Ce 29 juin, l’Eglise célèbre la solennité des Saints Pierre et Paul, les deux grand apôtres considérés comme les « colonnes de l’Eglise ». En ce jour, les catholiques prient plus particulièrement pour le Pape, successeur de Pierre. Bien que pétri de culture classique, Benoît XVI n’a pourtant pas rechigné à choisir la veille de cette solennité pour envoyer son premier « tweet » et annoncer le lancement du nouveau site d’actualité du Vatican http://www.news.va/en. Par-delà l’anecdote qui a été reprise par la presse du monde entier, il est heureux de souligner que le Vatican semble avoir pris la mesure de la mondialisation numérique.
Il y a autre chose à souligner. Que ce soit pour le nouveau site ou pour tweeter, la langue qu’utilise tout naturellement le Vatican est… l’anglais. Dans mon ouvrage « Pourquoi je ne crois pas en la faillite du christianisme » (éd. Nouvelle Cité » 2009), je plaide pour que l’Eglise catholique adopte l’anglais comme langue « utilitaire ». Sans rien renier du patrimoine latin du Catholicisme et de l’usage des langues vernaculaires dans les Eglises locales, l’anglais serait ainsi appelé à devenir l’idiome officiel pour toute communication catholique vers le monde entier. Je suis conscient que je m’aventure ici sur un terrain délicat. Mon point de vue déplaira à nombre d’opposants au « totalitarisme culturel des anglo-saxons ». Mais « un fait est plus important qu’un Lord Maire », rappelait Churchill. Et le fait est que – quand deux personnes de langues différentes se rencontrent aujourd’hui quelque part sur le globe – elles conversent tout naturellement en anglais. Un peu comme elles l’auraient fait en latin, il y a encore un siècle. Et pas que les quidams : quand ils n’ont pas étudié à Rome (dans ce cas, ils connaissent l’italien), les évêques du monde entier se parlent dans la langue de Shakespeare.
Bref, que cela plaise ou non, l’anglais a remplacé le latin comme langue mondiale. Une Eglise qui se veut universelle ne peut, selon moi, impunément ignorer cette réalité. D’ailleurs, c’est ainsi que le latin s’imposa en Occident entre le IVe et le Ve siècle, tout simplement parce que les habitants d’Europe occidentale ne comprenaient plus le grec. A l’époque déjà, il se trouva des fidèles pour critiquer l’abandon de la noble langue des Evangiles pour ce latin qui était parlé dans l’administration et l’armée. L’histoire se répète. Comme au Ve siècle, nous entrons avec l’univers numérique dans un monde totalement différent. Or «vivre c’est changer ; être parfait, c’est avoir changé souvent », écrivait le bienheureux Newman (« Essai sur le développement de la doctrine chrétienne »). Le Christ, lui, enseignait : « À vin nouveau, outres neuves » (Marc 2,18). En le paraphrasant en fonction de notre propos, cela donnerait : « A monde nouveau, langue nouvelle ».
Tout à fait d’accord. L’anglais est la seule langue qui puisse prétendre à un statut universel. Il serait bon que son étude soit promue partout comme outil de communication de base.