Il m’a été donné de commenter ce jour, en compagnie du chanoine Jack Mc Donald (président de la Communion anglicane de Belgique) et quelques experts, le couronnement de Charles III sur les antennes de LN24.
Voilà une cérémonie qui remonte du fond des âges et mélange allègrement éléments de l’ancien testament, traditions saxonnes, liturgie moyenâgeuse et… modernité (place des femmes, des personnes de toutes origines et de la société méritocratique).
On aime, ou on n’aime pas. Personnellement, j’ai été touché par cette grande solennité, paradoxalement matinée de sobriété.
Il y a un génie du symbole chez les Britanniques, comme chez les Japonais: deux îles qui furent des empires. Deux pays qui inventèrent la plupart des sports et arts martiaux de la planète. Deux royaumes avec une symbolique hors du temps: tout en faste pour Albion, tout en retenue au pays du soleil levant.
Dans ces deux îles, le monarque a tous les honneurs, mais aucun pouvoir. Par contre, le premier ministre britannique – un des politiciens les plus puissants de la planète – n’a pas le droit de s’asseoir quand le roi ouvre la session parlementaire. Le pouvoir réel est rabaissé, alors que le pouvoir symbolique est rehaussé.
Deux enfants m’ont frappé à l’occasion de ce couronnement :
D’abord Samuel, le jeune page de la chapelle royale, qui accueillit le roi à l’abbaye de Westminster par ses mots : « Votre Majesté, comme enfants du Royaume de Dieu, soyez la bienvenue au nom du Roi des rois. » Et Charles III de répondre: « En Son nom et à Son exemple, je viens – non pas pour être servi – mais pour servir ». Tant de bons sentiments pourraient faire sourire. Moi, cela m’a touché.
Ensuite, il y eut le jeune prince Louis, cadet des princes de Galles. La presse sourit à ses facéties. Elle reproduit une fois de plus l’opposition entre l’aîné sage (Georges) et le cadet rebelle. Après le déchéance d’Andrew et l’exil d’Harry, cela devrait inviter à la prudence.
Comme tout système, la monarchie porte en elle des talons d’Achille et la place des cadets (surtout masculins) en fait partie.
Ces gens ne sont pas plaindre, car ils ont tout ce dont rêve tant de leurs concitoyens. Oui, mais voilà, parfois – « avoir tout » ne suffit pas, si on ne trouve pas sa place.
Cette place existe pourtant: un prince cadet pourrait exercer un rôle sociétal de premier plan et défendre de nobles causes, avec une liberté dont ne jouit pas l’héritier du trône. Souhaitons pareil avenir au jeune prince Louis.
Je n’ai jamais compris pourquoi, dès le début, on n’a pas attribué un rôle au Prince Harry, rôle qui aurait pu s’exercer à l’étranger où un personnage comme lui, un peu rebelle, aurait pu se sentir à l’aise et être utile. Trop tard maintenant …