Il y a quelque chose de commun entre la démarche du Pape et du Patriarche œcuménique rassemblant le président israélien et celui de l’autorité palestinienne pour prier pour la paix et celle de l’Imam Chalgoumi et quelques confrères musulmans venus se recueillir au musée juif de Bruxelles : Face à la violence aveugle et apparemment sans issue, la prière semble un moyen dérisoire – limite pathétique – pour rechercher la paix. Et pourtant – il s’agit de la « soft power » la plus puissante qui soit. D’une manière invisible et toute spirituelle, une prière sincère soulève les plus hautes montagnes – celles du cynisme et de l’indifférence.
Cher Eric,
Compte tenu du nombre de gens qui prient pour la paix depuis des siècles et de l’état du monde actuel, n’est-il pas légitime d’avoir des doutes sur cette force « la plus puissante qui soit »?
Cher Yves, Permets-moi de te citer les paroles d’un auteur qui ne se disait pas chrétien: « Je t’enseignerai l’amour par l’exercice de la prière », écrit Saint-Exupéry (Citadelle). Il ajoute: « Nous avons perdu l’héritage. Nous avons ainsi perdu l’homme. » Ou encore, citation mieux connue: « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’Essentiel est invisible pour les yeux » (le Petit Prince)
Yves,
Les gens prient depuis des siècles pour obtenir la paix dans ce monde. Dieu accueille nos prières mais parce qu’il nous donne le libre arbitre il ne peut intervenir. C’est à nous de construire la paix, de changer nos cœurs , de devenir meilleur afin que cela fasse boule de neige et qu’a la longue par nos petits moyens, inspirés par Dieu nous puissions enfin construire la paix de ce monde.
Je suis d’accord; la prière est ce qui nous reste quand tout a échoué ! Nous avons tous besoin de prier et les incroyants ont besoin de méditer… Rentrer en soi-même, faire silence … J’espère que l’initiative du Pape François produira quelque résultat !
Un pas après l’autre …
Faire silence, exercice simple apparemment, jusqu’au moment où on s’y essaie et réalise qu’on fait tout pour lui échapper. C’est pourtant là que se trouve la possibilité de reconnaître l’autre avec ses désirs et ses convictions, et de chercher un terrain d’entente.
Il faut sans doute chercher les bonnes conditions du silence; se mettre en retrait des bruits de la ville et de la vie … quelques jours de retraite dans une communauté monastique par exemple …
En physique, un état est la résultante de deux forces agissant en sens contraire.
Si ce principe est valable également dans la sphère de l’ampleur d’une situation conflictuelle, on peut imaginer que s’il y avait plus – ou moins – de prière pour la paix, l’ampleur de la situation conflictuelle serait différente.
C’est une image, mais je pense qu’elle cache une réalité complexe.
A ce sujet, on lit qu’un couac se serait produit.
Un écrivain égypto-allemand, Hamed Abdel-Samad, a lui aussi été stupéfié d’entendre cela, et il a écrit sur sa page Facebook : « Dans les jardins du Vatican, le clerc musulman conclut sa prière par le verset : “Qu’Allah nous aide à remporter la victoire contre les infidèles !” J’appelle ça une prière pour la paix ! »
[…] Il est inutile de se demander qui a laissé passer cet appel à la victoire contre les peuples kafir (ou koufar). Le texte des prières avait été publié en plusieurs langues, et naturellement ce verset n’y figurait pas. C’est le représentant musulman qui, au dernier moment, a ajouté ce qu’il devait ajouter pour être un bon musulman… »
Peut-être que tout le monde ne demande pas la même paix.