« Jésus embauche » – 3e dimanche de l’Année, Année B

«Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.» (Marc 1, 14-20)

Dimanche dernier, nous recevions comme Evangile le récit de l’appel des premiers disciples d’après Saint Jean. C’est sans doute la version la plus historique : ils étaient disciple du Baptiste et puis ont suivi Jésus. Ce dimanche, nous entendons la version de Saint Marc (assez proche de celle de Matthieu et de Luc). Les disciples sont en train de pêcher – c’est leur métier – et « paf ! » Jésus passe par là et les recrute pour devenir des « pêcheurs d’hommes ». Du coup, ils plantent là leur père et leurs filets et ils le suivent. 

Cet épisode correspond probablement davantage à une expérience spirituelle. En découvrant Jésus, les disciples ont saisi que plus rien ne serait comme avant. « Hareng-boulot-dodo », c’était bien. Mais l’Evangile, c’est la vie. Du coup, leur existence bascule. Il y a un avant Jésus et un après.

Les baptisés d’aujourd’hui ne sont pas tous appelés à lâcher leur profession – les vocations à se consacrer entièrement à l’Evangile restent l’exception – mais une fois que l’on a croisé le regard du Christ, plus rien ne doit être comme avant. A sa manière, chaque baptisé est appelé à être un « pêcheur d’homme ». Sur les sentiers de l’Evangile, il n’y a pas de chômage, de pause-carrière ou de pension. Même en pandémie. Avec Jésus, c’est le plein-emploi au service du Royaume de l’Amour.  

5 réflexions sur « « Jésus embauche » – 3e dimanche de l’Année, Année B »

  1. C’est dommage que vous ne consacrez pas de post sur la manière dont vous-même avez rencontré Christ.

    Pour un chrétien du rang, il est déjà difficile de conserver sa foi dans le monde effervescent qui nous entoure. Avec ses injustices, ses malheurs… N’y a-t-il pas une dimension apocalyptique (Saint Jean, justement) à la plaie du Covid, aux deux grandes guerres ?… De quel(s) péché(s) sommes nous collectivement coupables ?

    Comment devient-on religieux d’active ? Comment embrasse-t-on ce parcours ? Ce n’est certainement pas par ambition lucrative. D’autant qu’un universitaire tel que vous a les capacités de suivre une autre voie et dispose de suffisamment d’esprit critique pour savoir que l’Église de Rome traîne aussi ses « casseroles » : Inquisition, censure, débordements des Croisades, charges d’évêques qui autrefois pouvaient s’acheter, discours ambivalents pendant l’occupation allemande…

    La révélation se fait comment ? Une voix intérieure, comme pour Jeanne d’Arc et Bernadette ? Mais dans ce cas c’est qu’on est déjà choisi…
    Cela se passe d’un coup, ou est-ce une évolution spirituelle progressive ?…

    Peut-être une idée pour un prochain post…

    Bien à vous ,

    Philippe Stas

    1. Monsieur, j’ai déjà expliqué cela à plus d’une reprise. Une vocation à la prêtrise est un appel spirituel intérieur. Il peut être soudain ou lent. Comme un amour humain. Il s’impose comme une certitude intérieure et doit être discerné en Eglise, car de nombreux mirages existent de par le parasitage de nos conditionnements humains. Bien à vous. Eric dB

  2. Le parcours chrétien est semé de répétitions à n en jamais finir.
    Monsieur l abbé, vous rédigez sans doute dans votre réponse des explications déjà dites sur votre blog. Mais à sa première expression je n y étais pas . Merci donc pour votre réponse expliquant ce qu avait été l appel du christ pour vous.
    Notre chemin n est fait que de redites, disais je, ben oui en effet, combien de notre père à notre actif. Combien de je vous salue marie, de credo etc. Comme si nous n étions jamais assez imprégnés par ces écrits. Comme si nous étions sourds ou inattentifs. On répète et on répète et on répétera ces prières jusqu’à notre dernier souffle. L évangile de ce week-end, déjà cité l année passée et qui le sera l année prochaine. Et avec un regard ou une écoute différente. Avec une attention renouvelée et qui peu à peu nous fera devenir plus ouvert au fondement du texte. Comprendrai je un jour toutes ces lectures au point de m en passer à tout jamais, estimant alors avoir tout compris ?
    Cher abbé, répétez vos propos éclairants, cela n a rien de gênant mais au contraire ça nous aide.

    Si c’est le christ qui nous appelle, ce que je crois, comment se fait il qu il appelle de nos jours de moins en moins de personnes qui comme les premiers apôtres quittent tout pour le suivre. Comment se fait il qu’il y ait de moins en moins de prêtres pour être clair, alors que la balle serait uniquement dans son camp?
    La surdité des hommes, je la saisi, mais pourquoi cette impression d abandon du christ dans nos régions ? Ou c’est lui qui appelle et alors il faut qu’il se réveille ou c’est nous qui sommes sourds ?

  3. « Si le Christ nous appelle, comment se fait-il qu’Il appelle de nos jours de moins en moins de personnes qui, comme les apôtres, quittent tout pour le suivre? Pertinente réflexion, Jean-Michel Arlon. Oui, comme vous l’écrivez aussi: « la balle est dans son camp ». Dès lors, en effet, pourquoi  » cette impression d’abandon du Christ (aujourd’hui) dans nos régions?… Modestement, j’aurais envie de répondre: peut-être parce qu’Il ne trouve plus de gens qui, à la suite des premiers apôtres, sont prêts, au risque de leur vie, à annoncer le salut éternel en Lui seul dont le Message qui, loin d’être une question d’écologie, de politique, de dialogue inter-religieux, de fraternité universelle, ou de paradis sur terre, consiste à se convertir afin de servir le vrai Dieu et par Lui, de ne pas rater son éternité. « Quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera t-il encore la foi (véritable) sur la terre? »…

  4. Le passage de Marc ne concerne pas spécialement les vocations sacerdotales, mais plus généralement l’appel du Christ, qui concerne tout le monde.

    Or, il faut bien constater que le nombre de catholiques dans le monde est en augmentation, même si ce n’est pas forcément le cas en Europe : https://www.cathobel.be/2018/06/letat-du-monde-catholique/
    De fait, lors de ma dernière messe de minuit, en 2019, en l’immense basilique de Koekelberg, 80% des fidèles présents était d’origine africaine.

    C’est sans compter les chrétiens orthodoxes, qui renouent volontiers avec la foi depuis la disparition de l’oppressant communisme. Ainsi, l’Église russe a canonisé le dernier tsar, Nicolas II, mort assassiné.

    L’étude montre aussi qu’en Europe, s’il existe bien une défiance vis-à-vis des autorités religieuses – surtout par suite d’affaires récentes: mœurs, finances… – , l’identité chrétienne, elle, reste intacte.
    L’Église de Rome a un point de travail, ici, pour regagner la confiance. Pourquoi pas en ouvrant la prêtrise aux femmes ? ou aux hommes mariés ? L’armée belge (pas seulement) compte bien des généraux femmes.
    Cela nous rapprocherait de nos frères les plus proches, les anglicans.

    Deux mille ans de christianisme ont laissé des traces indélébiles, et constituent le ciment de l’identité européenne. Le christianisme a été – consciemment ou non – le terreau fertile pour porter l’Humanisme de la Renaissance, le courant des Lumières, les mouvements d’équité sociale (Zola…) et l’émancipation des femmes. Sans compter les innombrables œuvres d’arts qu’il a inspirées…

    A contrario, je ne suis pas persuadé que ces évolutions auraient été possibles dans une culture hindouiste, confucianiste ou islamique…

    https://assets.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/11/2018/05/24143203/Being-Christian-in-Western-Europe-Overview-FINAL-FRENCH-52118.pdf

    Bonne lecture ,

    PhS

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