Ci-dessous, voici ma chronique, parue ce mois en p.10 de M… Belgique. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression.
Etre un héros – voilà bien le rêve secret de tant d’entre nous. Enfant – au gré des générations – nous étions Zorro, Batman, ou Goldorak. Ce qui n’empêche pas les questions et le doute. En ma tête Goldman fredonne : « Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt ; Sur les ruines d’un champ de bataille ; Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens ; Si j’avais été allemand ? » Vester Lee Flanagan, qui commit en direct le meurtre de deux anciens confrères journalistes et en diffusa les vidéos sur ses comptes Twitter et Facebook, pensait sans doute être un héros. Et les djihadistes de Daech qui décapitent et violent des innocents, avant de détruire des temples antiques, se croient également des héros. A contrario – Claus von Stauffenberg, l’auteur de l’attentat avorté contre Hitler, fut considéré comme un traitre par la majorité de ses concitoyens de l’époque.
Le véritable héros est celui qui ne cherche pas à l’être, mais qui – le moment venu – fait ce qui doit être fait. C’est ce qui touche dans l’histoire des héros du Thalys. Alors que la plupart des passagers étaient pétrifiés par la vue du terroriste armé d’une kalachnikov, ces gars-là ont simplement dit : ‘let’s go’. De jeunes Américains et un Britannique d’âge mûr qui sauvent des Européens. Un air de déjà-vu. Puisse la vieille Europe – face aux défis des migrations et de la crise de l’euro – trouver le ressort nécessaire pour dire ‘let’s go’. ‘We can be Heroes, just for one day’, chantait Bowie.