«Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson». (Matthieu 13, 24-43)
Quel point commun entre les trois paraboles de ce dimanche : le bon grain et de l’ivraie, la graine de moutarde et le levain dans la pâte ? Un même appel à la confiance et à la patience – comme dans la parabole du semeur de la semaine dernière.
Face à l’impatience de ses disciples qui veulent que « cela bouge et que Dieu règle leur compte aux méchants », Jésus explique que Son Père prend patience avec les hommes. Tel ce propriétaire qui laisse le bon grain et l’ivraie pousser ensemble jusqu’à la moisson. Tel ce jardinier qui sème une minuscule graine de moutarde. Il sait qu’avec du temps et de l’entretien, elle deviendra un arbre puissant. Telle cette femme qui met un peu de levain pour faire monter toute la pâte.
Dans une société qui nous habitue au « tout, tout de suite » et à l’impatience de la télécommande (dès qu’une émission TV m’embête, je « zappe » sur autre chose), l’Esprit invite à la persévérance dans nos engagements et à la patience envers nous-mêmes et les autres. Comme Dieu est patient envers chacun de nous.
En cette veille de fête nationale, prions aussi pour notre pays et ceux qui le gouvernent. Que nos hommes politiques pratiquent cette patience et persévérance en vue du bien commun.
Pourquoi nos Évêques sont si peu mobilisés à propos de la modification de la loi sur l’avortement.
En France, l’Épiscopat ainsi que Mgr Michel Aupetit se font entendre et forme un groupe de pression aidant ainsi la prise de conscience de la gravité de cette approche « progressiste »
_____________________
20 JUILLET 2020
Alors que le projet de loi de révision des lois de bioéthique arrive en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 27 juillet, la Conférence des évêques de France alerte sur la volonté d’adoption en urgence d’une loi injuste et inégalitaire. Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France explique les enjeux et les dangers du projet de loi tel qu’il est présenté par la « Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique ».
Quel monde édifions-nous ? Quelle solidarité voulons-nous ? Aussi bien pour nous que pour les générations à venir. Les crises sociales et les alertes écologiques traduisent une réelle inquiétude, tandis que la pandémie du COVID-19 a révélé notre fragilité humaine et économique. La loi de bioéthique va-t-elle augmenter le désarroi ?
Nous changeons d’époque. Il nous faut penser un nouveau progrès. Il ne se réalisera pas sans une vision commune de notre humanité et de son indispensable « fraternité ». Celle-ci exige des remises en question qui nous préservent de la toute-puissance de nos désirs et qui réajustent nos droits et nos devoirs les uns vis-à-vis des autres.
Si nos inquiétudes pour demain se cristallisent dans la crise écologique, nous assistons heureusement à une salutaire prise de conscience en vue de la préservation de la planète, notre maison commune. Il est désormais impossible de rester dans le monde ancien en ne considérant que les solutions techniques, ce qui aurait un effet dévastateur. Les consensus écologiques dessinent un autre progrès pour un monde nouveau, celui de la sobriété heureuse et du partage solidaire.
La bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition. Aujourd’hui, elle est tentée de valider les succès technologiques et le court-terme des profits du marché. Le projet de loi, dans son actuellz mouture, semble s’y enfermer sans avoir conscience que l’être humain en est blessé. Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous ! Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile !
La bioéthique aussi a besoin d’une salutaire prise de conscience ! Elle doit entendre ces alertes, dont certaines sont devenues plus vives en raison de la pandémie :
Face aux défis liés au vieillissement de concitoyens de plus en plus nombreux, quelle nouvelle et juste solidarité allons-nous édifier en faveur de nos aînés ?
Face à une conception gestionnaire des soins selon laquelle un « patient » devient parfois un « client », comment promouvoir une médecine plus humaine pour tous, soutenue par une politique de santé davantage reconnaissante envers les soignants ?
Face à la volonté de tout maîtriser par les techniques biomédicales, comment discerner en raison les vrais enjeux ? Car les menaces sont réelles : marché des tests génétiques, robotisation et intelligence artificielle sans contrôle suffisant, expérimentation sur des embryons chimères, sélection accrue des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation.
Plus que jamais, une vision audacieuse est nécessaire : grâce au « dialogue », qui est plus qu’un simple débat, développons une compréhension unifiée de la personne humaine en ses dimensions corporelle, psychique, sociale et spirituelle. Le corps n’est pas un matériau manipulable selon tout désir. Les liens humains fondamentaux ne sont pas configurables à volonté, fût-ce celle d’une majorité parlementaire.
Par sa filiation, chacun entre dans l’histoire d’autant plus serein qu’il aura été pleinement respecté dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux, dès sa conception. Comment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits ? N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre ?
De sa dignité découle la « gratuité » avec laquelle tout être humain, avec ses vulnérabilités et ses limites, est accueilli en raison de sa valeur sans prix. L’éthique ainsi fondée est capable de discerner les violences exercées sur lui et de s’y opposer. Elle résiste à la séduction des techniques nous entraînant dans les dérives de l’eugénisme.
« Fraternité » et « gratuité » permettent d’édifier la société inclusive désirée par tous : accueillir les différences et les fragilités, non comme des problèmes à éradiquer mais comme des sources d’humanité plus grande.
Voilà le chemin d’un progrès véritable et plus juste, qui conduit à ce monde nouveau ! Répondre au défi écologique, c’est inséparablement élaborer une autre bioéthique que celle de l’actuel projet de loi. Ne manquons pas ce rendez-vous grave et plein d’espérance. Sans une conscience renouvelée de l’éthique, le plus fragile sera soumis à la loi du plus fort, et le progrès escompté deviendra régression. Il en va du sens de l’histoire et de notre responsabilité collective !
Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes
Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
Père Brice de Malherbe, Département éthique biomédicale, Collège des Bernardins
Père Bruno Saintôt, Département éthique biomédicale, Centre Sèvres
forment…
A mes yeux, ce n’est un progrès que pour des cas plutôt rares (heureusement) : foetus porteur d’une maladie grave et incurable, viol d’enfants, maladie de la mère, que la grossesse pourrait aggraver … Mais surtout la loi sur l’interruption volontaire de grossesse a mis fin à des pratiques « maison » hyper dangereuses …
Cependant, pour la plupart des cas, la contraception suffit, jointe à une maîtrise de la sexualité bien comprise mais, là, on touche à un tabou : le droit de faire ce qu’on veut de son corps… Moi, je pense simplement que le droit de faire ce qu’on veut de son corps ne devrait pas inclure le « droit de subir une opération », surtout si on envisage de « soustraire » (je ne sais comment mieux le dire) un foetus de 4 mois …
Tant qu’il n’y aura pas un comportement plus « adulte » au sein de la population, il y aura des drames …