« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre ». (Luc 21, 5-19)
En cette fin d’année liturgique (dimanche prochain, c’est le « Christ-Roi », dernier dimanche de l’année liturgique), les lectures parlent de fin du monde. Mais les paroles du Christ invitent à garder la tête froide. Oui, il y aura des guerres et des catastrophes. Les choses les plus stables finiront pas s’écrouler – des empires s’écroulent et des krachs boursiers ruinent les banques. Cela ne doit pourtant pas nous presser à suivre tous les illuminés qui annoncent une fin du monde imminente : « Ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin ». Quant aux persécutions – même de la part de proches – Jésus ajoute : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.».
Oui, la vie est courte et fragile. A chaque génération ses guerres, tragédies et catastrophes. Une seule chose est durable et permanente : le Christ et Son Evangile. «C’est par votre persévérance que vous aurez la vie ».
Oui, la vie est courte et fragile. D’un jour à l’autre, la vie d’un être humain peut basculer. Aujourd’hui tout va bien, mais demain nous aurons peut-être un infarctus ou un AVC qui nous transformera en légume. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », écrit Gabriel Marcel. La mort est à mon sens la plus grande de toutes nos pauvretés. Et après? « Partir oui, mais pour quel toujours? », se demande Léautaud. « Le monde est une machine sans âme qui suit une trajectoire aveugle dans l’infini de l’espace et du temps », écrit quant à lui Bertrand Russel. Face à ces deux phrases, l’apôtre Paul nous dit: « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes ». Soit notre vie est absurde, soit elle est un mystère. Mais si elle n’est pas absurde, si notre destinée n’est pas un plongeon dans le néant, pourquoi le pape, nos évêques et nos prêtres ne nous le disent-ils plus? Pourquoi se concentrent-ils (comme ceux qui n’ont pas d’espérance) à ce qui passe au détriment de ce qui ne passe pas? J’avoue que je ne comprendrai jamais comment des hommes d’Eglise en sont arrivés à se taire face à ce qui dépasse ce monde, face à ce Dieu qui nous promet que loin d’être absurde, l’existence humaine est vouée à une éternité bienheureuse après de Lui, à une réparation de toutes les souffrances et de toutes les injustices vécues ici-bas. Silence sur l’essentiel: un silence qui finit par scandaliser ceux qui désespèrent et qui, même non-croyants, attendent en secret qu’on leur dise qu’ils retrouveront un jour ceux qu’ils ont tant aimés.
Je ne peux lire ce passage de l‘Evangile sans penser à la visite que j‘ai pu faire au Kotel (le Mur des Lamentations) en Juin 2017 en compagnie de deux de mes petits-enfants.
Pouvoir toucher de la main ce qui reste du dernier temple, voir de ses yeux les énormes blocs de pierre gisant au pied du mur, dernières traces de la destruction laissées par les Romains, mais surtout, surtout….voir ces nombreux juifs, rendre gloire à Dieu en ce lieu, c‘est merveilleux.