Dans la première lecture de ce dimanche, le prophète Isaïe reprend un vieux thème de la sagesse juive : un homme plante une vigne et s’en occupe patiemment. Et pourtant, les raisins qu’elle produit sont amers. De dépit, il se détourne du lopin de terre qu’il avait tant soigné. Et le prophète d’expliquer que cette vigne est le peuple hébreu qui attriste le Seigneur en ne respectant pas son alliance.
Dans l’évangile, Jésus reprend l’image à son compte, mais Il la radicalise : le Fils de l’homme ne se fait plus d’illusions. Il sait que sa vie terrestre va bientôt finir. Pourtant, Il croit fermement que son Père ne l’abandonnera pas. Il raconte donc sa parabole la plus autobiographique. La plus sombre aussi. Celle de vignerons qui refusent de rendre au propriétaire le fruit de sa vigne – et qui finissent même par assassiner son fils, afin de supprimer l’héritier. Et pourtant, Jésus conclut son récit par une autre parole de l’écriture juive : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire ». Tout en annonçant la croix, le Christ pointe déjà vers la lueur de Pâques.
Les experts ont rejeté cette pierre-là parce qu’elle ne s’intégrait pas à leurs plans.
Ils voulaient bâtir leur propre temple et pas celui de Dieu.
Nous continuons, nous aussi, à rejeter les pierres qui ne semblent pas pouvoir s’adapter à notre Lego spirituel. A notre Ego spirituel.