Alors que l’Europe se débat avec ses affaires internes (succession de DSK à la tête du FMI et consolidation de l’euro), c’est des Etats-Unis que vient une initiative de taille en matière de politique internationale. Les observateurs déclaraient il y a quelques mois encore, que la Realpolitik avait eu raison du « Yes we can » de son président métis. Depuis plusieurs semaines pourtant, une vent frais se met à nouveau à souffler sur Washington. Il y eut d’abord le discours d’El Paso sur l’immigration : « Nous sommes un peuple d’immigrants », avait osé Obama. Et hier, auréolé par l’élimination de l’ennemi n°1 – ce qui rassura ces Américains qui voyaient en leur chef, un Commander faible voire complaisant par rapport au terrorisme – Barack « Hussein » ne laisse pas s’échapper son avantage. Il tend la main aux révolutions du printemps en assurant un plan Marshall pour consolider les démocraties arabes naissantes. Mais surtout, il ose mécontenter l’allié israélien en proposant la reconnaissance d’un Etat palestinien sur base des frontières de 1967.
Ce faisant, l’hôte de la Maison Blanche prend un risque électoral, mais un risque calculé. Obama semble comprendre, comme jadis le président Clinton (dont l’épouse dirige la diplomatie américaine), que le conflit en terre sainte est la « mère de tous les conflits » au Proche et Moyen Orient. Le meilleurs moyen pour les Etats-Unis de définitivement casser la dynamique d’Al Qaida, est de faire droit aux revendications du peuple palestinien et – par effet boomerang – d’assurer une sécurité durable à Israël. Le chemin sera long, mais la démarche du président américain pourrait rétablir ce qui manque le plus à la diplomatie dans cette région du monde : une confiance en la capacité américaine à arbitrer ce conflit. Il y a quelques temps, je rencontrais des chrétiens d’Orient, tout ce qu’il y a de plus modérés. A ma surprise, ils étaient persuadés que les révoltes arabes étaient téléguidées en secret par un plan américano-sioniste destiné à redessiner et affaiblir le Moyen-Orient en vue du renforcement d’Israël. Que de méfiance en comparaison avec ces diplomates de la région qui prédisaient, il y a 30 ans au jeune étudiant que j’étais, qu’Israël formerait bientôt avec la Palestine, la Jordanie et le Liban une espère de « Benelux » qui deviendrait le moteur économique de la région. Pareil rêve peut aujourd’hui encore devenir réalité. Ailleurs dans le monde, qui aurait pu croire il y a 10 ans, qu’un souverain britannique rendrait un jour hommage à Dublin aux victimes de la guerre d’indépendance contre l’Empire ? Alors… ‘Good luck, Mister President !’
“Il arrivera dans l’avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle, des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. » Il sera le juge des nations, l’arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre. Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur ». (Isaïe II, 2-5)