Développant un billet, publié sur le vif dans ce blog, le soir même de l’attaque meurtrière frappant le musée juif de Bruxelles, ci-dessous ma chronique parue en p.41 dans l’hebdo M… Belgique, de ce vendredi. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:
Le 6 septembre 1938, alors que Mussolini prépare des lois raciales, le pape Pie XI prononce une petite phrase devant des pèlerins belges, qui fera date dans la rupture du catholicisme avec une bien trop longue tradition d’antijudaïsme théologique : « Par le Christ et dans le Christ, nous sommes de la descendance spirituelle d’Abraham. Non, il n’est pas possible aux chrétiens de participer à l’antisémitisme. (…). Nous sommes spirituellement des sémites ». Au moment même où son successeur prêche la paix au Proche-Orient,accompagné de deux compatriotes argentins – un rabbin et un professeur musulman – une froide boucherie frappe le musée juif de Bruxelles. Et notre population, de nature pacifique, se prend la tête entre les mains – tel le personnage du « Cri » dans le tableau de Munch. Geste d’un loup isolé ? Acte terroriste ? Tentative de déstabilisation, à la veille d’un triple scrutin capital pour notre petit pays, situé au cœur de l’Europe ? A l’enquête de répondre. En attendant, nos pensées et prières vont vers les victimes et leurs familles, comme notre soutien s’adresse à nos compatriotes juifs. Mais cela ne suffit pas. Je fais donc miennes les paroles d’Henri Bartholomeeusen, Président du Centre d’Action Laïque : « Ce sont tous les démocrates qui doivent se sentir meurtris dans leur chair. (…) Si demain nous devons porter une étoile jaune, nous le ferons ». Ou encore – pour paraphraser Pie XI – pour barrer la route à l’hydre antisémite, puissions-nous tous, nous sentir un peu plus Juifs.
Malheureusement, il en est, comme à Molenbeek (suivez mon regard),
qui ont fait la fête en apprenant ce drame.