Je ne me réjouis pas du malheur des autres. Le sort de Rebekah Brooks, Andy Coulson et Glen Mulcaire – la rédactrice-en-chef et les journalistes incriminés de feu le journal ultra-tabloïd « News of the world » – n’est pas enviable. Avoir sa photo affichée à la « une » de toutes les gazettes ; lire des rumeurs répandues sur son compte sans pouvoir réagir ; alimenter les discussions de comptoir ; être devenu l’objet d’une curiosité publique malsaine…. Je les plains sincèrement.
Cependant, comment oublier qu’ils endurent ce que « News of the world » a fait subir – des années durant – à nombre d’autres personnes que le quotidien à sensation espionnait illégalement avec la complaisance – voire la complicité – de politiciens et policiers? Ce qui est arrivé n’est d’ailleurs pas qu’une mise en garde à l’encontre de certaines catégories professionnelles. Cela nous regarde tous. Les récentes rumeurs que des internautes anonymes ( ?) font circuler sur la candidate à la président française Martine Aubry, ne valent pas mieux.
J’écrivais récemment dans « Credo politique » (p.94) : « J’invite chaque journaliste adepte du billet d’humeur à se poser une simple question avant de le diffuser ou de le publier : – Si ce reportage ou cet article me visait moi ou ceux que j’aime, comment est-ce que je vivrais cela ? Cela aide parfois à ajouter quelques nuances, qui gratifient le sujet du jour d’un début de bénéfice du doute… ».
Avec ces trois journalistes livrés en pâture aux médias nous avons une cruelle illustration de l’arroseur arrosé. Et je me pose la question : le jour où ils reprendront la plume, l’épreuve subie les rendra-t-elle plus respectueux et prudents par rapport aux personnes qui font l’objet de leurs articles ?