Ce midi en pleine ville, je lis la « une » d’un quotidien populaire, affiché à la vitrine d’une librairie du coeur de Liège. Y figure la photo du juge émérite Christian Panier, avec pour titre: « Moi, j’aurais pardonné à Marc Dutroux ». Passent par là deux « vrais Liégeois », qui lisent comme moi. Et l’un de dire à l’autre, avec l’accent du terroir: « Pardonner? Un coup de pied au c…, oui! ». Un papa de victime de Marc Dutroux a d’ailleurs réagi avec des mots durs : « Je n’ai pas de conseils à recevoir de votre part. JAMAIS je ne pardonnerai… » Et de conclure: « Je n’ai pas envie de vous croiser monsieur le Juge ! Je n’ai pas besoin de vos conseils. Laissez moi gérer ma vie et gérez la votre avec votre petit monde ! »
Nous sommes ici à la croisée entre deux mondes et deux langages. D’une part, celui de l’intellectuel résiliant, tenu par un ex-juge, que j’ai connu comme assistant en droit. Un homme pétri d’un généreux humanisme chrétien (même s’il a pris distance de l’Eglise), ce qui le fit rejoindre les rangs d’un parti de gauche radicale. De l’autre, celui du peuple en colère et qui – s’il devait se prononcer démocratiquement – voterait la peine de mort pour Marc Dutroux. Deux mondes et deux langages…
Il va de soi que le chrétien que je suis prône le pardon pour tous, mais… Le pardon est un chemin intérieur que chacun doit parcourir. Et parfois, cela prend du temps. Des années… Une vie… Une éternité… Pareil chemin, personne ne peut l’imposer à d’autres. Moi, je puis dire: « Je pardonne à Dutroux ». Mais si mes gosses avaient été massacrés par lui, pourrais-je le faire? Je n’en sais rien. Il est possible que, sourd à tous mes principes chrétiens, je me serais acheté une carabine pour l’abattre.
Oui – le pardon est un chemin de vie. Mais c’est un rude chemin que seule la victime en souffrance peut parcourir. La justice, elle, doit faire son boulot sans haine et veiller à l’exécution de la peine sans passion. Et à une réinsertion possible, une fois la peine exécutée.
J’ai du respect pour Christian Panier et pour son courageux humanisme à contre-courant. Mais jamais je ne me permettrais de dire ce que je ferais à la place des parents de ces petites victimes. Parfois, le silence est d’or. Le silence de la prière. Au pied du Crucifié.
Je ne me permet pas de commentaires.
Je suis en accord avec ce que vous écrivez et je vous remercie.
Une question: Qu’est-ce que c’est le pardon?
Merci.
libérer Marc Dutroux? et s’il recommençait ? et si la jeune fille captive mourrait de la même manière et si la jeune fille captive était ma petite fille…Que demandez-vous Monsieur Panier, que demandez-vous? pardonner n’est pas oublier, pardonner à celui qui ne demande pas pardon n’a, pour moi, pas de sens…
Entièrement d’accord avec vous, Godelieve Istas. Et je suis contente qu’Eric de Beukelaer puisse expliquer que nous ne pouvons « pardonner » sans un cheminement très long, ardu, et qui ne viendra peut-être jamais parce que l’horreur est de mise et que dans le cas des proches des victimes de Dutroux, les dires de Monsieur Panier sont vraiment insultants et disproportionnés en voulant se mettre à la place des victimes… Il y a une différence aussi entre pardonner et oublier et comme vous le dites, pas de regret de la part du bourreau… Puisse Dieu lui pardonner, mais l’humain qui a souffert dans sa chair et dans son sang… Je comprends les parents et le choc que cela puisse leur faire… MN
Ne pensez-vous pas que tout d’abord une « demande de pardon » est requise, si Dutrroux demandait pardon aux parents Rousso et Lejeune, ce pardon deviendrait envisageable (sans pour autant être facile loin de là) mais sans ce primus moves pour moi requis (qui change tout), il faudrait être Dieu ou à tout le moins être un saint pour pardonner !! Qu’en pensez vous ? ?
A mon avis la culture du pardon est perverse , elle est un héritage judéo-chrétien me semble-t-il dont j’ai moi-même été pétri dans ma jeunesse , mes parents étant catholiques . On ne choisit pas ses parents & on se ressent toujours de son passé , la caque sent toujours le hareng .
Alors « primum movens » prérequis ou non , le débat est stérile à mes yeux : l’important n’est pas de se réfugier dans la repentance ou le pardon , l’essentiel est d’éviter le pire.
Après toute démarche est vainement pathétique .
Ne prenez pas mon opinion en mauvaise part , elle est sans doute entachée de notre finitude intrinsèque tragiquement humaine.
Je suis un grand supporter du pardon et très opposé à la rancune. J’ai côtoyé des personnes victimes de faits similaires sans avoir toutefois mener aux meurtres. La Belgique étant un état de droit, il apparaît qu’il soit possible pour les parents de ces victimes d’accepter la libération de ces bourreaux car faisant partie des fondements de notre nation, mais pardonner de tels actes est néanmoins très compliqué voire impossible. Pour certains parents, accepter les faits est déjà de trop.
Tu l’auras compris, Eric, je rejoins ton point de vue quant au fait que le juge Panier soit une personne de plus en plus à contre-courant et que le pardon ne peut être dicté par personne.
Les victimes et les parents des victimes sont les seuls qui pourraient pardonner un jour…
Mais, étant papa de deux filles et grand-père de quatre petites-filles,
je ne pense pas que j’en aurais la force …
Monsieur Delmelle , vos propos ont le mérite d’être réalistes & lapidaires : la société est hétérogène & malheureusement certains sont pervers & ne respectent pas la vie d’autrui , au sens propre comme au figuré. Cela commence avec la raillerie & peut aller jusqu’au meurtre dans lequel certains trouvent jouissance aussi paradoxal ou incompréhensible que cela paraisse à la grande majorité des citoyens.
Depuis les paroles & caricatures blessantes contre-productives jusqu’aux actes abjects les plus horribles , rien ne nous est épargné & prôner le retour à la peine de mort n’est pas la panacée puisque certains sont séduits par l’idée de leur propre auto-destruction que le meurtre (qu’ils perpétreraient le cas échéant sur autrui ) leur assurerait de réussir.
J’ai jadis eu l’audace d’écrire que le Ministre Melchior Wathelet senior, brillant humaniste & intellectuel , m’avait sidéré par son attitude hautaine quand il fut convoqué à la Commission Dutroux, ne considérant pas comme une erreur d’avoir signé , contre l’avis des experts , la libération de l’assassin .
Disserter sur le pardon est une chose , plus important est de mettre en place une protection efficace de la population. Ma sincérité m’a coûté la perte d’un « ami » avocat CDH : j’ai compris, à posteriori , que la vraie amitié est une denrée rare pour ne pas dire inexistante.
Vous êtes un homme bien monsieur. Merci pour votre prise de position.
Le diable rode et tente l’Homme chaque jour que nous vivons, marc dutroux n’est plus un Homme, il ne mérite même plus de majuscule à son nom et prénom, cette chose est le diable, on ne pardonne pas au diable, regarder autour de vous ce qui ce passe en Belgique, 1 pauvre sur 3 et c’est les médias qu’ils le disent, je pense qu’il y a plusieurs 2 pauvre sur 3 ; pauvre financièrement mais pauvre aussi d’AMOUR , C’est ce qu’on apprend à l’Eglise à AIMER mais en Belgique les gens fui cette AMOUR,LE PARTAGE,ce, pouquoi Jésus c’est batu pour NOUS, ON L’A CRUCIFIÉ POUR L’AMOUR QU’IL VOULAIT NOUS FAIRE PARTAGER, JESUS N’EST PAS UNE LÉGENDE C’EST LA VERITÉ, QUAND VA T’ON OUVRIRE LES YEUX ET COMPRENDRE? il y a même une équipe nationale qu’on a surnommé les diables rouges !!!!!et des tonnes de gens courent derrière ÇA ; il y a du boulot en Belgique , changer votre fusil d’épaule et PRÔNÉ L’AMOUR ET NON la haine du diable , rendons au diable ce qui lui appartient, et marc dutroux appartient au diable, C’EST LE DIABLE.
Bien évidemment, la première condition pour pardonner est que celui qui est en tort demande pardon. Lorsqu’en ville je bouscule quelqu’un par mégarde, je dis : « pardon ». Ce n’est pas celui que je bouscule qui me dit en premier lieu et spontanément : ‘vous êtes excusé, il n’y a pas de quoi’. Tout le monde est capable de comprendre cela, à part le juge dont question. Ce qui est sidérant sachant que toute sa vie professionnelle a été occupée par la gestion et la ‘résolution’ de conflits.
Je partage donc totalement l’avis de l’interlocuteur précédent.
Cela dit, même si Dutroux « demandait pardon », je serais personnellement totalement incapable de le faire !
Au delà de toutes ces considérations, j’aimerais tant que quelqu’un me comprenne, comprenne que je suis en train de perdre la foi dans une institution qui se réclame de Jésus-Christ mais qui tolère en son sein les pires hérésies, les liturgies les plus folles et les pires blasphèmes (telle cette vache sur une croix à la place du Seigneur). Ce n’est plus mon Eglise. Une Eglise dont je dois à me préserver pour conserver la foi en dépit de ses pasteurs n’est plus celle de Jésus-Christ. J-P Snyers, un catholique abandonné
JP Snyers: J’ai le plaisir de vous lire de temps à autre et c’est toujours avec grande émotion. Vous êtes un homme juste, un homme de Bien et un homme de Foi. Trop modeste sans doute. Aujourd’hui, votre Eglise qui est aussi une Eglise dans laquelle je ne me reconnais plus, ni d’Eve, ni d’Adam, n’est plus mon Eglise non plus. J’attends que ce pape dégage au plus vite genre Balance ton Pape.
Jérusalem est enfin la capitale d’Israël, celle qu’a connu le Christ, celui qui annonce la Bonne Nouvelle. Quelle lueur d’espoir. Cela va embraser le Moyen-Orient et déstabiliser la région, ce sont des experts qui le disent. Ah bon, moi, je croyais que c’était déjà fait. Mon projet est de me rendre en Israël et de prier au Mur des Lamentations. Mais ne vous découragez pas. Tenez bon au contraire. Dieu est là et veille sur cette époque imbécile et suicidaire. Je ne sais pas encore où ce monde à l’envers va nous mener, mais au final je ne m’inquiète pas. Les efforts d’un Président ou l’autre, pour autant qu’ils aboutissent, seront malheureusement insuffisants. Par contre, le pouvoir du Malin sera anéanti d’un coup. Je n’en dirai pas plus afin d’éviter toute censure. Ne vous en faites pas et gardez la Foi.
Quel magnifique et juste message !
Merci à vous !
cher JP Snyers,
La communion parfaite, celle qui existe dans la Sainte Trinité, ce sera pour plus tard. En attendant
nous sommes tous , chacun, de pauvres pécheurs. Et nous devons nous aimer les uns, les autres , malgré nos péchés, nos manques, nous aimer INCONDITIONNELLEMENT , et même aimer nos ennemis . Cet amour , avec son cortège de souffrances et d’épreuves nous rapprochera de Dieu et aumentera notre foi et notre espérance.
( Voir l’ hymne à l’ amour de Saint Paul . …. » Si je n’ ai pas l’ amour je ne suis rien » ….)
Prions pour nos prêtres, tous nos prêtres …..Prions pour ceux qui, un jour, ont tout donné . Et qui ont droit à l’ erreur . A qui il faut pardonner, même si on sûr d’ avoir raison contre eux à 100 % …auquel cas » ils ne savent pas ce qu’il font » . Il faut alors leur laisser le temps,être patient. Comme Dieu est patient avec nous tous.
On peut toujours demander à Dieu que notre amour pour eux , revienne.
Bonne prière à tous ….
Pardonnez moi de ne pas mettre de gants ….
A JP Snyers
PS : Par ailleurs, je peux comprendre que vous êtes scandalisé. Comme je comprends les fidèles qui ont manifesté pacifiquement.Et ceux qui manifesteront demain. Je leur souhaite sincèrement d’être nombreux.
cher JP Snyers
perdre la foi dans une institution ? je comprends que vous perdez confiance dans les hommes qui font partie de l’institution. Perdriez-vous confiance en tous? ne garderez-vous pas confiance en quelques-uns ?
Pourtant ce qui importe pour moi, ce ne sont pas les hérésies, même pas les liturgies folles (elles étaient instituées au Moyen-Age, permettant de se défouler en ces périodes où le passage d’un monde à l’autre semblait possible, périodes de nuits noires où le soleil ne semblait plus se lever sur ce monde en danger) celui qui importe c’est Jésus, le Jésus des Évangiles qui très vite s’est trouvé en difficulté avec les hommes des institutions de son temps….les institutions sont nécessaires, pourtant aucun à l’intérieur de l’institution ne pense exactement comme l’autre et c’est avec cela qu’il faut composer : les différences qui font de nous la couronne dont les perles précieuses, les diamants reflétant la lumière tous différents s’éclairent et s’enrichissent de leur multiplicité, c’est là l’oeuvre de Seigneur
Vous avez raison, chère Godelieve: il y a en effet quelques hommes d’Eglise (le cardinal Sarah par exemple) en qui j’ai confiance. Vous avez raison aussi, chère Muriel en insistant sur la charité due à chaque être humain. Ceux qui me connaissent personnellement savent combien je ne veux pas confondre pas « la charité dont a droit tout pécheur et celle dont n’a pas droit le péché ». Hélas, je remarque souvent que balancer le « mot » charité vis-à-vis de quelqu’un qui exprime des idées qui ne vont pas dans le sens de la tiédeur est une manière d’essayer de le faire taire. Et je remarque aussi que ceux qui clament à tout bout de champ le mot « miséricorde » s’avèrent en avoir très peu à l’égard de ceux qui ont l’audace de ne pas penser comme eux. Finalement, quelle est cette espèce de nouvelle « charité » qui interdit de dénoncer la lâcheté, la trahison, l’hérésie, les non-assistance à foi en danger, ou les compromissions éhontées face au monde? Pas celle du Christ en tous cas, car à lire ses propos du style: « races de vipères », « sépulcres blanchis », « maudits » ou « Satan » (mot qu’il a adressé au premier pape!), je ne crois pas qu’il fasse partie du lot de ceux qui refusent de s’exprimer par peur de choquer le monde et les médias. Dès lors, les « bouches en cul de poule », les circonvolutions et les silences coupables, très peu pour moi! Non, plus que jamais, ce ne sont pas de pleutres que notre Eglise a besoin, mais de témoins qui, contre vents et marées, n’hésiteront pas à payer de leur personne et sans craindre personne à pourfendre ce qui menace l’intégrité de la foi reçue des apôtres.
Il me paraît évident que c’est à Marc Dutroux de demander pardon à ceux qu’il a offensés.
Accorder le pardon appartient aux parents. Quant à Marc Dutroux, il est seul face à sa conscience et à l’Amour (Dieu).
Une piste: sur la croix, Jésus ne dit rien au mauvais larron mais dit au bon larron qui s’excuse: « aujourd’hui même, tu es avec moi au paradis ».
La justice se doit de préserver les citoyens d’êtres dangereux, peut-être inguérissables.