Bluffé par Benoît XVI – suite

Je le disais précédemment: La décision de Benoît XVI de renoncer à sa charge pétrinienne, est un acte théologique qui n’est pas anodin. Ce geste nous dit quelque chose de la relation qui unit le Pape et les autres Evêques catholiques. Il existe une hiérarchie au sein du collège des Evêques: Le Pape est le supérieur hiérarchique des Evêques. Il existe également une collégialité entre tous les Evêques: Le Pape est Evêque de Rome et donc, un évêque parmi les autres. Dans une note explicative préliminaire à la Constitution dogmatique sur l’Eglise de Vatican II, Lumen Gentium, le pape Paul VI a résumé cette double dimension, en désignant le lien entre les Evêques – successeurs des apôtres – et le Pape – successeur de Pierre – par les mots « communion  hiérarchique ». Parce qu’il est le principe de l’unité du collège épiscopal, le Pape en est le chef. Mais, parce que les Evêques sont ses frères dans l’épiscopat, le Pape exerce son autorité en communion avec tous les évêques catholiques du monde.

Le concile Vatican II a édicté qu’à 75 ans, tout évêque serait désormais prié de présenter une renonciation à sa charge. Il est sain que la Pape ne soit pas soumis à la même règle, car c’est le propre de l’institution pontificale de n’être soumis à aucune contrainte externe. (Le Pape est ainsi garant de l’indépendance de l’Eglise). Cependant, une règle non-écrite stipulant que – sauf catastrophe – un Pape ne pourrait jamais renoncer à sa charge – celle-ci étant trop « sacrée » – créerait une injuste distinction d’avec les autres évêques. En effet, en quoi la charge de ceux-ci serait-elle moins « sacrée »? N’ont-ils pas tous reçu la plénitude du sacrement de l’ordre, qui en font les successeurs des apôtres? Par sa libre renonciation, Benoît XVI rétablit l’équilibre. Il est Pape et, à ce titre, personne ne peut le contraindre à renoncer à sa charge. Ni lui, ni ses successeurs. Il n’en est pas moins évêque de Rome et donc, peut juger que le moment est venu de s’aligner sur la discipline propre aux autres membres du collège épiscopal: Si sa santé ne lui permet plus de porter la charge pétrinienne, il la remet entre les mains de l’Eglise – pour que celle-ci en appelle à l’Esprit pour lui désigner un successeur. Comme cela se fait pour les autres Evêques.

La dernière grande décision de Benoît XVI est donc aussi un enseignement. A cet égard, elle s’inscrit pleinement dans la dynamique du pontificat de ce Pape-Théologien.

 

Une réflexion sur « Bluffé par Benoît XVI – suite »

  1. Tu ferais un excellent évêque de Liège: pétri de tradition et ouvert sur le monde moderne et l’avenir, donnant sens à toute chose ! Puisse l’Esprit Saint inspirer l’actuel ou le futur Pape …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.