« Alors, de nouveau, Il se retira tout seul, dans la montagne ». (Jean 6, 1-15)
Ce Jésus n’est vraiment pas doué en matière de marketing… Il vient de faire un coup d’éclat en multipliant les pains. Les foules raffolent et en redemandent. Mieux : elles veulent en faire leur roi. Et lui, au lieu de prendre la balle au bond, que fait-il ? Il se retire, seul, dans la montagne pour prier son Père. Ses disciples – qui n’attendaient que de le voir triompher – n’ont pas dû comprendre.
Et pourtant, si Jésus multiplie les pains, ce n’est pas pour annoncer la fin des famines. L’Evangile n’est pas une assurance de gagner au win-for-life, mais une invitation à prendre le dur chemin de la conversion. La multiplication des pains annonce que le Royaume du Père est source d’abondance spirituelle et de partage fraternel. Mais le cœur humain est lent à comprendre ce que son âme pressent. Quand passe un gourou qui annonce un bonheur aussi trompeur que facile – nous sommes séduits. Tandis que le Verbe de Dieu, que les foules voulaient couronner pour de mauvais motifs, finira couronné d’épines sous les regards amusés.
Un jour, je discutais de ce chapitre avec ma fille adolescente (15 ans environ, à l’époque) et je lui disais : tu vois, c’est merveilleux, Jésus veut que chacun ait sa juste part de nourriture…
A mon grand étonnement, elle a répondu : ce n’est pas ça du tout; cela veut juste dire que « la parole de Dieu est nourriture pour tous » ! J’en suis restée sidérée mais ce fut un grand moment …