Sans doute avez-vous déjà fait cette expérience : un automobiliste vous double et vous râlez en le traitant intérieurement d’une brochette de noms d’oiseaux. Un peu plus loin, la voiture se gare et le chauffeur en descend. Il vous aperçoit et vous fait un souriant signe de la main. Vous le reconnaissez : c’est un copain. Du coup, votre attitude change du tout au tout. Devant vous ne se trouve plus cet espèce de… (censuré) qui m’a dépassé, mais un frère humain qui me salue et que je reconnais. Ici commence la politique : le contrat social – cet acte inconscient qui permet de vivre en société – se recrée à chaque fois que je salue et reconnais un concitoyen. (D’où mon malaise face à la burqa qui ne permet pas la reconnaissance). Le populisme – lui – naît à chaque fois que je considère l’autre comme une menace. La première attitude construit la société « avec » l’autre, la seconde défend son pré fleuri « contre » l’autre.
Il y a quelques jours, je me trouvais chez un élu communal. Vers la fin du repas, il m’expliqua le plus simplement du monde qu’en Belgique les communes excluaient des adjudications publiques les entreprises qui venaient de l’autre côté de la frontière linguistique. Pas d’entrepreneurs flamands dans les communes wallonnes donc, et vice-versa. Si cela est exact, c’est sans doute une question de réalisme politique – au vu de la régionalisation de notre pays. Cependant, je pense qu’avec pareille préférence régionale s’ouvre une forme « soft » et politiquement correcte de populisme. Celui des bonnes consciences qui pointent du doigt vers les mouvements ouvertement anti-démocratiques, oubliant un peu trop vite que la Bête dort en chacun de nous. A chaque fois qu’une communauté d’hommes est perçue comme une menace plutôt que comme un voisin, le parasite du populisme se réveille en nous. Alors, sournoisement et en silence, il anesthésie toute spiritualité citoyenne et vide de sa substance le contrat social.
Il ya peu je rencontre une dame à la tête voilée au moment où je rentre la voiture au garage. Me trouvant sur le trottoir, je recule pour la laisser passer avec son enfant à la main et en sortant de la voirure, je lui dis : »Salaam Allaicum ». Elle me répond « Allaicum salaam ». Et elle me demande si je suis arabe. Je lui répond que non, que je suis chrétien, mais que cela ne m’empêche pas de lui souhaiter la paix.
Conclusion: Son visage était souriant. Elle m’a remercié. Là aussi la politique et la spiritualité citoyenne commencent. JMV
Vous avez tout à fait raison. Je suis aussi en accord avec vous sur le fait qu’un chrétien, clerc ou laïc, est un citoyen comme les autres, électeur et éligible, et donc légitimement fondé à s’impliquer dans la vie de la cité et à émettre publiquement son avis, par exemple sur un projet de loi, comme tout autre courant d’opinion. Je trouve inquiétant qu’un certain courant laïciste veuille nous confisquer la parole. A cet égard j’ai été frappée par la quasi obligation pour tous d’adherer à la Théorie du Genre en France. C’est une intrusion de l’Etat dans les consciences. Félicitations pour vos nouvelles fonctions.