Ce blog a entamé à plus d’une reprise le dialogue avec la fédération « Les Scouts » et son président, Jérôme Walmag. Pareil dialogue a été fructueux et a permis de mieux comprendre la position des « Scouts » par rapport au christianisme.
Je salue aussi la réponse que Jérôme Walmag fit lors d’un récent JT. Interviewé à l’occasion du centenaire de sa fédération, le journaliste lui demanda si la modernité du scoutisme venait de sa rupture avec le catholicisme (gros cliché !). Jérôme Walmag répondit avec justesse que le repositionnement des Scouts ne signifiait pas que ceux-ci renonçaient à la spiritualité, mais que c’étaient aux unités d’en déterminer les modalités.
Il est pourtant un sujet qui – à mon incompréhension – semble immuable chez « les Scouts » et cela depuis des décennies : l’affirmation que les Scouts d’Europe ne seraient pas… scouts. Jérôme Walmag le répéta encore dans une récente interview (20 avril) à La Libre.
La fédération des Scouts d’Europe lui répond dans une lettre ouverte (envoyée à La Libre) que je publie ci-dessous – car elle vaut la peine d’être lue. Je salue surtout la post-scriptum des scouts musulmans. Dans une société où beaucoup confondent foi musulmane et fondamentalisme islamiste – il s’agit d’une rafraîchissante mise au point.
J’ai été scout dans les deux fédérations. Mon souhait en publiant la présente lettre ouverte n’est pas de relancer une polémique, mais bien d’encourager le dialogue et la découverte de l’autre… sur le terrain – pédagogie scoute oblige.
Lettre ouverte des « pseudo-scouts » d’Europe à Jérôme Walmag, président des « Scouts »
Cher Jérôme Walmag,
Imaginons un instant que le Pape déclare : «selon les critères du Vatican ; qui est seul habilité et légitimé à juger ce qui est chrétien ou pas – puisque Pierre a été institué Pape par Jésus-Christ, les protestants ne sont pas chrétiens mais en utilisent les méthodes sans en partager les objectifs». Chacun s’imagine aisément les cris indignés de toute l’opinion publique, qui jugerait pareille déclaration – à juste titre – parfaitement injuste et totalement irrespectueuse de la réalité du terrain. Or, ce 20 avril, vous déclarez à La Libre : «Selon la définition de notre Organisation mondiale qui est la seule habilitée et légitimée à juger ce qui est scout ou pas – puisqu’elle a été créée par Baden-Powell – les Scouts d’Europe ne font pas du scoutisme mais en utilisent les méthodes sans en partager les objectifs ». Dites-nous, comment sommes-nous censés réagir ? D’autant plus que l’organisation mondiale ne reconnaît qu’une seule association par pays, dont vous faites partie et dont vous nous avez toujours tenu écarté. C’est donc vous qui avez en main les moyens de faire cesser cette discrimination.
Vous ajoutez, en outre : «C’est un club de chrétiens incapables d’accueillir des unités musulmanes dans leur structure, même s’ils en prônent la création» Euh… oui, nous sommes chrétiens. Sans fausse honte. En cela, nous nous voulons les disciples du chanoine Cornette et du père Sevin. Ce dernier fonda le scoutisme français… à Mouscron. Ce jésuite choisit comme emblème la croix de Jérusalem, symbole de l’universalité de la Rédemption, avec la fleur de lys du scoutisme anglais. Bientôt béatifié, l’auteur du «cantique des patrouilles» présentait comme essentiel l’intégration de ce scoutisme catholique dans l’Eglise, et son enracinement dans l’Evangile par la Loi, la Promesse, et la façon de mettre les scouts non pas en relation avec des idées, mais avec un Jésus vivant. Cet aspect lui paraissait indispensable pour donner au scoutisme toute sa dimension. De ce «club chrétien», Baden-Powell dira lui-même : «La meilleure réalisation de ma pensée est ce qu’a fait un religieux français» et qu’il « n’y a pas de scoutisme sans Dieu ».
Quant aux unités musulmanes, vous savez fort bien que nous avons contribué à en créer en Belgique. Et nous continuons à les aider dans leur développement. Ainsi, leurs animateurs se forment dans nos camps de formation avec nos «chrétiens» en pleine fraternité, mais sans confusion. Certains d’entre eux sont d’ailleurs signataires de ce billet et ils savent fort bien que si nous ne pouvons les accueillir dans notre structure qui est chrétienne, ils pourront toujours compter sur notre fraternelle aide scoute.
Qui peut prétendre avoir le droit de labeliser ce qui est scout ou pas ? Ce n’est pas une marque déposée. Pour nous, toute fille, tout garçon qui suit les principes de Baden-Powell et s’efforce de les appliquer « pour servir de son mieux » est en droit de porter le nom de guide ou scout… et digne de l’être.
Cher Jérôme, vous ne nous reconnaissez pas comme scouts, mais la réciproque n’est pas vraie. Pour nous, vous êtes un frère scout. Et c’est au nom de la fraternité scoute que nous vous invitons, à nouveau, à nous rencontrer sur le terrain. Pour une fois, venez et alors, vous pourrez parler en connaissance de cause et non à partir de formules incantatoires et rigides – si peu conformes à… l’esprit scout.
Les commissaires généraux des guides et scouts d’Europe, le président de l’ASBL Guides et Scouts d’Europe, Bénédicte Jones – de Ville de Goyet, Jean-Pierre Troussart, Abbé Pierre François, Abel-Illah Esdar, Ouedan Mourad et Houry Khalid
Cher Jérôme Walmag,
Nous sommes aujourd’hui plusieurs musulmans à pouvoir témoigner de cette fraternité (voyez ainsi le dialogue christiano-musulman dans le cadre du scoutisme, initié par les GSEB)
Nous n’avons jamais demandé à faire partie des GSEB et nullement ressenti le besoin de le faire car pleinement conscient que c’est en respectant, chacun, notre enracinement identitaire, que nous pourrons les uns et les autres aller puiser dans nos valeurs respectives nous portant vers l’autre. Ainsi en tant que musulman, je suis porté vers mon frère chrétien parce que je respecte sa foi et crois fermement en sa capacité à être homme de bien.
Ainsi nous avons été accueillis par nos frères chrétiens qui nous font également confiance.
On ne peut pas réduire cette question aux statuts d’une fédération.
Abdel-Illah Esdar (Membre fondateur de l’Association Fraternité et Scoutisme), Houry Khalid (ASBL Cens Acasemy), El Bakkali Cinane (Unité scoute El Hilma) et Mourad Ouedan
« Spiritualité » chez « Les Scouts » ? Evanescente… Tendance « New Age » : tout et rien (dans tout)… »Dialogue » fraternel dans l’esprit et la tradition scoute ? On peut rêver… Les convoyeurs attendent…
Euh, JP Destrebecq, je ne comprends pas votre message ésotérique.
A mon sens, plusieurs idées se dégagent de cette « polémique » :
– Le terme scout n’est pas (encore) une marque déposée ; tout jeune qui décide d’appliquer de de vivre selon les principes du scoutisme de BP afin de les vivre et de « servir de son mieux », d’être au service des communautés, a le droit d’être appelé scout (ou guide) !
– Concernant la spiritualité dans le scoutisme, chaque fédération est en droit de fixer ses règles en son sein. Tout jeune qui veut s’y affilier le fera en toute connaissance cause. Supprimer la référence à Dieu n’est pas supprimer Dieu, dit-on ! Soit, mais alors si chacun est évidemment en droit de vivre sa religion, comment concilier tout cela au sein d’une même unité (meute, troupe, clan)? Quels outils « spirituels » leur donner ?
– J’ai lu quelque part et il y a peu que le scoutisme n’a pas à être pas un lieu d’évangélisation ; et pourquoi pas ? Pour un croyant, quelque soit sa religion, l’enseignement spirituel fait partie de son quotidien, à la maison comme à l’école et dans le scoutisme !
– Je lis aussi « le scoutisme est ouvert à tous sans distinction de race ni de religion » … le scoutisme dans sa dimension la plus vaste bien sûr. Si nous, les scouts d’Europe n’avons pas d’unités musulmanes en notre sien, et ce par respect pour nos textes fondamentaux, cela ne veut pas dire pour autant que nous les les accueillons pas dans nos camps de formation, ni de refuser de les aider pour des activités plus techniques; nous le faisons depuis plusieurs années …mais sans publicité, en frères de prière et en frère scouts !
– Quand à se dire que cela va augmenter nos effectifs, il faut bien se rendre compte qu’à la différence du français, le belge est très attaché à ses institutions, plus à la forme qu’au fond ; pour lui, changer de crèmerie est un acte presque « contre nature » !
– Pour terminer, je dirais qu’il faut à tout prix éviter de se positionner en « donneur de leçon » en disant : « ‘notre choix est bon, donc le vôtre ne l’est pas ». Encore une fois, chacun est libre de ses enseignements, c’est la diversité qui fait la richesse et non la banalisation !
J’ai fait partie pendant de très nombreuses années de la FSC (ex) à différents niveaux et j’en suis fier. Mais je n’accepte pas la position de J. Walmag qui « décide » unilatéralement que les Scouts d’Europe ne sont pas des scouts. Je suis tout à fait d’accord avec Eric de Beaukelaer ainsi qu’avec la lettre ouverte de la direction des Scouts d’Europe et de Jean-Pierre Troussart. En tant que membre de la FSC(ex), lorsque j’en étais, j’ai eu l’occasion de rencontrer les Scouts d’Europe et j’ai été édifié par l’esprit de fraternité qui y règne et la façon dont ils vivent le scoutisme de Baden Powell. J’y ai retrouvé ce que j’avais vécu avec enthousiasme durant des années à la FSC. Mais par des membres actuels de l’ex FSC j’ai entendu parfois traiter avec moquerie ce scoutisme que j’ai vécu, étant » le scoutisme de papa » et cherchant à le ridiculiser. Les dizaine de milliers de chics types qu’a formé ce « scoutisme de papa » ne seraient -ils selon les moqueurs, qu’une bande de demeurés ?
Emile Mercy
Bonjour Emile,
Je vois que la polémique n’est toujours pas close !
Habitant dans les Ardennes, j’ai l’occasion tous les jours d’été de voir des « unités scoutes » new Age » dont la particularité principale lorsqu’on les rencontre au Colruyt est une fourniture abondante de tartine liquide d’une marque bien connue.
Je te remets mon meilleurs souvenir
Coq
RS-WB