« Sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». (Marc 9, 30-37)
Déjà dans la cour d’école, le besoin de se démarquer nous chatouille. Qui ne s’est jamais vanté que : « Mon papa a une plus grosse bagnole que le tien » ? Et tout au long de la vie, la tentation d’être au centre des attentions tenaille. Chacun rêve à sa manière d’être la reine du bal, le manager de l’année, la tête de liste politique, le médaillé d’or, etc.
La recherche d’excellence n’est pas mauvaise en soi – que du contraire. A condition de se réjouir de l’excellence du voisin. Vouloir être performant – fort bien. Ne pas accepter qu’un autre le soit tout autant, voire bien davantage – cela est problématique. Saine émulation ne rime pas avec jalousie. La jalousie est un sentiment omniprésent en l’homme. Et pourtant, peu le reconnaissent. Rare est celui qui confesse : « oui, il m’arrive d’être envieux ».
Contemplons les disciples de Jésus : « Sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Alors le Christ, prenant un enfant, leur enseigne que le plus grand est celui qui accueille les plus petits ; que le premier est celui qui prend la place du serviteur. Même parmi les baptisés, pareil enseignement n’a jamais été évident. C’est ce qu’illustre l’épître de saint Jacques : « Vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre ». (Jacques 4, 2)
Et pourtant, une petite voix nous murmure à la conscience : Jaloux, moi ? Jamais de la vie. L’autre, je ne dis pas… Mais pas moi, moi, moi…
Avec l’âge et une autre connaissance de la fatigue, sachant que je ne puis plus faire les choses de la même manière ,ni agir comme je le faisais ,ni travailler jusqu’au bout des tâches qui faisaient partie de ma vie,
Je ne peux que m’émerveiller de la vie qui à tout instant se manifeste sur notre terre : tout ensemble, la jalousie, le courage, la tristesse, l’élan, les décisions bonnes et mauvaises , la solidarité, générosité, l’égocentrisme et l’égoïsme, les catastrophes, les migrations, le commerce, les échanges, la volonté de puissance,les tromperies, le respect des contrats, l’homme amoureux, la femme qui met au monde un enfant, la femme qui allaite, tous et toutes à chaque instant sont vivants et construisent notre monde , le détruisent aussi. quelle étonnement de participer à cette grande œuvre.
Alors nous, ne faisons pas n’importe quoi, écoutons les générations qui viennent après nous, et osons leur rappeler ces paroles à l’envers , encourageons-les à choisir avec discernement la part de cette grande œuvre qui sera la leur