Intéressante interview aujourd’hui en p.23 du quotidien « le Soir », de Jean-Louis Servan-Schreiber, à l’occasion de la parution de son nouveau livre (« C’est la vie ! »). Selon moi, l’auteur y redécouvre la personne, la croyance et l’intériorité – toutes notions auxquelles est attachée la pensée chrétienne. Extraits :
(la personne, comme être de relation) Vous écrivez qu’il est temps de retrouver le « nous » ?
C’est un phénomène sociétal de notre siècle. Nous sommes allés tellement loin dans l’individualisme dans nos pays, que nous avons oublié ce qui, avant, était la règle pour tout le monde : nous faisons partie d’un ensemble humain. Cet individualisme est une illusion. Et Dieu sait que j’ai été pour, que j’ai participé au besoin de se dissocier de tous les grands systèmes… L’étape suivante, consiste à se dire : j’existe, mais où est-ce que je me situe ? Pour ma part, j’ai trouvé que le seul moyen de trouver un sens était d’être relié aux autres, mais d’une manière non contraignante
(la croyance, par-delà la raison) Mais notre vie est faite de choix ?
Ce qui fait qu’on choisit, ce n’est pas le destin mais le désir, l’intérêt, le tempérament personnel. Nous sommes là pour vivre ou survivre le plus longtemps possible. Comme nous ne pouvons pas comprendre le monde dans lequel nous vivons et qui est trop complexe, nous sommes obligés de prendre nos décisions de manière instinctive. Il n’y a pas de décision automatique, il n’y a pas de décision purement rationnelle. Tout est une affaire d’envie et de tempérament personnel.
(l’intériorité au cœur de nos solitudes) Vous écrivez aussi que « plus je m’affirme comme individu, plus je ressens la solitude »…
Absolument, parce que l’individu est seul par nature. On est seul dès la naissance… Cela m’a pris un certain temps pour m’en rendre compte, mais on se plaint de la solitude. C’est comme si on se plaignait de l’oxygène, quelle contrainte de devoir respirer toute la journée. C’est ça ou mourir. Quelle contrainte d’être seul. C’est ça ou ne pas naître. Cela a l’air simple et évident, mais qui le ressent profondément ? Je pars de la solitude comme un fait, et à partir de là je vis avec. Et aussi avec les autres qui ont le même problème que moi. La solitude crée de la solidarité.
Comme en écho, un article en p.10 du même quotidien, aborde ce sujet à partir de l’éducation affective de la jeunesse… et plaide pour une approche plus interpersonnelle. Extraits :
Pour Fabienne Glowacz, on retrouve dans la violence de couple entre ados les mêmes dynamiques que chez les adultes : insécurité, contrôle, domination. Des processus encore accentués dans la relation adolescente : « Les ados sont en pleine construction, plus fragiles, moins confiants , explique la psychothérapeute. Or le défi le plus important à l’adolescence est justement d’apprendre à construire son intimité et ses relations. Force est de constater que les jeunes n’ont dans ce domaine que peu de repères, et peu de modèles sains auxquels se référer. La restriction de contacts est perçue comme une preuve d’amour ! Ce n’est que quand la violence devient plus visible que l’adolescent prend conscience du problème.» La psychothérapeute plaide pour qu’on aille au-delà de l’éducation sexuelle et affective telle qu’elle est dispensée à l’école actuellement : « Les jeunes manquent d’espace de réflexion pour aborder les notions de limites, de respect de soi. D’autant plus que l’adolescent a une vision plus fusionnelle de la relation. Il s’agit de le faire réfléchir : qu’est-ce qui est acceptable dans une relation et qu’est-ce qui ne l’est pas ?»