Le Soir pp.6&7 : « Islamisation des jeunes : l’intégrisme l’emporte »

Un intéressant dossier est à lire en pp.6&7 du quotidien bruxellois « le Soir » de ce lundi 19 septembre, sous la plume de Ricardo Gutierrez. Il commente une thèse de doctorat de l’ULB, qui démontre que – parmi les jeunes musulmans de Bruxelles – ont le vent en poupe les prédicateurs Néosalafistes (tendance saoudienne : interprétation littérale du Coran) et Fréristes (les frères musulmans prônent une citoyenneté moderne fondée sur l’islam, mais avec une lecture interprétative du Coran), ainsi que les féministes musulmanes.

Mon commentaire est double :

  • Le croyant que je suis, ne peut que comprendre et approuver que des jeunes cherchent à donner un sens à leur vie, à partir de sa dimension spirituelle. Cela vaut tout de même mieux – et est autrement plus durable – que de baser toute son existence sur le cours de la bourse.
  • Sans dramatiser – car la jeunesse est souvent excessive dans sa recherche de repères identitaires –  le démocrate que je suis, invite nos élus politiques – surtout ceux qui sont de souches musulmanes – à la vigilance et à l’éducation de la jeunesse. A cet égard, je rappelle mon propos, tenu le samedi 13 novembre 2010, au cours d’un colloque qui se tint à l’ULB. Je le résume comme suit : en démocratie, il y a une « ligne rouge » à ne pas dépasser et cette frontière doit être clairement établie dans tous les esprits. Le texte de mon intervention se trouve ci-dessous et est repris dans mon récent ouvrage : « Credo politique » (éditions Fidélité/Avant-Propos) :

 

Islam et démocratie : un regard de théologien à partir de l’expérience catholique.

 

Angle d’approche
« Le jour où l’Islam sera majoritaire, appliquera-t-on la Sharia dans les rues de Bruxelles ? » C’est la question qui fâche. Combien de fois ne l’ai-je pas entendue dans la bouche de concitoyens inquiets, qui n’étaient nullement islamophobes. A tort ou à raison, l’Islam apparaît à de nombreux observateurs comme une pensée globalisante – une pensée qui s’adapte à la modernité et à l’économie de marché, mais qui ne serait pas soluble dans le pluralisme. L’Islam serait une religion dont le projet intrinsèque serait politique : l’aboutissement de la foi musulmane serait l’établissement d’une société régie selon les principes coraniques. « Tu verras », me disent ces voix, « tant qu’ils sont minoritaires, les musulmans se plient à notre tradition politique, mais le jour où ils deviendront majoritaires, les non-musulmans seront réduits en dhimmitude ».
Je souhaite ici étudier succinctement cet enjeu du point de vue théologique. La question que je pose est : Quels critères théologiques rendent possible qu’une religion adopte la démocratie comme projet politique – un projet qui inclut pleinement la notion de liberté religieuse? Je ne m’occuperai donc pas ici des critères sociopolitiques permettant l’intégration d’une population immigrée : accès à l’éducation et émergence d’une classe moyenne, etc. Je ne parlerai pas, non plus, de la question des « accommodements raisonnables » qu’une société doit ou non faire pour faciliter l’intégration des adeptes d’une religion. Je ne traiterai pas plus de la difficulté psychologique avec laquelle est confronté celui qui possède une double racine nationale : le fils d’un immigré originaire de Rabat se sentira-t-il plus Belge ou Marocain ? Je rappelle simplement que le dilemme de la double racine n’est pas propre à nos concitoyens musulmans. Je connais dans ma bonne ville de Liège des petits-fils d’immigrants italiens qui, quand la Belgique rencontré l’Italie dans un match de foot, ne se privent pas de crier dans les rues de la cité ardente : « Viva Azzuri ! » La question du sentiment de double appartenance nationale n’est donc pas avant tout liée à la religion. Enfin, mon propos ne traite pas davantage de la légitime influence exercée par une population dominante sur la société. Ainsi en 1830, 98% de la population belge était catholique. Le poids du catholicisme était donc tout naturellement important dans le pays, mais jamais celui-ci ne devint religion d’état. Dans un même ordre d’idée, si en 2030 les croyants de religion musulmane forment une majorité à Bruxelles, il serait naturel que ceci influe la vie de la capitale. A condition toutefois que cela ne fasse pas du Coran la nouvelle constitution de la région bruxelloise.

Evolution catholique
« Charité bien ordonnée commence par soi-même »… Pour illustrer mon propos, je voudrais partir du Catholicisme. En un siècle le regard que la religion à laquelle j’appartiens a posé sur le pluralisme politique a fondamentalement évolué.
En 1864, le pape Pie IX énumère encore dans un texte officiel – nommé « le Syllabus » – 80 erreurs de notre temps. Il y condamne une série de contre-vérités concernant notamment la démocratie, la liberté de religion, la séparation de l’Église et de l’État, le rationalisme, le socialisme etc. Ainsi trouve-t-on dans le syllabus parmi les propositions condamnées, la thèse suivante : « A notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’État, à l’exclusion de tous les autres cultes. Aussi c’est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s’y rendent y jouissent de l’exercice public de leurs cultes particuliers » (propositions 77-78).
Le raisonnement sous-jacent au Syllabus était encore le suivant : la religion chrétienne est porteuse de vérité. Or, il est dans l’intérêt de tous les hommes de découvrir la vérité. Donc, dans un état dont la population est à majorité catholique, seul le catholicisme doit être promu par les instances publiques et recevoir en conséquence le statut de religion d’état. Les autres religions ou convictions politiques seront tolérées, à condition de ne pas chercher à se propager. Même si la portée de ce texte fut fort adoucie par l’interprétation qu’en firent la plupart des évêques de par le monde qui trouvaient déjà à l’époque son contenu dépassé, la position que le Syllabus défend était à peu près celle qu’on retrouve aujourd’hui dans un régime islamique. Ici aussi, le point de vue défendu est que le Coran révèle à l’homme sa vérité la plus profonde et que – dans une société à dominante musulmane – la Sharia doit donc s’appliquer. Les autres religions sont tolérées à condition de ne pas être prosélyte.
En 1965, soit un siècle et un an plus tard, le pape Paul VI promulgue la déclaration du concile Vatican II sur la liberté religieuse. Fruit d’une lente évolution de la pensée théologique « Dignitatis humanae » défend une position bien différente en matière de pluralisme politique : « Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même. Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil ». (Dignitatis humanae n°2)
Qu’est-ce qui a permis l’évolution qui donne à l’Eglise catholique de décréter aujourd’hui que la liberté religieuse et le pluralisme politique sont non seulement légitimes, mais en plus nécessaires ? Il s’agit d’une prise de conscience « théologique » que 14 siècles de religion d’état avaient fait perdre de vue : le fait qu’une vérité spirituelle ne peut jamais s’imposer par la contrainte. Il est normal et naturel que pour un croyant la religion se veuille la principale boussole de son existence. Cependant, il s’agit également de rappeler que cette boussole perd le nord dès qu’elle s’exerce sous la contrainte. La laïcité politique, ou séparation entre religions et Etat, trouve ici sa justification théologique: dans l’espace public chaque citoyen doit jouir d’une totale liberté de conscience, afin de pouvoir authentiquement chercher la vérité spirituelle qui donnera sens à sa vie. Toute alliance entre le sabre et le goupillon, non seulement dévoie la politique mais, en outre, pervertit la religion.

Religions et libre-examen dans l’espace public
Cela revient-il à dire que dans un état de droit les convictions religieuses sont à reléguer dans le domaine de la vie privée ? Je me suis toujours opposé à cette façon de voir, car elle me semble philosophiquement erronée. Il est au contraire normal et sain que les convictions profondes d’un homme influent sur sa vie de citoyen et son engagement politique. Personne ne songe à demander à un libre-exaministe de ne pas appliquer le libre-examen dans son action politique. De même, il serait vain de demander à un catholique de ne pas faire de la politique en catholique, ou à un musulman à ne pas faire de la politique en musulman. Une démocratie saine ne se construit pas sur le gris de l’absence de convictions philosophiques, mais sur un patchwork de couleurs convictionelles différentes.
Les religions et convictions n’appartiennent pas au domaine du privé, mais à celui de l’intériorité : C’est par un acte de foi porté par une expérience religieuse qu’un homme se reconnaît chrétien ou musulman. Cela fait partie de son intériorité. De même, c’est par une foi en la raison qui se suffit à elle-même, porté par une conviction philosophique, que l’on devient libre-exaministe. Cela aussi, fait partie de l’intériorité. Au nom de la liberté religieuse, tout homme a droit au libre choix de son intériorité. Pareil choix repose sur une expérience « intérieure » – expérience dès lors toujours quelque peu incommunicable. En effet, personne ne peut prouver pourquoi il croit en Dieu ou pourquoi il n’y croit pas.
La démarche spirituelle diffère de celle qui prévaut dans l’espace public ou cohabitent des citoyens de toutes convictions. « L’homme est un animal politique », enseignait Aristote, « parce que l’homme est un animal qui parle ». La vie politique se fonde sur le langage, qui implique l’échange de communication. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le cœur de la démocratie s’appelle un « parlement ». Or, se parler n’est possible que si l’on possède un langage commun. Comme les convictions religieuses et philosophiques sont de l’ordre de l’intériorité – et donc du domaine de ce qui toujours quelque part incommunicable –  celles-ci ne peuvent servir de langage commun pour fonder une société laïque. L’apport majeur des Lumières à notre civilisation est d’avoir rappelé que le seul langage capable de fonder une démocratie, est le langage de la raison. Non pas la raison procédurale, qui se borne de constater que les formes ont été respectées dans la prise de décision, mais la raison intelligente qui cherche à comprendre ce que l’autre me dit afin de lui répondre. Sa grammaire logique et sa visée critique font en sorte que seul ce type de raison permet à des personnes de convictions différentes d’écouter l’autre sans a priori en vue d’arriver avec lui à prendre une décision politique commune en vue du bien de la cité.
Voilà pourquoi en démocratie – même si tous les citoyens partagent la même conviction religieuse – aucune révélation ne peut servir de « base constitutionnelle » à l’Etat. En effet, dans ce cas-là il y aurait deux catégories de citoyens : ceux qui adhèrent à la religion officielle et qui seraient citoyens à part entière et ceux qui n’y adhèrent pas et qui deviendraient, de par ce fait, des citoyens de seconde catégorie. Autrement dit, même si demain Bruxelles devient à 99% catholique ou musulmane, il n’y aurait de démocratie véritable que si le pourcent de non-catholiques ou de non-musulmans jouit des mêmes droits politiques que tous les autres citoyens. L’enjeu se vérifie dans des questions bien concrètes qui ont trait à la liberté religieuse : le droit de sortie et le droit de faire entrer. Dans un état de droit, chaque citoyen doit pouvoir apostasier sa foi sans être inquiété politiquement et doit  être en droit de – non seulement célébrer publiquement sa religion – mais également de pratiquer un prosélytisme paisible visant à faire de nouveaux adeptes.

Islam et démocratie
Une prise de conscience théologique permit à l’Eglise catholique de se réconcilier avec la laïcité politique au cours des XIXe et XXe siècles, au point d’en devenir aujourd’hui un fervent avocat. Il s’agit de savoir où la théologie musulmane se situe sur ce chemin. La question se pose avec une acuité particulière à l’heure où, après l’échec de la mouvance nationaliste et socialisante qui avait dominé les nations arabes au cours de la guerre froide, un certain « réveil de l’Islam » prône une conception moderne mais globalisante de la religion. De plus, pour l’Islam les données du problème diffèrent en deux points par rapport au christianisme. Premièrement, la révélation divine n’y est pas concentrée dans une personne – comme le Christ pour les chrétiens – mais bien dans un écrit, le Coran. Secondement, là où le christianisme se veut une religion de la grâce – l’homme ne naît pas chrétien, mais le devient pas le baptême et la foi – l’Islam se présente davantage comme la religion naturelle de l’humanité : tout homme naît musulman, mais nombre d’entre eux perdent cet héritage par des conditionnements socio-historiques.
L’option est donc la suivante : Soit le théologien musulman considère que, puisque le Coran et les enseignements du Prophète présentent le projet de Dieu sur l’homme mais aussi sur la société, leurs prescrits se doivent d’être appliqués « en direct » à toute société où la foi musulmane est majoritaire. Dans ce cas, nous retrouvons une théologie comparable à celle du Syllabus de Pie IX, une théologie qui prêche l’alliance du sabre et du croissant. C’est ce que l’on nomme le courant islamiste. Soit le théologien musulman considère que le Coran – comme parole de Dieu – est la source première d’où découlent les principes éthiques dont vivent les croyants, mais que ceci ne dispense pas de respecter l’autonomie d’un espace politique laïque – un espace où domine la raison. Dans ce cas, l’Islam peut se marier avec la démocratie avec le même bonheur que le christianisme. Cette dernière option est défendue par des théologiens comme Fazlur Rhaman, qui écrivait : « Les prescrits du Coran ne peuvent être appliqués littéralement dans le contexte d’aujourd’hui, car ceci aurait pour effet de pervertir le but même du Coran ». (The Impact of Modernity on Islam, p.127, Journal of Islamic Studies, vol.5 n°2, Juin 1966, pp.112-118).
Le courant démocratique en Islam est-il aujourd’hui aussi minorisé que d’aucuns le prétendent ? Je ne suis pas assez expert pour répondre, mais je peux comprendre la difficulté : adopter le projet démocratique implique de revenir sur une longue tradition de pensée théologique fondée sur la religion d’état. Rompre avec pareille tradition doctrinale séculaire exige une profonde remise en question de l’Islam, comme ce fut le cas pour le Catholicisme au cours des XIXe et XXe siècles. La réalité du terrain démontre pourtant que la plupart de nos concitoyens de religion musulmane sont de paisibles démocrates. Dans un pays comme les Philippines, il existe même un parti politique nommé « les démocrates chrétiens et musulmans ». Pourquoi pas ? Je rappelle que deux questions servent de « test » pour vérifier la compatibilité démocratique  d’une religion : l’apostasie et le prosélytisme. Un Islam démocratique enseignera haut et fort que, dans le Coran, aucun châtiment terrestre n’est envisagé contre ceux qui apostasient ou changent de religion, pas plus qu’envers les non-musulmans qui annoncent librement leur foi. Que les avertissements du Coran ne relèvent que du domaine spirituel et de la vie dans l’au-delà. Seul pareil enseignement rend la théologie musulmane compatible avec l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme sur la liberté religieuse : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ». Mieux encore, seule cette voie me semble concilier la démarche du croyant musulman avec le prescrit du verset 256 de la Sourate 2 (La vache, Al-Baqarah) : « Nulle contrainte en religion » !

 

 

 

Messe télévisée (Eurovision) – 18 septembre 2011

Eglise Saint-François, Louvain-la-Neuve – 25° dimanche dans l’Année A

« Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » « Parce que personne ne nous a embauchés » (Mt 20, 1-16)

Les dictons reflètent la sagesse populaire. Mais cette sagesse n’est pas forcément celle de l’Evangile. Ainsi le dicton : « Il faut bien gagner son paradis ». Comprenez : « A force de bonnes actions, nous finirons bien par obtenir le ticket d’entrée pour nous assurer une bonne petite place là-haut ». Eh bien non. Voyez l’Evangile de ce dimanche – la parabole des ouvriers de la 11° heure : ceux qui ont sué toute la journée, ne reçoivent pas un meilleur salaire que ceux qui n’ont travaillé qu’une toute petite heure. Message de la parabole : Il n’y a pas de paradis à gagner. Le paradis est offert. Gratuitement. Par amour. Tout est Grâce.

« Ca, c’est un peu facile » murmure la sagesse populaire, en ajoutant : « Dans ce cas, pourquoi faire des efforts ? Pourquoi encore chercher la vertu ? Autant se laisser aller comme tous ces égoïstes ». Ma réponse est : « Si vous voulez vivre n’importe comment, allez-y. Dieu aime les pécheurs… Il ne vous aimera pas moins, mais »… – car il y a un « mais »… « Mais, ce faisant, vous condamnez votre âme à lentement étouffer. A devenir l’ombre d’elle-même ». Oui, les égoïstes ont une vie plus facile que les personnes vertueuses. Ils profitent. Mais ils ne sont pas heureux. Regardez notre monde occidental : Nous n’avons jamais eu tant de biens de consommation. Pourtant, l’homme du XXIe siècle n’est pas plus heureux que celui de l’époque du Christ. L’homme a besoin de pain pour vivre, mais l’homme ne vit pas que de pain (Matthieu 4,4).

Croyez-moi, la situation des ouvriers de la 11° heure n’est pas enviable. Evidemment, ils se sont reposés, alors que les ouvriers de la première heure se sont tués à la tâche dans la chaleur du jour. Mais ces soi-disant profiteurs, qu’ont-ils fait de leur journée ?  « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » leur demande le maître de la vigne. « Parce que personne ne nous a embauchés », soupirent-ils. Ils ont perdu leur journée. Les égoïstes perdent leur vie à se centrer sur eux-mêmes. Leur âme étouffe. Et cela est pathétique.

Alors, oui. Heureux les artisans de la vigne de la première heure. Ceux qui triment sous la chaleur du soleil. Ils ne le font pas pour gagner un meilleur salaire. C’est le même salaire pour tous. Ils ne le font pas pour « gagner leur paradis ». Le paradis est gratuit. Ils le font parce qu’ils sont heureux d’œuvrer à la vigne, afin que celle-ci porte du fruit. Leur seul salaire, est d’entendre la voix du maître leur dire, le soir tombé : « Toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; mais il faut se réjouir » (Luc 15, 31-32) pour ces ouvriers de la 11°heure qui ont – eux aussi – enfin trouvé le chemin de la vraie vie.

Si les parents aiment leur enfant – que celui-ci leur obéisse ou pas – combien plus le Père céleste nous aime-t-il inconditionnellement ? « C’est un peu facile » ? Non, c’est ce qu’il y a de plus exigeant : vivre – non pas en comptabilisant ses mérites – mais par pur amour. Souvenons-nous d’une des dernières paroles du Christ à ses disciples : « Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres »… Mais Seigneur, aimer comment ? « Inconditionnellement ».  Mais Seigneur, aimer dans quelle mesure ? « Sans mesure ». « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». (Jean 15,12) Un peu facile ? Non, c’est ce qu’il y a de plus exigeant. Trop exigeant ? Oui, pour l’homme seul. Mais à celui qui le prie, Dieu envoie un « coach » : Son Esprit. Et l’Esprit enseigne comment aimer comme le Christ –  car telle est notre vocation de baptisés. Amen.

Quelles nouvelles destinées pour des églises désaffectées? (RTBF radio Première)

Emission radio du vendredi 16 septembre « le Forum de Midi » (RTBF radio Première, animé par Fabienne VANDE MEERSSCHE) : réécouter sur http://www.rtbf.be/lapremiere/emission_le-forum-de-midi?id=2202

Eglises transformées en boîtes de nuit, en hôtels ou en théâtres… Des lieux de culte désaffectés connaissent en effet, ici et là, de nouvelles destinées. Faut-il restaurer, désacraliser et réaffecter les églises classées pour en faire des logements en Wallonie ? L’idée circule… On en parle ensemble dans le Forum de Midi.

Nos invités:
* Abbé Eric DE BEUKELAER, doyen à Liège
http://ericdebeukelaer.be/
* Freddy JORIS, administrateur général de l’Institut du Patrimoine wallon
www.institutdupatrimoine.be/
* Isabelle SIMONIS, présidente du groupe PS au Parlement wallon, bourgmestre de Flémalle
http://www.isabellesimonis.be/accueil

 

 

 

Bande de pistonnés!

(Introduction à l’évangile de dimanche prochain – Mathieu 20,1-16 –  reprise sur le feuillet paroissial « cœur de Liège » au dimanche prochain, Matthieu 20, 1-16)

Ah, l’Evangile des ouvriers de la 11° heure… Ils ont à peine travaillé une petite heure et ils reçoivent le même salaire que ceux qui se sont crevés à la tâche toute la journée. « Quelle bande de pistonnés ! » entendrait-on râler dans nos rues de Liège.
A vrai dire, je me sentais un peu comme ça dimanche dernier, lors de l’Eucharistie de remerciement de mon prédécesseur – Joseph Bodeson. Il reçut éloges et cadeaux – bien mérités après tant d’années de labeur. Et moi, qui n’avait encore rien fait… voilà que je reçois également des présents de bienvenue. Etais-je à mon tour devenu un pistonné ? Mais non. C’était une façon pour les paroissiens de l’Unité paroissiale de me dire qu’ils m’accueillaient avec joie et confiance. Il ne s’agissait pas de salaire – ni pour Joseph, ni pour moi. Il s’agissait d’un signe d’amour gratuit. On appelle cela « un cadeau ».
Il en va de même avec Dieu. Il ne paie pas de salaires. Il fait un cadeau. Gratuitement et sans compter. Le même pour celui qui bosse depuis des années, que pour celui qui vient d’arriver : son Amour infini. Et cet Amour a un nom. Il s’appelle Jésus. Avec Lui, pas de pistonnés. Que des frères.

Vriendjespolitiek !

(Inleidingtekst voor het parochieblad ‘Hart-van-Luik’ op het evangelie van volgende zondag, Matheus 20, 1-16)

We kennen allemaal het Evangelie van de arbeiders van het elfde uur. Ze hebben amper een uurtje gewerkt en krijgen evenveel geld als zij die de hele dag gezwoegd hebben. “Da’s echt vriendjespolitiek”, zouden vele Vlamingen mopperen.
Eigenlijk voelde ik me een beetje zo, vorige zondag – gedurende het afscheidsfeest van mijn voorganger als deken van het centrum van Luik. Hij kreeg lof en kadootjes. Ruim verdiend. Maar toen kreeg ik ook geschenkjes, al had ik nog niets gepresteerd. Was dat nu ook geen vriendjespolitiek? Helemaal niet. Het was een teken van vertouwen en liefde, net zoals voor mijn voorganger.
Zo gaat het ook met God. Hij betaalt geen salarissen. Hij schenkt zijn liefde. Evenveel aan de trouwe parochiaan, als aan de bekeerling van het elfde uur. En die liefde heeft een naam: Jezus. Met Hem bestaat er geen vriendjespolitiek. Alleen maar broederlijkheid.

Le président des Scouts réagit sur le blog

Il y a quelques jours, j’ai reçu un coup de téléphone de Jérôme Walmag, président des Scouts. Il m’expliqua poliment, mais avec conviction, qu’il trouvait mon post « Scout toujours… » injuste envers le mouvement. Que si la fédération des Scouts voulait s’ouvrir à d’autres religions ou chemins de vie, elle n’en renonçait pas pour autant à veiller au développement spirituel de chaque jeune. Que les unités qui souhaitaient garder une animation explicitement catholique, étaient encouragées à ce faire. Je lui ai donc suggéré d’écrire cela sur mon blog, ce qu’il fit. J’invite chacun à aller lire son texte (« Scout toujours… », 6° commentaire).

Ma réaction :
1. Tout d’abord, j’apprécie la démarche de Jérôme Walmag, lui-même catholique. Un franc débat permet toujours de clarifier bien des enjeux.
2. Ensuite, je souriais en l’écoutant me dire que – plutôt que de me baser sur un élément (la « nouvelle » loi) – j’aurais intérêt à aller relire les textes de la fédération. Cela me faisait penser à certaines discussions que j’eus par le passé avec des journalistes, leur disant qu’ils feraient mieux de lire tout le texte du Vatican, plutôt que de baser leur article sur une phrase du pape. Ici, le « méchant journaliste » c’était moi. Mais j’ai tout de même rappelé à Jérôme Walmag que, tout comme les journalistes me répondaient alors qu’ils n’avaient pas le temps de lire les encycliques, de même tout le monde ne passe pas son temps à étudier les textes de la fédération scoute. Bref, c’est à elle de communiquer haut et fort quelles sont ses priorités.
3. Je me réjouis donc d’apprendre que les Scouts continuent à prendre au sérieux le développement spirituel du jeune. J’aurais préféré retrouver cela dans le texte de la loi, mais je reconnais bien volontiers que mes conclusions étaient hâtives et que d’autres éléments peuvent souligner cela. J’invite, dès lors, la fédération des Scouts à continuer de bien communiquer sur cet enjeu. Comme je l’ai écrit : C’est son droit de se vouloir pluraliste. Je préfère cela qu’une fédération qui se dit catholique, mais qui a honte de porter ce nom. Il est néanmoins capital de souligner l’enjeu du développement spirituel dans la pédagogie scoute, pour tout jeune quelques soient ses convictions. Au XXIe siècle, il s’agit là d’un élément éducatif plus vital que jamais. Il est également important de soutenir au sein de la fédération, ces unités qui se veulent fidèles à leurs racines catholiques. Que celles-ci ne sentent pas que cela est simplement toléré, mais bien franchement encouragé. Puisque le président des Scouts m’a affirmé qu’il en était bien ainsi, je ne puis qu’applaudir sa mise au point et invite chacun à en prendre connaissance et à la diffuser.

Nine-eleven

Je me souviens qu’au soir du onze septembre 2001, une sourde angoisse s’empara de moi. Comme tant d’autres, je sentais que le monde rassurant que le parapluie américain avait offert à l’Occident – parapluie qui avait même eu raison du mur de Berlin – venait de disparaître avec les tours. Nous entrions dans le XXIe siècle et celui-ci se bâtissait sur les sables mouvants des peurs identitaires. Il faudrait aux générations à venir bien du courage pour l’affronter – à l’instar de ces pompiers de New-York.
De plus, nous étions à l’époque de l’hyper-image. Les pauvres gars bloqués dans les tours en feu ignoraient tout de ce qui leur tombait dessus, que déjà les caméras du monde entier savaient… L’image était devenue réalité. C’est pourquoi les trois mille victimes du World Trade Center sont aujourd’hui encore, plus réelles pour nous que les huit cent mille morts du Rwanda ou que tous ces cadavres silencieux de la corne de l’Afrique.

Une décennie plus tard, me viennent encore à l’esprit les paroles du prophète Jérémie (14, 17-21) : « Les larmes coulent de mes yeux nuit et jour, Et elles ne s’arrêtent pas; Car la vierge, fille de mon peuple, a été frappée d’un grand coup, D’une plaie très douloureuse. Si je vais dans les champs, voici des hommes que le glaive a percés; Si j’entre dans la ville, voici des êtres que consume la faim; Le prophète même et le prêtre parcourent le pays, Sans savoir où ils vont. As-tu donc rejeté Juda, Et ton âme a-t-elle pris Sion en horreur? Pourquoi nous frappes-tu Sans qu’il y ait pour nous de guérison? Nous espérions la paix, et il n’arrive rien d’heureux, Un temps de guérison, et voici la terreur! Éternel, nous reconnaissons notre méchanceté, l’iniquité de nos pères; Car nous avons péché contre toi. A cause de ton nom, ne méprise pas, Ne déshonore pas le trône de ta gloire! N’oublie pas, ne romps pas ton alliance avec nous! »

David Servan-Schreiber nous écrit

Cet été, je me trouvais en vacances en Normandie. Par hasard, je passai par Veulettes le lendemain des funérailles du docteur David Servan-Schreiber. L’auteur à succès d’ « Anti-cancer » venait de succomber à la maladie qu’il avait si longtemps affrontée. Par ses écrits et conférences, il avait partagé avec des milliers de personnes son combat contre le cancer et les leçons qu’il en tirait.
Ce jour-là donc, je suis monté à la petite église du village de Veulettes. Devant la tour, je trouvai une sépulture fraichement fleurie. Sur la pierre tombale, quelqu’un avait posé un lampion et celui-ci brûlait toujours. Dans l’église, un vieux monsieur jouait de l’orgue. Pas d’autres âmes qui vivent. La dépouille de l’homme dont la photo recouvrait – la veille encore – tous les journaux du pays, semblait déjà vouée à la solitude des cimetières. Au-dessus de son nom, celui de son père Jean-Jacques – une des figures politiques et journalistiques de mon adolescence. Il ne me restait plus qu’à me recueillir et à prier.

L’ultime et récent livre de David Servan-Scheiber, « On peut se dire au revoir plusieurs fois » (Robert Laffont), recèle des passages d’une profondeur touchante. Ainsi, ces lignes que ce médecin – qui se sait désormais condamné – écrit sur la mort : « Si elle est comprise comme une coupure de toutes les relations, la mort devient pour moi une vision de cauchemar : en perdant la vie, je perdrais tout lien avec mon terreau nourricier , je me retrouverais condamné  à une solitude absolue… Certes, je n’ignore pas que les trépassés sont censés ne plus rien sentir. Mais l’idée du noir désert privé d’amour me glace. Au contraire, la perspective de rejoindre l’ensemble des âmes humaines et animales dans un univers baigné de lumière, de connexion et d’amour, à tout pour me ravir ». (p.131)
Je ne pense pas que l’homme fut profondément chrétien, mais il n’en exprimait pas moins ainsi – avec ses mots et son intuition – quelque chose de l’espérance chrétienne en la « communion des saints » – soit l’union spirituelle qui unit en Dieu tous ceux qui vivent de la plénitude de son Amour. Par-delà, il annonçait même une ébauche de la foi en un Dieu relation – autrement dit, en un Dieu trinité.

Plus loin encore, David Servan-Schreiber parlait de l’œuvre de l’Esprit dans sa vie, ainsi que de la douloureuse expérience du désert spirituel, rencontrée par tant de contemplatifs : « J’ai senti également une sorte de naissance spirituelle. Moi qui étais le scientifique type, rationaliste et athée, je me suis trouvé en quelque sorte « en état de grâce ». L’épreuve m’avait rapproché de Dieu, et c’était devenu tellement crucial pour moi que quand je faisais mes exercices de méditation, je me surprenais à essayer de parler à Dieu, de communiquer avec lui. Je lui demandais de me maintenir dans cet état de grâce extraordinaire de bonheur et d’ouverture. Je le remerciais de la grâce que m’avait apportée la maladie. Et je lui promettais que je me servirais de cette lumière pour aider les autres dans la mesure de mes moyens. Cette vie devenue incandescente, je l’ai perdue. Plus tard, des mystiques m’ont révélé que c’était un phénomène assez courant : on trouve « la grâce » et on la perd. Certains consacrent le reste de leur vie à tenter de la retrouver… Je suis heureux d’avoir connu pareille merveille, même brièvement. Quand je pense à la façon dont ma vie en a été transfigurée, je souhaite que tout le monde puisse un jour connaître cette expérience… »  (pp.136-137)

Sans vouloir pour la cause « canoniser » ou « récupérer » les écrits de David Servan-Schreiber, ces passages rejoignent en bonne part l’expérience chrétienne. J’en conclus que l’Esprit continue – quoi qu’on en dise et parfois bien mystérieusement – à creuser son sillon dans le cœur de nos contemporains. « Le vent souffle où il veut » (Jean 3,8)

Cathédrale de Liège – 4 septembre 2011, 23° dimanche dans l’Année A

Homélie prononcée en la cathédrale Saint-Paul-et-saint-Lambert de Liège, à l’occasion de ma réception au sein du chapitre:

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d‘eux » (Mt 18, 15-20)

Je remercie Mgr l’Evêque pour la confiance qu’il me témoigne en me nommant chanoine du chapitre de Saint-Lambert en notre bonne ville de Liège. Je suis également reconnaissant envers Monsieur le doyen du chapitre et Messieurs les chanoines de m’accueillir en leur sein. Comme jeune prêtre, il m’arrivait – comme tant d’autres de mes confrères d’âge – de gentiment me moquer de la bienheureuse quiétude des « vénérables chanoines »… Me voilà bien attrapé. Désormais, ce seront de plus jeunes confrères qui pourront s’amuser de moi.

Et puis, je me rends compte que cette quiétude est toute relative. Que signifie qu’un prêtre soit attaché au service d’une cathédrale ? La cathédrale, c’est l’église où siège l’évêque et donc – à ce titre – c’est un peu l’église-mère de toutes les paroisses du diocèse. Là où préside l’Evêque, là tout être humain est accueilli comme un enfant de Dieu. Là aussi, chaque baptisé du diocèse est quelque part « chez lui ». C’est ainsi que je fus accueilli par mon évêque, il y a un peu plus de 20 ans dans cette cathédrale, pour y être ordonné prêtre. Mais comme l’évêque ne peut demeurer en permanence dans sa cathédrale, en son absence – c’est le chapitre des chanoines qui est le gardien de cette fonction d’accueil, afin de faire de cette maison de pierre un poumon spirituel au cœur de la cité. D’où la prière de l’Office tous les matins : car, derrière l’évêque ou les chanoines, Celui qui accueille en vérité, c’est le Christ – Lui qui a dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d‘eux ». Quand je me joindrai au chapitre pour prier l’office du matin  c’est donc le Christ qui se rendra présent au milieu de cette cathédrale…même quand moi, je ne serai peut-être pas toujours pleinement réveillé.

Ce rôle de la cathédrale a-t-il encore un sens dans une ville sécularisée comme Liège ?  Ecoutons la parole que Dieu adresse au prophète Ezéchiel et que nous avons reçue comme première lecture : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur ». En ce début de XXIe siècle, les formidables progrès de la société n’ont pas libéré nos contemporains du poids de leur conscience. Les mêmes questions angoissées qu’a l’époque d’Ezéchiel résonnent dans les cœurs : « Quel est le sens de l’existence ? Comment réussir sa vie ? Quel est le secret du bonheur ? » Pour accueillir ce questionnement, les baptisés se doivent d’être des « guetteurs », des femmes et hommes capables de saisir l’enjeu spirituel des choses, d’avertir des impasses, d’inviter à une « conversion » – c’est-à-dire à un retournement de perspective. « Si ton frère a commis un péché, va lui parler », enseigne l’Evangile de ce dimanche. C’est un des rôles tenus par les chanoines de cette cathédrale : être des guetteurs de l’évangile au milieu de la cité.

Mais attention à l’envers de la médaille. Sans l’Esprit, toute mission chrétienne se sclérose. Elle n’est plus qu’un cliché, une triste caricature. Sans l’Esprit, le « guetteur » devient vite une éternelle belle-mère, un insupportable donneur de leçons,…. Vous savez, ces braves personnes qui ont à la bouche en toute circonstance, une parole assassine du genre : « Je te l’avais bien dit… » D’où l’avertissement de saint Paul dans son épitre aux Romains, entendue lors de la deuxième lecture de ce dimanche : « Celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. (…) L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour ». Soyons donc des guetteurs de l’amour.

Apprendre à aimer – comme le Christ nous aime – vaste chantier ! Pour y parvenir, il s’agit de se mettre à l’école de l’Esprit. En ce temps de rentrée scolaire, voilà bien une école ouverte tous les jours et à tous les âges de la vie. Une école sans redoublement. Mais aussi une école où tous les baptisés restent élèves à vie. Et ceci, même – voire surtout – quand ils deviennent chanoines… Amen.

Bonne rentrée les parents

Lever les gosses, préparer les tartines, vérifier les cartables, les conduire à l’heure, leur trouver une bonne école, rencontrer l’instituteur, sécher une larme, venir les rechercher à l’heure, superviser les études, les écouter raconter leur journée, les envoyer au lit pas trop tard,…
Et le lendemain : lever les gosses, préparer les tartines, vérifier les cartables,…

Voilà une version de l’héroïsme au quotidien. Et – quand cela est vécu avec amour, voire dans la prière – de sainteté ordinaire.  Bonne rentrée les parents. Et courage.