Qu’elle est la portée exacte des actuels remous politico-médiatiques autour du fils cadet du Roi des Belges ? Sont-ils la preuve que la monarchie constitutionnelle est un système suranné ? La plupart des démocrates se sentent républicains quand ils vivent en république et monarchistes quand ils habitent un royaume. Autant dire que la différence entre les deux régimes constitutionnels est vécue paisiblement par la majorité de nos concitoyens. Ceci étant dit, le choix entre les deux systèmes – monarchie constitutionnelle ou république – n’est pas totalement anodin. La monarchie place l’attachement émotionnel à une famille au sommet de l’Etat, là où la république privilégie l’arithmétique électorale et donc le domaine de la raison.
Selon moi, les deux archétypes de ces régimes sont, d’une part la monarchie britannique et de l’autre, la république américaine. Au Royaume-Uni, toute la pompe officielle va à la famille royale, qui pourtant n’exerce pas la moindre once de pouvoir politique. Son rayonnement est du domaine de l’émotion. Le mariage de William et Kate sera un peu celui de tant d’autres jeunes britanniques qui osent, aujourd’hui encore, l’aventure du couple; tout comme le douloureux divorce de Charles et Diana fut vécu comme la vitrine publique du naufrage de tant d’autres mariages. Par équilibre, le vrai pouvoir politique britannique est – quant à lui – rabaissé symboliquement : la demeure du premier-ministre ressemble à une vulgaire maison de notaire et le chef du gouvernement n’a même pas le droit de s’asseoir quand le souverain fait son discours au parlement. Tout autre est la situation aux Etats-Unis : la sobre rationalité électorale joue jusqu’au sommet de l’Etat. Les élections présidentielles sont très dures, mais désignent un vrai « chef ». Ce dernier n’a d’ailleurs droit qu’à deux mandats, afin d’éviter toute forme de « dictature à vie ». Le chef est reconnu par tous, mais reste l’homme d’un seul camp : demandez à de nombreux républicains ce qu’ils pensent de leur président démocrate et vous aurez souvent la même réponse que celle de nombreux démocrates, alors que le président était républicain…
Bref, choisir entre la monarchie constitutionnelle et la république, c’est un peu comme choisir entre le monde de Tintin et celui de Largo Winch. Tintin, c’est « la ligne claire » : un dessin simple et des personnages typés. Tout lecteur sait bien que l’histoire contée n’est pas « réaliste » et pourtant il se dégage de l’ensemble une émotion qui fait toucher au « plus-que-réel ». Il en va de même en monarchie : tout le monde sait bien que les Windsor ou les Saxe-Cobourg sont des gens comme les autres, mais le principe monarchique investit une dynastie du poids émotionnel de représenter toute une nation. La république, elle, c’est plutôt le monde de Largo Winch : un univers réaliste qui se calque froidement sur la réalité telle qu’elle est. De même, la république reproduit l’arène politique jusqu’au plus haut sommets de l’Etat. Un des deux systèmes est-il supérieur à l’autre? Tout est une question de choix et de préférence subjective… Quand le couple impérial japonais s’incline devant les victimes du Tsunami, chacun sent bien confusément que c’est tout le Japon qui s’agenouille devant la détresse de ses concitoyens. Essayez donc de symboliser cela avec autant de force en république. Je vous donne à parier une boîte de biscuit « choco-prince de Beukelaer » que vous n’y arriverez pas. Ceci étant dit, comme tout système, la monarchie constitutionnelle a son talon d’Achille : un président peut tomber sans que le pays vacille, mais quand c’est la famille royale qui est mise en cause, la crise de régime n’est jamais loin. On n’en est pas là avec l’actualité du jour, mais ceci explique qu’une affaire politiquement mineure, prenne soudainement une telle place sur la scène politico-médiatique. Parce qu’ils touchent à l’émotion, les symboles sont puissants mais aussi explosifs. Voilà pourquoi je porte la famille royale de mon pays dans la prière, tout comme je prie pour nos politiciens. Les premiers sont là par naissance et les second par choix du peuple. Mais tous sont au service du bien commun.
Merci au Prince de Lu ! une Lecture Utile et une opinion pleine de Noblesse ce petit Beuckelaer… ;-)
Bonjour Eric,
Merci pour ces mots justes et réconfortants dans ce monde de bruts et de bruands. Ce monde me fait piété car c’est toujours l’Argent, le Pouvoir et anéantissement d’autrui, de l’humain qui règne en maître…. Ce monde est vide de sens. Alors que la Créature, elle, elle est belle, radieuse, magnifique et merveilleuse…
Je prie notre Seigneur Dieu de nous aider à changer la face de la Terre pour un monde plus juste et humain…
Bien à toi, Louis.
Merci, cher Eric, de nous rappeler les origines des choses, et surtout de nous suggérer de partager ta prière pour tous!
Une belle « parabole des temps modernes » que cette comparaison entre Tintin et Largo Winch.
Cette analyse m’a vraiment intéressé, et j’y souscris !
Vous avez très bien résumé les problèmes actuels et surtout les grands défis de notre très sainte Mère l’Eglise en ce début de 3 ème millénaire. Merci et a bientôt j’espère.
bruno Jeulin +
Cher Eric,
Tout d’abord je remercie la maman du prince des petits Lu de m’avoir fait connaître ton blog. Il est manifestement très actif.
Concernant cet article, j’enregistre la portée de ton débat mais ne faut-il pas plutot s’attarder sur la personnalité pour le moins rebelle du prince que je ne connais pas personnellement mais dont les multiples péripéties ne laissent personne indifférent. Bien que royaliste, je pense qu’il serait plus sain que les membres de la famille royale exercent une profession et défendent leurs valeurs à travers leur travail et leur implication. On n’a pas fini d’en reparler … Tanguy