Il ne m’appartient pas de m’aventurer dans le champ de la politique partisane, mais je souligne une déclaration de l’ancien premier-ministre et intellectuel reconnu, Mark Eyskens, parue ce jour en p.3 du Soir : « Le nationalisme dérive facilement en égoïsme collectif. Il repose sur le paradigme dépassé que tout peuple peut devenir un État. Il y a dans le monde… 6.000 peuples. Cela nous ferait 6.000 États membres de l’ONU au lieu de 192 ! Ridicule… (Question) Vous dites même que le peuple flamand n’existe plus… Cela vaut aussi pour les peuples wallon, français, etc. À la KUL (université catholique de Louvain-flamand) nous avons calculé le taux d’« allochtonisation» (un des quatre grands-parents d’origine étrangère). Pour la Belgique, cela donne 22 %. Pour Bruxelles, 65 %, pour Anvers, 48 %, pour Saint-Josseten-Noode… 96 %. Le peuple est devenu population. Et la population est multiculturelle. Le grand défi de demain sera de transformer la multiculturalité en interculturalité : intégration sans assimilation. Tout discours nationaliste, protectionniste, est un combat d’arrière-garde ». Fin de citation.
Personnellement, je suis frappé par la montée en Europe de mouvements faisant appel à l’identité nationale, aux récentes tensions franco-italiennes sur l’immigration, à la réticences des pays du nord de l’Europe à soutenir l’euro à travers ceux du sud. Tout ceci s’explique politiquement, bien évidemment – et une fois de plus – je ne souhaite pas m’aventurer sur ce terrain. Mais cela démontre également que la génération qui a bâtie l’Europe des droits de l’homme sur les ruines du nazisme, est bien morte. Les hommes et femmes aujourd’hui au pouvoir – contrairement aux Schuman, Monet, Adenauer, puis aux Mitterrand et Kohl – n’ont de l’événement fondateur que fut, pour la seconde moitié du XXe siècle, la seconde guerre mondiale, qu’une connaissance livresque. Ils n’en cèdent donc que plus facilement à un des vieux démons qui hante tout politicien en démocratie : la tentation de flatter l’électeur en désignant « l’autre » comme principal responsable de ses ennuis. « L’autre » peut prendre bien des visages : l’étranger chez moi, le peuple qui se trouve derrière la frontière ou encore, la trop anonyme superstructure européenne. Cela marche d’autant mieux que tout n’est jamais totalement faux. « L’autre » n’est pas plus dénué de défauts que… moi-même. Et puis, en temps de ressac économique, la propension est plus forte de d’abord veiller à la défense de ses légitimes intérêts. Enfin, un besoin de « racines » se fait sentir dans notre monde chaque jour plus anonyme et standardisé. D’où le retour au folklore et au terroir. Mais voilà : Notre besoin actuel de redécouvrir des racines – réelles ou fantasmées – est sain, tant qu’il ne se laisse pas parasiter par la peur. Se sentir différent de « l’autre » est structurant, à condition que cette « différence » soit perçue comme un enrichissement et non comme une menace. Un arbre a de profondes racines, non pas pour ramper sous terre, mais afin de s’élever vers le ciel. Et si le Christ a pris racine parmi les hommes un jour de Noël, c’est pour nous donner par sa Pâques les ailes d’un enfant de Dieu.
merci
Cela me fait aussi penser au livre de Amin Maalouf « Les identités meurtrières »…qui permet de conjuguer une identité unique et des appartenances multiples… il y a souvent un travail de mémoire, d’honnêteté intellectuelle, et de réconciliation de nos origines multiple qui est nécessaire mais le vivre ensemble a tout à y gagner
Merci, cher Éric, pour ton témoignage á propos de la messe chrismale et l’intervention de notre évêque.
Sainte fête de Pâques et bonne fête aujourd’hui .
Fraternellement,
Albert Klinkenberg
Manifestement, il reste des hommes sages en politique… Espérons que leur voix continuera à s’élever pour élever le débat! Merci, cher Eric!