Credo politique : revue de presse

Ce 22 juin sortait de presse mon dernier essai « Credo politique » (éditions Fidélité/Avant-propos). Un prêtre qui se penche sur la question politique, cela surprend. Il n’est donc pas étonnant que la presse se soit intéressée à cet écrit. Je m’en réjouis, car si le propos est situé, il se veut également un appel citoyen qui dépasse les clivages philosophiques. En ce temps d’antipolitisme latent, ce n’est en effet pas un luxe de réfléchir sur les fondamentaux du vivre-ensemble.

Ci-dessous une revue de presse provisoire et non-exhaustive :
Dans le Vif/L’Express du 16 juin paraissait sous la plume d’Olivier Rogeau, une présentation du livre sur une page, avec deux pages de bonnes feuilles.
Le 22 juin, une recension du livre paraissait sur Cathobel et puis dans l’hebdo catholique « Dimanche », sous la plume de Pascal André.
Le 2 juillet, paraissait dans le quotidien « La Libre » une interview de votre serviteur par Christian Laporte, sous le titre : « Le prêtre qui parle politique ».
Le même jour, une présentation du livre paraissait sur le blog « Belgicatho ».
Enfin, cette semaine dans « Ubu-Pan » (p.11),  Paul Grosjean traite du livre tout en « clin d’œil » dans sa « Chronique de Saint-Hubert », avec en prime une caricature intitulée « de Beukelaer aime Churchill ». Le haut-de-forme… je vais y penser ! ;-)

Blog: Bilan du mois de juin

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation reste stable et enregistre même une légère augmentation. Merci à vous, les lecteurs, et tout particulièrement à ceux d’entre vous qui me laissent des commentaires.

En avril, plus de la moitié des visiteurs consultaient mon blog via ma page Facebook (55%). En mai, cette part tomba à 44%. En juin, ils ne sont plus que 40%. Par contre, le nombre des lecteurs qui entrent immédiatement sur le blog a encore augmenté de 22% et atteint aujourd’hui 25%. Signalons que 18% de lecteurs viennent par ‘Google’ et 3% par le blog ‘Belgicatho’ qui – fort élégamment – relaie de temps en temps un de mes propos. Bref, il y a un quart des lecteurs de ce blog qui ont l’habitude de consulter celui-ci en direct. Le lectorat reste majoritairement belge (2956 visites). La France suit avec 259 visites. Loin derrière, la 3° place est occupée par l’Allemagne (36 visites) et les Pays-Bas (35 visites).
La moyenne de fréquentation reste d’environ 150 visites par jour. Le podium du mois des articles les plus consultés est le suivant : 1. « Fais ton âge, car tu le vaux bien » (6 juin – 412 visites) 2. « Scoutisme et identité catholique : Ask the boy » (10 juin – 269 visites) 3. «Coupable d’innocence » (9 juin – 215 visites). Un regret : le dossier du 27 juin qui vit l’intervention de 4 journalistes sur la question de la dénonciation judiciaire (La Libre, Le Soir, Le Vif/L’Express et Het Laatste Nieuws) n’a pas eu le succès escompté et a – somme toute – recueilli peu de réactions des lecteurs. Sans doute trop technique. C’est dommage, car par ce biais s’engageait un réel débat de fond. Je remercie une fois de plus les quatre journalistes qui ont joué le jeu. Je me rends compte que – plus que les débats – les lecteurs sont demandeurs de réflexions d’ordre spirituel sur des sujets qui touchent à l’âme humaine ou aux enjeux de société.

Déménagement vers Liège et temps de vacances oblige, ce blog entrera en repos aux alentours de la fête nationale belge (21 juillet) et, sans doute, jusqu’à l’Assomption. Le prochain bilan se fera donc en septembre. Bon repos à tous ceux qui peuvent prendre un temps de congé.

Spiritualité citoyenne (suite) – Les analphabètes sont parmi nous

Il y a quelques jours mon téléphone portable rendait l’âme – un modèle assez élaboré, devenu au fil des années un outil de travail quotidien. Le voilà cassé. Comment le remplacer et par quoi ? Je n’y connais rien. Tant que j’étais porte-parole des évêques, c’était le service informatique de la conférence épiscopale qui me conseillait. Bref, je me sens perdu. Comme un petit enfant. Sans les conseils patients et avisés du webmaster catho.be – qui de surcroît me fit le transfert de données vers le nouvel appareil en un tour de main – je pense qu’aujourd’hui encore, je tournerais en rond.
Pourquoi je raconte cela ? Parce que cette petite expérience – en soi pas bien grave – me fit mieux saisir ce que c’était que l’analphabétisme. Demandez-moi de prendre la parole à l’improviste devant un auditoire sur nombre de sujets, je pense que je retomberai sur mes pattes. C’est un exercice que je connais et que je maîtrise. Par contre, face à un acte aussi banal que l’achat d’un GSM, me voilà paralysé. C’est un univers que je ne connais pas et qui – à vrai dire – me fait un peu peur. Du coup, je deviens maladroit et même un peu bébête.

C’est exactement ce que vivent les personnes qui parlent mal notre langue ou qui – il y en a plus qu’on ne le pense – ont des difficultés à la lire ou à l’écrire. Face à des actes administratifs simples, nous nous demandons parfois pourquoi nombre de nos concitoyens sont lents, absents, peu réactifs… Bref, maladroits et bébêtes comme je l’étais pour acheter un GSM. Pour certains, il s’agit sans doute de paresse ou de négligence. Mais pour beaucoup d’autres, la raison est bien plus humiliante : devant une simple formulaire, ils paniquent car le déchiffrer et le remplir représente une montagne.
Ceci permet de mieux comprendre la réelle utilité des enseignants, travailleurs sociaux et bénévoles qui se rendent disponibles pour aplanir pareilles montagnes – un peu comme mon webmaster bon Samaritain le fit pour l’achat du téléphone portable. Alors, quand nous voyons des personnes lentes ou perdues face aux actes les plus banals de la vie, ne les jugeons pas trop vite. Qui sait ? Un jour prochain, nous pourrions à notre tour nous retrouver analphabètes – comme je le fus pour un simple achat de GSM.

Spiritualité citoyenne (suite) – La rumeur, cette mégère à l’haleine chargée

–          « Tu ne connais pas la dernière ? »
–          « Non, raconte ! »
–          « Eh bien, figure-toi qu’on dit que… »

La presse people n’a rien inventé. Elle ne fait qu’appliquer les bonnes vielles recettes des villages d’antan. Rumeurs, cancans, commérages…  Ce que nous pensons percevoir de la vie des autres, devient le théâtre d’un voyeurisme que nous jugeons bien innocent.

Ainsi DSK : l’homme au destin – proclamé providentiel – pour la France, jeté en enfer – puis presque blanchi – mais ne dit-on pas que… Combien de commentaires de presse ; combien de dessins d’humoristes ; combien d’émissions de divertissement; combien de conversations de boudoir n’ont pas conclut au sujet d’une histoire dont nous ne savons – somme toute – que peu de choses ?
Plus sympathiquement, à peine apprend-on que votre serviteur est nommé doyen au centre de Liège, que d’aucuns spéculent déjà sur de plus hautes fonctions qui pourraient s’ouvrir à lui. Ce n’est pas bien méchant, mais c’est usant. Pendant ces six derniers mois, je recevais de deux à trois allusions quotidiennes sur de possibles nominations dans l’archidiocèse. Je pensais en être quitte, mais pas encore arrivé à Liège – voilà que cela repart… Aujourd’hui, je comprends mieux la lassitude du cardinal Danneels quand – inlassablement – les journalistes lui demandaient s’il allait succéder à Jean-Paul II. Tout cela n’est pas bien méchant – me dira-t-on – et cela ne fait de mal à personne. Sans doute, mais cela ne fait pas non plus de bien à quiconque

Retour sur DSK : ce dimanche soir, Martine Aubry était invitée au JT de France 2. Un moment donné, le présentateur l’interroge sur les dessous de l’affaire. Elle répondit : « J’essaie de ne parler que de ce que je connais. Donc, je me tairai sur cette question ». Parole pleine de sagesse. Tellement éloignée de ces mégères de village qui – l’haleine chargée – colportent des ragots de porte en porte.

 

Spiritualité citoyenne (suite) – Un populisme politiquement correct

Sans doute avez-vous déjà fait cette expérience : un automobiliste vous double et vous râlez en le traitant intérieurement d’une brochette de noms d’oiseaux. Un peu plus loin, la voiture se gare et le chauffeur en descend. Il vous aperçoit et vous fait un souriant signe de la main. Vous le reconnaissez : c’est un copain. Du coup, votre attitude change du tout au tout. Devant vous ne se trouve plus cet espèce de… (censuré) qui m’a dépassé, mais un frère humain qui me salue et que je reconnais. Ici commence la politique : le contrat social – cet acte inconscient qui permet de vivre en société – se recrée à chaque fois que je salue et reconnais un concitoyen. (D’où mon malaise face à la burqa qui ne permet pas la reconnaissance). Le populisme – lui – naît à chaque fois que je considère l’autre comme une menace. La première attitude construit la société « avec » l’autre, la seconde défend son pré fleuri « contre » l’autre.

Il y a quelques jours, je me trouvais chez un élu communal. Vers la fin du repas, il m’expliqua le plus simplement du monde qu’en Belgique les communes excluaient des adjudications publiques les entreprises qui venaient de l’autre côté de la frontière linguistique. Pas d’entrepreneurs flamands dans les communes wallonnes donc, et vice-versa. Si cela est exact, c’est sans doute une question de réalisme politique – au vu de la régionalisation de notre pays. Cependant, je pense qu’avec pareille préférence régionale s’ouvre une forme « soft » et politiquement correcte de populisme. Celui des bonnes consciences qui pointent du doigt vers les mouvements ouvertement anti-démocratiques, oubliant un peu trop vite que la Bête dort en chacun de nous. A chaque fois qu’une communauté d’hommes est perçue comme une menace plutôt que comme un voisin, le parasite du populisme se réveille en nous. Alors, sournoisement et en silence, il anesthésie toute spiritualité citoyenne et vide de sa substance le contrat social.

Pope on-line – en anglais dans le texte.

Ce 29 juin, l’Eglise célèbre la solennité des Saints Pierre et Paul, les deux grand apôtres considérés comme les « colonnes de l’Eglise ». En ce jour, les catholiques prient plus particulièrement pour le Pape, successeur de Pierre. Bien que pétri de culture classique, Benoît XVI n’a pourtant pas rechigné à choisir la veille de cette solennité pour envoyer son premier « tweet » et annoncer le lancement du nouveau site d’actualité du Vatican http://www.news.va/en. Par-delà l’anecdote qui a été reprise par la presse du monde entier, il est heureux de souligner que le Vatican semble avoir pris la mesure de la mondialisation numérique.

Il y a autre chose à souligner. Que ce soit pour le nouveau site ou pour tweeter, la langue qu’utilise tout naturellement le Vatican est… l’anglais. Dans mon ouvrage « Pourquoi je ne crois pas en la faillite du christianisme » (éd. Nouvelle Cité » 2009), je plaide pour que l’Eglise catholique adopte l’anglais comme langue « utilitaire ». Sans rien renier du patrimoine latin du Catholicisme et de l’usage des langues vernaculaires dans les Eglises locales, l’anglais serait ainsi appelé à devenir l’idiome officiel pour toute communication catholique vers le monde entier. Je suis conscient que je m’aventure ici sur un terrain délicat. Mon point de vue déplaira à nombre d’opposants au « totalitarisme culturel des anglo-saxons ». Mais « un fait est plus important qu’un Lord Maire », rappelait Churchill. Et le fait est que – quand deux personnes de langues différentes se rencontrent aujourd’hui quelque part sur le globe – elles conversent tout naturellement en anglais. Un peu comme elles l’auraient fait en latin, il y a encore un siècle. Et pas que les quidams : quand ils n’ont pas étudié à Rome (dans ce cas, ils connaissent l’italien), les évêques du monde entier se parlent dans la langue de Shakespeare.

Bref, que cela plaise ou non, l’anglais a remplacé le latin comme langue mondiale. Une Eglise qui se veut universelle ne peut, selon moi, impunément ignorer cette réalité. D’ailleurs, c’est ainsi que le latin s’imposa en Occident entre le IVe et le Ve siècle, tout simplement parce que les habitants d’Europe occidentale ne comprenaient plus le grec. A l’époque déjà, il se trouva des fidèles pour critiquer l’abandon de la noble langue des Evangiles pour ce latin qui était parlé dans l’administration et l’armée. L’histoire se répète. Comme au Ve siècle, nous entrons avec l’univers numérique dans un monde totalement différent. Or «vivre c’est changer ; être parfait, c’est avoir changé souvent », écrivait le bienheureux Newman (« Essai sur le développement de la doctrine chrétienne »). Le Christ, lui, enseignait : « À vin nouveau, outres neuves » (Marc 2,18). En le paraphrasant en fonction de notre propos, cela donnerait : « A monde nouveau, langue nouvelle ».

Spiritualité citoyenne (suite) – indignations et péché originel d’Adam… Smith

« Indignez-vous ! » lançait Stéphane Hessel. En voilà un qui a reçu le message. C’est, en effet, un gros coup de colère que pousse le professeur émérite UCL en psychiatrie, Jean-Yves HAYEZ dans les colonnes de La Libre de ce mardi (« A chaque jour son injustice » p.55). Je le cite : « Nous, Belges et Européens, sommes une civilisation décadente si pas finissante. Les nantis au pouvoir, politique et économique, ont créé des mécanismes costauds et légalisés pour que leurs fortunes individuelles et celles de leurs alliés non seulement ne soient jamais menacées, mais continuent même à s’accroître. Que tous les autres payent, et que les pauvres et les immigrés sans papier crèvent, ici ou renvoyés par charters chez eux! Cela ne durera plus très longtemps. Dans moins de trente ans, les indignés de tous les pays se seront organisés et auront fait leur révolution. Les systèmes sociaux changeront d’une façon que l’on n’imagine même pas, mais qui sera plus juste. J’espère vivre assez vieux pour voir ça et défiler au milieu d’eux. En chaise roulante peut-­être, mais défiler quand même ».

A ce coup de gueule fait écho l’article de Jean-Paul Marthoz en p.14 du Soir (« Les nouveaux faux-monnayeurs »): « Pour quelles raisons, par exemple, les Etats-Unis, lors de la Grande dépression des années 1930, réussirent-ils à renforcer leur démocratie, alors que l’Europe s’abîmait dans le totalitarisme ? Le discours que le président Franklin Roosevelt prononça le 31 octobre 1936 au Madison Square Garden de New York apporte peut-être une partie de la réponse. En effet, au lieu de noyer les responsabilités et d’évoquer une culpabilité collective face à la crise, le grand patricien démocrate s’en prit sans fioritures aux « ploutocrates », qui avaient par leurs folies spéculatives ruiné le pays et jeté dans la rue des dizaines de millions d’indignés. « Ils avaient considéré que le gouvernement des Etats-Unis était une de leurs dépendances, déclara-t-il fameusement. Or, nous savons qu’un gouvernement dirigé par l’argent organisé est tout aussi dangereux qu’un gouvernement contrôlé par le crime organisé ».

Qu’il me soit permis de faire écho à ces indignations citoyennes par un passage de « Credo politique » : « Le modèle d’Adam Smith – penseur du capitalisme sans entrave – a ses limites internes. En basant la prospérité de tous sur la recherche de profit des individus, l’économie prend pour horizon la durée de vie des intéressés et non le très long terme. L’individu investit pour lui-même, voire ses enfants ou petits-enfants. Il pense rarement à un siècle de distance. « In the long run, we are all dead », souriait l’économiste John Maynard Keynes (1883-1946). Ainsi, existe-t-il  un  meilleur investissement que de financer une éducation de qualité pour tous ? Cette dernière permet à une société de maximaliser les compétences de tous ses citoyens en l’espace de deux générations. Pourtant, quel individu payera de bon cœur des impôts pour éduquer des enfants qu’il ne connaît pas et qui ne sont peut-être pas encore nés ? Cette impossibilité à penser le très long terme ou de se sentir solidaire de ce qui dépasse son cercle d’intérêt est la faiblesse du modèle d’Adam Smith. Je le nomme – par clin d’œil vers le livre de la Genèse – « le péché originel d’Adam ».
Au XIXème siècle, ce péché passait pour véniel, car il ne blessait pas mortellement le système. Aujourd’hui, la crise écologique qui secoue notre « planète village » le rend apparent. Oui, l’appât du gain a permis de contribuer à la prospérité de tous, mais en trichant avec le juste prix des choses. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux générations se sont enrichies, non seulement en vivant au-dessus de leurs moyens – d’où l’endettement public colossal des nations industrialisées, qui hypothèque la prospérité des générations à venir. Mais plus encore, en pillant la planète de leurs enfants. Le profit à court et moyen terme l’a emporté sur la perspective à très long terme. Pour dire les choses autrement, la « taxe carbone » et autres correctifs fiscaux écologiques (par exemple, payer au Brésil une redevance pour la conservation de la forêt amazonienne, etc.) ne sont pas des rêveries romantiques, mais une volonté de corriger le marché afin que les échanges économiques ne se fassent pas complices du plus formidable cambriolage intergénérationnel de l’histoire – celui qui consiste à piller la planète de ses enfants. Il pourrait apporter à la boutade de Keynes sa vérité apocalyptique : « In the long run, we are all dead ». Certaines des intuitions de Marx retrouvent dès lors leur pertinence : seule une régulation politique forte permet de guérir la faille smithienne par rapport au péché d’argent. Aujourd’hui, c’est au niveau mondial qu’il faut agir, puisque le marché est planétaire.
Telle est une des intuitions du trop méconnu enseignement socio-économique de l’Église catholique. Au n°67 de son encyclique Caritas in Veritate  (2009), Benoît XVI écrit : « Face au développement irrésistible de l’interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d’une récession également mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations, trouve un large écho. On ressent également fortement l’urgence de trouver des formes innovantes pour concrétiser le principe de la responsabilité de protéger et pour accorder aux nations les plus pauvres une voix opérante dans les décisions communes.(…) Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. (…) Une telle Autorité devra évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux ». (in « Credo politique », éd.Fidélité/Avant-propos, 2011, p.73 et suiv.)

S’indigner, c’est aussi passer à l’acte – Marc Metdepenningen (Le Soir)

La « dénonciation judiciaire » peut procéder d’une indignation sincère ou d’une pure méchanceté. La marge est étroite entre ces deux démarches : toute dénonciation ne devient légitime que si elle aboutit à la confusion du dénoncé. Le vil délateur, mû par le seul désir de nuire, peut ainsi être loué si son « coup » réussit ; l’indigné généreux dont la dénonciation échoue risque, lui, d’être vilipendé. Il en va de même pour l’authentique victime confrontée au non-aboutissement (prescription, absence d’infraction au sens pénal, insuffisances de preuves, etc.) d’une démarche judiciaire : au terme de son parcours, elle prend le risque de devoir échanger ses habits de victime avec celui de son tourmenteur impuni.

Dénoncer est un risque. C’est aussi une obligation morale : une indignation qui va jusqu’au bout de la sincérité. La loi jugule les risques et soutient la morale. Le Code d’instruction criminelle (article 19) impose aux fonctionnaires publics la dénonciation de crimes et délits constatés dans l’exercice de leurs fonctions. Le Code pénal (448 bis) permet de déroger aux secrets. Les foudres de la non-assistance pèsent sur l’inaction de celui qui aurait renoncé à se porter aux côtés d’une victime. La gestion « en bon père de famille » ou d’honnête homme « placé en des circonstances identiques » imprègne les jugements et arrêts.

La protection confortable des « secrets » dans lesquels pouvaient se vautrer des délinquants à raison de confidences faits à leurs confesseurs, médecins, ou avocats (tous considérés comme clercs sous l’Ancien régime) ont été considérablement rabotées depuis deux siècles. Le secret médical est levé de plein droit  pour les professionnels de la santé confrontés à des victimes d’actes de maltraitance. Les médecins commis à des missions judiciaires en sont délivrés. Les praticiens qui témoignent en cour d’assises évaluent de plein droit les limites du secret absolu qui les lie à l’accusé. L’obligation faite au corps médical de dénoncer aux autorités sanitaires une cinquantaine de maladies contagieuses affectant leurs patients abandonne le secret au profit des intérêts de  la communauté. Le serment d’Hippocrate les y autorisait : « les choses qui ne doivent pas être divulguées au dehors, je les tairai », ce qui impliquait que celles qui devaient l’être pouvaient être révélées…

Le dialogue intime d’un médecin avec son patient lors d’une consultation se doit de bénéficier du secret. Pourvu que cette cloche sécurisée de la confidence ne s’applique qu’à ce qui concerne la sphère de compétence du praticien : la santé.

Il en va de même du secret de la confession dont la protection a fait l’objet d’interrogations au sein de la Commission parlementaire « abus sexuels commis dans une relation d’autorité ». La confidence auriculaire entre le confesseur et le confessé qui le sollicite doit bénéficier du secret, me semble-t-il, dès lors qu’il ne concerne que l’exercice de la foi. L’auteur d’un crime, s’il en vient à demander l’absolution (ce qui est la finalité de la confession) n’est-il pas en devoir, avec l’assistance appuyée de son confesseur, d’aboutir à la vraie rédemption en se livrant à la justice civile ? Un prêtre pourrait-il intellectuellement et humainement supporter les confessions répétitives d’un délinquant sexuel ou autre, assuré du secret, qui nierait ses repentances   précédentes et ignorerait délibérément, en se moquant du sacrement, de son interlocuteur et de la Miséricorde qu’il est venue lui même réclamer ? Certes, la confession ne constitue-t-elle plus qu’une fraction infime de la relation entre un prêtre et celui qui se confie à lui dans l’enceinte sacramentelle qu’est le confessionnal. La confidence reçue à tout moment par le prêtre peut également se prévaloir du secret professionnel, dès lors que l’ecclésiastique revendique d’exercer son ministère en tout temps et en tout lieu. Il ne pourrait être prêtre uniquement « dans ses heures de service ». Tout ce qu’il reçoit en son état serait donc couvert par un secret dont il est redevable à son confident, même hors le sacrement de la confession. Un malintentionné pourrait ainsi le contraindre à accepter pour vraie une délation à l’encontre d’un tiers, sans qu’il n’ait la possibilité de vérifier la réalité des allégations reçues.

Que faire ? Saint-Paul, dans l’Epitre aux Romains (13.3-5) ne dit-il pas : « Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise que les magistrats sont à redouter (…) Le magistrat est serviteur de Dieu. Si tu fais le mal, crains car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience ». Il ne dit pas autre chose dans son épître aux Corinthiens (2.4-2) : « Nous rejetons les choses honteuses qui se font en secret (…). En publiant la vérité, nous nous recommandons à toute conscience d’homme devant Dieu ». Luc (évangile 8.17) s’intéresse aussi à la perversion du secret : « Car il n’est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être connu et mis au jour ».

Ces textes, comme d’autres, semblent donner au prêtre l’obligation biblique de dénoncer le criminel dont la repentance aurait échoué.

La « dénonciation judiciaire » est, pour l’honnête homme, un acte de résistance, quoiqu’il puisse lui en coûter. La violation d’un secret professionnel se doit d’être mis en balance de l’intérêt de la victime et de celui de la société. L’abbé Gabriel Ringlet avait dit, devant la  Commission parlementaire qu’il n’hésiterait pas à dénoncer des faits d’abus s’ils lui avaient été confiés en confession. C’est un acte de résistance, d’indignation qui expose son auteur à des foudres de la loi bien moins lourdes que serait la charge immorale mais légale de conserver un odieux secret par devant lui… S’indigner sans passer à l’acte, c’est une forme de complicité.

 

Le devoir de dénonciation existe – Jean-Claude Matgen (La Libre)

Selon le code d’instruction criminelle, le témoin d’un attentat contre une personne ou des biens a l’obligation de dénoncer le fait au procureur du Roi.

Par ailleurs, le code pénal arrête que les médecins et tous autres dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu’on leur confie seront punis d’emprisonnement s’ils révèlent ces secrets, hors le cas où ils sont appelées à témoigner en justice ou devant une Commission parlementaire et celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets.

Comme le rappelait dans un article déposé voici quelques mois sur le site de “Justice-en-ligne.be” le bâtonnier Pierre Legros,  il est unanimement admis que les prêtres et les avocats sont soumis à  la disposition du code pénal réglant cette question.

Dans un autre article du code, adopté après l’affaire Dutroux, il est toutefois précisé que la révélation d’un fait n’est pas punissable lorsqu’il s’agit d’un attentat sexuel commis sur la personne d’un mineur.

En outre, depuis longtemps, les tribunaux ont admis que le respect du secret s’imposant à certaines personnes, n’est pas absolu. “Ainsi”, commente Pierre Legros “s’est dégagée l’idée d’une hiérarchie des valeurs: on ne peut se réfugier derrière le secret si une valeur supérieure est en jeu, par exemple le respect de la vie”.

Le prêtre, en recevant la confession de ses fidèles, l’avocat, en recevant les aveux de ses clients, le médecin, en recevant les confidences de ses patients sont dispensés d’invoquer le secret professionnel s’ils ne souhaitent pas camoufler la violation d’une valeur supérieure, par exemple, l’atteinte portée à l’intégrité physique d’un mineur.

A tout le moins, ils échappent à toute condamnation pénale si, en conscience, ils estiment devoir révéler ce qu’ils ont appris.

Cette exception est renforcée par l’infraction de non assistance à personne en danger, qui les expose à des poursuites pénales s’ils ne prennent pas toutes les dispositions nécessairespour éviter la mise en danger d’une tierce personne.

 

Il me semble que dans l’état actuel des textes, tout est réuni pour rendre, d’un strict point de vue juridique, les choses claires et évidentes aux yeux des dépositaires de “secrets” et de ceux qui sont témoins d’une infraction ou qui sont amenés à en connaître l’existence. Pourquoi faudrait-il, dans ces conditions, modifier une législation qui me paraît adaptée aux cas d’espèce qui pourraient se poser?

Il y a cependant matière à se poser quelques questions sur le plan moral.  Il est souvent difficile d’opter entre la révélation à l’autorité d’infractions graves et le strict respect des confidences reçues.

Par ailleurs, d’aucuns, comme le professeur Xavier Dijon, estiment que la commission d’une même faute peut être lue de deux manières différentes. L’Etat peut y voir une infraction commise à un article du code pénal là où une autre instance peut  y voir d’autres signes, comme la rupture d’une relation de confiance. Ceux-là estiment “que ces deux lectures doivent avoir le droit de se déployer dans un régime démocratique soucieux de respecter les citoyens pour ce qu’ils sont”.

Et quand une victime, qui n’est pas détournée contre son gré du juge que la loi lui assigne, choisit de ne saisir qu’une instance privée pour se confier, elle doit avoir le droit qu’on respecte son choix.

Toujours dans le même registre, Paul Martens, ancien président de la Cour constitutionnelle, rappelle que, souvent, les victimes d’infraction “souhaitent mettre le drame de leur vie entre les mains d’une institution sachant leur accorder une qualité d’attention qui excède les aspects purement juridiques de l’infraction qui les a blessées.”

Longtemps les victimes de certains types d’infraction, comme les abus sexuels, ont hésité à confier leurs maux à la justice parce qu’elles craignaient d’être accueillies avec scepticisme voire ironie.  La justice a grandement modifié son accueil  des victimes mais le procès pénal demeure une épreuve difficile à affronter.

Bref, le devoir de dénonciation existe et c’est une bonne chose mais le droit, pour une victime, de préférer, en connaissance de cause et pour autant qu’elle soit  à l’abri de toute pression, que son cas ne soit pas nécessairement porté sur la place publique devrait être préservé

Een strengere wet zou niet beter zijn – José MASSCHELIN (Het Laatste Nieuws)

Ik denk niet dat onze wetgeving verstrengd moet worden. Als de bestaande regels en wetten ook nageleefd zouden worden, dan komen we al een heel eind verder. Een algemene aangifteplicht bestaat inderdaad niet, maar als het echt om (seksueel) misbruik van kinderen gaat, dan wordt iedereen geacht « al het nodige en redelijke » te doen om dat bij de gerechtelijke diensten bekend te maken en zo  het (de) kind(eren) in kwestie te beschermen en andere slachtoffers te vermijden. Ook de mensen die normaal gezien aan beroepsgeheim (priesters, artsen, paramedici,…) gebonden zijn, moeten in die gevallen praten. Het jammere is dat dit in het verleden vaak niet is gebeurd, ook niet binnen de Kerk.

Ik geloof niet dat een strengere wet beter zou zijn. We moeten ook verhinderen dat iedereen met wilde geruchten naar het gerecht zou stappen. Het volstaat mijns inziens niet dat je iets hebt « van horen zeggen » en vermoedens om de politie te alarmeren. Het moet meer zijn dan dat.