Carabine, médias et populisme…

« Dutroux, je me serais acheté une carabine pour l’abattre… » C’est ainsi que le site web d’un organe de presse populaire titre sur un article paru sur mon blog… qui dit le contraire. 

Ce que j’ai écrit à propos de l’affaire Dutroux, c’est: « Il va de soi que le chrétien que je suis prône le pardon pour tous, mais… Le pardon est un chemin intérieur que chacun doit parcourir. Et parfois, cela prend du temps. Des années… Une vie… Une éternité… Pareil chemin, personne ne peut l’imposer à d’autres. Moi, je puis dire: « Je pardonne à Dutroux ». Mais si mes gosses avaient été massacrés par lui, pourrais-je le faire? Je n’en sais rien. Il est possible que, sourd à tous mes principes chrétiens, je me serais acheté une carabine pour l’abattre. Oui – le pardon est un chemin de vie. Mais c’est un rude chemin que seule la victime en souffrance peut parcourir. « 

Bref – si j’ai utilisé la formule choc de la « carabine », ce n’est pas pour en recommander l’usage… Je suis farouchement anti-peine de mort et pour le travail serein de la justice. Ce que j’ai voulu exprimer, c’est que face à une souffrance extrême, chacun de nous peut basculer. Et qu’il est donc trop facile de dire aux parents d’enfants assassinés comment ils doivent réagir ou pardonner. Ce chemin, seuls eux peuvent le parcourir.

Mais le langage médiatique aime forcer la rupture et souligner la formule choc. D’où ce titre « Dutroux, je me serais acheté une carabine pour l’abattre… ». Je connais trop la « loi des médias » pour m’en étonner ou m’en offusquer. Mais je suis aussi un démocrate trop inquiet pour ne pas réagir. 

Le but de mon texte était d’utiliser des formules chocs pour expliquer qu’entre les émotions et les convictions, il y a parfois un profond fossé. Bref, je voulais inviter à la nuance, face aux paradoxes de nos vies humaines. En réécrivant mon propos, ce média risque de me fait dire le contraire, en ramenant tout à une position linéaire: pardonner à Dutroux, ou l’abattre comme un chien? C’est inconsciemment faire le jeu du populisme. En effet, là où le populisme prône une réalité simple et linéaire, la démocratie se fait le chantre de la nuance et de la complexité.

Si, par peur de voir leurs formules fortes « réécrites », les démocrates se contentent d’utiliser un langage peu percutant, seuls les populistes se feront encore entendre dans nos médias. Outre-Atlantique  un président a bien compris cela. Faire droit aux nuances, n’est pas synonyme de devenir ennuyeux ou incompréhensible. Je fais le pari que même un média populaire peut utiliser des formules chocs, sans effacer les nuances, qui sont le propre de la vie et l’esprit de la démocratie. 

Une réflexion sur « Carabine, médias et populisme… »

  1. Il faudrait peut être que quelqu’un avertisse personnellement le journaliste people de son contre sens . Je veux bien le faire si je reçois les coordonnées .
    ( il est plus facile de défendre autrui que soi même ).

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