Je cite ici la fin de l’interview – parue dans le quotidien bruxellois « le Soir » de ce jour – d’Etienne Michel, , secrétaire-général du SeGEC (réseau scolaire libre catholique), qui remet judicieusement quelques pendules à l’heure: Un peu de bagage philosophique, apprend que « liberté-égalité-fraternité » ne sont pas des valeurs neutres, mais engagées.
Vous acceptez donc l’idée qu’une inspection de la Communauté contrôle le cours de citoyenneté dans le libre ? Le cours de religion sera l’un des lieux où on prendra en considération les éléments de citoyenneté. C’est légitime que l’autorité publique vérifie si les missions d’intérêt public sont bien exécutées. C’est d’autant plus légitime qu’elle finance ces cours. Mais il est évident que, chez nous, il n’y aura pas de cours de citoyenneté à proprement parler. Nous ne couperons pas le programme de religion en deux.
Le cours de religion est-il le lieu idéal pour faire de la citoyenneté alors qu’elle suppose une certaine neutralité ? La citoyenneté est-elle nécessairement neutre ? Bien sûr que non ! La citoyenneté renvoie toujours à des valeurs qui n’ont rien de neutre. Un exemple : le décret Missions dit qu’il faut assurer à tous les élèves les chances égales d’émancipation sociale. Il y a là une conception du rôle de l’école, à laquelle nous adhérons, mais qui n’est pas neutre – c’est un choix de société, sous-tendu par des valeurs comme celle de la solidarité. Autre exemple : la démocratie. Nos sociétés démocratiques ne reposent pas seulement sur des procédures – comme le fait d’avoir un gouvernement élu. L’idéal démocratique repose sur des valeurs, comme celle de l’égale dignité de tous les êtres humains. Ce principe n’a rien de neutre. La preuve, c’est qu’il ne se concrétise que dans certaines parties du monde – surtout celles qui ont été imprégnées de la tradition chrétienne. Dire que la citoyenneté devrait être neutre par essence, c’est courir le risque de couper la démocratie d’une partie de ses propres fondements. La démocratie repose sur des fondements pré-politiques, dont le dialogue qui a pu prévaloir en Occident entre le christianisme et la tradition des Lumières. Mais l’égale dignité des êtres humains, c’est une valeur qui n’a rien de neutre. Et j’espère que l’on voudra bien rendre à la tradition chrétienne d’avoir eu une influence dans son émergence dans nos sociétés occidentales démocratiques
Qu’est – ce que la neutralité ? Est-il possible d’être totalement neutre ? Non bien sûr !