Ce vendredi 18 avril – jour du Vendredi Saint – ma chronique du mois est parue dans le quotidien « La Libre » en p.47. Pour lire cette chronique, cliquez sur le lien suivant: « Chemins de croix ; lueurs de Pâques ».
Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.
Le regard du prêtre
Chemins de croix – Lueurs de Pâques
Vendredi Saint… La vingtième commémoration du génocide rwandais est fraiche en nos mémoires. Images d’hommes, de femmes, d’enfants – découpés à la machette. Un million de morts en cent jours. Après Auschwitz, chacun proclama : « Plus jamais ça ». Puis, il y eut les Khmers rouges, les juntes brunes, les fous de dieu, le Rwanda, la Bosnie… Et à l’heure où j’écris – la Syrie et la Centrafrique. Autant de chemins de croix qui révèlent le pire en l’homme. C’est à perdre foi en la condition humaine.
Mais Christ a vaincu la croix. Et Son Esprit ouvre notre cœur aux lueurs de Sa Pâque. « Là où le péché abonde, la grâce surabonde » (Romain 5, 20) Ainsi – il y a tout juste un an, au Théâtre de Poche à Bruxelles, Simon Gronowski, rescapé du XXe convoi vers Auschwitz et Koen Tinel, fils d’un nazi et frère d’un volontaire de la Waffen-SS, ont scellé leur amitié en présentant ensemble « Ni victime ni coupable. Enfin libérés ». Ainsi encore – dans le stade de Soweto, lieu symbolique de la lutte contre l’apartheid – l’hommage universel rendu ce 10 décembre dernier à Nelson Mandela, l’homme qui brandit le pardon en réponse à l’humiliation. Ces lueurs de Pâques n’effacent pas l’horreur. Mais elles cicatrisent le cœur. Et donnent de ressentir un autre Royaume – tellement plus durable – qui germe au pied des croix de ce monde.
Parmi les lueurs de Pâques, je range le rapport présenté ce 24 janvier dernier par notre compatriote Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU pour le Droit à l’alimentation. Son constat est sombre… comme un chemin de croix : « À l’échelle mondiale, plus de 165 millions d’enfants présentent un retard de croissance (…) et 2 milliards de personnes des déficiences en vitamines et en minéraux indispensables à une bonne santé. » Même les nantis de la planète sont concernés : « À l’échelle mondiale, la prévalence de l’obésité a doublé entre 1980 et 2008. En 2008, 1,4 milliard d’adultes étaient en surpoids. » (n°5) S’ajoute le risque environnemental : « Au total, les pratiques agricoles sont à l’origine d’environ 15% de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine » (n°7). La faute à la démographie ? Non – le résultat d’un choix de société : « L’augmentation de la production (agricole) a largement dépassé la croissance de la population au cours de la période allant de 1960 à 2000. Cependant, cette augmentation est allée de pair avec une spécialisation régionale dans une gamme de produits relativement étroite, processus encouragé par la croissance du commerce international des produits agricoles. (…) Les bénéfices sont allés essentiellement aux grandes unités de production et aux grands propriétaires terriens, au détriment des petits producteurs et des travailleurs sans terres » (n°10) Le Rapporteur aurait pu se contenter d’énumérer les croix. Il a l’audace d’entrevoir un chemin de résurrection. D’où son plaidoyer pour la transition vers une productivité durable et à mesure humaine: « Réduisant le coût de l’agriculture en limitant l’utilisation d’intrants onéreux, l’agroécologie améliore les moyens de subsistance des ménages agricoles, en particulier des ménages les plus pauvres (…) Il faut mettre au point un nouveau modèle centré sur le bien-être, la résilience et la durabilité pour remplacer le modèle productiviste et, ainsi, mieux favoriser la pleine réalisation du droit à une alimentation adéquate. L’équation est complexe mais elle n’est pas insolvable. » (n°17 & 29) Dénonçant le scandale de la faim dans le monde, ce Rapport pointe vers une lueur de Pâques. A condition de le lire avec un minimum de foi. « Amen, je vous le dis: si vous avez la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne: ‘Transporte-toi d’ici jusque là-bas’, et elle se transportera; rien ne vous sera impossible». (Matthieu 17, 20)
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dommage
Bonne fête de Pâques
B Guillaume