Etudiant à Rome, il y avait un jeune de la chorale de Rock chrétien du lycée français dont je m’occupais, qui était le fils d’un journaliste péruvien, réfugié politique. Il m’apprit un jour que son parrain était le père Gustavo Gutierrez.
A l’époque, le nom du « père de la théologie de la libération » sentait un peu le soufre, mais je ne suis pas homme à juger sans connaître.
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Quand ce jeune chercha à poursuivre des études universitaires en Belgique quelques années plus tard, je l’accueillis dans le presbytère que je partageais avec mon curé du moment. Il y avait une petite chambre de libre et, comme le curé était malade et que je m’absentais plusieurs jours par semaine pour mes études, je trouvais la solution bonne pour qu’il y ait une présence dans la maison.
Quelques temps plus tard, il demanda de recevoir le sacrement de la confirmation et me proposa de devenir son parrain de confirmation. C’est là que je reçus un coup de téléphone gracieux du parrain de baptême depuis le Pérou, qui m’exprimait sa joie devant ce cheminement.
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Plus tard, devenu recteur du séminaire de Louvain-la-Neuve, je reçus le père Gutierrez et il parla avec profondeur aux séminaristes. Il n’avait rien du guérilléro rouge. C’était même plutôt classique.
Il me dit en aparté: « je suis le premier à avoir utilisé le terme de théologie de la libération… Cela ne signifie nullement que je sois d’accord avec tout ce qui est dit, ou écrit sous ce vocable. »
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Le père Gustavo était un érudit. Je l’avais emmené à la librairie religieuse UOPC et il regardait toute cette littérature comme un enfant dans un magasin de jouet. Il acheta d’ailleurs plusieurs ouvrages qu’il n’aurait pas pu trouver au Pérou.
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RIP, cher père Gustavo.
Merci de veiller sur l’Eglise, afin que le pouvoir libérateur de l’Evangile du Christ puisse souffler sur notre terre.