Ci-dessous ma chronique parue en p.55 dans l’hebdo M… Belgique (successeur de Marianne Belgique), de ce vendredi. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
Vingtième anniversaire du génocide rwandais. Un million de morts en cent jours. Comment décrire la banalité de l’horreur ? Ce 3 avril dernier dans les colonnes du « Soir », Colette Braeckman trouve les mots: « Dans la frénésie, le vacarme des tambours, des bruits de casseroles, des sifflets, les Tutsis étaient tués avec les plus simples des instruments, utilisés tous les jours dans les travaux des champs. (…) Chacun prenait sa part du « travail », des hommes d’âge mûr, mais aussi des femmes, qui dépouillaient leurs voisines blessées ou tuées, des enfants qui battaient les fourrés pour dénicher ceux qui avaient réussi à se cacher ou volaient ce qu’ils pouvaient emmener. Alors que le sang rougissait les rivières et que les corps dérivaient, alors que les blessés attendaient qu’on les achève le matin suivant et que les survivants rampaient pour déterrer des pommes de terre, chaque soir les tueurs faisaient la fête, la bière enfin coulait à flots…». Après l’horreur, régna des mois durant l’odeur des cadavres. Depuis, reste la honte. Comme ces Allemands qui parlent aujourd’hui encore des « NS », pour ne pas avoir à prononcer le mot « National-Socialisme ». Allemagne. Rwanda. Bosnie. Aujourd’hui – Syrie et Centrafrique. Autant de stations d’un chemin de croix, qui révèle le pire dans l’homme. L’horreur. L’odeur. Puis la honte. Une Voix murmure à travers les siècles : « Père, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc, 23, 34).