L’hebdomadaire ‘Dimanche’ du 30 décembre dernier, a publié en p.3 ma chronique « état d’âme ».
Merci à la rédaction de m’offrir cet espace d’expression:
Fêtes de fin d’années… gueuletons programmés. Je n’y trouve rien à redire, car les joies de la table sont une occasion de partage en famille et de convivialité avec les amis. Cette année, pourtant, mon appétit est troublé autant que ma conscience. A l’instar d’autres confrères prêtres, j’ai reçu un courrier de la part d’une asbl qui défend l’alimentation durable et responsable. Je cite : « (…) les animaux des élevages intensifs souffrent dans le silence de notre indifférence, enfermés dans un système productif créé dans la confusion de l’après-guerre. Dans cette Europe ruinée, cette Europe qui avait souffert de la faim, les impératifs moraux étaient probablement ailleurs. (…) Aujourd’hui, plus personne n’ose défendre ces élevages tant l’importance des maltraitances y est manifeste (…) mais (…) la majorité des Belges semble devenir amnésique à l’heure de faire les courses et de sortir le porte-monnaie . (…) Voilà le message que nous voudrions que vous transmettiez à vos fidèles: « s’il vous plait, n’achetez plus la viande d’animaux qui ont été élevés dans ces conditions, ou en tout cas, faites un effort tout particulier pour la fête de Noël . Pour vos viandes, exigez le Label bio ou le Label rouge, la cuisine végétarienne est également une excellente alternative » (…) Nous nous posons cette question: est-il possible de célébrer Dieu autour d’un repas aussi funeste ? »
En lisant ces lignes, d’aucuns vont sourire : « Après les Curés rouges, voici venue la mode des Curés verts. » Ils ajouteront que le bio est impayable pour les moins fortunés. Exact… mais pour les autres ? Outre que notre surconsommation de viande et même de poisson est source de déséquilibres écologiques, il y a cette myopie éthique. Nous n’acceptons pas qu’un voisin maltraite son chien ou son chat. Pourquoi tolérer pour les animaux d’abattoir ce qui nous choque pour les animaux domestiques ? Ils appartiennent tous à la même création… que nous.
J’ai l’impression qu’après avoir été longtemps pris pour des gogos, une frange des consommateurs devient de plus en plus soucieuse de ce qui se trouve dans son assiette, ô pas tant pour le bien-être des animaux, mais pour son bien-être et sa survie à soi.
Par peur de maladies, dont les multiples cancers, et les maladies cardio-vasculaires, des consommateurs se soucient du contenu de leur nourriture, des modes de production, des origines, et mêmes des aliments qui ont été donnés à consommer aux animaux qui sont appelés à devenir leur propre nourriture.
Certains savent même qu’il y a un lien entre le bien-être animal et la qualité de la nourriture qui en résulte…
On peut espérer déjà une amélioration de la situation sur base de ces motifs très égocentriques, par la réduction de la demande pour le « junk food » et l’augmentation de la demande pour une nourriture de meilleure qualité.
D’autres iront (heureusement) encore plus loin, par respect de la nature et de Celui qui l’a créée, à condition qu’ils aient l’information et le choix.
La part de l’alimentation dans les dépenses des ménages s’est généralement réduite au fil des décennies, et on peut décider de ne pas forcément consommer « le moins cher » et aussi faire des arbitrages entre des nourritures, les apports nutritifs nécessaires à l’être humain pouvant être obtenus à des sources très diverses dont certaines ne sont pas forcément onéreuses.