L’hebdomadaire ‘Dimanche’ a publié en p.2 ma chronique « état d’âme ». Merci à la rédaction de m’offrir cet espace d’expression:
Il y a un plusieurs années d’ici, un prêtre frondeur flamand écrivit un pamphlet intitulé « Eglise – la dernière dictature ». La presse se fit un plaisir de demander au porte-parole néerlandophone de la conférence épiscopale : « que pensez-vous du titre ? » Avec un large sourire, ce laïc – père et grand-père – répondit : « Cela fait 15 ans que je sers les évêques. Si un jour je dois écrire un tel livre, je l’intitulerai : Eglise – la dernière anarchie ». Ce que mon confrère de l’époque voulait exprimer et que nombre de nos compatriotes ignorent, c’est que l’Eglise catholique est loin d’être une structure pyramidale « top-bottom » ; une institution où toute décision part du sommet pour aboutir à la « base ». Elle est un peuple de baptisés – oui, avec une hiérarchie pastorale (pape, évêques, curés…) – mais également dotée d’innombrables communautés s’organisant selon une dynamique spirituelle propre. Ainsi les consacrés (moines, moniales et religieux en tous genres), groupes de prières et communautés nouvelles.
Il y a quelques jours, je lisais l’interview d’un papa d’une victime de Marc Dutroux . A propos des sœurs de Malonne – l’homme déclara avec conviction : « J’en suis sûr, elles n’ont pas voté ensemble « on va prendre Martin ». Ça se passe plus haut. On ne me fera jamais croire que le clergé et plus haut n’ont pas donné leur avis ». (Le Soir, 8 septembre p.29) Avis erroné – je suis en mesure de l’affirmer. Les Clarisses ont pris la décision d’accueillir Michelle Martin en âme et conscience et sans recevoir d’injonction de quiconque. Cela n’étonnera que ceux qui s’imaginent un catholicisme hiératique et pyramidal. Les habitués de l’Eglise – eux – comprennent. Ils connaissent la séculaire autonomie du monde religieux par rapport aux évêques. Les Clarisses se sont inscrites dans cette tradition et ont pris leurs responsabilités. C’est d’autant plus courageux. Eglise – la dernière anarchie… Qui s’en plaindra ?
A propos d’anarchie, je recommande le livre « L’anarchisme chrétien », de Jacques de Guillebon et Falk van Gaver, éd. d’ Oeuvre. L’insoumission à l’ordre des hommes quand il viole la justice, la révolte contre les puissants quand ils se font rapaces, l’idéalisme forcené des désespérés de l’amour… les méandres sinueux de la soif d’idéal pourrait se résumer en cette formule : L’ordre sans le pouvoir.
On a connu des périodes moins anarchiques.
« Cela n’étonnera que ceux qui s’imaginent un catholicisme hiératique et pyramidal. Les habitués de l’Eglise – eux – comprennent. Ils connaissent la séculaire autonomie du monde religieux par rapport aux évêques. »
C’est vrai, l’Eglise en ordre est hérissée de privilèges ecclésiastiques en tous genres, ceux qui la connaissent la savent mère et non totalitaire.
« Les Clarisses se sont inscrites dans cette tradition et ont pris leurs responsabilités. C’est d’autant plus courageux. Eglise – la dernière anarchie… Qui s’en plaindra ? »
Le mot fait choc mais l’Eglise a toujours traité ses enfants turbulents avec patience. Contrairement à ce que pense un vain peuple. Elle temporise sachant que la plupart des maux mineurs générés par les individus s’éteignent avec leur mort prochaine. ce qui est pris pour du laxisme est en fait très politique et même mystique.
La patience de l’Eglise n’est pas infinie mais éternelle. cela agace…
Mater et magistra.