« Etat d’âme », chronique paru dans l’hebdo catholique « Dimanche » du 29/01 p.3
Il y a quelques jours, je donnais une conférence avec un jeune journaliste du quotidien « La Libre » sur un thème d’actualité : « politique et populisme ». Vint le moment des questions. Et là – sans surprise – les interpellations tournèrent autour de l’islam. N’étions-nous pas trop naïfs en pensant que les musulmans pourraient un jour « vraiment s’intégrer » à notre société occidentale – pétrie de tolérance? Je ne nie pas les difficultés, les risques et l’inquiétude devant le fanatisme islamique qui semble séduire nombre de jeunes belges musulmans. Bref, halte à l’intolérance ! D’accord, évidemment.
Il n’empêche… Le journaliste qui animait la soirée avec moi, prit la parole à ce moment précis du débat pour témoigner. Sa maman est africaine, ce qui lui donne un look un peu café au lait, que cache son nom européen : « Je cherchais il y a quelques années un appartement à Bruxelles pour emménager avec ma femme et mes enfants. Au téléphone, avec mon nom – pas de souci. Une fois que les propriétaires virent ma tête, j’eus plusieurs fois pour réaction « ah, c’est vous ? » Soudainement, la location n’était plus possible pour quelque motif fumeux ». Ce journaliste conclut : « je comprends que de jeunes musulmans qui vivent cela presque quotidiennement, n’aient ensuite pas trop envie de vraiment s’intégrer».
Un témoignage qui donne à méditer – nous qui pensons si facilement que l’intolérant, c’est forcément l’autre. Voilà pourquoi je salue le fait que l’université Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, vient d’adresser aux Égyptiens un document dans lequel elle souligne la nécessité de respecter les libertés fondamentales du peuple. Au nombre de ces libertés figurent la liberté de religion, d’opinion, de recherche scientifique et de créativité artistique. Même si le document n’aborde pas le problème essentiel du « droit à la conversion », je trouve que c’est une bonne nouvelle. La preuve que l’intolérant n’est pas toujours l’autre.
Quelqu’un avait-il parlé d’une paille ou d’une poutre dans l’oeil ? Nous avons à nous examiner nous-mêmes…bien souvent…et surprenons au minimum des pensées – parfois des paroles ou des actes – qui révèlent que nous ne sommes pas encore pleinement convertis à l’Amour.