Parmi les illustrations qui ornent les murs de mon appartement, il y a un poster du Titanic au départ de Southampton. La photo fut prise en avril 1912 par, Beken of Cowes, le « pape » de la photographie maritime. Sur le pont du bateau de croisière, on distingue au loin les passagers. Ils saluent avec enthousiasme et fierté. Rien ne peut leur arriver. Ils sont invincibles: Titanic – fleuron de la marine marchande britannique – est non seulement le plus grand et le plus puissant navire au monde, il est surtout insubmersible. On connaît la suite.
Pourquoi ce poster ? Il s’agit d’une parabole cruelle du XXe siècle et de l’histoire récente de notre bel Occident. Porte-drapeau du progrès et orgueil du plus vaste empire de tous les temps, une simple montagne de glace l’envoya par le fond. Deux ans plus tard, une terrible guerre des tranchées saborda la vieille Europe. Puis ce fut la tornade financière de ’29 à Wall Street. Puis la grande guerre de civilisation de 40, qui – après le naufrage du grand peuple allemand – vit le principe même de civilisation manquer de sombrer corps et bien.
Et aujourd’hui ? Notre société ressemble au Titanic, à la différence près que tout le monde voit l’iceberg, mais que personne n’a le courage de donner l’impopulaire coup de gouvernail qui nous fera éviter l’obstacle. Un dicton populaire rappelle sans ménagement : « Dieu pardonne toujours ; l’homme pardonne parfois ; la nature ne pardonne jamais ». La question écologique ne met en pas en danger la survie de la planète – qui en a vu d’autres – bien celle de l’humanité. Dans trois siècles, les populations survivantes sur notre planète bleue, seront-elles formées uniquement de fourmis et de scarabées ?
Et l’Eternel de gémir : « fils d’Adam, que fais-tu du jardin que je t’ai confié ? » A la manière des prophètes d’autrefois, l’épave du Titanic nous met en garde. Un siècle plus tard, son ombre doit continuer à nous hanter.
curieuse coincidence de l’histoire qu’on fête le même jour les 100 ans du naufrage du Titanic et les 100 ans de la naissance de Robert Doisneau…
Oui, l’humanité sombre si facilement dans l’orgueil aveugle et l’arrogance destructrice et irréparable. …
Mais oui il surgit toujours dans l’humanité des hommes et des femmes au regard porteur d’espérance et de beauté qui nous font avancer en profondeur, traverser malgré l’épreuve,
toucher l’imperceptible et invincible tendresse de Dieu…
Que cela n’apaise pas notre inquiétude quant aux défis écologiques…je me redis souvent que pour la génération qui vient, il est fort possible que donner « un simple verre d’eau fraîche » à son prochain représentera un coût non négligeable qui méritera récompense (Mt 10,42) et respect…
Merci pour cette réflexion qui rejoint profondément ce à quoi nous devrions militer. Je ne connaissais pas ce dicton et il me fait foid dans le dos.
Je te lis souvent et mais je réagis beaucoup moins souvent.