadrukkelijk afstand van. We zijn uitermate geschokt door de minimaliserende en vergoelijkende manier waarop Roger Vangheluwe spreekt over de gepleegde feiten en de gevolgen daarvan voor de slachtoffers, hun familie, de gelovigen en de brede samenleving. Dit is onaanvaardbaar. Hij beseft blijkbaar nog steeds niet ten volle de ernst hiervan.
Dit interview ligt niet in de lijn van wat Rome aan Roger Vangheluwe gevraagd heeft. Wij vertrouwden erop dat hij zich in stilte zou terugtrekken in het buitenland om zich te bezinnen over zijn daden en de door Rome opgelegde spirituele en psychologische behandeling te volgen.
Dit interview is buitengewoon kwetsend voor de slachtoffers, hun familie en al wie met de problematiek van seksueel misbruik begaan is.
Ook voor de gelovigen is dit interview een kaakslag. Net als wij blijven zij ongetwijfeld radeloos en onthutst achter.
De toon van het interview staat haaks op onze inzet van de laatste maanden om de problematiek van seksueel misbruik ernstig te nemen, oor te hebben voor de slachtoffers en de nodige maatregelen te treffen.
De bisschoppen van België
Nous tenons à exprimer notre stupéfaction face à l’interview donnée par Roger Vangheluwe aux chaines commerciales VT4 et VTM, le soir de ce jeudi 14 avril et souhaitons expressément nous en distancier. Nous sommes extrêmement choqués de la manière dont il minimalise et excuse les faits commis et les conséquences pour les victimes, leur famille, les croyants et plus largement toute la société. C’est inacceptable. Roger Vangheluwe ne semble toujours pas mesurer l’extrême gravité de ses actes.
Cette interview ne correspond aucunement à ce qui lui a été demandé par Rome. Nous lui faisions confiance concernant son retrait dans le silence à l’étranger en vue d’une réflexion sur ses actes et du suivi du traitement spirituel et psychologique imposé par Rome.
Cette interview est extrêmement blessante pour les victimes, leur famille et tous ceux qui sont confrontés avec la problématique de l’abus sexuel. Pour les fidèles aussi, elle est une gifle. Tout comme nous, ils sont indubitablement désespérés et déconcertés.
Le ton de l’interview est en totale contradiction avec les efforts entrepris ces derniers mois pour prendre au sérieux la problématique de l’abus sexuel, écouter les victimes et déterminer les mesures adéquates.
Les Evêques de Belgique
Interview VT4 : De schaamte voorbij… (texte francophone, ci-dessous)
“Ik heb spijt over wat ik gedaan heb en vraag om vergiffenis: Eerst aan de slachtoffers die zo zwaar geleden hebben – en indien ze mij niet kunnen vergeven, kan ik daar alleen maar begrip voor hebben. Dan vraag ik ook om vergeving aan de hele kerkgemeenschap, die met tranen heeft moeten vernemen dat ook een bisschop een pedofiel gedrag kon hebben. Tenslotte vraag ik om vergeving aan mijn landgenoten, die omwille van dit schandaal het nog moeilijker zullen hebben om in de Kerk de Blijde Boodschap van Christus te herkennen. De gelovigen die het willen, kunnen ook een beetje voor mij bidden, want gebed heb ik broodnodig. Voor de rest wil in stilte verder boete doen om nog dieper tot berouw en inkeer te komen”.
Toen ik gisterenavond vernam dat de oud-bisschop van Brugge het woord zou nemen, heb ik gehoopt dat het dat zou worden en zeker niets meer. En zo is het ook eigenlijk een beetje begonnen. Maar dan… Deze morgen overkomt me een diep gevoel van onbehagen en droefheid. In de christelijke leer krijgt “schaamte” nooit het laatste woord. Maar “schaamte” kan een weg banen naar berouw, die dan de poort opent voor vergiffenis. En wat ik gisteren misschien het meest gemist heb in dat lange interview van de oud-bisschop, is het aanvoelen van schaamte. Ik wil de man zeker niet belasten, maar er moet toch gezegd worden dat dit niet past. Terecht citeerde Roger Vangheluwe uit het Evangelie volgens Johannes; « Wie zonder zonde is, werpe de eerste steen. » (Johannes 8,7). Maar een paar zinnen verder, voegt Jezus eraan toe: “Was u maar blind, dan zou u zonder zonde zijn. Maar u beweert dat u kunt zien, en dus blijft uw zonde.” (Johannes 9, 41)
Interview sur VT4: Sans honte… (Nederlandstalige tekst, hierboven)
« Je regrette ce que j’ai fait et demande pardon: en premier lieu aux victimes à qui j’ai infligé tant de souffrance – et je puis comprendre que celles-ci n’arrivent pas à me pardonner. Je demande aussi pardon aux fidèles catholiques, qui ont appris dans les larmes que même un évêque pouvait poser des actes pédophiles. Enfin, je demande pardon à mes concitoyens qui, suite à pareil scandale, auront encore plus de peine à reconnaître dans l’Eglise la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Les croyants qui le souhaitent, peuvent prier pour moi, car j’en ai grand besoin. Pour le reste, je veux poursuivre ma pénitence dans le silence, pour grandir dans le remord et la conversion ».
En apprenant hier soir que l’ancien évêque de Bruges prendrait la parole, j’ai espéré entendre cela et rien de plus. L’interview a d’ailleurs un peu commencé sur ce ton. Mais après… Ce matin, m’habite un profond sentiment de malaise et de tristesse. La « honte » n’a jamais le dernier mot dans l’enseignement chrétien. Mais le sentiment de honte est un chemin vers le remord, qui ouvre la porte au pardon. Et l’absence de honte est sans doute ce qui m’a le plus frappé dans ce long interview de l’ancien évêque de Bruges. Je ne veux pas ici accabler l’homme, mais je me dois d’exprimer que ce n’est pas correct. A juste titre, Roger Vangheluwe cita hier l’Evangile selon Saint Jean: « Que celui qui est sans péché, jette la première pierre » (Jean 8,7). Mais dans le même Evangile, Jésus ajoute quelques petites phrases plus loin: « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites: Nous voyons. C’est pour cela que votre péché subsiste ». (Jean 9,41)
Kerk en kindermisbruik: drie bedenkingen als bijdrage tot het debat (Version francophone, ci-dessous)
2010 – Annus horribilis van de Belgische Kerk? Allicht. Of dan toch een annus mirabilis, zoals Mgr. Léonard het in een interview in Humo noemde? Ook. Het ontslag van de vroegere bisschop van Brugge werd ervaren als een aardschok, maar liet tegelijk een diep besef van de omvang van het kindermisbruik door leden van de Kerk in een niet eens zo ver verleden ontwaken. Het sluimerende geheugen van vele slachtoffers werd brutaal wakker geschud en dat zorgde ervoor dat ook de aandacht van politici, rechters en kerkleiders werd gewekt. De onthulling van duistere waarheden was een pijnlijke, maar bevrijdende oefening.
Een oefening die trouwens nog lang niet ten einde is. Na meer dan zes maanden relatieve mediastilte wil ik graag, kort voor Pasen, tot dit debat bijdragen met drie bedenkingen. De eerste gaat over verdrongen waarheden, de tweede buigt zich over de huidige ‘zapcultuur’ en de laatste kondigt de geboorte aan van een zichzelf teruggevonden katholieke identiteit. Laat het maar meteen duidelijk zijn dat ik hier spreek in eigen naam. Ik ben overigens niet meer in dienst van de Bisschoppenconferentie, wat niet belet dat ik een geëngageerde, sterk betrokken getuige blijf. Maar als allen die zich betrokken voelen door het drama van seksueel misbruik moeten zwijgen, dan blijven er nog maar weinig over om het woord te voeren.
Actualia : Bijzondere Kamercommissie en straf uit het Vaticaan
Eigenlijk wilde ik hier niet zozeer ingaan op de actualiteit van de dag, maar om niet het verwijt te krijgen dat ik de ‘hete hangijzers’ uit de weg zou gaan, zal ik die toch eerst kort becommentariëren.
Ik heb het eindrapport van de Bijzondere Kamercommissie ‘Seksueel misbruik’ gelezen en vond het goed gedocumenteerd en genuanceerd in zijn besluiten. Ik juich het werk van onze volksvertegenwoordigers dus toe. Niettemin vond ik één element ongelukkig. En bij een ander heb ik nog mijn vragen.
Eerst het ongelukkige element. Ik vond het eerder ongepast dat alle bisschoppen enkele dagen voor Kerstmis door de commissie verhoord werden. Een agenda kan men nooit helemaal naar ieders smaak vastleggen, maar deze datum was symbolisch ongelukkig. De Kerk juist voor Kerst om verantwoording vragen omtrent kindermisbruik is een beetje hetzelfde als een linkse partij dagvaarden omtrent zware tekortkomingen qua arbeidersrecht in de week vóór 1 mei. Het doet dubbel en nutteloos pijn.
Waar ik vragen bij heb, is aanbeveling nr. 4 van de Bijzondere Commissie: “Daarom beveelt de bijzondere commissie aan in de toekomst niet langer te werken met documenten die, ongeacht de titel die men eraan geeft, zouden kunnen doen uitschijnen dat het gaat om overeenkomsten met privépersonen aan wie taken zouden worden gedelegeerd die wezenlijk te maken hebben met de uitoefening van de strafvordering en met de opportuniteit van de vervolging — taken die de Grondwet en de wet voorbehouden aan het openbaar ministerie.” Ik zie niet in hoe zo’n aanbeveling op de wereld van de welzijnszorg toegepast kan worden. Die sluit toch doorgaans dat soort overeenkomsten – mondeling of op papier – met het gerecht. Welzijnsprofessionals dienen inderdaad de criteria te kennen die het mogelijk maken bepaalde zaken intern te regelen of anders aan het gerecht over te laten. Hier denk ik dat de commissie een te absoluut standpunt inneemt, dat trouwens nauwelijks te verzoenen valt met haar voorstel aan de Kerk om een arbitragegerecht op te richten. Is dat voorstel immers ook niet een soort “overeenkomst met privépersonen aan wie taken zou worden gedelegeerd die wezenlijk te maken hebben met de uitoefening van de strafvordering en met de opportuniteit van de vervolging — taken die de Grondwet en de wet voorbehouden aan het openbaar ministerie”?
Op dit ongelukkig element en deze bedenking na, herhaal ik mijn waardering voor het werk in de diepte van de Bijzondere Commissie.
Verder was ik – zoals zovelen – verrast door de straf die het Vaticaan aan de oud-bisschop van Brugge opgelegd heeft. Commentatoren hebben eruit geconcludeerd dat Rome doof is gebleven voor het publieke ongenoegen. Indien het de taak van een straf is de dader, die een zwaar schandaal veroorzaakte, streng symbolisch te straffen, dan is “ballingschap onder controle” niet de gepaste maatregel. Maar indien de straf als doel heeft de boosdoener opnieuw op het rechte pad te krijgen (in het kerkelijk recht noemt men dat een “medicinale” straf), dan heb ik het volle vertrouwen in de Roomse onderzoekers en in de conclusies die ze uit hun onderzoek getrokken hebben. De vraag die hier aan de orde is, is dus niet of het Vaticaan de oud-bisschop van Brugge al of niet beschermt. Door op 23 april 2010, zonder de minste aarzeling – al waren ze nauwelijks drie dagen op de hoogte van de feiten – het ontslag van de ex-prelaat te aanvaarden, heeft het Vaticaan duidelijk genoeg aangetoond dat het klare wijn in deze zaak wilde schenken. De vraag die hier gesteld wordt, is of hier eerder een “helende” straf aangewezen is¸ dan wel een voorbeeldige, symbolische, disciplinaire straf. Over dat punt heb ik geen duidelijk antwoord. Ik vind trouwens dat de openbare schaamte die nu aan de oud-bisschop kleeft, op zich al een krachtige symbolische sanctie is. (*We vernemen trouwens dat zijn straf nog niet definitief bepaald is.)
Nu ik mijn standpunt op de recente actualiteit duidelijk heb gemaakt, wil ik graag de lezer voorstellen om mentaal het hete nieuws wat te verlaten en de zaken met enig perspectief, ja zelfs vanop een hoogte, te bekijken. De drie bedenkingen die ik hier maak, zijn verre van onfeilbaar, maar God weet dat ik er toch lang over heb nagedacht.
1. Verdrongen waarheden
Iedereen is het over één zaak eens: De huidige bewustwording wil uiteraard meer zijn dan de begrafenis van het Vlaamse katholieke verleden. Ze moet structurele oplossingen uitdokteren die de seksuele integriteit van minderjarigen beter beschermt. Dit kan maar als ook alles uit de kast gehaald wordt, bepaalde nog diep verdrongen waarheden inbegrepen. Niet om een nieuwe heksenjacht te ontketenen, wel om bij te dragen tot meer luciditeit. Laat het om te beginnen overduidelijk zijn dat ik hier allerminst het schandaal van kindermisbruik binnen de Kerk wens te minimaliseren. Als er ook maar één instelling de oude zwijgcultuur omtrent kindermisbruik had moeten aanklagen, dan wel uitgerekend de katholieke Kerk. Zij is immers gegrond op het woord van Christus en de bescherming van kleinen en zwakken behoort tot haar core business. Kindermisbruik heeft niet alleen levens gekraakt, maar bovendien de vertrouwensrelatie tussen priester en kind bezoedeld. En dat is geen kleinigheid. Kinderen staan immers centraal in het Evangelie. Van oudsher verlaten jongeren het kerkkoor bij het ontwaken van hun puberteit. Maar nooit hebben kinderen wantrouwig gestaan t.a.v. het sacrale. Meestal worden zij de eerste catechisten van hun ouders met hun onschuldige vragen. Dat er zich vandaag achterdocht genesteld heeft tussen de herders en de lammeren, is ongezien én verschrikkelijk. Ik kan me dus alleen maar aansluiten bij de excuses van onze bisschoppen, zoals ze die verwoord hebben in hun pastorale brief van 19 mei 2010: “Daders kregen een nieuwe kans, terwijl slachtoffers door het leven gingen met kwetsuren die niet of nauwelijks konden genezen. Aan wie slachtoffer werden van misbruik vragen wij om vergeving, zowel voor het misbruik zelf als voor de onzorgvuldige behandeling ervan. (…) We danken de slachtoffers die de moed vinden om de muur van stilzwijgen te doorbreken en hun verhaal kenbaar te maken. We hopen dat hun spreken bijdraagt tot de erkenning en de heling waar zij naar verlangen. Door hun spreken maken zij bovendien een proces van loutering en bekering in de kerk mogelijk”.
De kerkelijke hiërarchie met de vinger wijzen, doet onze maatschappij nu al voldoende. Met alle begrip overigens. Maar haar eigen ambiguïteit ontmaskeren, lijkt minder evident. Ik denk aan de veralgemeende twijfel i.v.m. kindermisbruik ergens tussen het begin van de jaren 1960 en het einde van de jaren 1980. Eerst een persoonlijk voorbeeld. Op 12 september 1975 – ik was toen nog geen 12 – hoorde ik tot mijn afgrijzen een niet-onbekende schrijver zijn jongste boek voorstellen in het veel bekeken Franse literaire tv-programma ‘Apostrophes’. Het boek was getiteld: ‘Les moins de 16 ans’ en beschreef, zonder daarbij een blad voor de mond te nemen, de seksuele belevingen van de auteur met minderjarigen (een video-opname van de uitzending in kwestie is nog te bekijken op internet). Dat was geen uitschuiver… “Het pedofiele avontuur laat zien wat opgelegde rolpatronen en samenzwerende maatschappelijke machten voor een onaanvaardbare inbeslagname van het wezen en de zin ten aanzien van het kind kunnen betekenen”, schreef een filosoof op 9 juni 1978 in de Franse krant Libération. In eigen land kreeg in 1966 een boek over pedofilie de Arkprijs van het Vrije Woord. En in 1973 beloonde de prestigieuze Franse ‘Prix Médicis’ een soortgelijk boek. Om niet te spreken over de musical ‘Snoepjes’. Samengevat: het was in die jaren sociaal aanvaard om te pleiten voor ’de seksuele bevrijding van minderjarigen’. Onze samenleving moet vandaag deze periode van schuldige grensverlegging recht in de ogen durven kijken. Een tijd waarin een volwassene openlijk en ongestraft ervoor kon uitkomen dat hij pedofiel was. Verdrongen waarheden…
Er is meer. Hoe komt het dat in heel mijn vijfjarige theologische opleiding seksuele moraal nauwelijks 5 procent van mijn studietijd innam, daar waar tijdens mijn woordvoerderschap dit onderwerp meer dan 80 procent van mijn tijd en energie in beslag nam? Is dat louter en alleen te wijten aan het veeleisende en tegen de stroom ingaande discours van de Kerk op dat vlak? Of zou het tevens ook, voor een gedeelte dan toch, zo zijn dat onze westerse samenleving een veel problematischer relatie heeft met seksualiteit dan we überhaupt durven toegeven? Verdrongen waarheden… Eén van de profeten en inspiratoren van de seksuele bevrijding was de, in het verlengde van Jean-Jacques Rousseau denkende psychiater Wilhelm Reich. De menselijke seksualiteit zou volgens hem van nature uit harmonieus en vreedzaam zijn; maatschappelijke morele druk werkte alleen maar vervreemdend en kon elke vorm van perversiteit verklaren. Een halve eeuw van soms, maar lang niet altijd en per definitie welgekomen bevrijdingen later, is de westerse seksualiteit alles behalve tot rust gekomen. Integendeel. Het aantal seksuele delinquenten in onze gevangenissen is indrukwekkend hoog. En als we de hoogleraar klinische psychologie Paul Verhaeghe (UGent) mogen geloven, dan zorgt de huidige consumptiemaatschappij niet meteen voor een verbetering: “Seks, liefde, verlangen, het zijn allemaal producten geworden die te koop worden aangeboden. Ze moeten hier en nu, ze moeten ook altijd ook beter, harder, noem maar op. Een bijkomend effect van die neoliberale samenleving is dat het de sociale banden heeft doorgeknipt. Niet alleen het klassieke kerngezin verdwijnt, ook de algemene groepsvorming onder mensen is voor een stuk ondermijnd. Het individu wordt verheerlijkt en zijn genot staat centraal” (Het Laatste Nieuws 15 januari). Als ik dat lees, doet het me denken aan een alleenstaande moeder die me onlangs vertelde over het drama dat haar kind van nog geen tien overkwam. Meerdere jaren lang werd het kind misbruikt door een jongvolwassen buurjongen. Het komt hierop neer: ook al draagt ze zoveel schoonheid met zich mee, toch blijft menselijke seksualiteit een hoogst explosieve realiteit. Omdat ze broos zijn, vallen minderjarigen dikwijls eraan ten prooi. Om hen doeltreffender te beschermen, mag het opkomende bewustzijn dat kindermisbruik nooit terecht is, zich niet beperken tot de Kerk, maar moet ieder van ons de waarheid omtrent seksualiteit recht in de ogen durven kijken.
2. Zapcultuur
Het langetermijngeheugen van onze tijdgenoten mag dan inderdaad gereactiveerd zijn door het ontslag van de vroegere bisschop van Brugge, het heeft er minstens de schijn van dat dit niet het geval is met het kortetermijngeheugen. Onder invloed van de zogeheten ‘zapcultuur’ reageren vele sociale verantwoordelijken op de actualiteit van de dag, zonder die te kaderen binnen alles wat een paar weken eerder is gebeurd. Toen ik de jongste maanden nogal wat stemmen hoorde betreuren dat de bisschoppen geen enkele concrete vergoedingsmaatregel voor de slachtoffers voorstelden, kwam dit bij mij over als een bewijs van een gebrekkig functionerend geheugen. Toen de eerste gevallen van kindermisbruik binnen de Kerk uitbarstten in de nasleep van de zaak Dutroux, eiste de publieke opinie dat de bisschoppen daar meteen iets aan zouden doen. De bisschoppen richtten in 1997 een telefonisch contactpunt op. En aangezien men dit terecht als onvoldoende beoordeelde, riep de Bisschoppenconferentie de ‘Interdiocesane commissie voor de behandeling van klachten wegens seksueel misbruik in een pastorale relatie’ in het leven. Dit instrument was niet zonder gebreken (persoonlijk had ik, liever dan iets nieuws te creëren, eerder gebruik gemaakt van de al bestaande kerkelijke rechtbanken), maar het maakte het bisschoppen en religieuze verantwoordelijken mogelijk een beroep te doen op een competent en onafhankelijk orgaan dat dossiers kon voorbereiden, om zich daarna te beraden over de meest adequate opvolging ervan. De commissie is nooit opgevat als een ‘concurrent’ van het gerecht. Ze beoogde complementariteit, om bijstand te verlenen daar waar rechtbanken tekort schoten, ofwel omdat slachtoffers niet wensten een proces aan te spannen, ofwel en vooral, omdat de verjaringstermijn verstreken was. De commissie was eigenlijk slechts een toepassing van het grondwettelijke recht van de Kerk om haar interne discipline te organiseren. Niettemin keerden bepaalde mensen zich vol verontwaardiging tegen wat ze ‘privéjustitie’, ‘parallelle rechtsstructuren’ of zelfs een ‘doofpotoperatie’ noemden. Kort geheugen – zapcultuur: waren het niet juist dezelfde stemmen die kort daarvoor zo hevig een kerkelijk initiatief hadden geëist?
Na het losbarsten van de zaak Vangheluwe en de daarop volgende oproep van de aartsbisschop aan de slachtoffers om zich te melden, stroomden honderden klachten bij de ‘Commissie Adriaenssens’ binnen. Deze wilde elke vorm van ‘concurrentie’ met de soevereiniteit van het gerecht vermijden. Daarom kwam er een methodologische nota – het zogeheten ‘protocol’ – dat de werkwijze van de commissie t.a.v. de parketten duidelijk omschreef. Wat bedoeld was om mogelijke problemen uit de weg te ruimen zonder enigszins de soevereiniteit van het gerecht aan te tasten, creëerde alleen maar meer achterdocht en kritiek. « Nu is het al zover gekomen dat zelfs de rechterlijke macht deze ‘kastenrechtbank’ zijn zegen geeft!”, klonk het verontwaardigd. Toen kwam ‘Operatie Kelk’, met de huiszoekingen bij de ‘Commissie Adriaenssens’, waarvan alle dossiers in beslag werden genomen. Ten gevolge van deze blijk van publiek wantrouwen nam de commissie de enige mogelijke beslissing: haar ontslag indienen. Toen haar voorzitter nadien zijn rapport publiceerde, waren het vaak alweer diezelfde stemmen, die eerder de vloer hadden aangeveegd met de zogeheten onafhankelijkheid van de commissie, die nu van de rauwe verhalen in dat rapport uitvoerig gebruik maakten om nog harder tekeer te gaan tegen de Kerk. Weinigen erkenden toen dat de bisschoppen de nodige moed hadden gehad om een dergelijke waarheidsoperatie aan te durven. Ook hier kort geheugen – zapcultuur.
Het kelderen van de commissie plaatste de bisschoppen opnieuw zonder verweer tegenover de verjaarde klachten. Sindsdien kunnen ze de slachtoffers alleen maar adviseren zich te wenden tot een Centrum voor Algemeen Welzijn (CAW) ofwel een burgerlijke rechtszaak aan te spannen of anders een kerkrechterlijk proces te beginnen. Er was ook sprake van een bijdrage in een eventueel solidariteitsfonds. En alweer diezelfde stemmen die het einde van de ‘Commissie Adriaenssens’ zo luid hadden toegejuicht – een commissie die terecht nooit van schadevergoeding haar prioriteit maakte, maar die ook nooit heeft willen uitsluiten – waren alweer verontwaardigd omdat er niet meteen concrete maatregelen op tafel kwamen. Alweer kortzichtig geheugen… zapcultuur. Sommigen zullen opwerpen dat de bisschoppen alles behalve crisismanagers zijn. Op 13 september kondigden ze een nieuw initiatief aan… Een paar maanden later zijn ze nog aan het nadenken. Toegegeven. Maar bisschoppen worden niet aangesteld om managers te zijn. Wel herders. De ‘Commissie Adriaenssens’ kwam er juist om deze herders te helpen op een meer deskundige manier het schandaal van kindermisbruik aan te pakken. Een initiatief dat dus brutaal gekelderd werd door de huiszoekingen, omdat – zo schrijft Yves Desmet (De Morgen 4 januari): “ De Commissie Adriaenssens werkte, hoe nobel haar bedoelingen ook waren, volledig voor en in opdracht van de kerk, en kon dus volgens de speurders nooit echt onafhankelijk zijn.” Principieel wantrouwen. Of een vooringenomenheid die – als ze veralgemeend wordt – het failliet betekent van elk democratisch georganiseerd meningsverschil in een samenleving. Gelukkig dacht de bijzondere Kamercommissie heel anders over de onafhankelijkheid van de kerkelijke commissie : “Het rapport van die commissie (Adriaenssens), gepubliceerd op 10 september 2010, heeft België diep getroffen en lag aan de oorsprong van de oprichting van een bijzondere commissie in de Kamer: in totaal spreekt het rapport over 327 klachten van mannelijke slachtoffers en 161klachten van vrouwelijke slachtoffers”. (rapport Kamercommissie p.100) Ik vind dat ze dus maar met weinig zijn, zij die zich vragen stellen over de nefaste gevolgen van de huiszoeking bij de ‘Commissie Adriaenssens’, die intussen nochtans onwettelijk verklaard werd. Kort geheugen… zapcultuur.
3. Herwonnen identiteit
Wie denkt dat de Kerk ongeschonden uit de huidige crisis zal komen, maakt zich illusies. In de krant ‘Le Soir’ van 8 januari schreef een eminente en alles behalve rabiate filosofieprofessor dat hij ervan droomde dat de bevolking zich zou afkeren van religie, onder meer van de katholieke Kerk, die ‘verwikkeld is in vieze pedofiliezaken’. Dat ik die droom niet deel, zal wellicht niemand verbazen. Ik vind het zelfs ondankbaar t.a.v. de vele positieve bijdragen van het katholicisme aan onze gemeenschap. Maar, het is uiteraard geen wet van Meden en Perzen dat het katholicisme zich in dit land in saecula saeculorum zal weten te handhaven. Laat me echter een andere voorspelling doen: ik ben de mening toegedaan dat het jaar 2010 in de geschiedenisboeken zal ingeschreven staan als een belangrijke datum in de metamorfose van de Belgische Kerk – een evolutie die begonnen is in 1968. Tussen 1830 en 1968 behoorde bijna iedere Belg, minstens formeel, tot de ‘Kerk’ (99% gedoopten in 1830 en in 1968 nog altijd 93%) en nergens anders ter wereld was de katholieke zuil zo belangrijk en succesvol. Die stand van zaken verklaart onder meer de voorname rol die ons land kon spelen gedurende het tweede Vaticaans concilie (1962-1965). De Belgische – en vooral Vlaamse – Kerk stond toen op het toppunt van haar macht.
In 1968 begint het tij evenwel te keren. De splitsing van de Katholieke Universiteit van Leuven laat een gekneusd en verdeeld episcopaat achter, mei ‘68 ziet een onstuimige jeugd opkomen en de encycliek Humanae Vitae, die geen goed woord overheeft voor kunstmatige voorbehoedsmiddelen, brengt het debat tot in de slaapkamer. Het tot dan toe quasimonopolie van de Kerk op ethisch vlak begint te eroderen. Tegenwind komt uit eigen rangen en niet meer alleen vanuit de hoek van de ‘papenvreters’. Vele gelovigen beginnen afstand te nemen van de officiële kerkelijke leer. Regelmatige kerkpraktijk wordt uitzondering, de gemiddelde huisvrouw neemt de pil en biechtstoelen werden gerecycleerd tot bezemkast. Daardoor groeit bij de meesten een katholieke identiteit, die niet meer onderdanig was, maar eerder conflictueus. Als de doorsnee Belg vandaag nog durft zeggen: ‘Ik ben katholiek’, dan voegt hij er snel aan toe: ‘Maar…’
Meer dan een halve eeuw na ‘68, of beter gezegd twee generaties later, is deze sociale evolutie voltooid. De leer van de katholieke Kerk heeft nauwelijks nog invloed op de mensen. Met uitzondering van sommige oud-strijders van de vrijzinnigheid, zijn er nog maar weinig mensen die haar nog als een sociale ‘macht’ ervaren. Eerder nog als een ouderwetse parasiet die de maatschappij teveel geld kost. Het ontslag van de oud-bisschop van Brugge in 2010 heeft het instituut allicht definitief van haar voetstuk doen vallen. Geen kat denkt er nog aan om zijn katholieke identiteit te legitimeren door het ‘voorbeeldig’ gedrag van kerkelijke leiders. Als het schandaal van Brugge een pedagogische waarde heeft, dan is het dat nu voor eens en vooral duidelijk is geworden dat priesters en bisschoppen ook zondaars zijn. En dat sommigen onder hen zelfs het ondenkbare kunnen begaan. In hun herderlijke brief van 19 mei erkenden de bisschoppen trouwens dat het voetstuk waarop de hiërarchie stond, allicht deels heeft bijgedragen tot het seksuele misbruik: ‘Tegelijk weten we dat de wortels van het misbruik dieper reiken dan de persoonlijke problematiek van individuele personen. Seksueel misbruik in de Kerk heeft onder meer te maken met de manier waarop gezag wordt uitgeoefend.’
Wat blijft er dan nog overeind binnen de katholieke Kerk in 2011? De essentie. Jezus Christus zelf, de kracht van zijn Geest, en de schoonheid van een leven dat zich laat inspireren door zijn Blijde Boodschap. Hier vindt de theologie van het ‘Godsvolk onderweg’ – de basisintuïtie van het 2de Vaticaanse Concilie – haar tweede jeugd. Al te vaak kreeg deze intuïtie een politieke en klerikale draai: het jongste concilie zou aan leken een deel van de ‘macht’ binnen de Kerk hebben afgestaan en hen een stem bezorgen in het kapittel omtrent ethische kwesties. Al enkele decennia draaien binnenkerkelijke debatten dus rond het uitoefenen van gezag en het in vraag stellen van morele standpunten: priesterwijding van gehuwde mannen, rol van vrouwen in de hiërarchie, contraceptie… Noem maar op. Waarmee ik niet wil beweren dat dergelijke debatten onbeduidend zijn. Ik herinner er alleen maar aan dat ze ons niet van het essentiële mogen weghouden: de theologie van het godsvolk waarschuwt ons tegen het indelen van de Kerk in een actieve top en een passieve basis. Ze herinnert ons eraan dat elke gedoopte – van klein Pierke tot de paus in Rome – geroepen wordt om Jezus Christus spiritueel te ontmoeten en naar zijn Geest te leven.
Concreet? Toen ik nog jong en seminarist was, dus een twintigtal jaar geleden, werd ik op een mooie zondagochtend wakker gemaakt door twee brave dames die aan de bel van mijn ouderlijke huis hingen. Getuigen van Jehova. Toen ik in kamerjas aan de deur stond, openden ze het gesprek met een Bijbelcitaat: ‘Wij geloven dat de wolf ooit vreedzaam naast het lam zal lopen.’ Nog half in slaap antwoordde ik hen: “Dit komt uit de profeet Jesaja.” De twee vrouwelijke apostelen keken de ongeschoren jongeman die zomaar uit de Bijbel kon citeren verbaasd aan. Hun reactie zal ik nooit vergeten: “Oh, maar u bent protestant?” Daarmee was veel gezegd. Voor deze oud-parochianen kon een jongen die iets van de Schrift afwist onmogelijk een katholiek zijn. Wel, hier ligt de ware uitdaging voor de katholieke Kerk: alle gedoopten Christus laten ontdekken door de verkondiging van het Woord, het leren bidden en het ontdekken van een leven volgens de Blijde Boodschap. Ik pleit daarom niet voor een kleine Kerk van ‘diehards’. Ik ben integendeel de mening toegedaan dat het katholicisme een deel van onze bevolking zal blijven inspireren, waarvan een aantal gelukkig geëngageerde gelovigen zullen zijn, maar net zo goed niet-praktiserenden, hertrouwde uit de echt gescheidenen, holebi’s, progressieve en conservatieve denkers, goede en slechte moordenaars… Wat ze gemeenschappelijk hebben? Niet dat ze allemaal ’s zondags naar de mis gaan of zich allen ethisch perfect volgens het boekje gedragen. Wel de verwijzing naar Jezus Christus en zijn Evangelie. Tegenover een Kerk die niet meer gezien wordt als een verdrukkende macht, maar als een inspirerende bron, zal hun geestelijke identiteit niet meer conflictueus zijn. Het wordt een opnieuw tot rust gekomen, herwonnen identiteit. In een recent interview, zei mgr. Léonard dat 2010 voor hem niet zozeer een annus horribilis maar eerder een annus mirabilis (Humo, 18 jan) is geweest. Binnen enkele jaren krijgt hij misschien gelijk. Want dan zullen vele van onze landgenoten het maar normaal vinden om zich als katholiek te ‘outen’ zonder daar telkens een ‘maar…’ achter te moeten kleven.
Eglise et abus sexuels : trois considérations pour contribuer au débat (Nederlandstalige versie, hierboven)
2010 – annus horribilis pour l’Eglise de Belgique ? Indéniablement. Ou alors annus mirabilis, comme l’exprime Mgr Léonard (Humo, 18 janvier)? Tout autant. La démission de l’ancien évêque de Bruges fut l’électrochoc qui permit de prendre conscience de l’ampleur des abus sexuels commis, à une époque pas si éloignée, par des membres du clergé. Une mémoire ancienne se réveilla chez nombre de victimes et – par ricochet – auprès des responsables politiques, judiciaires et ecclésiaux. Ceci enclencha un exercice de vérité douloureux, mais libérateur.
Pareil exercice est loin d’être achevé. Pour contribuer au débat et au terme de plus de six mois de relative discrétion médiatique, je reviens à mon tour – quelques jours avant la fête de Pâques – sur le dossier « abus sexuel » par trois considérations. La première traite de vérités refoulées, la deuxième se penche sur notre culture du zapping et la troisième annoncé l’avènement d’une identité catholique pacifiée. Qu’il soit bien clair que je m’exprime ici à titre personnel. Ceci est d’autant plus vrai que je suis déchargé de tous mandats au service de la conférence épiscopale. Evidemment, ceci n’empêche que je reste un témoin engagé et même impliqué. Mais si tous ceux qui se sentent impliqués par le drame des abus sexuels doivent se taire, plus personne ne s’exprimerait.
Actualités : Commission parlementaire et sanction vaticane
Mon propos ne se veut pas avant tout une réaction à l’actualité récente. Je commente néanmoins rapidement celle-ci, afin de ne pas être soupçonné de vouloir esquiver les questions chaudes du moment :
J’ai lu le rapport de la Commission Parlementaire « abus sexuels » et je l’ai trouvé bien documenté et nuancé dans ses conclusions. Je salue donc le travail de nos élus. Ceci étant dit, je reste avec un regret et une interrogation.
Le regret : Je regrette que tous les évêques furent auditionnés par la Commission à quelques jours de la fête de Noël. Sans doute était-ce un hasard de calendrier, mais celui-ci fut symboliquement malheureux. Mettre l’Eglise sur la sellette dans le cadre de la protection de l’enfance à quelques jours de Noël, c’est un peu comme auditionner un parti de gauche pour de graves délits contre le droit des travailleurs à quelques jours du 1er mai. Cela fait doublement et inutilement mal.
L’interrogation : Je m’interroge sur le sens et la portée exacte de la recommandation n°4 de la Commission parlementaire: « La commission spéciale recommande donc, à l’avenir, de ne pas recourir à des documents qui, quel que soit l’intitulé qu’on leur donne, pourraient apparaître comme des accords passés avec des personnes de droit privé auxquelles seraient déléguées des missions essentielles, concernant l’exercice de l’action publique et l’opportunité des poursuites, que la Constitution et la loi réservent au ministère public ». Je ne vois pas bien comment pareille recommandation pourrait s’appliquer dans le monde de l’assistance psychologique et sociale, qui passe sans cesse ce genre d’accords – écrits ou tacites – avec le monde judiciaire. En effet, ces professionnels de la santé et du bien-être doivent connaître les critères qui séparent le traitement en interne du dépôt de plainte. Ici, je pense que la Commission parlementaire adopte un point de vue trop tranché, qui tranche singulièrement avec la proposition par ailleurs faite à l’Eglise de consentir à la création d’un tribunal arbitral. Ce faisant, la Commission ne propose-t-elle pas aussi quelque part « un accord passé avec des personnes de droit privé auxquelles seraient déléguées des missions essentielles, concernant l’exercice de l’action publique et l’opportunité des poursuites, que la Constitution et la loi réservent au ministère public » ?
Ce regret et cette interrogation étant énoncés, je réitère mon appréciation du travail en profondeur fait par les élus du peuple.
Par ailleurs – et comme beaucoup d’observateurs – j’ai été surpris par la sanction que le Vatican a infligée à l’ancien évêque de Bruges. Beaucoup en ont conclu que ceci était bien la preuve que le Vatican restait sourd à la colère populaire. Il est vrai que si le rôle d’une sanction est de punir symboliquement l’auteur d’un scandale, il aurait fallu trouver autre chose que cette forme d’exil sous surveillance. Mais si le rôle d’une sanction est d’être adaptée pour ramener celui qui a gravement chuté dans le droit chemin (en droit canon, on parle de « peine médicinale »), je fais confiance à l’enquête du Vatican et à ses conclusions. La question ici posée n’est donc pas de savoir si le Vatican protège ou non l’ancien évêque de Bruges. En acceptant le vendredi 23 avril 2010 – alors qu’ils n’étaient informés que depuis trois jours – et pourtant, sans l’ombre d’une hésitation, la démission de l’ancien prélat, le Vatican a fait la preuve de sa volonté de transparence. Non, la question ici posée, est de savoir s’il fallait appliquer une peine médicinale ou une sanction disciplinaire exemplaire, car symbolique. Je n’ai pas d’avis tranché sur la question, car je trouve que la mise au ban par la société belge de l’ancien évêque, est déjà en soi une puissante sanction symbolique. (*Nous apprenons par ailleurs que sa punition n’est pas encore définitivement fixée).
Mon point de vue sur l’actualité étant précisé, je propose maintenant au lecteur de quitter mentalement les derniers développements, pour prendre un peu de recul et même – osons le mot – de hauteur. Les trois réflexions qui suivent ne se prétendent pas infaillibles, mais Dieu sait que j’ai y beaucoup réfléchi avant de les écrire :
1. Vérités refoulées
Tout le monde en convient : L’actuelle prise de conscience se doit d’être davantage que l’enterrement symbolique de notre passé catholique. Elle doit chercher à trouver des solutions structurelles permettant de mieux protéger l’intégrité sexuelle des mineurs. Pour ce faire, il s’agit d’ouvrir toute la boîte, afin d’en faire sortir nombre de vérités encore trop refoulées. Sans pour autant relancer une chasse aux sorcières. Simplement pour parvenir à un surcroît de lucidité. En écrivant cela, je ne cherche nullement à minimiser le scandale que représente les abus sexuels commis par des membres du clergé. Si une réalité sur cette terre aurait dû dénoncer l’ancienne culture du silence entourant les abus sur mineurs, c’est bien l’Eglise catholique qui se fonde sur la parole du Christ et dont le core business a toujours été la défense des petits et des faibles. La pédophilie a non seulement brisé des vies, elle a également souillé la relation de confiance qui reliait le prêtre à l’enfant. Et cela n’est pas anodin. Les enfants se trouvent au centre de l’Evangile. Depuis toujours, les adolescents désertent le chœur des sanctuaires avec les premiers émois de la puberté. Mais jamais les enfants ne se sont méfiés du sacré. Souvent, ils sont les premiers catéchistes de leurs parents avec leurs questions ingénues. Laisser le soupçon s’installer entre le berger et les agneaux fut une chose inouïe et terrible. Je ne puis donc que faire mienne la demande de pardon de nos évêques, exprimée dans leur lettre pastorale du 19 mai dernier : « Des abuseurs ont reçu une nouvelle chance, tandis que des victimes portaient en leur chair des blessures qui ne se cicatrisaient pas ou peu. A toutes les victimes d’abus sexuels nous demandons pardon, tant pour l’agression que pour le traitement inadéquat de celle-ci. (…) Nous remercions les victimes qui trouvent le courage de briser le mur du silence en racontant ce qui leur est arrivé. Nous espérons que leur parole contribue à ce qu’elles obtiennent la reconnaissance et la guérison auxquelles elles aspirent. En s’exprimant, elles rendent en outre possible un chemin de purification et de conversion au sein de l’Eglise ».
Ceci étant rappelé, notre société prompte à pointer du doigt les manquements bien réels de la hiérarchie catholique, semble ne pas encore pleinement affronter ses propres ambiguïtés. Je parle du flottement généralisé par rapport à la pédophilie quelque part entre 1960 et 1990. Exemple vécu : Le 12 septembre 1975, je n’avais pas encore 12 ans lorsque, assis devant ma télévision, je vis – éberlué – un écrivain en vue présenter dans l’émission littéraire Apostrophes, son livre « les moins de 16 ans ». L’ouvrage évoquait le plus naturellement du monde les aventures sexuelles de l’auteur avec des mineurs (une vidéo de l’émission circule encore sur internet). Ce n’était un dérapage isolé. « L’aventure pédophilique vient révéler quelle insupportable confiscation d’être et de sens pratiquent, à l’égard de l’enfant, les rôles contraints et les pouvoirs conjurés », écrivait un philosophe en vue le 9 juin 1978 dans le quotidien français Libération. En 1966, un livre pédophile reçoit dans notre pays le prix « Ark » de la parole libre. En 1973 un livre du même acabit est récompensé en France par le prix Médicis. Retour en Flandre, avec le musical « Snoepjes », une défense des adultes ayant des relations sexuelles consentantes avec des mineurs. Bref, il était à l’époque socialement acceptable de se faire l’avocat de la « libération sexuelle des mineurs ». Notre société doit oser évoquer lucidement ces années de flottement, où un adulte pouvait impunément se vanter d’être pédophile. Vérités refoulées…
Mais ce n’est pas tout. Comment se fait-il qu’en cinq années d’études en théologie, la morale sexuelle n’ait pas occupé plus de cinq pour cent de mon temps, alors que durant mon mandat de porte-parole des évêques, elle mobilisa plus de quatre-vingt pour cent de mes énergies ? La faute exclusive au discours exigeant et à contre-courant de l’Eglise? Ou également pour partie le symptôme que l’Occident vit un rapport à la sexualité plus problématique qu’il n’ose se l’avouer ? Vérités refoulées… Les années de libération sexuelle eurent parmi leurs inspirateurs la pensée « rousseauiste » du psychanalyste Wilhelm Reich : la sexualité de l’homme serait naturellement harmonieuse et pacifique ; seule la répression morale de la société aliénerait et rendrait les comportements pathologiques. Un demi-siècle de libérations – parfois, mais non systématiquement, bienvenues – plus tard, la sexualité occidentale n’est pas plus pacifiée. Bien au contraire. Le nombre de délinquants sexuels peuplant nos prisons est impressionnant. Et, à en croire le professeur en psychologie clinique de Gand, Paul Verhaeghe, notre société de consommation n’améliore pas les choses (Het Laatste Nieuws 15 janvier) : « Le sexe, l’amour, le désir, ce sont tous devenus des produits qui sont mis sur le marché. Il nous les faut – et tout de suite – toujours plus, toujours plus « hard » et ainsi de suite. Un effet collatéral de notre société néolibérale est qu’elle a délité les liens sociaux. Il n’y a pas que la famille classique qui a disparu, mais bien d’autres formes de socialisation sont mises en danger. L’individu est roi et sa jouissance centrale ». En lisant cela, un drame humain me revient à l’esprit. Celui de cette mère célibataire qui me confia que son enfant de moins de dix ans avait été abusé, plusieurs années durant, par un voisin adolescent. Telle est la réalité : Porteuse de tant de beauté, la sexualité n’en reste pas moins une matière hautement explosive. Parce qu’ils sont faibles, les mineurs d’âges en sont souvent la proie. Pour mieux les protéger, la prise de conscience que la pédophilie ne peut être justifiée, ne doit pas se limiter à l’Eglise. C’est la vérité sur notre sexualité que chacun de nous doit apprendre à regarder droit dans les yeux.
2. Culture du zapping
Si la mémoire ancienne de nos contemporains a été réactivée par la démission de l’évêque de Bruges, je n’en dirai pas autant de leur mémoire récente. Sous l’effet de la culture du zapping, de nombreux acteurs sociaux réagissent à l’actualité du jour, sans trop essayer de la mettre en perspective avec ce qui se passa quelques semaines plus tôt. En entendant ces derniers mois nombre d’observateurs regretter que les évêques ne proposent aucune forme concrète d’indemnisation des victimes, je constate en effet que nous vivons dans une société à la mémoire courte. Lorsque les premières affaires d’abus sexuels au sein du clergé ont éclaté à la suite de l’affaire Dutroux, la pression populaire enjoignait les évêques à prendre le problème à bras le corps. C’est ainsi que fut créé le point de contact en 1997. Et comme ce point de contact fut jugé insuffisant, la Commission interdiocésaine vit le jour. L’instrument n’était sans doute pas parfait (personnellement, plutôt que de créer une instance nouvelle, j’aurais fait appel aux tribunaux canoniques déjà existants), mais il permettait aux évêques et responsables religieux de pouvoir se reposer sur un organe compétent qui instruise les dossiers de façon indépendante et les conseille adéquatement sur le suivi à y donner. Jamais cette initiative ne fut conçue comme une concurrence à la justice. Elle se voulait complémentaire, afin d’aider là où les tribunaux s’avéraient impuissants, soit parce que des victimes ne voulaient pas ester en justice, soit et surtout – parce que le délai de prescription les en empêchait. Bien que la mise sur pied de cette Commission n’était qu’une application du droit constitutionnel de l’Eglise catholique à librement organiser sa discipline interne, des voix commencèrent à s’indigner contre cette « justice privée », ce « tribunal parallèle », cette « manœuvre de détournement et d’étouffement ». Mémoire courte – culture du zapping – car ce furent souvent les mêmes voix qui, un peu plus tôt, réclamaient à corps et à cris une initiative ecclésiale.
Quand le choc de la démission de l’évêque de Bruges, suivi de l’appel de l’archevêque aux victimes, fit en sorte que les plaintes affluèrent vers la Commission, celle-ci voulut s’assurer que son champ d’action ne fasse pas concurrence à la souveraineté du pouvoir judiciaire. D’où cette note méthodologique – connue sous le nom de « protocole » – qui précisait le mode de travail à suivre par la Commission Adriaenssens dans ses rapports avec les parquets. Ce qui était supposé déminer les problèmes et n’entachait en rien la souveraineté de la justice, ne fit qu’accroître les suspicions et critiques : « Voilà que la puissance publique bénit ce tribunal de caste ! » entendit-on s’indigner. Survint alors l’opération « Calice » et les perquisitions dans les locaux de la Commission Adriaenssens, dont les enquêteurs emportèrent tous les dossiers. Foudroyée en plein vol par cet acte de défiance publique, la Commission prit la seule décision possible : démissionner. Quand son président publia néanmoins un rapport d’activité, ce furent souvent les mêmes voix que l’on entendait un peu plus tôt railler l’indépendance de ses travaux, qui se drapèrent désormais dans ses conclusions pour s’indigner de plus belle contre l’Eglise. Rares furent ceux qui saluèrent le courage des évêques, qui avaient osé mettre sur pied un instrument capable de pareille opération vérité. Mémoire courte, ici encore, culture du zapping.
Le sabordage de la Commission laissa les évêques une nouvelle fois démunis face aux plaintes judiciairement prescrites. Aujourd’hui, ils en sont momentanément réduits à conseiller à ces victimes de s’adresser à des centres publics d’aide sociale pour l’écoute, ou encore d’introduire une action judiciaire au civil ou devant un tribunal canonique. Vint encore la suggestion de création d’un fonds commun de solidarité. Et ces mêmes voix qui applaudirent la mise à mort de la Commission Adriaenssens – commission qui à juste titre n’avait pas fait du dédommagement pécuniaire sa priorité, mais ne l’excluait nullement là où cela s’avérait nécessaire – de s’indigner de ce que les évêques ne proposent pas, dès maintenant, des mesures plus concrètes. Mémoire courte, toujours, culture du zapping encore. Certains objecteront que les évêques ne sont pas ce qu’on appelle d’exemplaires « managers de crise » : le 13 septembre ils annonçaient une nouvelle initiative et quelques mois plus tard, ils en sont toujours au stade de la réflexion. Ce n’est pas faux. Mais il n’est pas demandé à un évêque d’être manager. Bien d’être pasteur. La Commission Adriaenssens avait justement été créée par ces pasteurs pour les aider à aborder le scandale de la pédophilie de façon plus professionnelle. Initiative qui fut donc brutalement torpillée par les perquisitions, parce que – comme l’écrit Yves Desmet (De Morgen 4 janvier) : « Quelque soit la noblesse de ses intentions, la Commission travaillait au nom de l’Eglise et ne pouvait donc – d’après les enquêteurs – être indépendante ». Méfiance de principe. Un parti-pris qui – quand il se généralise – signe la faillite de toute société démocratique multi-convictionnelle. Heureusement, la Commission parlementaire reconnut – elle – l’indépendance de la Commission Adriaenssens : « Le rapport de cette commission, paru le 10 septembre 2010, a profondément touché notre pays, et fut à l’origine de la commission spéciale de la Chambre: en tout le rapport fait état de 327 plaintes de victimes masculines de 161 plaintes de victimes féminines ». (rapport Commission parlementaire p.100) Oui, je trouve donc qu’ils sont rares ceux qui s’interrogent sur les effets néfastes de cette perquisition dans les locaux de la Commission Adriaenssens. Perquisition fatale et aujourd’hui déclarée illégale. Mémoire courte, culture du zapping….
3. Identité pacifiée
Penser que l’Eglise catholique sortira indemne de l’actuelle tourmente est se faire illusion. Dans les colonnes du Soir du 8 janvier, un éminent professeur et philosophe – nullement rabique – déclarait rêver d’une Belgique tournant le dos aux religions et donc aussi à l’Eglise catholique « empêtrée dans de vilaines affaires de pédophilie ». Je ne partage bien évidemment pas ce rêve et le trouve même teinté d’ingratitude, car il efface d’un trait tous les apports du catholicisme à la société belge. Il n’est cependant pas inscrit dans les astres que le catholicisme se maintiendra in saecula saeculorum dans notre pays. Qu’il me soit cependant permis d’émettre une prophétie différente : Je pense que l’année 2010 restera gravée dans les livres d’histoire comme une date importante dans la métamorphose de l’Eglise de Belgique – évolution enclenchée en 1968. Je m’explique : De 1830 à 1968, à peu près tout le monde dans ce pays appartenait au moins formellement à l’ « Eglise » (99% de baptêmes en 1830 – encore 93% en 1968) et nulle part ailleurs n’avait-on un pilier institutionnel catholique aussi important et florissant. Cet état des choses explique le rôle prépondérant que notre petit pays joua lors du Concile Vatican II (1962-1965). L’Eglise catholique de Belgique était alors au sommet de sa puissance.
L’année 1968 marque le début d’un déclin. Cette année-là, le splitsing de l’Université Catholique de Louvain laisse un épiscopat meurtri et divisé, mai ’68 révèle une jeunesse frondeuse et l’encyclique humanae vitae – de par son évaluation négative de toute contraception artificielle – porte le débat jusque dans le lit conjugal. Tout ceci commença à éroder le quasi-monopole moral que l’Eglise exerçait jusque là sur les consciences. La contestation n’était plus l’apanage des seuls « mécréants » ; elle venait de ses propres rangs. Nombre de fidèles se mirent à adopter des comportements décalés par rapport à la doctrine officielle. La pratique dominicale régulière devint l’exception, le recours à la pilule contraceptive se fit généralisé et les confessionnaux furent recyclés en armoires à balais. Ceci engendra chez le commun une identité catholique – non plus soumise – mais conflictuelle. Aujourd’hui encore, quand le Belge moyen dit « je suis catholique », il se sent généralement obligé d’y ajouter, comme pour s’excuser ou se dédouaner : « mais… ».
Plus d’un demi-siècle après 1968, soit deux générations plus tard, cette évolution sociale est parachevée. L’Eglise catholique de Belgique a perdu son emprise sur les âmes. Mis à part quelques anciens combattants du laïcisme, il n’y a plus grand monde qui la considère encore comme une « puissance » sociale. Tout au plus comme un parasite suranné qui coûte trop cher à la société. En 2010, la démission de l’ancien évêque de Bruges a fait en sorte que l’institution est définitivement tombée de son piédestal. Plus personne ne fonde son identité catholique sur le comportement « exemplaire » de ses chefs. Si le scandale de Bruges a une vertu pédagogique, c’est bien celui d’illustrer avec éclat que prêtres et évêques restent des pécheurs et que d’aucuns peuvent même commettre l’innommable. Dans leur lettre pastorale du 19 mai dernier, les évêques reconnurent même que ce piédestal avait pu faciliter les abus sexuels : « Nous ne voulons pas ignorer, non plus, que la racine de ces abus ne se réduit pas à des individus problématiques. La question des abus dans l’Eglise touche également au mode d’exercice de l’autorité ».
Que reste-t-il donc à l’Eglise catholique de Belgique en 2011 ? L’Essentiel. La personne du Christ, la puissance de son Esprit et la beauté d’une vie inspirée de l’Evangile. C’est ici que la théologie du « peuple de Dieu » – la grande intuition du Concile Vatican II – retrouve une seconde jeunesse. Trop souvent, cette intuition fut interprétée de façon politique et cléricale : Vatican II aurait accordé aux laïcs leur part du « pouvoir » dans l’Eglise et une voix au chapitre quant aux décisions éthiques. C’est donc les questions de partage du pouvoir et la mise en cause de sa morale qui alimentent le débat ecclésial depuis des décennies : ordination d’hommes mariés, place de la femme dans la hiérarchie, contraception, etc. Je ne dis pas que ces questions sont sans importances. Je rappelle simplement qu’elles ne peuvent nous distraire de l’essentiel : La théologie du peuple de Dieu invite à ne pas diviser l’Eglise entre une superstructure-actrice et une base-consommatrice. Elle rappelle que tous les baptisés – du plus humble au Pontife romain – sont appelés à rencontrer spirituellement le Christ et à vivre de son Esprit.
Concrètement ? Il y plus de vingt ans – alors que j’étais encore jeune et séminariste – je fus un beau dimanche matin tiré de mon sommeil par deux braves dames qui sonnaient à la porte de la maison paternelle. Des témoins de Jéhovah. Pour entamer la conversation, alors que je leur ouvrais la porte revêtu d’un peignoir, elles me dirent : « Nous croyons qu’un jour le loup marchera avec l’agneau ». Dans un demi-sommeil comateux, je répondis : « Ca, c’est le livre d’Isaïe ». Stupeur des mes deux apôtres face à ce jeune gars mal rasé leur citant la Bible. Leur réaction fut : « Ah, vous êtes protestant ? » Tout était dit. Pour ces ex-paroissiennes, un jeune qui connaît l’Ecriture ne pouvait pas être catholique. Ici, se situe le défi à relever : permettre à tous les baptisés de rencontrer le Christ par l’annonce de sa parole, par l’apprentissage de la prière et par la découverte de la vie évangélique. En disant cela, je ne plaide pas pour le repli sur une petite Eglise de « purs ». Bien au contraire, je pense que le catholicisme continuera à inspirer une partie de la population belge, parmi laquelle il y aura – fort heureusement – quelques fidèles zélés et convaincus, mais aussi des non-pratiquants, des divorcés-remariés, des homosexuels, des hommes de gauche et de droite, des bons et des mauvais larrons, …. Qu’y aura-t-il de commun entre toutes ces personnes ? Non pas d’abord le fait d’aller ou non à la Messe ou un mode de conduite morale. Mais par-dessus tout, la référence au Christ et à son Evangile. Face à une Eglise qui ne sera plus perçue comme force d’imposition, mais bien comme foyer de proposition, leur identité spirituelle ne sera plus conflictuelle. Ce sera une identité pacifiée. Dans une récente interview, Mgr Léonard avait dit que 2010 n’était pas tant pour lui une annus horribilis qu’une annus mirabilis (Humo, 18 janvier). D’ici quelques années, peut-être se rendra-t-on compte qu’il avait raison. Car nombre de nos compatriotes pourront alors dire « je suis catholique », sans devoir y adjoindre un « mais… ».